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Matthew Shardlake tome 5 sur 7
EAN : 9782714449832
704 pages
Belfond (20/10/2011)
4.13/5   141 notes
Résumé :
Un labyrinthe de fausses pistes, une plongée fascinante dans l'atmosphère sulfureuse et violente de l'Angleterre des Tudors, une nouvelle enquête de tous les dangers pour le brillant avocat bossu Matthew Shardlake.
Été 1545, Alors que le pays se prépare à repousser les troupes françaises, Matthew Shardlake se voit confier une mission délicate par la reine : enquêter sur l'étrange suicide de Michael Calfhill. Fils d'une fidèle suivante, ce précepteur a été ret... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (21) Voir plus Ajouter une critique
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« S'il est assez facile de trouver de bons livres, il est beaucoup plus difficile de trouver un roman qui parvienne à vous agripper et à vous faire chavirer totalement. Corruption est de ceux-là… de toute évidence, l'un des meilleurs thrillers historiques contemporains. » C'est l'opinion du journaliste du Washington Post.
Je ne sais si ce livre mérite le nom de thriller, mais de toute façon c'est secondaire pour moi, ce qui m'enchante c'est la plongée dans l'Angleterre Tudor. Aussi bien dans l'entourage royal, chez les riches que parmi le menu peuple. Les intrigues sont un plus, d'autant qu'elles sont bien tournées.
Cette fois nous découvrons grâce à l'auteur deux univers, celui de la guerre au milieu du 16ème et particulièrement, celui des navires de guerre d'une part, et celui du système des tutelles d'autre part. La vente des tutelles créée par Henri VIII pour renflouer ses caisses était la porte ouverte aux malversations dans la gestion des biens des orphelins. Il ne sera aboli que pendant la République d'Angleterre qui dura de 1649 à 1660, nous apprend C. J. Sansom dans la note historique avec laquelle il clôt chacun de ses livres.

Matthew, l'avocat héros de cette série, est prié par la reine Catherine Parr, d'éclairer l'une de ses servantes sur le décès apparemment par suicide de son fils. Mickael avait été le précepteur de deux enfants Hugh et Emma jusqu'au décès de leurs parents, puis encore quelques temps après l'achat par de leur tutelle par une connaissance de leurs parents. Malheureusement les trois enfants, dont celui du couple attrapent la vérole. Seule Emma décède. La famille déménage alors dans un domaine à la campagne tandis que le précepteur est renvoyé. Mais pourquoi après son passage à l'improviste plusieurs années plus tard voir Hugh, a-t-il déposé une « pétition d'information » déclarant que Hugh a subi « de monstrueuses atrocités » et demandant une injonction empêchant « la possession du corps du pupille par Nicholas Hobbey » ? Matthew part pour H. enquêter sur ses conditions de vie et sur la gestion de ses biens. Il se trouve que dans la même région se situe le village d'origine d'Helen, jeune femme enfermée à Bedlam depuis 19 ans et à qui il rend visite régulièrement. Il essaie de tirer au clair ces deux affaires familiales malgré le peu d'intérêt que les deux victimes montrent envers leur propre sort.
Pendant ce temps, Henri VIII demande aux hommes de s'entraîner au tir à l'arc pour faire face à la probable invasion par les Français, en réponse à celle des Anglais à Boulogne l'année précédente. Ceux qui ne seront pas aptes à devenir archers, deviendront piquiers. Nous croisons donc nombre de soldats sur les routes qu'emprunte Matthew et son ami et assistant Barak pour se rendre justement dans la région où l'on s'attend à voir débarquer les Français.
J'ai toujours plaisir à retrouver les personnages de Sansom, et je ne me suis pas ennuyée pendant mon périple dans l'Angleterre de 1545.

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Encore une superbe intrigue historique que nous propose C.J Sansom.
Comme à son habitude, Matthew Shardlake, le coeur sur la main et épris de justice, s'investit pleinement dans une enquête. Une? Je devrais dire trois! Effectivement, pas le temps de s'ennuyer dans ce pavé de 900 p. puisque l'avocat doit essayer de dénicher les secrets terribles qu'il peut y avoir au sein de la famille Hobbey et surtout vis-à-vis de leur pupille, le passé secret d'Ellen, démente rencontrée dans le tome précédent, et le passé tout aussi mystérieux de Coldiron, son nouvel intendant peu folichon...

Epris de justice, Matthew enquête avec Barack. Sauf que voilà, il a tendance à oublier toute mesure et se met dans des situations périlleuses. D'autant qu'en soulevant des questions, il a tendance à semer la mort bien malgré lui. Enfin, il va avoir affaire aux institutions corrompues si bien que ces velléités de justice se retrouvent rapidement enfouies par des accords scellés à demi-mot et bien à contrecoeur.

