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EAN : 9782226043047
242 pages
Albin Michel (20/07/1936)
3.62/5   58 notes
Résumé :

Lauréat du Prix Goncourt pour cet ouvrage émouvant, Maxence Van der Meersch conte l'histoire tragique de Karelina, timide paysanne au joli visage. Mariée de force à un colosse brutal, elle doit subir une vie faite d'expédients et les humiliations de son mari. Quand son bourreau est mis sous les verrous, elle s'enfuit. Elle trouve refuge chez son oncle Domitien, écrivain célèbre, dont l'épouse, Wilfrida, reç... >Voir plus
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Un beau livre sur la condition de la femme! Il retrace la vie tragique de Karelina, une paysanne soumise, une épouse battue, traumatisée, une amoureuse malheureuse, une mère affligée!
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Dans les Flandres du début du XXème siècle, un drame se prépare. Domitien et Wilfrida van Bergen, après huit ans d'absence, vont saluer la famille de cette dernière. Sa soeur est décédée mais il reste son beau-frère et ses deux nièces, Janne et Karelina. La cadette, âgée de dix-sept ans, retrouve avec émotion l'oncle avec lequel, enfant, elle faisait de grandes promenades. Et dans le moulin du vieil Engle, où ils avaient jadis coutume de se réfugier, il lui fait promettre de venir le trouver si un jour elle est malheureuse.
Hélas, cela ne tarde pas à arriver. La jolie Karelina a épousé Gomar, une brute, un bandit ! Profitant qu'il est arrêté pour contrebande, elle fuit le cabaret de son mari violent et va retrouver van Bergen et Wilfrida à Anvers.
Peu à peu, l'oncle et la nièce de son épouse tombent amoureux, sans pouvoir s'en défendre. Et alors qu'ils ont juré de tout cesser, ils découvrent que la jeune femme est enceinte...

Le Dieu, c'est bien entendu l'oncle van Bergen. Nous verrons comment l'homme laissera son empreinte éternelle dans le coeur des deux femmes de sa vie : son épouse Wilfrida et Karelina, la mère de sa fille.
Le scandale est proche mais jamais l'auteur ne se penche sur la moralité ou l'immoralité de la situation. On n'est pas là pour cela. On est là pour une douce analyse des sentiments et des émotions des personnages, mais aussi de superbes descriptions des paysages belges et néerlandais, Anvers, la mer, le "plat pays" de Jacques Brel.
Maxence van der Meersch, originaire de Roubaix, parle magnifiquement bien de sa région - de ma région -, les Flandres. On comprend sans peine pour quelles raisons ce roman lui valut le prix Goncourt en 1936 !

Challenge XXème siècle 2020
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On a souvent contesté l'attribution du Goncourt, il est difficile de ne pas penser que le prix fut pleinement justifié pour ce très beau roman.
Mais il aurait été probablement oublié, comme beaucoup d'autres Goncourt, si le goût des récits dits « du terroir » n'avait relancé l'intérêt de sa lecture.
Sa trame narrative peut paraître accumuler les excès, on se prend à croire qu'elle reste pourtant plausible.
Le naturalisme est cependant loin lorsqu'il paraît en 1936. Les grands ténors du mouvement sont tous déjà morts et tenter une description de ces pays du Nord sous ce seul aspect aurait pu paraître complètement dépassé.
Il n'en est rien et le roman tire sa force de la beauté et de la puissance de son écriture.
On se sent immergé dans les oeuvres des grands maîtres de la peinture flamande (Brueghel, Jordaens, Téniers, Rubens…), on voit ces paysages, respire ces ambiances. On frémit à la brutalité et à la cruauté des hommes et du destin.
On ne peut pourtant pas parler ici de beauté du style. Van der Meersch n'en a pas, à proprement parler, comparé à celui que l'on pressent être son inspirateur Huysmans beaucoup plus que Zola.
A la différence qu'il sait se maintenir malgré la puissance descriptive de son texte hors des excès de l'auteur de « Là-bas », loin d'un certain pédantisme ou de l'esbroufe du mot rare.
En dehors de toutes ces considérations, reste le sentiment d'un roman prémonitoire en la personne de l'écrivain van Bergen, force de la nature qui, lui aussi, pressent sa fin prochaine, étrange jeu de miroir entre Van der Meersch qui décédera à 47 ans de la tuberculose et son héros nietzschéen.
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Même si ce Goncourt date un peu (1936), j'ai eu envie de poursuivre ma découverte de ce romancier du Nord qu'est Maxence van der Meersch, car il sait comme personne créer une atmosphère autour de ses personnages, grâce notamment à ces descriptions du "plat pays", qui convoquent chez moi, immanquablement, la voix éternelle de Brel.
"[...] Avec le vent du nord qui vient s'écarteler
Avec le vent du nord écoutez-le craquer [...] "
Pas de déception sur ce livre. Les descriptions des Flandres (Anvers notamment) , de la Hollande et ses moulins, campent un décor inoubliable.

