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EAN : SIE294440_310
Stock (01/01/1945)
4.14/5   174 notes
Résumé :
Ce livre comporte une table des matières dynamique, a été relu et corrigé.

L'amok, en Malaisie,· est celui qui, pris de frénésie sanguinaire, court devant lui, détruisant hommes et choses, sans qu'on puisse rien faire pour le sauver. Le narrateur rencontre sur un paquebot un malheureux en proie à cette forme mystérieuse de démence.

Extrait: Au mois de mars 1912, il se produisit dans le port de Naples, lors du déchargement d'un grand tr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (26) Voir plus Ajouter une critique
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La folie, ce thème mainte fois repris en littérature est abordé par Stefan Zweig d'une manière plutôt efficace et même troublante. Efficace parce que l'auteur à su rendre au roman cette atmosphère presque palpable; ces bruits, ces odeurs, on est en pleine immersion.
Dans ce face à face où les rôles sont inversés, le narrateur à la façon d'un psychanalyste va écouter son patient, meurtris par un terrible secret.
La cause, une femme, belle et hautaine; "j'avais senti que cette femme était plus forte que moi". La fierté masculine du docteur va être mise à mal et lui faire perdre toute retenue.
Je n'en dirais pas plus de peur de dévoiler le récit.
C'est maintenant que les choses se corsent pour moi, après avoir encensé l'auteur sur son style, il est vrai que c'est mon premier roman, donc une découverte du phénomène Zweig.
Ce qui m'a troublé dans cette nouvelle c'est la façon dont elle est abordé, cette manière impersonnelle cette absence de prénoms de noms tout ce qui fait " le genre humain". J'avais déjà éprouvé ce genre de malaise dans le roman de Kafka " le procès".
c'est pourquoi je mettrais deux étoiles à ce récit.
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Chronique de chacune des 3 nouvelles :

1e nouvelle : "Amok"
Haletant ! le rythme de la première des trois nouvelles de ce recueil : « Amok » est haletant ! Il m'a précipitée dans un maelström, dans un ouragan de sensations extrêmes, comme le héros, d'ailleurs ! Et je ne vous mens pas ! Je suis ressortie complètement « groggy » de cette lecture…
Le titre lui-même désigne un bouleversement total : un « amok » est un être qui se retrouve dans un état de folie, et même de folie meurtrière, il court, il court, il renverse tout sur son passage, il tue…Cela arrive souvent, en Malaisie. A cause du climat de touffeur épuisante, qui induit à un certain moment une rébellion du cerveau ? Peut-être.
Le héros, lui, en a fait les frais ! Il est médecin, et vit depuis de longs mois dans la campagne tropicale, entouré de « jaunes », comme il dit. Il n'a plus de contact avec la civilisation et en arrive à boire, à tomber en somnolence. C'est dans ce climat délétère qu'arrive une femme, blanche, riche, hautaine, autoritaire, qui lui demande, ou plutôt lui impose une prestation médicale. Mais jamais il ne voudra lui céder, parce qu'il veut la faire plier, et même supplier. Drôle de gars, n'est-ce pas ? Et drôle de femme, incapable de communiquer de façon simple et directe.
Ce refus entraîne une opposition totale chez la femme, qui s'en va en le rejetant, comme si elle lui lançait un anathème. Et notre médecin s'abîme dans la folie….Il devient un « amok ». Il se lance dans une course éperdue, pour son plus grand malheur…
Stefan Zweig m'a prise à la gorge, il n'a pas son pareil pour simuler à travers son style lui-même ce rythme trépidant et fatal. Et quand on croit que c'est fini, ça recommence !

Je me lance donc dans la lecture de la 2e nouvelle avec impatience !

Chronique de la 2e nouvelle : « Lettre d'une inconnue »

Cette « Lettre d'une inconnue » est la plus…connue et la plus appréciée des nouvelles de Stefan Zweig, mais curieusement, je ne l'ai que moyennement aimée.
En effet, je n'ai pu ressentir qu'un malaise diffus, une sourde exaspération face à cette femme profondément asservie par amour à un homme superficiel, léger et irresponsable, qui vraisemblablement ne vit que pour lui-même et pour ses plaisirs.
Ici, c'est tout le contraire de « Amok », en cela que le rythme est très lent, répétitif, lancinant. Il est vrai qu'il sert le propos de la nouvelle, puisque c'est l'obsession de l'amour qui en est le thème. Cette femme ne pense qu'à cet homme, elle se donne à lui 2 fois en l'espace de 10 ans et il ne la « connaît » qu'au sens biblique du terme : nulle relation vraie, nul échange des coeurs…Tout se vit à sens unique.
Et cela, je ne parviens pas à l'admettre. Je ne parviens pas à accepter la résignation de la femme, son absolue abnégation et sa fidélité absurde.
Zweig probablement, aurait été satisfait de voir qu'une obscure lectrice du 21e siècle ait réagi ainsi. Son but est atteint ! de toute façon, il n'en aurait pas été autrement, avec une si grande connaissance de l'âme humaine et un style si limpide, si clair …