Un tome 5 prenant. Les 900 p. se lisent aisément. Comme d'habitude, l'auteur nous apporte un solide matériel historique. Au temps des derniers mois du règne d'Henri VIII, la focal est ici sur l'invasion imminente de la France en 1545 à Porthmouth, la levée massive de soldats, notamment les archers et la dévaluation de la monnaie créant de l'inflation. Un récit historique qui m'a beaucoup plu. Me reste le tome 6 à acquérir qui est bien entendu, décembre approchant, sur ma liste de Noël...

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A vrai dire j'ai commencé cette lecture à reculons. D'une part parce que j'avais tenté et abandonné –ce qui est rarissime, du même auteur, Dominion. D'autre part car Corruption présente tout de même près de 900 pages écrit tout petit.
Mais voilà, j'avais envie de découvrir d'autres lectures que mes sempiternelles valeurs sûres. Les critiques encensent les romans de l'auteur, et plus particulièrement ceux qui mettent en scène Matthew Shardlake, avocat sous le règne de Henry VIII. Corruption fait partie de ceux-ci. Je n'avais pas forcément intégré – c'est une habitude chez moi- qu'il s'agissait d'une série et que je ne commençais pas par le premier de la série.
Honnêtement, cela ne m'a pas trop gênée. Quelques allusions de-ci, de là à des enquêtes passées font référence aux autres romans sans que cela ne nuise à la compréhension.
De Corruption, je retiendrai l'ambiance – la guerre imminente puis réelle avec la France, ses conséquences sur la population, et surtout une enquête qui, sous couvert de divertissement, m'a permis de toucher du doigt certaines réalités historiques. Je pense que ce livre a dû demander à l'auteur un formidable travail de bibliographie, qu'il restitue à son lecteur d'une façon très digeste : ni académique, ni rébarbative. L'exercice est mené avec brio.
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Ce n'est pas le meilleur roman de Sansom. Non qu'il ne soit bien documenté et que son sujet (la tutelle des orphelins) ne soit pas intéressant , ni que le contexte historique (la tentative d'invasion de l'Angleterre par François Ier en 1545) ne soulève dl'intérêt. Bien au contraire ; ce livre est une mine de renseignements concernant les lois et les règlements de la période Tudor ainsi que ses us et coutumes. de plus les notes de la fin sur cette guerre franco-anglaise sont agréables et faciles à lire. Mais ce livre est beaucoup trop long ! Il faut arriver à la moitié du livre pour commencer à se prendre au jeu de l'intrigue (auparavant on tourne laborieusement en rond), et si les personnages (réels ou non) sont bien posés et s'intègrent facilement à l'histoire, on s'agace à les voir errer dans les méandres de leurs mensonges et de leurs non-dits quand bien même le suspens le justifierait.
J'ai été d'autant plus déçue que les livres précédents de l'auteur m'avaient passionnée et que je m'étais attachée comme beaucoup à la personnalité calme et intègre de maître Shardlake et à la jovialité de son serviteur et compagnon Barack.

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Quel plaisir de retrouver mon avocat préféré dans une nouvelle aventure qui l'emmène loin de Londres.
Matthew, toujours obstiné, curieux, bienveillant, déterminé à être juste, à prendre soin des autres, est mandé par la reine de faire la lumière sur le suicide de fils d'une de ses domestiques. Suicide assisté ou pas ? Qu'avait-il donc découvert concernant un de ses anciens élèves ?
A Matthew de le découvrir.
Pas seul, bien sûr, car Jack Barak, son fidèle assistant l'accompagne dans sa mission.
Le voyage n'est pas de tout repos, sur les routes encombrées de soldats, dans des auberges plus ou moins propres où on risque autant d'attraper des poux qu'une intoxication alimentaire.

Un danger bien plus grand menace les deux hommes car l'enquête de Matthew n'est pas du goût de tout le monde.
Là où il est question d'argent, mieux vaut être prudent.
Mais Matthew, de nature curieuse et obstinée, est bien décidé à trouver ce qui ne tourne pas rond chez ses hôtes.
Infatigable, ou presque, il veut également faire la lumière sur ce qui est arrivé exactement 19 ans plus tôt à une de ses amies, violée et devenue folle.
Et pour finir en beauté, pourquoi ne pas tenter de savoir qui est réellement l'individu obséquieux et pas très agréable que l'avocat emploie comme intendant.

