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Par certains aspects, j'ai un peu moins apprécié ce second tome. Par d'autres, je l'ai trouvé réjouissant. Un des excellents aspects tient au fait que je l'ai lu en commun avec Srafina. J'espère d'ailleurs que nous conclurons la trilogie ensemble. Dans le réjouissant, il y a l'importance du théâtre. Tout en effet tourne autour des répétitions de Hamlet, dans une version quelque peu originale, dont la première aura l'honneur d'avoir de gros bonnets dans le public, dont un certain Hitler en visite d'amitié chez son grand voisin britannique. Vaut-il mieux rafraichir sa mémoire concernant les péripéties de Hamlet avant d'attaquer ce roman ? Je le pense. En tout cas moi je l'ai fait et cela m'a permis de saisir de nombreuses remarques des acteurs. Je me suis même entendu exprimer mon désaccord avec une opinion concernant le comportement de Hamlet, et être ravi par un choix de mise en scène. Une chose est sûre, j'aimerais bien voir cette version de la pièce. Quand on aime le théâtre, on ne peut que se sentir emporté par l'atmosphère des coulisses, les coups de gueule du metteur en scène, la conception des costumes, etc. C'est assez génial. Autre élément jouissif : l'humour anglais qui paraît quand on ne l'attend pas, comme lorsque l'inspecteur Carmichael et son sergent préféré vont apprendre à une épouse la mort de son mari. le quiproquo purement théâtral et pourtant en dehors des répétitions de Hamlet m'a fait drôlement rigoler. Carmichael continue à me faire penser à l'inspecteur Barnaby, même s'il est devenu plus grave à cause des circonstances. Ce qui m'a le moins convaincu est lié au comportement de certains personnages, en particulier de l'actrice principale Viola. J'ai du mal à admettre qu'une fille de bonne famille partie vivre une vie d'actrice au grand dam de sa mère, qui a développé un sens de l'autonomie poussé, puisse se faire mener par le bout du nez par un beau gosse rencontré le jour-même. Son appartenance à cette famille et son rôle dans Hamlet la mettent dans une situation dangereuse, mais j'ai trouvé qu'elle rentrait trop facilement dans ce jeu. Sa peur ne transparait pas. Les conflits intérieurs que j'imagine obligés dans ces circonstances n'existent pas. Elle a même l'air relativement indifférente à l'objectif auquel elle participe, et il faut attendre presque la fin pour qu'elle soit convaincue d'être dans le bon camp. Bref j'ai eu l'impression qu'elle « jouait » autant dans sa vie que pour Hamlet. Peut-être est-ce le cas. Je suis aussi toujours aussi peu convaincu de l'efficacité du Scotland Yard que l'on nous montre. Carmichael attendra la fin du roman pour qu'une information manquante lui permette de compléter le puzzle et comprendre la menace qui pèse. Que cette information ne soit pas parvenue avant à ses oreilles, même par un canal typé Secret Service, me déçoit beaucoup. Mais même si tout ne semble pas s'emboîter parfaitement dans ce roman, l'écriture de Jo Walton assure qu'à aucun moment l'on ne s'ennuie. On sent les griffes du fascisme accrocher la pauvre Grande Bretagne, presque avec douceur, et avec son consentement. Les échos venus d'Europe sur les exactions des nazis sont considérés comme des fables par la plupart des gens. Et puis, le continent c'est loin. Mais quand un témoin digne de foi vient raconter ce qu'il a vu, on tremble. Et on sent aussi les mêmes griffes s'accrocher avec de moins en moins de douceur sur Carmichael qui, en s'attachant à faire son travail de policier avec rigueur, se sent parfois devenir petit à petit un vrai collabo. Comment agira-t-il dans la troisième partie de cette trilogie ? Tout est possible. En attendant de l'apprendre, je ne peux que vous suggérer d'aller lire le contrepoint que notre amie Srafina publie à peu près en même temps. + Lire la suite |