Quelle femme extraordinaire !
Je me suis replongée, après quelques mois de latence, dans ce texte pas si simple à appréhender. Quelques difficultés de lecture dues au style de l'époque, à la structure du récit, mais aussi à ma curiosité : Je n'ai pas su résister à toutes ces notes qui émaillent le texte en filigrane historique. Un vrai manuel d'expert !
La partie "Mes procès" est édifiante, à lire absolument.
Quelle femme révolutionnaire ! J'ai ressenti un engagement sans faille au travers de son écriture et de son temps passé entre engagement et emprisonnements, une vie contée avec retenue malgré son implication politique.
Et de l'humour : "J'avais raconté comment j'avais, la veille, collé une affiche républicaine sur le dos d'un sergent de ville. Celle-là me restait, il fallait bien la placer quelque part."
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Au fond de ma révolte contre les forts, je trouve du plus loin qu’il me souvienne l’horreur des tortures infligées aux bêtes. […] On m’a souvent accusée de plus de sollicitude pour les bêtes que pour les gens : pourquoi s’attendrir sur les brutes quand les êtres raisonnables sont malheureux ? C’est que tout va ensemble, depuis l’oiseau dont on écrase la couvée jusqu’aux nids humains décimés par la guerre. La bête crève de faim dans son trou, l’homme en meurt au loin des bornes.
« J’ignore où se livrera le combat entre le vieux monde et le nouveau, mais peu importe : j’y serai. Que ce soit à Rome, à Berlin, à Moscou, je n’en sais rien, j’irai et sans doute bien d’autres aussi. Et quelque part que ce soit, l’étincelle gagnera le monde ; les foules seront debout, prêtes à secouer les vermines de leurs crinières de lions. »
Partout, l’homme souffre dans la société maudite ; mais nulle douleur n’est comparable à celle de la femme.
Dans la rue, elle est une marchandise.
Dans les couvents où elle se cache comme dans une tombe, l’ignorance l’étreint, les règlements la prennent dans leur engrenage, broyant son cœur et son cerveau.
Dans le monde, elle ploie sous le dégoût ; dans son ménage le fardeau l’écrase ; l’homme tient à ce qu’elle reste ainsi, pour être sûr qu’elle n’empiétera ni sur ses fonctions, ni sur ses titres.
Rassurez-vous encore, messieurs ; nous n’avons pas besoin du titre pour prendre vos fonctions quand il nous plaît !
Vos titres ? Ah bah ! Nous n’aimons pas les guenilles ; faites-en ce que vous voudrez ; c’est trop rapiécé, trop étriqué pour nous.
Ce que nous voulons, c’est la science et la liberté.
Vos titres ? Le temps n’est pas loin où vous viendrez nous les offrir, pour essayer par ce partage de les retaper un peu.
Garder ces défroques, nous n’en voulons pas.
Nos droits, nous les avons. Ne sommes-nous pas près de vous pour combattre le grand combat, la lutte suprême ? Est-ce que vous oserez faire une part pour les droits des femmes, quand hommes et femmes auront conquis les droits de l’humanité ?
Ce chapitre n’est point une digression. Femme, j’ai le droit de parler des femmes.
« Chacun cherche sa route; nous cherchons la nôtre et nous pensons que le jour où le règne de la liberté et de l’égalité sera arrivé, le genre humain sera heureux »……….
« Je suis ambitieuse pour l’humanité ; moi, je voudrais que tout le monde fût artiste , assez poète pour que la vanité humaine disparût" ..
LOUISE MICHEL / MÉMOIRES / LA P'TITE LIBRAIRIE