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EAN : 9782264073587
240 pages
10-18 (03/01/2019)
3.77/5   182 notes
Résumé :
La vie d'Adrien et de Louise est un chaos enchanteur. Méritant et réservé, il travaille pour assurer leur quotidien. Ouvrière qualifiée de l'imaginaire, elle désaxe la réalité pour illuminer leur ordinaire. Leur équilibre amoureux est bouleversé le jour où l'agenda stratégique de l'employeur d'Adrien coïncide avec la découverte de tumeurs dans les poumons de sa femme.Pendant que les médecins mettent en place un protocole que Louise s'amuse à triturer dans tous les s... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (91) Voir plus Ajouter une critique
3,77

sur 182 notes
Sur mon bateau ivre, j'ai rencontré un bien joli couple haut perché sur le sommet de l'arc en ciel. Adrien et Louise s'aiment. Ils ont besoin l'un de l'autre. Ils fusionnent. Aucun vide entre eux ne peut être grignoté, ils sont tout à l'autre.
Adrien est salarié chez AquaPlus. Au moment où il atteint dix ans d'ancienneté, pour le féliciter, on le permute dans un autre bureau aux allures de cagibi insalubre, sans ordinateur ni téléphone, sans boulot, Adrien est désormais au service de l'inutile. Quand on diagnostique un cancer à Louise, Adrien préfère danser tous les jours près d'elle que de faire acte de présence à son travail où finalement personne ne s'apercevra de son absence durant un an.

Cette histoire est un hymne à l'amour et véhicule des messages essentiels où les déraisons restent le mot d'ordre. Faire de sa femme son unique passion avant son travail, appeler leur chien jack russel Le-Chat, Samuel le masque à oxygène de Louise, et puis rire beaucoup et tout le temps même si Louise va mourir. Parce que Louise aime la fantaisie, la joie, la bonne humeur, danser, faire de son Adrien sa cam et pour Adrien, Louise c'est son oxygène.

Beaucoup de tendresse émane de ce roman, c'est un roman qui sourit, qui nous serre très fort dans ses bras. Ça fait un bien fou de la poésie au service des mots, de l'amour au service de la vie, de la vie en guise d'espoir, des couleurs pour chasser les ombres. Puis un chien qui s'appelle Le-Chat, j'adore.
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"La seule façon raisonnable de vivre en ce bas monde, c'est en dehors des règles."

Louise, peintre, a décidé de mettre de la couleur dans sa vie, tous les jours. D'appeler son chien, "Le Chat", de vivre le présent pleinement, "c'est sa cam", de décréter les jours en A ou en O, c'est plus rigolo. le conformisme très peu pour elle. Louise est un Pierrot Solaire qui éclaire son monde.

Adrien, lui est réglé comme une horloge suisse, petits parcours bien planifiés, optimisés pour aller au bureau, faire la tournée des clients. Employé-modèle, petite vie rangée.

Ces deux là, n'étaient pas fait pour se rencontrer mais mieux, ils étaient faits l'un pour l'autre. Seulement voilà, le sort en a décidé autrement, pas eux. Sourire toujours c'est le credo de Louise, en toutes circonstances, le sourire et le rire aide la chimio à mieux agir, Adrien à ne pas sombrer.

La plume pleine de poésie, le verbe choisi aide à entrer de plain-pied dans l'univers parallèle de ce couple "déjanté". Les attitudes loufoques, hors normes, ne sont que prétextes à nous dire qu'on peut choisir le bonheur. Choisir son bonheur, tant pis pour les bien-pensants qui n'y comprennent rien, qui jugent. Peut-on, comme ce petit juge assis sur son coussin, rationaliser une situation ubuesque et y appliquer une sanction, quand l'ultime vous a déjà été infligé ?

Ce roman est plein de tendresse, d'émotions, de poésie pour parler de sujets cruels comme le placement d'Adrien en position d'être inutile chez "Aquaplus", le reléguer en un lieu qu'aucun autre employé de l'entreprise n'a foulé et le cancer de Louise qu'elle va traiter avec fantaisie comme à son habitude. Nul pouvoir pour ces deux-là, face à la situation, mais ils la vivront ensemble avec courage et inventivité.

