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EAN : 9782290309704
250 pages
J'ai lu (01/09/2002)
3.79/5   172 notes
Résumé :
1938. Un appartement bourgeois, place des Vosges. Gérard Fonsèque y vit avec sa mère et ses trois sœurs. Jeune homme maladif, il reste confiné dans sa chambre où il compte écrire un essai philosophique qui, bien sûr, sera le chef-d’œuvre du siècle... En fait, il se complaît dans un délire hypocondriaque et exerce une subtile tyrannie sur ces quatre femmes qui sont tout son univers.
De toutes les forces de son amour, de son égoïsme et de sa jalousie, il refus... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (26) Voir plus Ajouter une critique
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Goncourt '38. Tendrement désuet, parfois pathétique, souvent machiste, toujours stylé.

L'Araigne tisse sa toile de maître en camaïeu de bleus à l'âme.

L'écriture fine, fluide et savoureuse d'Henri Troyat est inlassablement ensorcelante.

Gérard Fonsèque règne en maître sur les quatre femmes de la maison et de sa vie.
Trois sont ses soeurs, la quatrième, sa mère. Tout son univers.
« Toute son existence s'était écoulée dans l'appréhension que ses soeurs dussent lui être ravies. »
Gérard est un abominable manipulateur, un odieux misogyne doublé d'un exécrable donneur de leçons. Sa mauvaise foi n'a pas de limite. Pour arriver à ses fins le mensonge n'est en aucun cas une frontière afin d'éviter le départ, le mariage de ses soeurs.
Dès qu'elles font une rencontre, il distille à leur encontre des phrases aigres-douces agencées en petites touches de mots acides qui les déstabilisent et les contraignent. Malingre et souffreteux, sa chambre est son repère où il ourdit ses complots mâtinés de chantages affectifs.
Désintéressé de la gente féminine jusqu'au dégoût, égoïste à l'état pur, il ira au bout de sa logique déprimante.
« Il n'avait pas de mal à vaincre le désir de la créature. Mais un autre désir le hantait, la possession des âmes. »

Henri Troyat ne possède pas mon âme quoiqu'il ait le talent de la toucher.
Il faut s'imaginer qu'il n'a que 27 ans quand il écrit ce roman qui fouille au scalpel le comportement de cet homme meurtri, frustré.
Il a déjà une connaissance approfondie de la psychologie tant féminine que masculine pour disséquer les sentiments, les émotions, leurs abus et leurs carences.

Ce roman est à lire pour mesurer l'importance de l'émancipation de la femme face à ce monde tellement macho des années trente. Que l'on pourrait traduire par :
« le bonheur de l'homme est je veux, le bonheur de la femme est il veut. » Nietzsche.
Sympa, non ?
A découvrir également pour jauger de l'évolution de la famille avec ce décalage de quatre-vingt ans qui a vu l'explosion de cette gangue guindée qui masquait les ressentiments, les impressions.
Et finalement, pour profiter de cette écriture qui coule comme de l'eau claire et qui enchante.
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Gérard Fonsèque, jeune homme maladif, vit entouré de sa mère et de ses trois soeurs, Luce, Elisabeth et Marie-Claude. Hypocondriaque et de santé fragile, sa principale satisfaction consiste à se faire plaindre et materner par ces quatre femmes. Lui a une répulsion pour les histoires d'amour qu'il considère comme un mélange de chairs dégoûtant.

Manipulateur, pervers, égoïste, il fera tout pour empêcher le mariage de ses soeurs pour qu'elles se consacrent toutes à lui et à lui seul.

Menteur invétéré, il leur présentera chacun de leur prétendant comme un être veule, idiot, manquant de classe, de finesse, de richesse, bref de tout ce qui pourrait les attirer dans le mariage.

Echouant dans ses projets, il tissera sa toile patiemment comme une araignée allant jusqu'à essayer de dissoudre le mariage de ses soeurs lorsque celui-ci sera finalement accompli.

