Odyssée sous contrôle

Pas évident de rajouter quelque chose aux excellentes critiques du camarade Pavlik sur les oeuvres de Stefan Wul…
"Rayons pour Sidar", "Piège sur Zarkass" et "Odyssée sous contrôle" sortent un peu du même moule avec un protectorat terrien sur une lointaine planète tropicale (qui rappelle peu ou prou l'Afrique coloniale), des indigènes menacée par des aliens (qui évoquent peu ou prou l'URSS de la Guerre Froide), des espions à l'ancienne et un bon vieux trek dans la jungle… Encore que des trois récits, Odyssée sous contrôle est celui qui s'éloigne le plus du schéma d'origine.


Le très jamesbondien Michel Maistre est mandaté par le Central Terrien pour aller résoudre une affaire de disparitions sur Émeraude, une planète tropicale où cohabitent colonisateurs humains, anciens maître indigènes (les Cépodes) et anciens esclaves indigènes (les Nains Gris). Les rebondissements ont tous un air de déjà vu tant ils semblent sortir d'un roman de Ian Fleming… Jusqu'au moment où disparaît à son tour Inès Darle, la poétesse dont il s'est tombé a durant le voyage spatial vers Émeraude. Ni un ni deux, il en fait une affaire personnelle et se lance à sa recherche mais c'est pour mieux tomber dans le piège tendu par ses mystérieux adversaires qui semblent si bien informés…

A ce moment là, on bascule peu ou prou dans le récit horrifique.
On apprend que les Cépodes ont appris à transférer le cerveaux d'un corps à l'autre au fil des expériences médicale réalisée durant la guerre contre la Terre, et que les Nains Gris, si serviables et si bien intégrés, sont les premiers résultats de ses expériences… Et c'est du fond de son bocal que ce qu'il reste de Michel Maistre apprend la vérité. Dans la douleur, il se découvre des dons télépathiques qui lui permettent de recouvrer son corps puis la liberté (la sienne et celle d'Inès)…
L'auteur toujours à l'aise dans les descriptions et les explications médicales se régale une fois de plus, mais quel dommage que le héros du récit soir un ersatz d'OSS 117 et non le télépathe par intermittence de "Terminus 1", car dans cette configuration cela aurait été énorme !
On sent bien l'héritage de "Celui qui chuchotait dans les ténèbres" d'H.P. Lovecraft (1931) avant que l'auteur ne suivent la voie de B horrifique (ah remember "Reanimator", qui lui aussi piochait allègrement dans l'héritage lovecraftien).

Puis vient le trek dans la jungle sombre et poisseuse, où Michel et Inès renforce leur amour en affrontant les rigueurs du climat, de la faune et de la flore (dont la redoutable hydre noire, un arbre carnivore sensible aux mouvements).
La cavale des tourtereaux arrivait e à sa fin et je me disais que cela allait encore tourner en eau de boudin. Et bien pas du tout, c'est le moment que choisit l'auteur pour nous prendre au dépourvu avec une chute pas piquée des hannetons…
Quand tout semble perdu, Michel se réveille… il était en réalité virtuelle dans le cadre d'une thérapie de couple pour raviver la flamme en lui et sa femme !

Si cette chute rappelle indubitablement une célèbre nouvelle de Philip K. Dick adaptée au cinéma, le fil directeur et pas d'éléments m'ont quand même furieusement rappelé lui un récit du pape du space opera Edmond Hamilton : "Captain Future's Challenge" / "Les Cinq mines de gravium" (1940). Bref, une fin géniale pour un Wul finalement bien plaisant ! Quel dommage qu'avec autant d'imagination l'auteur se soit ensuit tu pendant 18 longues années… VDM

J'ai passé un agréable moment de lecture avec cette "Odyssée sous contrôle". L'intérêt principal de ce court roman tient, pour moi, dans la variété des genres qu'il aborde.