De surprise en surprise, de découverte en découverte, de mésaventure en mésaventure, le séjour des deux hommes ne sera pas une partie de plaisir.

Une plongée dans l'Angleterre du 16 ème siècle, avec son mode de vie, ses guerres, les pratiques de corruption (rien n'a changé), la haine et l'amitié aussi.

Tout est bien décrit. On a l'impression d'être là-bas, dans la saleté, le bruit, le danger.
Moi, je dis "encore".



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Citations et extraits (61) Voir plus Ajouter une citation
Cent toises plus loin se trouvait la butte de tir, tertre gazonné haut de six pieds. C’est là que les hommes bons pour le service armé étaient censés s’entraîner tous les dimanches. Plissant les yeux, je vis qu’on y avait accroché un pantin de paille vêtu de haillons, coiffé d’un casque cabossé et sur lequel on avait grossièrement peint une fleur de lis1. Je compris qu’il s’agissait d’une « revue d’armes » de plus, destinée à évaluer l’adresse d’un nouveau contingent d’hommes pour choisir ceux qui iraient rejoindre 1
LE CIMETIÈRE ÉTAIT PAISIBLE EN CET APRÈS-MIDI D’ÉTÉ. Arrachées aux arbres par les violentes bourrasques qui avaient balayé le pays durant l’orageux mois de juin 1545, des branches et des brindilles jonchaient l’allée de gravier. À Londres, nous nous en étions tirés à bon compte. Seules quelques cheminées avaient été emportées par le vent, mais la tempête avait dévasté le nord du pays où, disait-on, étaient tombés des grêlons gros comme le poing sur lesquels étaient gravés des traits humains. Toutefois, comme le savent tous les avocats, en se propageant, les rumeurs deviennent de plus en plus stupéfiantes.

J’avais passé toute la matinée dans mon cabinet de Lincoln’s Inn, occupé à étudier de nouveaux dossiers de la Cour des requêtes. Les audiences n’auraient pas lieu avant l’automne, le troisième trimestre de l’année juridique s’étant, sur ordre du roi, terminé plus tôt que d’habitude, à cause de la menace d’invasion.

Depuis quelques mois, je constatais que l’étude de ces dossiers m’insupportait de plus en plus. À part quelques exceptions, les mêmes cas se présentaient aux Requêtes : propriétaires souhaitant expulser les métayers de leurs terres pour y faire paître des moutons afin de s’enrichir dans le commerce de la laine, ou, pour la même raison, cherchant à s’approprier le terrain communal du village dont les indigents avaient besoin pour vivre. Il s’agissait d’affaires sérieuses mais toujours semblables. Or, tandis que j’étudiais les dossiers, mon regard était sans cesse attiré par la missive apportée par le messager de Hampton Court, rectangle blanc orné en son milieu d’un cachet de cire rouge étincelant et posé sur le coin de mon bureau. Le message me tracassait d’autant plus qu’il était succinct. Finalement, incapable d’empêcher mes pensées de vagabonder, je décidai d’aller faire un tour.

En quittant le bâtiment où se trouvent les bureaux des avocats, j’aperçus une jeune fleuriste qui avait réussi à tromper la surveillance du gardien de Lincoln’s Inn. Vêtue d’une robe grise et d’un tablier sale, le visage encadré par une coiffe blanche, elle se tenait dans un coin de Gatehouse Court – la cour du Pavillon d’entrée – et présentait ses bouquets aux juristes qui passaient devant elle. Lorsque j’arrivai à sa hauteur, elle s’écria qu’elle était veuve et que son mari était mort à la guerre. Apercevant des giroflées dans son panier, les giroflées ayant été les fleurs favorites de Joan, je me souvins que je ne m’étais pas rendu sur la tombe de ma pauvre gouvernante depuis près d’un mois. J’en demandai un bouquet à la fleuriste. Elle me le tendit d’une main calleuse et je lui donnai un demi-penny. Si elle fit une révérence en me remerciant poliment, son regard resta froid. Je continuai mon chemin, franchis le grand porche et remontai Chancery Lane, rue nouvellement pavée, pour gagner la petite église, située en haut de la côte.