Machiavélique (il se considère comme le seul être intelligent de la planète),
il n'hésite pas à fouiller dans les chambres de ses soeurs qui, le craignant au départ lui dissimule leurs projets matriarcaux.

Il tissera autour d'elles une gigantesque toile d'araignée dans laquelle, il finira par se prendre lui-même pour le plus grand soulagement du lecteur qui n'a qu'une envie, celle de lui coller une magistrale paire de gifles.

Ce roman malsain est heureusement servi par l'écriture magistrale d'Henri Troyat qui s'y entend comme le maître littéraire qu'il est, à créer des atmosphères confinées et étouffantes où on a réellement l'impression de vivre parmi les personnages.

Lu et relu plusieurs fois avec toujours autant d'intérêt devant tant de maestria. du grand roman comme presque tous ceux d'Henri Troyat.
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On ferme « l'araigne » et on respire un grand coup : ouf !
Cela fait du bien de sortir de ce huis-clos oppressant, de cet appartement étouffant gangrené jusqu'en haut des murs par l'acrimonie glauque de Gérard Fonsèque, jeune homme malingre et hypocondriaque, méprisant, imbuvable, pervers manipulateur prêt à tout pour que ne prenne pas fin son règne sur les femmes de sa vie : sa mère et ses trois soeurs.
Une à une, il cherche à les piéger, à contrecarrer leurs choix, à les retenir dans ses rets, afin que jamais elles ne le quittent. Tout sera bon pour ce faire à ce contempteur de la médiocrité bourgeoise comme des bassesses de la chair qu'il exècre autant qu'il les redoute. Mais si son venin arachnéen parvient à corrompre la vitalité de ses proies, il échouera à les empêcher de quitter sa toile morbide et se videra un peu plus de ses forces à chaque départ.
Autant dire que la lumière est rare dans ce roman d'une acuité psychologique acérée, vaguement malsain qui a pourtant séduit le jury du prix Goncourt en 1938.
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Je connaissais Henri Troyat comme biographe et comme historien, mais là je le découvre comme écrivain. Sa plume est acérée, corrosive, la psychologie des personnages est fouillée. Gérard Fonsèque est une araigne, une personnalité toxique, un manipulateur, un pervers narcissique. D'apparence chétive et de santé médiocre, il est devenu un maître dans la manipulation de son entourage, les quatre femmes de sa vie (sa mère et ses trois soeurs), à coups de pointes aigres-douces, de mauvaise foi, de mensonges éhontés ou de chantage affectif. Rien ne l'arrête ! En bon misogyne, il ne veut pas d'autres femmes dans sa vie, et il ne veut pas qu'elles le quittent. C'est un roman très sombre, d'autant qu'il est à la fois critique du personnage de Gérard Fonsèque et critique du milieu dans lequel ce petit monde évolue. le lecteur peut mesurer le chemin parcouru depuis les années 30, car ce roman donne l'impression que les moeurs n'ont guère changés depuis le 19éme siècle, au moins dans ce milieu petit-bourgeois. Il faut dire que la vision de la femme par le héros, machiste et rétrograde, y contribue d'autant plus qu'il est le seul personnage dont le lecteur a réellement le point de vue. La sensation de piège est renforcée par un quasi huis-clos étouffant (notre antihéros ne sort presque jamais de chez lui). Les différences de personnalité et de comportement de ses trois soeurs montrent à quel point il est difficile d'échapper à un tel individu, même si en fin de compte il échoue assez pitoyablement. Un très bon cru de Goncourt, à lire absolument !
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Paris, Place des Vosges.
La famille Fonsèque : Une veuve et une fratrie de quatre enfants : Elizabeth, Marie-Claude et Luce, un seul garçon Gérard qui exerce une emprise diabolique sur sa mère, mais surtout sur ses soeurs, faisant tout pour les empêcher de quitter le nid familial, surtout quand elles envisagent de se marier.
C'est un être tyrannique , manipulateur mais c'est surtout un « grand » malade, qui relève de la psychiatrie. (Cas pathologique intéressant à étudier !)