Ce roman est une bulle d'émotions, du Champagne. Une ode aux petits bonheurs du quotidien, au choix de voir le verre à moitié plein en toutes circonstances surtout les pires... de se moquer éperdument de la norme. Avec brio et justesse, sans lasser malgré les loufoqueries, l'auteure vous embarque dans une histoire lunaire éclairée par le procès d'Adrien, auquel on ne comprend pas grand-chose au début, mais qui clarifie toute l'histoire au fil de la lecture. Je suis orpheline de Louise.

De ces histoires mille fois racontées : un homme, une femme Cha bada bada... l'auteure crée les déraisons à adopter pour tout affronter, vivre mieux la grisaille, la maladie, la désobéissance. Devenir Dorothy pour voir au-delà de l'Arc-en-ciel.

Ce livre donne envie d'aimer la vie, tout simplement !
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Toutes les Déraisons d'y croire

C'est l'histoire de Louise et d'Adrien. de l'année durant laquelle Louise se bat contre un cancer du poumon, soutenu par Adrien. Un drame plein de fantaisie.

Quelquefois la vie est si terriblement injuste qu'il vaut mieux en rire. L'humour devient alors le stade suprême du désespoir et une manière de nous faire accepter l'inéluctable. Comme la mort d'un être cher. Chose impensable, inimaginable, comme le chantaient les Rita Mitsouko
Le cancer
Que tu as pris sous ton bras
Maintenant
Tu es en cendres, en cendres
La mort
s'est comme une chose impossible
C'est à cette douloureuse expérience que va être confronté Adrien le jour où il va apprendre que son épouse Louise va devoir lutter contre un cancer du poumon. Mais, à l'image de Marcia Baila, c'est sur un rythme entraînant, plein de poésie et d'inventitvité qu'Odile d'Oultremont nous raconte cette année particulière. Un véritable tour de force qui entraîne le lecteur dans un tourbillon d'émotions.
Tout commence le 3 octobre 2016, alors que s'ouvre un procès devant le tribunal de première instance de Bruxelles. Les audiences doivent définir si Adrien Bergen a perçu indûment 28400 € de la société AquaPlus qui l'emploie.
Mais, avec un joli sens de la construction et du suspense, Odile d'Oultremont interrompt son récit, car il faut pour comprendre ce qui se trame dans ce tribunal, reonter une dizaine d'années plus tôt.
À ce jour d'octobre 2005, lorsqu'Adrien rend visite à Louise Olinger pour lui annoncer une coupure d'eau de trois jours. Habitué aux récriminations, il est surpris par la réaction de Louise, qui est plus attentive à la forme du message qu'à son fond. le dialogue qui suit donne le ton de tout le roman : « Je suis venu vous prévenir que, malheureusement, à partir du 17 octobre, nous devrons procéder au remplacement de canalisations, ce qui implique que, malheureusement, l'eau sera coupée pendant trois jours. Dans tout le quartier…
Elle protesta aussitôt.
– Non, non, non !
– Laissez-moi vous...
Je dis non, l'interrompit-elle. Pas pour la coupure d'eau. Je dis non à deux utilisations consécutives de l'adverbe "malheureusement" dans une même phrase. Ça, c'est non!
– Pardon?
Ce n'est pas joli, ni raffiné, ni très positif, "malheureusement", alors si en plus vous le dites deux fois...
Adrien se figea. Quelque chose lui échappait.
– Ah bon. Excusez-moi.
– Mais non! Ne vous excusez pas, c'est vraiment la dernière des choses à faire!
La situation ne s'arrangeait pas. Adrien aspirait à un point d'amarrage, à quelque chose de familier, une réaction normale.
– Ah bon..., répéta-t-il. Qu'est-ce que je dois faire alors?
J'en sais rien, agissez, remplacez le mot, que sais-je?
– OK... je vais le remplacer, d'accord... donc à partir du 17 octobre nous devrons malheureusement procéder au remplacement de canalisations, ce qui implique que l'eau sera coupée... ce qui est très dommage...
Il lui lança un regard interrogateur.
– "Ce qui est très dommage... ", ça vous convient?
Louise éclata de rire.
– Époustouflant !
Il soufila, rassembla ses forces, et répéta :
– Donc... l'eau sera coupée, ce qui est très dommage, pendant trois jours. »
C'est ainsi que commence leur belle histoire d'amour. Quand Adrien découvre les talents de cette cliente, artiste à l'imagination débordante qui, au fil des heures et des jours qui suivent va lui permettre d'élargir son horizon et de constater que «l'imagination de Louise le propulsait comme un puissant moteur».
Dès lors, on suit en parallèle ce procès et la chronique des premières années de la vie du couple, revenant aussi sur quelques épisodes marquants de leur jeunesse, comme le traumatisme subi par Louise quand sa mère disparaît, jusqu'à cette funeste année durant laquelle le cancer fait son travail de sape.
Louise choisit de ne pas se plaindre, mais un peu comme Mathieu Malzieu et son Journal d'un vampire en pyjama de mettre encore davantage de vie «d'élaborer, de rêver, d'imaginer, de peindre, de fonder, de rire, de fabriquer, de concevoir, d'innover, d'écrire, de dessiner, de susciter, de bâtir, de jouer.»
Adrien se positionne sur le même registre. Il devient «le mécène de la planète Louise, grasse et vitale, il la polissait, la coiffait, lui injectait des vitamines, la labourait et la désinfectait, et, pour la protéger, il avait constitué une armée robuste, dont il était le seul soldat.»
Pendant ce temps son avocat tente de démontrer que son employeur, qui a mis près d'une année avant de constater qu'il était absent, portait aussi une part de responsabilité dans cette «placardisation». le président Albert Vaxe, dont c'est sans doute l'une des dernières affaires, commence à trouver l'affaire beaucoup plus intéressante que prévue. Et pendant que la camarde aiguise sa faux et qu'une ribambelle de charlatans proposent leurs remèdes miracle, Adrien s'essaie torero à l'assaut des tumeurs ou encore lion pour pousser des rugissements propres à faire reculer les métastases. C'est magnifique et poignant comme tous ces combats que l'on sait perdus d'avance, mais qui sont d'autant plus beaux qu'ils sont inutiles. Il y a la majesté de Don Quichotte dans cette guerre, la poésie fantastique qui se découvre quand sur la plage, il ne reste que L'Ecume des Jours.
2018 pourrait bien être une année riche en découvertes. Odile d'Oultremont, retenez bien ce nom. Car il y a toutes les Déraisons d'y croire !

