Que faire lorsqu'on est maman et qu'on apprend que sa propre fille se retrouve en prison, accusée de terrorisme ?
Sa propre fille qu'on ne voyait plus beaucoup, engagée qu'elle était dans une ferme-communauté anarchiste, gauchiste ou quelque chose comme ça, de toute façon contre la société, là-bas en Lozère.
Sa propre fille qui a elle-même une petite fille de 8 ans, et dont il faut s'occuper, pauvre gamine.
Que faire lorsqu'on se rend compte que sa propre fille a suivi les pas de ses parents, ceux-ci ayant toujours voulu nier la société, ne pas dépendre d'elle, ne rien lui devoir, et donc se construire une vie dans un minuscule village des contreforts des Pyrénées, quasi en autarcie ?
Que faire ? Eh bien, digérer tout cela, faire face à la horde des journalistes, assumer la tête haute. Continuer. Vivre.
Magda en est-elle capable ? Oui, apparemment, oui. Elle est dure,
Magda. Faut dire qu'elle est allemande, et qu'elle a quitté subitement son pays à 23 ans, pour n'y plus revenir. Jamais.
Et son secret, elle ne l'a jamais révélé à son mari français dont elle est tombée amoureuse il y a quarante ans.
Alors là voilà, avec son mari et leur fils malade mental, en charge de leur petite-fille, qu'il faut protéger sans rien lui cacher, car
Magda, malgré son secret, est pour la vérité. Dire. Discuter.
Curieux assemblage, que cette
Magda. Une maîtresse femme qui encaisse mais dont la construction intérieure se délite. Jusqu'à la révélation finale... (à vrai dire, cette révélation ne m'a pas surprise outre mesure, je l'avais devinée très tôt).
Mazarine Pingeot signe ici un roman très psychologique, où nous assistons pas à pas aux réactions d'une femme face à ce qui ne devrait pas être. Et pas seulement : sa vie, son comportement, ses idées sont bien expliquées. Les thèmes comme l'autonomie, la liberté parsèment toute l'histoire, et en font même le ciment principal.
Comment résister à l'Etat, ou plutôt comment faire en sorte qu'il n'existe plus dans notre propre existence ? La résistance doit-elle être active, quitte à adopter la violence ? Ou passive, en vivant en accord avec la nature, en refusant toute intervention intempestive de la société des hommes, brutale, mondialiste, médiatique ?
Comment éduquer un enfant à l'autonomie en le laissant libre de ses choix même si ceux-ci ne nous agréent pas ?
J'ai beaucoup aimé ce roman aux phrases toutes au présent, telles des flèches fichées dans la trame des jours.
Magda est une femme au présent, mais lorsque la vérité et le mensonge s'emmêlent et qu'il faut agir, le passé peut ressurgir...