Dans un tel cadre, comment ne pas imaginer des personnages luttant pour leur bonheur, c'est le cas de l'héroïne, Karelina. Mariée à un colosse, fruste, aussi odieux que malhonnête , elle voudrait trouver un peu de douceur dans son monde de brutes, et son oncle, prévenant, fin lettré, mais colosse lui aussi, lui fait entrevoir le bonheur. Mais la rivalité entre ces deux hommes, dont l'un est violent, corrompu, et bestial, et l'autre auréolé de son charisme d'écrivain reconnu, sera féroce.
Témoins de ce duel, deux femmes, forcément fragiles face à ces surhommes : la douce Karelina, et sa tante Wilfrida, la bonté faite femme, toutes deux éprises du même homme...
J'ai vibré , au cours de ma lecture, pour ces pages consacrées aux lieux chers à l'auteur : la terre, l'eau, le vent sont eux aussi des personnages à part entière, et j'ai particulièrement aimé l'hommage à Verhaeren, au milieu du livre. Qui, mieux que ces gens du Nord, pourrait nous faire aimer le "plat pays" ?
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Maxence van der Meersch est l'écrivain des paysages et des gens de la Flandre. Il abandonne rapidement son métier d'avocat pour l'écriture: son premier roman, La Maison dans la dune, obtient un immense succès que connaîtront aussi les suivants, Quand les sirènes se taisent, sur les grèves ouvrières des usines textiles de Roubaix, et son tryptique autobiographique, La fille pauvre. Avec L'empreinte du dieu, Maxence van der Meersch a été lauréat du prix Goncourt en 1936. Salué par la critique, on l'a comparé comme un nouveau Zola.

Ce titre, réédité aux Presses de la Cité en avril dernier, est depuis devenu un grand classique de la littérature française.

Dans cet ouvrage émouvant, Maxence van der Meersch conte l'histoire tragique de Karelina, timide paysanne au joli visage. Mariée de force à un colosse brutal, elle doit subir une vie faite d'expédients et les humiliations de son mari. Quand son bourreau est mis sous les verrous, elle s'enfuit. Elle trouve refuge chez son oncle Domitien, écrivain célèbre, dont l'épouse, Wilfrida, reçoit avec joie la jeune femme, qu'elle considère bientôt comme sa propre fille. Les deux femmes ignorent alors qu'elles viennent de sceller leurs destins...

L'empreinte du dieu est comme une ode à une Flandre trop méconnue, à son horizon où de «grands nuages d'ouate découpent sur le bleu vif du ciel la blancheur de leurs cimes de neige», à son vent qui «passe comme une vague sur les avoines et les herbages», à sa terre «jalonnée de lignes de saules et de tilleuls», à la vie grouillante de ses rues, au courage de ses femmes et de ses hommes plus forts que toutes les lâchetés, les bassesses et les souillures. Aucun autre ouvrage n'aurait pu faire vibrer davantage mon âme et mon coeur de flamande !

Grâce à un sens aigu de la compassion, Maxence van der Meersch donne à voir, à travers l'histoire tragique de Karelina, l'existence rude de ces paysans durs à la tâche, attachés envers et contre tout à leur terre et à la mer. Hommage magnifique à la Flandre traditionnelle, j'ai souvent eu l'impression de revivre, entre ces pages, l'histoire de mes aïeux, de lire du Verhaeren en prose...

Même si les thèmes abordés sont empreints d'une morale un peu chaste qui n'est plus de mode aujourd'hui, il n'empêche que L'empreinte du dieu reste un roman de terroir âpre et magnifique dans lequel la beauté sauvage des terres déshéritées de Flandre occidentale le dispute à la solitude et à une vie entière faite de travail et de renoncement. Il y a dans cette tristesse indicible, dans cette beauté digne, un je-ne-sais quoi de revigorant, un optimisme qu'on ne saurait expliquer mais que l'on trouve, indéniablement, chez moi, en Flandre...

« le vent était tombé. Il faisait depuis trois jours un temps splendide, un de ces temps bénis comme on n'en voit qu'en nos contrées nordiques, plein de clarté pâle, de vapeur humide, de buées sur les ruisseaux et d'argent sur les herbes, de brumes lumineuses et dorées, comme si un vaste vélum de lin blanc, tendu dans la voûte du ciel avait diffusé et tamisé l'éclat du soleil.»

Maxence van der Meersch vous fera découvrir autrement et aimer les gens du Nord. L'empreinte du dieu est une merveille, un roman de terroir émouvant, à lire au moins pour les descriptions magnifiques des paysages de Flandre. Un roman dépaysant, à couper le souffle !
Lien : http://histoiredusoir.canalb..
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Citations et extraits (29) Voir plus Ajouter une citation
Ah ! si tu savais comme c'est vite envolé, tout cela ! A vingt ans, on dirait que le monde est à vos pieds. A trente ans, on est bien content de ramasser un varlet ! J'en ai vu, j'en ai vu beaucoup... On ne vit pas dans les rêves.
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Wilfrida regardait la pierre et songeait. L'apaisement ne s'était pas fait en elle. La pensée du disparu, comme au premier jour, éveillait en elle la même douleur déchirante, la même sensation d'arrachement. Elle pensait avec désespoir : "Ce n'est donc pas vrai... Le temps n'apporte donc pas d'adoucissement aux peines..."
Et elle en était presque contente, comme s'il lui avait paru vil, et inacceptable, de ne pas traîner sans remède parmi les vivants le souvenir du mort. Elle allait ainsi, hantée de sa mémoire, et n'y trouvait pas même l'âpre soulagement des larmes consolatrices.
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A moitié heureux, c'est être heureux. On ne l'est jamais davantage.
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Il avait passé son bras autour des épaules de la jeune femme, si émue qu’elle ne pouvait dire un mot. Et il espérait presque, à cette minute, être sincère, et parvenir à se contenter de ce bonheur accessible, à la mesure du commun des hommes.
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Le nom glorieux le laissait songeur. Il rêvait un instant au destin décevant du maître des paysages, obscur de son vivant, et presque dédaigné, et dont la gloire, lentement, et trop tard, montait depuis deux siècles. La même pensée douloureuse les laissait silencieux. C’était sa grande peine, à Van Bergen, de n’avoir pas vu venir à lui encore le grand rayonnement de la renommée, cette universelle célébrité pour laquelle, même en la dédaignant, tout artiste, au fond, travaille.
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Vidéo de Maxence Van der Meersch
La maison dans la dune (1988), extrait.
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