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Claude Demanuelli (Traducteur)Jean Demanuelli (Traducteur)
EAN : 978B08BNF7QXF
Le Cherche midi (17/09/2020)
3.68/5   74 notes
Résumé :
Ce roman est lauréat du National Jewish Book Award

2017, Londres. Professeur d'université proche de la retraite, Helen Watt est contactée par un ancien élève afin de venir étudier des documents en hébreu récemment découverts dans une maison du XVIIe siècle. Très vite, elle est intriguée par l'auteur de ces manuscrits, un certain « Aleph », dont elle va vouloir déterminer l'identité.
1660, Amsterdam. Ester Velasquez est une femme d'une intelli... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (50) Voir plus Ajouter une critique
3,68

sur 74 notes
Trop d'encre et pas assez de de sang. Masse Critique, ma bien nommée, une bien belle indigestion tu m‘as donnée.
Pourtant, la quatrième de couverture était alléchante, mais l'assiette ne fut pas au niveau du menu. Pas d'addition grâce à Babelio, mais je vais dire deux ou trois mots au cuistot. le client n'a pas toujours raison mais puisqu'on lui demande son avis, autant ne pas se priver.
La découverte de lettres et parchemins dans une maison en rénovation, permet à Helen Watt, professeur d'université à l'aube de sa retraite et à un thésard à perpétuité de se lancer dans la traduction de ces documents anciens d'une grande valeur historique. Ils découvrent très rapidement que le scribe est une jeune femme juive du 17ème siècle, très cultivée, qui interroge de sa plume volatile, le monde, la religion, les moeurs, la nature, en cachant son sexe sous des pseudonymes pour communiquer avec certains grands esprits plus ou moins étroits de son temps. Elle se sent notamment étroitement liée à Spinoza qui fut frappé par un herem de la communauté juive, excommunication liée à ses gestes barrières face à la pratique religieuse. La jeune femme vit auprès d'un sage rabbin aveugle et bienveillant qui a abandonné ses yeux à l'Inquisition Espagnole et s'est réfugié à Londres après un passage à Amsterdam. Belle trame pour un roman historique, j'en conviens.
Hélas, le récit fait la navette entre les deux époques sans escales, trajet en trop long courrier, vol de nuit d'insomnie, et lecteur vite ankylosé par l'absence de turbulences. La commandante de bord ne parvient jamais à faire décoller l'appareil, la soute plombée par des cartons de livres étudiés et l'obsession du détail inutile. Quand la documentation afflige d'obésité la narration, quand l'érudition tient en joue le romanesque pendant 500 pages, quand l'intellectualisation anesthésie l'action, les plus histoires se crashent sur la piste d'envol.
L'auteure cherche à instaurer un dialogue entre Esther et l'universitaire, à près de 350 ans de distance, la correspondance de l'une réveillant les passions de l'autre. Il est bien sur question d'émancipation, de liberté et de sacrifice mais si le récit interroge bien la place de la femme dans l'histoire, c'est l'histoire qui ne trouve pas sa place dans le roman. le Londres du 17ème siècle est survolé par un drone plus intéressé par les idées que par la visite guidée et la compétition entre universitaires pour obtenir la primeur de la découverte est aussi passionnante que la retransmission d'une compétition de fléchettes en Slovénie.
Ma curiosité pour une période que je méconnais et le destin de ces réfugiés portugais de l'Inquisition établis à Amsterdam, puis à Londres ont suscité néanmoins mon intérêt et quelques passages un peu plus relevés, quand Esther sort un peu la tête de ses pensées pour s'encanailler où lorsque l'universitaire se souvient d'une passion passée, ont su donner un peu de chair au roman. Je dois aussi reconnaître que les personnages sont bien construits et ne manquent pas de contradictions. "Néant moins", ils pensent plus qu'ils ne vivent.
Je m'interroge enfin sur la traduction de ce roman. Si j'en crois la couverture, ils s'y sont mis à deux. Peut-être pour rendre l'exercice plus supportable mais les répétitions et la platitude de certains passages questionnent sur le filtre des relectures. J'avoue que j'ai parcouru le dernier tiers en diagonale, un peu pour avoir le mot de la fin, beaucoup par lassitude.
Rendez-vous manqué.
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A la demande de propriétaires londoniens d'une demeure datant du 17e siècle, Helen Watt et Aaron Levy, tous deux historiens, expertisent des manuscrits anciens retrouvés dans la propriété. Nous sommes au tout début des années 2000.