Lien : https://collectiondelivres.w..
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Adrien mène une vie toute grise d'employé modèle, tranquille, rangée, réglée comme du papier à musique.

Louise, elle, danse sa vie, peint le monde en couleurs et habite quelque part au-delà de l'arc-en-ciel, dans un univers fantasque et chaotique où son imaginaire peut déborder allègrement.

Le hasard les fait se rencontrer et, contre toute attente, toute probabilité et toute raison, les fait tomber amoureux. D'un amour fusionnel, tendre et absolu, dans lequel Adrien s'adapte avec joie au diapason farfelu de Louise.

Pendant presque dix ans tout va pour le mieux pour les deux tourtereaux. Et puis un jour la dure réalité fait irruption dans leur nid d'amour : on découvre chez Louise un cancer du poumon et Adrien se retrouve relégué dans un placard à balai après la restructuration de son entreprise. Un double drame ? C'est sans compter la fantaisie de Louise, qui décide de voir son cancer comme « un truc nouveau qui nous arrive ». Pleurer sur son sort, très peu pour elle, la vie est belle, toujours. Adrien, dévasté par la nouvelle, s'adapte encore, et joue le jeu. Contaminé par la douce folie de Louise, il décide même de ne plus aller au travail, sans prévenir sa hiérarchie, de toute façon plus personne ne s'y soucie de son existence, ou presque...

Car le roman s'ouvre sur le procès d'Adrien, à qui son entreprise (qui a fini par s'apercevoir de son absence injustifiée) réclame un an de salaires indûment versés. Et c'est donc à travers les réponses d'Adrien au juge qu'on reconstitue peu à peu cette dernière année de vie commune avec Louise, entre amour fou, fantaisie et réalité professionnelle absurde et cynique.