J'avais lu ce roman il y a… une quarantaine d'années à un moment où j'avais le moral en berne, et ce livre a été déclencheur d'un profond mal être qui a dégénéré en redoutable dépression !
Je craignais de le relire, mais il fallait que je le fasse pour apprécier son réel pouvoir manichéen ! Bon, cette fois-ci, pas de grand fracas !
C'est quand même un roman sombre comme cette arachnide maléfique qui rode tentant de captiver puis d'engluer ses proies avant de les dévorer et il vaut mieux éviter cette lecture quand l'horizon est bas, quand le cafard hante vos nuits et vos jours , quand on n'est pas loin du burn-out … car oui, il y a des livres qui font du bien, qui rendent joyeux, qui apaisent et d'autres qui assombrissent encore plus nos moments d'affliction, même s'ils révèlent le grand talent de leur auteur !
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Citations et extraits (52) Voir plus Ajouter une citation
La quête de la femme, la chasse ! Voilà ce qui était atroce ! Il importait peu que Luce, dans son lit, devant son lavabo, songeât à Lequesne, plutôt qu'à Paul ou qu'à Vigneral ! En quoi, lui, Gérard, gagnerait-il au change, si l'un de ces hommes remplaçait l'autre auprès d'elle ? Celui-là, quel qu'il fût, était haïssable qui s'interposait entre ses soeurs et lui. Il ne voulait pas être aimé. Il voulait être seul aimé.
Qu'elles détournassent de lui un regard, une pensée, et déjà il se sentait trahi !
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Il y a chez les hommes, chez les femmes, une immonde complaisance pour ce qu'ils ne peuvent éviter. Les odeurs, les besoins physiques ne tuent pas le sentiment. On ferme les yeux. Il avait l'impression, parfois, qu'on ne l'avait pas endormi pour subir l'interminable opération de la vie. Une anesthésie soigneuse émoussait les douleurs des autres. Lui seul était éveillé, lucide, les chairs et l'esprit à vif. Oui, ce qui lui manquait pour accepter l'existence, c'était ce narcotique précieux dont ses "semblables" étaient saouls comme des brutes. Et ce narcotique était l'amour. L'amour seul pouvait provoquer leur soumission à toutes les hideurs, leur sommeil artificiel au centre du monde.
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L'ascenseur était bloqué au troisième. L'escalier sentait la mangeaille refroidie et l'eau de Javel. Des voix piaillardes et des bruits de vaisselle traversaient les portes de contreplaqué chocolat. Chaque famille était parquée dans son alvéole, avec ses joies, ses tristesses, ses manies, et une mince couche de ciment la séparait seule des familles de gauche, de droite, d'en dessus, d'en dessous, qui, elles aussi, avaient leurs joies, leurs tristesses, leurs manies et se moquaient de celles des voisins. Un monceau de vies humaines, découpé en cubes et mis en boite avec un soin de pion.
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Quelle complicité entre tous les arts pour masquer la figure animale de l'Amour ! La poésie faisait fleurir aux lèvres des amants des paroles qu'ils n'eussent jamais prononcées, la musique exaltait la trouble montée de sève qui les soudait l'un à l'autre, la peinture corrigeait l'expression bovine de leur face, la sculpture polissait le grain de leur chair, et des générations d'hommes et de femmes feignaient de croire à cette image menteuse et de s'y reconnaître, malgré leurs maladies, le souvenir de leur rut et de leur odeur dans les draps !
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Aimer supposait la chambre anonyme, le déshabillage hâtif, avec la chemise qui sort du caleçon, les fixe-chaussettes douteux, la combinaison mouillée, les corps velus ou boutonneux arrêtés l'un devant l'autre, le relent alliacé des sueurs, les baisers à bouche ouverte, l'étreinte maladroite et sautillante, les tristes hoquets de plaisir... Par quel tour de force méprisable, par quelle piteuse complaisance, avait-on paré cette ordure de toutes les nuances de la grâce ? Quelle complicité entre tous les arts pour masquer la figure animale de l'Amour !
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