Ils sont sur le point de faire une découverte historique capitale sur la vie de la communauté juive londonienne au 17e siècle. Pan de l'histoire jusque-là méconnu des historiens, ceci grâce à la traduction des lettres et parchemins anciens qui vont révéler bien des choses grâce aux traductions et découvertes des 2 chercheurs qui travaillent minutieusement les anciens écrits découverts.

Il s'agit d'un roman historique qui permet des incursions dans le passé révélant au grand jour l'histoire d'un scribe juif érudit, exceptionnel et mystérieux qui livrent ses réflexions philosophiques et personnelles alors que cela est très rare à l'époque voire interdit. Il est au service d'un rabbin aveugle qui l'a recueilli, sa fonction chez celui-ci lui permet non seulement d'écrire les lettres sous la dictée du rabbin mais aussi d'exprimer librement sa pensée qui s'oppose à celle de son employeur.

Le scribe réussit à entrer en contact avec les plus grands penseurs de ce siècle, ce qui permet des joutes oratoires de haut niveau.

On découvre également la vie de la communauté juive en général, notamment et essentiellement la condition des femmes juives et leur destinée toute tracée, les rejets du peuple juif en Europe et à Londres, les idées préconçues de l'époque, le développement du sabbataïsme, la peste qui envahit Londres en feu où la misère et la folie sévissent.
On est plongé dans un monde souterrain où l'Inquisition fait rage avec son lot de terreur, de tortures et de souffrances.
Les positions religieuses orthodoxes se mêlent à un désir de liberté, d'athéisme et de prise de positions dites hérétiques.

La narration alterne donc entre les deux époques ce qui permet de varier la lecture, de la rendre dynamique mais aussi d'étayer les réflexions d'Helen Watt et son étudiant qui nous livrent leurs hypothèses et quelques vérités sur cette époque obscure voire obscurantiste.

Les personnages sont marquants et solidement construits notamment celui du scribe et des deux historiens chercheurs.
Plusieurs histoires d'amour naissent autant dans le passé que dans le présent, ce qui en fait un roman historique largement romancé.

Bien que très long et comportant quelques redondances, le livre se lit assez facilement, certains passages sont à relire toutefois lorsque la pensée des philosophes est développée dans certaines lettres.

Les personnages sont purement fictifs mais le fond historique est réel et résulte des recherches de l'auteure.

Un livre que je conseille aux amateurs de romans historiques à qui ce pavé ne fera pas peur, aux grands lecteurs aussi.

Je remercie vivement Babelio à travers l'opération masse critique ainsi que les éditions du Cherche Midi qui m'ont permis de découvrir ce roman.
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" Si William Shakespeare avait eu une soeur aussi douée que lui, quel aurait été son sort ?
- Elle mourut jeune... hélas, elle n'écrivit jamais une ligne." Virginia Woolf, Une chambre à soi.

Helen Watt est professeur d'université en 2017. Ester Velasquez est recueillie par un rabbin en 1660, d'Amsterdam elle rejoint Londres.
Ces deux femmes vont croiser leurs routes à travers le mystère de manuscrits anciens trouvés dans une vielle demeure de Richmond.
Une intrigue historique où se découvre une jeune femme juive exceptionnelle. Elle aurait pu être membre de la Royal Society et défier les plus grands penseurs de l'époque, mais elle est une femme du XVIIe siècle, de confession juive de surcroit.
Alors elle ruse. Elle écrit en déguisant sa signature.

Comme dans tous les romans où les époques se croisent, je préfère bien souvent l'époque du passé. Helen Watt et son assistant Aaron Levy m'ont ennuyée avec leurs histoires personnelles qui n'apportaient pas grand-chose au récit. L'histoire d'Esther bien que passionnante m'a paru parfois en décalage avec son époque. Plus une quête féministe qu'une quête de liberté d'expression, écrite ou orale, liberté de pensée, d'être qui on est au fond de soi.
Certains passages sont passionnants, d'autres répétitifs.

Dans l'ensemble j'ai aimé la réflexion qu'entraîne ce récit, bien que j'aie préféré, sur ce sujet, les romans de Chaïm Potok, plus immersifs, plus fluides.

