Lettre à
Juliette Benzoni
Ce n'est pas un jeu !
Malgré le thème abordé, les aventures d'une jeune noble durant
la révolution française, je n'ai pas apprécié votre roman !
L'héroïne est vraiment trop niaise et ses aventures rocambolesques me laissent de marbre…
Et surtout, j'aurais aimé avoir des explications sur votre note rédigée en fin d'ouvrage en 1999 où vous avez écrit plusieurs phrases qui m'ont choquée :
- "La Révolution, tout le monde sait à quoi s'en tenir " : cette phrase sibylline qui englobe "tout le monde", c'est-à-dire ? Que vouliez-vous dire ?
- un hommage au baron de Batz ! L'espion et le corrupteur, inspirateur de toutes les manipulations et intrigues de la Révolution. Je ne partage pas votre passion pour ce personnage que vous présentez trop romantique...
- un hommage à Louis XVI, placé en martyr… La vision du bon roi, innocent, faible et indécis est remise en cause par les nouveaux historiens, comme
Aurore Chéry, dont je vous conseille la lecture de sa biographie, "
L'Intrigant".
Dans vos remerciements, vous ne citez d'ailleurs pas ces nouveaux historiens, comme
Aurore Chéry,
Hervé Leuwers, Jean-Clément
Martin qui vous permettraient de relativiser votre point de vue.
J'avais tellement apprécié vos romans historiques, étant adolescente, et même si j'admire votre style fluide et précis, je ne peux vous suivre sur cette dernière lecture très machiavélique.
Vous présentez les royalistes tous beaux, jeunes, intelligents et leurs adversaires comme des fous, des enragés et des alcooliques… Une vision proche de celle de
Paul Belaiche-Daninos dont vous vous êtes sûrement inspirée…
Je conteste trois erreurs historiques présentes dans votre roman :
- la condamnation du roi à une voix de majorité celle de son cousin Philippe d'Orléans ; C'est une légende et je vous conseille le livre de Jean-Clément
Martin sur l'exécution du roi…
- Juin 1792. La Terreur est en marche : la mention sur la quatrième de couverture est fausse. La notion de "terreur" a été inventée par les conventionnels thermidoriens en août 1794 et sûrement pas en juin 1792...
- la légende selon laquelle le vol du garde-meuble aurait servi à gagner la bataille de Valmy, en corrompant les Autrichiens. A ce propos, je ne peux que vous recommander l'ouvrage de
Jean-Paul Bertaud sur cette bataille. Et parlez-en aux soldats qui sont morts ou atrophiés après cette canonnade comme Simon Duplay.
Au final, comme vous pouvez comprendre, je n'ai pas apprécié votre histoire manichéenne, les bons royalistes contre la canaille, j'aurais aimé un peu plus de nuances…
Moi-même, dans mes romans historiques, j'essaye de comprendre et de donner la parole à tous les courants !
Je tenais à "coucher sur le papier" mon ressenti très vif sur votre roman. Il m'a fait sourire, rire même et a fait émerger une colère que je voulais vous exprimer.
Vous ne me lirez pas car vous avez rejoint vos héros et je reste avec les miens…