Dirigeons-nous maintenant vers la 3e et dernière nouvelle…
Chronique de la 3e nouvelle : « La Ruelle au clair de lune »

Me voilà maintenant, la nuit tombée, dans une ruelle mal famée d'un port français, bordée de maisons closes et de cafés louches.
Cette ruelle silencieuse attire le narrateur par son côté paisible et ambigu. Je le suis dans une de ces maisons surmontée d'une lanterne rouge et croise un homme étrange, à la fois malheureux et haineux. C'est une femme qui l'a rendu ainsi !
Et curieusement, cela me fait penser à la 1e nouvelle, « Amok » : revoici une relation d'attirance et de rejet, une relation malsaine basée sur le désir d'asservissement de la femme, sous prétexte d'une forte fascination (mais ici, l'Amour est en jeu).
Et donc, ici, je suis sans hésitation Stefan Zweig dans son exploration de l'âme et de ses bas-fonds. J'adhère complètement à ses descriptions subtiles et pénétrantes, autant de l'atmosphère que des pauvres êtres humains qui s'y débattent piteusement.
D'autant plus que la fin m'emporte vers des lieux inexplorés…

En conclusion, la perspicacité de Zweig, son art subtil pour peindre tous les remous, son sens inné du mot juste, reflet de mille nuances, son rythme qui colle à la vie, tout cela m'a enflammée et c'est consentante que je le suivrai dans d'autres lectures…


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« Laisse-moi devenir
L'ombre de ton ombre
L'ombre de ta main
L'ombre de ton chien
mais, Ne me quitte pas»

C'est à peu près le genre de passion que nous décrit Zweig dans ce recueil qui contient trois nouvelles. Ces dernières ressemblent à des analyses pertinentes et méticuleuses de cas psychologiques assez curieux et qui frôlent l'exagération. Trois personnages, dans trois situations différentes, dans des milieux où règnent les pénombres et l'hostilité.

La passion accable ces trois personnages et hante leur existence jusqu'à la perte. Ils sont tiraillés entre l'humiliation et le besoin de reconnaissance. Ils disparaissent dans leur passion et deviennent une ombre insignifiante. le lecteur est tellement déconcerté par ce qu'il lit qu'il ne peut compatir avec l'un des personnages ; il ne fait que suivre avec curiosité ces trois cas maladifs.

Entre le médecin qui perd sa carrière et sa vie pour une femme hautaine, la femme qui accepte de jouir d'un amour à sens unique et ce monsieur avare humilié par sa femme (cette nouvelle me rappelle une autre de Jules Barbey d'Aurevilly intitulée tout simplement La Vengeance d'une femme), on suit au fil de passages d'une justesse absolue le narrateur qui, par sa présence, assure le réalisme de ces nouvelles. Mais aussi, on est surpris de constater avec quelle maîtrise Stefan Zweig a réussi à prêter sa voix à ses personnages en changeant à chaque fois de ton selon le personnage pour mettre à nu leur psychologie.
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Une fois de plus, Zweig nous conduit dans les méandres de la folie. « Amok », ce terme malais qui désigne un état proche de la folie sera le véritable centre de cette nouvelle qui se passe en Malaisie. Un médecin, isolé dans un bout du monde tropical, reclus, va recevoir un jour la visite d'une femme de la ville. Cette visite va le changer à jamais et transformer sa vie… Je n'en dirai pas plus. La nouvelle est assez courte et se lit d'une traite et Zweig est un admirable conteur. On ressent la touffeur oppressante des tropiques entre les lignes, ce qui amplifie le mal-être des personnages et laisse présager de l'issue fatale.
La lecture de cette nouvelle fut un réel plaisir.
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La ruelle au clair de lune