Ce roman me laisse perplexe, je n'arrive pas à décider si je l'ai aimé ou pas. La « faute » à Louise, sans doute, personnage à la fois touchant et horripilant. Mon côté trop raisonnable s'est agacé de son comportement puéril, hors sol, déconnecté des contingences du quotidien. Mais mon côté trop sensible admire et envie la capacité de Louise à ne voir que le côté positif des choses, son attitude paradoxalement très lucide et courageuse qui brandit sa fantaisie comme une armure contre la cruauté de la vie et qui les protège, elle-même et (surtout) Adrien.

Je suis donc tiraillée mais je dois reconnaître que ce roman, qui dénonce aussi l'inhumanité d'un certain monde du travail, est bourré de tendresse, de poésie, de lumière, de couleurs et de vie. C'est loin d'être déraisonnable.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Pour Louise, la vie est belle, elle en a décidé ainsi, il y a bien longtemps et ce n'est pas un petit cancer de rien du tout qui va lui faire changer d'avis.
Artiste loufoque, elle est le soleil d'Adrien.
Leur rencontre a été l'étincelle qui a transformé leur quotidien.
Louise peint, chante danse, joue avec le chien qu'elle a baptisé « le Chat ».
Tout, absolument tout, la rend heureuse. Alors, lorsque le diagnostic tombe elle continue à rire.

« Allez, lui souffla-t-elle. Vois ça comme un truc nouveau qui nous arrive.
- Un truc ?
Louise rit encore. Malgré le marasme absolu, le désastre annoncé, elle parvenait à troubler la surface affligée de l'existence.
- C'est pas un truc Louise, c'est pas du tout un truc.
- C'est quoi, alors ? Un drame ? ça changerait quoi de dire « drame », plutôt que « truc » ?

Elle donne des noms à ses médicaments, les installe sur sa table de nuit et leur parle comme à des amis. Ses bras qui reçoivent les perfusions ont pour noms Nathanaël et Clotilde.
Un malheur n'arrivant jamais seul pour Adrien, il se retrouve isolé dans un placard au sein de son entreprise où on oublie peu à peu jusqu'à son existence.
Et si c'était l'occasion de tout laisser tomber pour se consacrer entièrement à son épouse ?

Il y a une bonne dose de folie douce dans l'histoire de cet amour hors norme.
Ce premier roman est une merveille de sensibilité, de dérision, de tendresse qui malgré les thèmes graves qu'il aborde sait rester plein d'enthousiasme, poétique et joyeux.

Odile d'Oultremont est assurément une auteure dont on n'a pas fini d'entendre parler.
Je remercie très vivement Babelio et les Editions de l'Observatoire pour cette belle lecture.