Je remercie Babelio et les Éditions Le Cherche-midi pour ce roman.
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De sang et d'encre est un roman dense, très dense, si l'on considère le nombre de pages d'abord, 565, et l'écriture ensuite, attendez-vous en effet à de petits caractères qui ne facilitent pas la lecture. Ce n'est pas un roman destiné uniquement aux érudits, à mon sens la littérature s'offre à tous, mais c'est un roman incontestablement exigeant. Mieux vaut se plonger dans cette lecture en étant libéré de toute préoccupation et en ayant conscience que l'on va pénétrer dans une période historique passionnante mais complexe. C'est en tout cas le sentiment qui a animé ma lecture et, je dois bien l'avouer, je ne m'étais pas assez préparée à cela ; d'ailleurs, je suis convaincue de ne pas avoir lu ce roman au bon moment. En effet, j'ai eu énormément de mal à entrer dans l'histoire et j'ai avancé au rythme d'une tortue, reprenant parfois certaines pages, voire certains chapitres. Et pourtant, je peux affirmer que c'est un bon roman, ce qui peut paraître paradoxal, j'en suis bien consciente. L'histoire entremêle deux périodes historiques et c'est un choix narratif que j'affectionne particulièrement. J'ai toutefois largement préféré suivre les aventures d'Ester en 1660 que celles d'Helen et d'Aaron en 2000-2001 mais il est difficile de mettre sur le même plan des personnages qui n'ont pas et n'ont pas vocation – mais je me trompe peut-être – à avoir la même épaisseur. le personnage d'Ester est passionnant, je dirais même envoûtant, et fort intéressantes sont les relations qui l'unissent aux autres personnages de son époque. Son histoire, son parcours, son combat, ne peuvent laisser de marbre et, à travers eux, sont abordés des thèmes riches et fascinants. Parmi les plus intéressants : le sort réservé aux communautés juives dans l'Europe du XVIIe siècle et la place de la femme. Un roman très moderne, en somme. Notons que l'avancée à tâtons entre les deux époques permet, et ce n'est pas négligeable, quelques respirations au sein d'un roman qui demeure complexe de bout en bout et qui n'aurait certainement pas eu la même force s'il avait été amputé de toute la phase de recherche mettant en scène les deux historiens.

Lien : http://aperto.libro.over-blo..
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Helen ne se souvient pas vraiment de cet ancien étudiant qui lui demande de l'aide. En faisant des travaux dans une vieille maison de famille, il a trouvé des documents anciens en hébreu. Avec l'aide d'Aaron qui ressemble à son amour de jeunesse, ce qui l'énerve, elle accepte d'étudier ces documents.

L'enquête commence pour Helen et Aaron. Ils ont des vies personnelles compliquées, des rapports distants qui s'expliquent par la différence d'âge, Helen est une femme vieillissante proche de la retraite, Aaron un jeune homme qui n'arrive pas à écrire son mémoire et qui vit une relation épistolaire depuis que son amie est partie.

En 1660, la vie d'Ester est bien plus passionnante. Elle écrit pour le rabbin aveugle et elle a obtenu ce statut parce que son frère a refusé de le faire, puis il est mort dans une rixe. Il ne supportait plus la culpabilité de la mort de ses parents. Ces derniers ont élevé leurs enfants en prônant une certaine tolérance vis à vis de la religion, surtout leur mère, et en permettant à leur fille d'étudier. Et puis il y a eu cet incendie et ce départ pour Londres pour fuir l'inquisition.

Le récit alterne les époques et la vie de ces deux femmes qui sont bien plus proches qu'on peut le penser. L'histoire est passionnante mais il faut rester concentré. Il y a beaucoup de descriptions qui ont leur importance.

Je ne suis pas une spécialiste en histoire mais j'ai apprécié ce roman dense et surtout le destin d'Ester. Cette jeune femme était exceptionnelle.

La place des femmes dans notre société quelque soit l'époque sera toujours une source d'inspiration pour les écrivains et j'adore ça.


