Bon, mauvaise pioche !
Mais c'est que ça glose morose, d'abord. Après les vingt premières pages de péroraisons déprimantes, je ne voyais toujours pas arriver l'avènement redemptoire d'une société acratique. Les élucubrations abstraites des pages suivantes ne m'ont pas davantage guidée.
« Vers une société en rupture avec tous les modes de gouvernements oppressifs » ...je m'attendais quand même à un texte plus libérateur et inventif.
Donc, vivre dans cette société opprimante et prédatrice, c'est méphitique et la lumière au bout du tunnel annoncée, on ne l'entraperçoit que portée par de mystiques résistants chargés de réveiller les résignés les plus léthargiques d'entre nous. Ainsi : « Profond est le sommeil des résignés mais l'éveil de quelques uns a sur le monde un effet de résonance qui empêche le ronflement d'un grand nombre de se muer en râles d'agonie. » (évangile selon Vaneigen, page 17).
Qu'est-ce qui est ronflant ? Ça ressemble quand même à une prophétie loufoque, non ?
L'auteur nous avertit : « Ceci n'est ni un manifeste ni un présentoir de mots d'ordre. C'est tout au plus un jardin d'aphorismes où l'invite à se promener autorise le lecteur à cueillir et à cultiver ce qui lui parait propice à son émancipation existentielle et sociale. »
C'est vrai, j'ai cueilli quelques jolies sentences mais je ne sais pas ce qui va en germer.
Allez, 2 étoiles, une pour le berger, l'autre pour l'illuminé, et chacune pour ce livre que j'aurai vraisemblablement aussi vite lu qu'oublié.
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Quand sera passé de mode le prétoire où sont jugés genre, transgenre, catégories érotiques, écriture économisée et prétendument inclusive (alors qu'elle réduit la femme à un suffixe de l'homme), peut-être l'intelligence du corps pourra-t-elle réfléchir au propos d'Empédocle: « car je fus, pendant un temps, garçon et fille, arbre et oiseau, et poisson perdu dans la mer. » (De la nature)
« Le tyran meurt en souriant, dit Heine, car il sait qu'un autre tyran lui succédera. » Que manigance le Pouvoir mâle, en débandade, pour sauver in extremis le Pouvoir sans lequel il n'est rien ? Il s'apprête à céder la place à la femme, à la créature qu'il a exploitée et opprimée pendant dix mille ans. Mais il le fait en lui instillant comme un venin le désir morbide et vindicatif d'exploiter et d'opprimer à son tour ses semblables.
Sans la violence, qu'il suscite et réprime, le Pouvoir cesse d'exister. Par ailleurs, c'est là une situation sujette à se retourner contre lui. Il n'est pas de prédateur qui, tôt ou tard, ne devienne proie.
Aucun enseignement n'est recevable s'il n'éradique pas la compétition, s'il ne privilégie pas l'émulation, qui, seule, ouvre à la jouissance d'atteindre au dépassement de soi.
La désobéissance civile est un droit irrévocable partout où la nature humaine et la nature terrestre sont réprimées.
Le 22.05.18, Thibault Henneton recevait Gérard Berréby dans "À voix nue" (France Culture), pour un entretien en cinq parties :
"Gérard Berréby vit de petits boulots et se met en quête : que faisaient les Guy Debord, Raoul Vaneigem et consorts avant 1968 ?
Sa première rencontre, c?est avec le poète et plasticien Gil Joseph Wolman, membre fondateur de l?Internationale lettriste : point de départ d?une généalogie des avant-gardes qui le conduira à rassembler et publier, en 1985, ses Documents relatifs à la fondation de l?Internationale situationniste. Ce qui n?a pas plu à tout le monde."
Photo : Gérard Berréby et Ralph Rumney à Cosio d'Arroscia. © Pauline Langlois.
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