Un jeune homme débarque d'un navire dans un petit port français, il doit attendre le lendemain pour pouvoir prendre le train pour l'Allemagne.
Il déambule dans les rues, débouche dans une ruelle où se trouve un bordel. Là il rencontre un allemand désespéré, fou d'amour pour sa femme qui l'a quitté et exerce dans ce lieu de perdition.
Stefan Zweig dépeint de manière très réaliste ces lieux sordides et l'avilissement extrême de cet homme repoussé par sa femme au point qu'elle lui préfère son état de prostituée.
Le jeune homme, narrateur de cette nouvelle, dégoûté, attend impatiemment de pouvoir quitter cet endroit.
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Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
… sans argent, sans montre, sans illusions, je tournai le dos à l’Europe, et je n’éprouvais pas la moindre tristesse lorsque nous sortîmes du port.

« Je m’assis sur le pont, comme vous voilà en ce moment, comme tous les autres, et j’aperçus un jour la Croix du Sud et les palmiers, et mon cœur s’épanouit. Ah ! les forêts, la solitude, le recueillement, tout cela remplissait mes rêves.

« Oh ! ce n’est pas la solitude qui allait me manquer. On ne m’envoya pas à Batavia ou à Soerabaya, dans une ville où se trouvent des êtres humains, des clubs, un jeu de golf, des livres et des journaux, mais – le nom ne fait rien à l’affaire – dans une de ces stations de district qui sont à deux journées de voyage de la ville la plus voisine. Quelques fonctionnaires ennuyeux et desséchés, deux « demi-caste » formaient toute ma société ; à part cela, il n’y avait partout autour de moi que la forêt, des plantations, la brousse et le marais.

« Au début, c’était encore supportable. Je me livrai à des études de toutes sortes. Un jour, comme le vice-résident, au cours de sa tournée d’inspection, avait eu son automobile renversée et s’était cassé la jambe, je fis, à moi tout seul une opération dont il fut beaucoup parlé. Je collectionnais des poisons et des armes d’indigènes ; je m’occupais de cent petites choses pour me tenir en haleine.

Mais cela ne dura que tant qu’agit en moi l’énergie apportée de l’Europe ; après quoi, je me rabougris. Les rares Européens que je voyais ne m’inspiraient que de l’ennui ; je rompis toutes les relations avec eux, et je me mis à boire et à me recroqueviller dans des rêveries solitaires.

146 – [Le Livre de poche n° 6996, p. 41-42]
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Lettre d'une inconnue.
J'avais touché, un jour, dans cette salle de l''hôpital, à l'horreur de la pauvreté; je savais qu'en ce monde le pauvre est toujours la victime, celui qu'on abaisse et foule aux pieds, et je ne voulais à aucun prix que ton enfant, ton enfant éclatant de beauté, grandît dans les bas-fonds....
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Toujours, derrière chaque carreau de vitre, une destinée est aux aguets; chaque porte s'ouvre sur quelque expérience humaine, la diversité de ce monde est partout et de même le coin le plus ignoble peut contenir un pullulement de vie intense, de même sur la pourriture reluit l'éclat des scarabées.
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Essayez d'abord de vous représenter un instant la situation : une femme arrive chez quelqu'un qui dépérit dans son isolement ; c'est la première femme blanche qui pénètre depuis des années dans sa chambre... Et soudain je sens qu'il y a dans la pièce quelque chose de mauvais, un danger. Physiquement, j'en eu le pressentiment ; je me sentis saisi de peur devant la résolution implacable de cette femme qui, survenue d'abord avec des papotages, brandit alors soudain son exigence, comme un couteau dégainé.
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Il faut qu'elles se cachent quelque part dans un bas-fond de la grande ville, ces petites ruelles, parce qu'elles disent avec tant d'effronterie et d'importunité ce que les maisons claires aux vitres étincelantes de blancheur où habitent les gens du monde, cachent sous mille masques. Ici la musique retentit et attire tant de petites pièces; les cinématographes avec leurs affiches violentes, promettent des splendeurs inouïes; de petites lanternes carrées se dérobent sous les portes et, comme par signes, avec un salut confidentiel, vous adressent une invite très nette; par l'entrebaillement d'une porte, brille la chair nue sous des chiffons dorés.
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Stefan Zweig, auteur à succès, se voulait citoyen d'un monde qu'unifiait une communauté de culture et de civilisation. Il n'a pas survécu à l'effondrement de ce «monde d'hier» qu'incarnait la Vienne impériale de sa jeunesse.
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