Merci à Masse critique de Babelio et les Éditions Cherche-Midi pour cette belle découverte.
Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
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Citations et extraits (63) Voir plus Ajouter une citation
Autrefois, avant que l'incendie ait détruit tout faux semblant, elle aurait pu devenir le genre d'épouse prête à étouffer en elle sa passion de l'étude, à se montrer courtoise et bien élevée, à se proclamer heureuse avec ce qu'elle avait à disposition. Plus maintenant. Le cœur humain - celui de sa mère, celui de sa grand-mère et le sien - est le lieu de désirs chaotiques. Et elle ne peut les dompter que par la vie de l'esprit. En vivant par les mots, les livres, la froide raison. En suivant l'itinéraire que tracent ses pensées, si infime que soit le geste, si fragile et invisible. Marque laissée par un ongle sur le mur d'une prison. (p 399)
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À chacune des incursions d'Ester dans Londres, la ville semble grandir et s'éclairer, les rues forment un réseau serré qu'elle parcourait au début avec méfiance, mais aujourd'hui avec assurance. Elle s' attarde devant les tables des libraires pour le simple plaisir de respirer l'odeur des livres, et s'étonne d'avoir pu l'oublier, cette odeur ; peut-être ses années de deuil ont-elles émoussé ses sens. À présent, les caractères carrés du latin et de l'anglais la ravissent ; elle aime la sensation que lui procure les mots qu'elle forme silencieusement dans sa bouche. Tout autour d'elle, des inconnus suivent du doigt les lignes imprimées, leur exploration curieuse, pleine de révérence, voire de tendresse. L'amour des livres lui a toujours paru être une émotion d'une grande intimité ; pourtant pour les juifs, les livres les plus sacrés ne sauraient être manipulés par des mains humaines. Aucune femme ne peut approcher la Torah, et même un homme ne peut en toucher les rouleaux qu'avec une baguette en bois ou en argent. Mais ici, parmi les Gentils, même les écrits les plus sacrés peuvent être caressés. (p. 183)

Chapitre 12
6 décembre 1663
7 kislev 5424
Londres
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Elle ne se rappelait pas s’être jamais ennuyée dans son travail. Mais il en allait différemment ces derniers mois : des choses qui l’avaient enflammée perdaient maintenant de leur attrait, tandis que, de temps à autre, des étincelles jaillissaient dans son esprit, comme projetées par les coups d’un marteau sur une enclume. Ses flashs de mémoire, éblouissants – bruit étouffé de la porte d’un abri dans la chaleur du désert, odeurs lui emplissant soudain les narines l’espace d’un instant enivrant. Étincelles qui mouraient, Dieu merci, avant de pouvoir s’enflammer. (p 18)
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L'exaspération des deux Patricias régnantes justifiait un silence plus tendu qu'à l'accoutumée dans la salle des manuscrits. Que les deux femmes n'aient fait aucune confiance aux historiens n'avait rien de nouveau ; depuis le temps qu'elle fréquentait l'endroit, Helen avait eu suffisamment l'occasion d'entendre les récriminations chuchotées de l'une ou de l'autre pour avoir saisi l'essentiel : les historiens ne traitaient les documents rares que sous l'angle des connaissances que ceux-ci pouvaient leur apporter, et non comme des objets matériels dotés d'une valeur intrinsèque ; les historiens cessaient de s'intéresser aux originaux sitôt qu'ils les avaient vidés des informations qu'ils contenaient. Patricia Starling-Haight avait vu de ses yeux un doctorant en histoire mâcher du chewing-gum ! au-dessus d'un manuscrit enluminé du XVIe. Patricia Smith avait, elle, travaillé sur des manuscrits du XVe que l'on aurait pu encore sauvé n'eût été le dommage irréparable causé par un historien qui avait scotché ! deux fragments ensemble. (p. 146)

Chapitre 11
1er décembre 2000, Londres
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Elle a cacheté la lettre avec un pincement au cœur. Personne à ce jour n’a été capable de répondre aux questions qui pleuvent parfois sur elle comme une averse de grêle. Elle a conçu l’espoir à présent que l’hérétique de Spinoza sera peut-être en mesure de le faire.
Elle a porté sa lettre à la messagerie ce matin, les paroles de pardon de son frère bourdonnant à ses oreilles. Tu es comme une pièce d’argent gravée dans la pierre… une maison faite de rayons de miel ou de plumes ou peut-être de verre. Si seulement l’esprit malicieux d’Isaac pouvait se glisser en elle, pour prendre la place de cette âme repliée sur elle-même, toujours prête à reculer, qui est la sienne. Ce n’est pas le meilleur des deux qui a survécu, car Isaac était d’une plus belle étoffe qu’elle-même.
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