Ça démarre par une histoire d'espion de haut vol, à l'instar d'un James Bond égaré dans les étoiles. Michel Maistre, un as du renseignement (voir de l'action pyrotechnique), se rend sur Émeraude, une planète colonisée par les hommes, à l'issue d'une guerre meurtrière avec les cépodes, la race autochtone d'aliens tentaculaires. Au cours de son voyage pour parvenir sur ce monde aussi paradisiaque que dangereux, il a fait la connaissance d'Inès Darle, splendide jeune femme qui a gagné un séjour sur cette verte planète, et est rapidement tombé sous ses charmes. Leur relation demeure néanmoins courtoise et emprunte de vouvoiement (en clair, ils l'ont pas fait). Sur Émeraude, Michel est chargé d'enquêter sur de mystérieuses et nombreuses disparitions d'humains. Les cépodes sont très vite suspectés, eux qui continuent de vivre sur leur monde, mais en marge de la société, contrairement aux nains gris, leurs anciens esclaves, qui surent s'attirer les faveurs des nouveaux maîtres d'Émeraude. Pour avoir le champ libre, et parce qu'Inès se fait enlever à son tour (il en fait donc une affaire personnelle), Michel décide d'enquêter en solo, se passant de l'aide de la police locale. Rapidement, il se fait également kidnapper.

Brutalement, la deuxième partie nous fait basculer dans l'horreur. En effet (en essayant de ne pas trop spoiler), notre héros se retrouve aux mains des gluantes bestioles extraterrestres qui, dans leur base secrète, mènent toutes sortes d'expériences monstrueuses qui évoquent aussi bien Frankenstein que Mars Attacks en passant par Alien. Après divers péripéties, il finit, en compagnie de sa belle, par s'échapper et l'histoire change à nouveau de registre, nous offrant un récit de survie en milieu hostile (la jungle d'Émeraude). Ce n'est que dans les dernières pages que le roman révèle sa vrai nature, à savoir de la sf, légère et distrayante, certes, mais qui contient néanmoins une critique de la sécurisation à outrance de nos sociétés modernes et de ses conséquences sur les relations humaines. le final fera furieusement penser, aux initiés du genre, à Philip K Dick, sachez, néanmoins qu' "Odyssée sous contrôle" est paru des années avant les écrits de Dick auxquels je pense (et que je citerai pas pour ne pas trop donner d'indications sur la fin).

En bref, un Wul franchement fun et qui, même s'il n'atteint pas la profondeur d'un "Oms en série" ou la poésie de"l'Orphelin de Perdide" n'en demeure pas moins une lecture fort distrayante.

J'ai beaucoup aimé ce livre jusqu'au trois quarts.

C'est une histoire d'espionnage et d'amour sur une planète lointaine, avec des rebondissements inattendus. Puis d'un coup on s'enlise dans une longue traversé du désert, bon c'est pas vraiment un désert, plus une jungle, mais niveau scénario et intérêts c'en est bien un. Et enfin on arrive sur un final totalement imprévisible et surprenant, que je ne dévoilerai pas ici, juste je dirai que ça m'a fait penser à Total Recall. Alors cette fin dans un certains sens m'a plu, mais pas vraiment non plus, car j'étais tellement pris dans l'histoire que l'on nous racontait jusqu'à là, que cette fin qui part totalement vers autre chose m'a laissée sur ma faim. J'aurais largement préféré que l'on reste sur l'idée de l'espion sauvant sa belle et l'humanité.

Niveau écriture c'est du bon, ça glisse tout seul.

Niveau personnage, ça aurait pu être un peu mieux, mais c'est pas mal quand même pour un livre n'atteignant pas les 200 pages, même si la femme, et oui il y en a qu'une, est un peu caricaturale et traité à l'ancienne, mais après, au vu de la fin, je me dis qu'il y a peut-être une raison à cela.

Pour conclure : c'est un très bon Wul dans son ensemble, même si la fin est à double tranchants, plaisant par son retournement de situation, déplaisant car ne donnant pas forcément la fin que l'on attendait. J'ai l'impression d'un manque en refermant ce livre, de ne pas avoir lu une histoire complète. Je me demande même, en écrivant ces lignes, si la fin proposée, n'est pas là juste car, FNA oblige, il n'avait pas la place de nous donner la vraie.