Chemin faisant, je me reprochais mon insatisfaction, me rappelant qu’un grand nombre de mes collègues m’enviaient mon poste d’avocat près la Cour des requêtes et que j’avais de temps en temps à traiter une affaire lucrative que me confiait l’avocat de la reine. Cependant, comme je pouvais le lire, le deviner sur les nombreux visages pensifs et anxieux des gens que je croisais, les événements suffisaient à troubler les esprits. On disait que les Français avaient rassemblé deux cents bâtiments et trente mille hommes dans leurs ports sur la Manche, qu’ils s’apprêtaient à envahir l’Angleterre grâce à une immense flotte de bateaux de guerre, certains contenant des écuries pour leurs chevaux. Personne ne savait où ils allaient débarquer et dans tout le pays on enrôlait de force des hommes pour les envoyer défendre les côtes. Tous les vaisseaux royaux avaient été mis à la mer et de grands navires marchands étaient réquisitionnés et transformés en navires de guerre. L’année précédente, le roi avait levé des impôts sans précédent pour financer l’invasion de la France. L’opération s’était soldée par un échec et, depuis le début de l’hiver, nos soldats étaient assiégés à Boulogne. Et voilà qu’à présent la guerre risquait d’avoir lieu sur notre sol.

J’entrai dans le cimetière. Que l’on soit pieux ou non, l’atmosphère de ce genre d’endroit incite au recueillement. Je m’agenouillai et déposai les fleurs sur la tombe de Joan. Elle avait dirigé ma petite maisonnée pendant vingt ans. Lorsque je l’avais engagée, c’était une veuve de quarante ans et moi un avocat novice. Sans famille, bonne, discrète, efficace, elle avait consacré sa vie à s’occuper de moi. Ayant contracté l’influenza au printemps, elle était morte en une semaine. Elle me manquait énormément, d’autant plus que je constatais à présent que, durant toutes ces années, j’avais trouvé tout naturel son dévouement à ma personne. Quelle amère différence avec le misérable que j’avais désormais pour intendant !

Mes genoux craquèrent quand je me relevai en soupirant. Si cette visite à la sépulture de Joan m’avait apaisé, elle avait remué les humeurs mélancoliques auxquelles j’étais, par tempérament, sujet. Connaissant d’autres défunts inhumés en ce lieu, je continuai mon chemin parmi les pierres tombales et fis halte devant une belle tombe en marbre.

Roger Elliard

Avocat de Lincoln’s Inn

Époux et père bien-aimé

1502-1543

Je repensai à une conversation que Roger et moi avions eue, peu de temps avant sa mort, et souris avec tristesse. Nous avions parlé de la façon dont le roi avait gaspillé les richesses qu’il avait tirées des monastères, les dépensant en palais et en fastes, sans rien faire pour remplacer l’aide limitée que les moines avaient apportée aux miséreux. Je posai la main sur la pierre tumulaire et murmurai : « Ah, Roger, si tu pouvais voir ce qu’il nous inflige à présent. » Une vieille femme qui fleurissait une tombe voisine tourna la tête vers moi, fronçant les sourcils d’un air inquiet, à la vue d’un avocat bossu en train de parler aux morts. Je m’éloignai.

Un peu plus loin, se trouvait une autre tombe que j’avais fait creuser, comme celle de Joan, et sur laquelle était gravée une brève inscription :

Giles Wrenne

Avocat de York

1467-1541

Je ne touchai pas la pierre et je ne parlai pas non plus au vieil homme qui gisait sous elle, mais, me remémorant les circonstances de son décès, je me rendis compte que montait en moi un nouvel accès de mélancolie.

Soudain, un bruit tonitruant faillit me chavirer l’esprit. La vieille femme jeta des regards effarés en tous sens. Devinant ce qui devait se passer, je me dirigeai vers le mur qui séparait le cimetière de Lincoln’s Inn Fields et ouvris le portail en bois. L’ayant franchi, je contemplai la scène.

image

Lincoln’s Inn Fields était une lande, un terrain vague où, sur le coteau herbu de Coney Garth, les étudiants chassaient les lapins. Un après-midi de semaine, normalement, il n’y aurait eu que quelques passants traversant le terrain dans les deux sens. Or, ce jour-là, une foule de badauds regardait cinquante jeunes hommes, presque tous en chemise et pourpoint, mais certains vêtus du sarrau bleu des apprentis, formant cinq rangs mal alignés. Quelques-uns avaient l’air boudeur, d’autres semblaient inquiets, d’autres encore, au contraire, paraissaient pleins d’ardeur. La plupart portaient des arcs de guerre que les hommes en âge d’être enrôlés étaient légalement tenus de posséder pour s’entraîner, même si beaucoup enfreignaient la loi, préférant jouer aux boules, aux dés ou aux cartes, jeux désormais illégaux pour ceux qui ne jouissaient pas du statut de gentleman. Mesurant six pieds de long, les arcs étaient en général plus grands que leurs propriétaires. Cependant, certains hommes avaient des arcs plus petits, quelques-uns en orme, bois de moindre valeur que l’if. Presque tous portaient un brassard de cuir autour d’un bras et des protège-doigts sur l’autre main. Leurs arcs étaient munis de leur corde, prêts à tirer.