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critiques presse (1)
LaLibreBelgique
26 février 2018
Un premier roman qui se fâche contre les moutons et plébiscite les fantasques.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Citations et extraits (69) Voir plus Ajouter une citation
La pièce est magistrale. Ses murs dressés comme des remparts soutiennent une voûte suspendue à plusieurs mètres du sol, sculptée en éventail et percée d'une imposante lucarne. Par-delà, le ciel dispense sa lumière matinale, une colonie de nuages traverse lentement le tableau. Adrien ne peut s'empêcher de penser que, de là-haut, Louise doit se marrer.
Dans cette salle de justice, l'air en circulation lente a pris la couleur presque jaune des époques antérieures. Depuis la disparition de sa femme, il y a quelques mois, ici ou ailleurs, à tout moment, c'est comme si le présent était déjà ancien. En filant, Louise a emporté les pigments clairs de l'oxygène, elle s'est barrée avec le blanc. La vision d'Adrien a reculé d'un cran sur la palette Pantone. Même les murs de ce tribunal sont devenus légèrement plus foncés. Adrien observe le trône du président, une simple chaise posée derrière un imposant bureau face à l'assemblée. Dans quelques minutes, il va devoir répondre à des questions officielles, trier les mots, les peser, les modérer, les tempérer,…
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À l’aube, le lendemain, Louise se leva d’un bond, saisit le visage d’Adrien à pleines mains et l’embrassa avec force. Elle fonctionnait parfois avec agressivité, c’était une manière d’imposer aux traces laissées dans son sillage de demeurer vivaces, sa façon maladroite de se rappeler à lui.
Elle annonça une fois debout comme on déclame un poème :
– Aujourd’hui, journée en O !
– Encore?
– Bon dodo?
– Ramollo. Et toi mon angelot?
– Oui ! Excitée par ma première chimio!
Et voilà, malgré la nuit sans fermer l’œil, malgré le poids de l’anxiété, elle le ramassait comme le sucre en poudre dans une petite cuillère, il n’y avait plus qu’à embrayer, c’était presque une obligation morale: on ne laisse personne seul avec une telle quantité de bonne volonté.
– T’es dingo...
Il l’embrassa.
– Je t’accompagne à l’hosto.
Louise se cabra, licorne grognon, gamine indignée.
– Tu vas au bureau!
– No...
– So !
Une heure plus tard, à l’arrêt de bus, Adrien profita des dernières hésitations de la porte pour s’embarquer à bord.
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- A ce jour, on recense 8,7 millions d'espèces sur Terre, de type microbien, animal ou végétal. Ce recensement est, vous l'imaginez bien, variable selon les progrès de la recherche : on est à tout moment susceptible de découvrir qu'en réalisé il y en a beaucoup plus. Je travaille depuis vingt ans à observer les animaux, je tente de comprendre leurs comportements pour les anticiper au mieux. Cela, vous l'aurez compris, dans le but de les protéger. Les dangers, les accidents, les maladies sont certes des évènements qui régulent l'équilibre, et ils sont la plupart du temps paradoxalement la meilleure réponse à la survie des espèces : elles demeurent parce qu'elles meurent. Ca marche pour les antilopes, les poissons-chats, les cigognes. Mais ça n'a pas le moindre sens pour vous. Car vous êtes, Louise Olinger, la seule espère au monde qui n'a qu'un seul représentant, vous. Si vous disparaissez, toutes les classes de votre famille s'éteindront dans le même souffle. Et le vide laissé serait abyssal, rien n'y résisterait, ni la faune, ni la flore, ni même l'humanité. Les prés que vous butiniez dépériraient de ne plus fleurir, la savane se consumerait de ne plus vous sentir la courir, les vastes plaines de la pampa se languiraient de vos sabots sur leurs terres fertiles, les eaux glacées de l'Antarctique ne survivraient pas à votre déperdition, si minuscule étiez-vous. Ce que je vais vous dire là, je ne l'ai dit ni aux élans, ni aux rennes, ni aux lions de Tanzanie, ni aux baleines siamoises : vous n'avez pas d'autre choix, madame Olinger, que de survivre. A votre cancer, A votre mère, à votre père. A votre histoire.
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–Qu’avez-vous fait pendant un an si vous n’alliez plus au bureau Monsieur Bergen ?
–Oh.
Cette question met Adrien en joie.
–Nous dansions, ma femme et moi, Monsieur le juge.
–Vous dansiez ? Vous avez dansé pendant un an ? !
–Quand elle en avait la force physique, acquiesce Adrien.
–Et c’est pour cette raison que vous avez renoncé à aller travailler ?
–Vous en connaissez une meilleure ?
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Adrien a toujours évité de se poser cette question. Et si Louise n’avait été séduite pas rien chez lui? Peut-être l’a-t-elle aimé pour une raison que si trouve n’en être aucune. Juste parce que l’aimer, c’était pile l’endroit où se trouver, le point entouré sur la carte de Louise, le millimètre carré où s’enfonce la fléchette lancée sur la cible. Ou peut-être l’a-t-elle aimé instinctivement. Sans hiérarchie de pourquoi ou de parce que. À l’animale. On se flaire sans réaliser que, déjà, la chimie opère. La matière de l’un reconnaît celle de l’autre, elles se conviennent à tel point qu’elles veulent fusionner instantanément, lobant par ce système primitif toute forme de réflexion. Ta gueule! Tu penseras plus tard. À l’instant précis du coup de foudre, la dopamine, l’ocytocine, l’adrénaline et la vasopressine insultent copieusement le cerveau.
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