Les jeunes gens étaient alignés en rangées de dix par un militaire d’âge moyen au visage carré, doté d’une courte barbe noire, l’air mécontent et sévère. Il arborait le magnifique uniforme des « bataillons de réserve de Londres » : justaucorps blanc aux manches à crevés, hauts-de-chausses également à crevés pour laisser voir la doublure rouge, casque rond et bien fourbi.

Cent toises plus loin se trouvait la butte de tir, tertre gazonné haut de six pieds. C’est là que les hommes bons pour le service armé étaient censés s’entraîner tous les dimanches. Plissant les yeux, je vis qu’on y avait accroché un pantin de paille vêtu de haillons, coiffé d’un casque cabossé et sur lequel on avait grossièrement peint une fleur de lis1. Je compris qu’il s’agissait d’une « revue d’armes » de plus, destinée à évaluer l’adresse d’un nouveau contingent d’hommes pour choisir ceux qui iraient rejoindre les armées sur la côte ou à bord des bâtiments royaux. J’étais ravi, moi, bossu de quarante-trois ans, d’être exempté de service militaire.
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Je lançai un coup d'oeil furtif au visage du roi comme il passait à quinze pieds de moi... Dans ce visage grotesque, je crus lire de la douleur et de la lassitude et quelque chose d'autre. De la peur ? A l'approche de l'invasion française, cet homme à la suffisance démesurée se demandait-il, lui aussi, ce qui risquait d'arriver ? Voire : qu'ai-je donc fait ?
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- Dans quel merdier on est en train de se fourrer, cette fois-ci ? marmonna Barak.
- Il s'agit d'une affaire qui aurait dû être réglée il y a longtemps. Mais aucun secret ne dure éternellement.
- ç'aurait pu être le cas de celui-ci, si le chien ne s'était pas mis à creuser. Vous vous rendez compte qu'une autre enquête va être diligentée et que c'est vous qui serez censé avoir trouvé le corps en premier. Sauf que cette fois-ci vous aurez raconté une blague.
- Je ne pouvais pas laisser le vieil homme dans cette situation embarrassante.
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Monsieur, déclara-t-elle d’une voix grave et bien timbrée, je sais que vous êtes avocat et que ma chère mère vous considère comme un honnête homme. — Je vous remercie. » Ainsi, elle appelait « mère » la reine. « Et cependant j’ai entendu dire que les avocats étaient de mauvaises gens, des êtres dénués de morale qui acceptent d’assurer aussi bien la défense d’un méchant que d’un homme de bien. On dit que les maisons des avocats sont construites sur la tête des imbéciles et qu’ils se servent des lois comme de rets pour capturer les gens. Que répondezvous à cela, monsieur ? » (...)
Milady, on m’a enseigné qu’il est bon que les avocats défendent le dossier de tous leurs clients, sans distinction. Un avocat se doit d’être impartial, afin que les droits de tout homme, bon ou mauvais, soient loyalement défendus devant les tribunaux du roi.
— Mais un avocat doit avoir une conscience et savoir en son for intérieur si la cause qu’il défend est juste ou non, affirma-t-elle avec force. Si quelqu’un vient vous consulter et que vous voyiez qu’il a agi perfidement, par pure malignité contre la partie adverse, qu’il a simplement voulu prendre son adversaire dans les fils barbelés de la loi, n’êtes-vous pas prêt malgré tout à le représenter pour toucher les honoraires ?
(...)
— Il est vrai que le système juridique est fort enchevêtré, fis-je. Peut-être est-il trop complexe pour le bien des hommes. Il est également vrai que certains avocats sont cupides et ne se soucient que de l’argent. Malgré tout, un avocat a le devoir de déterminer ce qui est juste et raisonnable dans le dossier d’un client, afin de le défendre correctement. Il peut ainsi agir en son âme et conscience, et ce sont les juges qui rendent la justice. Et la justice est une notion admirable. »

Chapitre 3

Chapitre 3
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"Je ne suis qu'un vieux vicaire de campagne ivrogne. Mais j'ai la foi. C'est la seule façon d'accepter le mystère."
Je secouai la tête. "Moi, je l'ai perdue."
Il sourit. " Vous n'aimez pas les mystères, pas vrai ? Vous aimez les résoudre. Comme vous avez résolu celui qui concernait Ellen.
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