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EAN : 9782266249706
224 pages
Pocket (24/04/2014)
3.52/5   23 notes
Résumé :
Retraité précoce, un fonctionnaire rencontre une jeune femme par petite annonce et l'emmène vivre dans une ferme de Sologne. Mais le fils qu'elle a déjà, sous des dehors charmants, est une petite frappe inquiétante et perverse. Elle-même...
- En somme, vous êtes heureux?
- C'est un grand mot...
- Elle paraît gentille. Peut-être un peu trop, non?
Dans un climat d'érotisme et de peur, de cupidité et de haines contenues, Frédéric Dard nous m... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Paul Dutraz est un ancien colonial qui a dû quitter son poste en Afrique pour des raisons de santé. A seulement trente-six ans, il a amassé suffisamment d'économies pour vivre de ses rentes. Pour son retour en métropole, il acquiert une maison en Sologne. La propriété est isolée et très vite il souffre de sa solitude. Il décide de se marier et passe une annonce originale dans un quotidien pour trouver une compagne. Il obtient neuf réponses. Il en écarte huit qui ont eu le tort de joindre des portraits peu avantageux. le dernier courrier ne comprend pas de photo mais une lettre qui pique sa curiosité. Il rencontre peu après son auteure, Mina, qui lui présente dans la foulée son fils Dominique, étudiant aux Beaux-arts. La mère et le fils partent le rejoindre en Sologne après la noce. Mais très vite, Dutraz va s'inquiéter de faits troublants. La monotonie de sa retraite rurale est belle et bien brisée et elle risque de prendre un tournant fatal.

« Cette mort dont tu parlais » est mon premier roman de Frédéric Dard sous patronyme. Le récit est bref et remarquablement construit. Il y est question de jalousie, de crime et de manigances machiavéliques. L'intrigue est ingénieusement menée et riche en rebondissements. L'histoire est un jeu de dupe où les rôles sont interchangeables. C'est un roman à suspense d'une grande efficacité. Je suis ravi de découvrir la face plus sombre de l'oeuvre du créateur de San-Antonio.
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Ce qui m'étonne le plus dans la dualité Frederic Dard/San Antonio est le fait que le vrai nom de l'auteur soit moins connu que celui de sa créature. Il y a du syndrome Frankenstein là-dessous. le monstre créé par Shelley est plus renommé que son créateur; s'y ajoute un titre de roman qui injustement porte le nom du Docteur. San Antonio masque Dard et c'est bien dommage. Je l'avais constaté par le passé. Les lois commerciales du marché trompent les évidences: pour ma part le second l'emporte sur le premier.

Pourquoi avoir laisser filer autant d'années avant de retrouver Frederic Dard et un de ses romans..? de San Antonio, je peux comprendre ma désormais abstinence à le lire: j'en ai tant vu passer, jusqu'à plus soif, jusqu'à l'overdose, jusqu'à ne plus vouloir y retourner. SA m'a lassé, par usure, ses Béru, Pinaud, Félicie et Berthe récurrents, caricaturaux et jubilatoires, sa prose argotique, picaresque et flamboyante à tous azimuts dispersée, Mais du Dard, en polar classique, sans le petit monde de SA autour, pourquoi m'y résorber ? Cela avait été, ponctuellement, il y a longtemps, quatre à cinq fois pas plus, un vrai plaisir. A chaque découverte s'ouvrait une parenthèse de qualité, étonnante et brève entre deux lectures plus conséquentes. J'y trouvais le plaisir inattendu de tenir entre les mains un scénario bien bâti, calculé et maîtrisé dans sa simplicité et sa complexité, des personnages bien campés et une prose efficace (quelques fois belle et imagée).

Pour entamer "Cette mort dont tu parlais" il m'a fallu la curiosité d'un internaute-ami qui s'essayait à son premier San Antonio. Il en prévoyait la chronique dans la foulée. le titre lu était: "Mes hommages à la donzelle". En voici le compte-rendu en lien hyper-texte.

http://livrepoche.fr/mes-hommages-a-la-donzelle-san-antonio-frederic-dard/

Il adorait les Romans Durs de Simenon, était plus réservé sur son versant Maigret. Perso, c'était l'inverse, le commissaire à la pipe ayant mes faveurs. Y avait t'il un parallèle de ressentis divergents à établir entre SA et Dard ? Tout en gardant en tête que le belge est quand même un ton au-dessus du naturalisé suisse, n'était-ce pas le moment de retourner vers l'isérois de naissance...? Dont acte.

Ce qui suit spoile une partie de l'intrigue:



L'épilogue va déboucher sur un enfer sur terre pour deux protagonistes qui ont tout fait pour le vivre. Cette descente aux enfers fait tout l'intérêt du roman. Les ingrédients de départ ont le goût du vaudeville, ceux de l'épilogue celui du sang.

Le roman est empreint de cette vie simple et tranquille des 50's, de la fin du premier tiers des trente glorieuses. La vie quotidienne promettait alors d'être éternellement heureuse. La Côte d'Azur était le bout du monde merveilleux de vacances estivales rêvées. Pas de télé, du formica pour les meubles, encore peu de considération pour la nouveauté dans un monde qui s'ouvrait à peine au consumérisme. Un paradis perdu, où la vie était facile, sans guère de soucis matériels. Mais quand l'amour, l'argent, l'orgueil et le désir de vengeance s'en mêlent, éternels catalyseurs du pire, la machine sociale se dérègle, l'individu et ses bassesses prennent le dessus, le drame explose comme un abcès qui se vide et déchire tout sur son passage. C'est ce qui attend à parts égales Paul, Mina et Dominique. Avec quelques aménagements temporels, on sent presque la pièce de théâtre possible. le mari, l'épouse et l'amant frappent les trois coups, le rideau s'ouvre sur le drame à venir. le premier acte montre le cocu aveuglé, le second le même renseigné sur sa situation, le dernier le voit à l'épreuve de la vengeance.

Le roman ressemble aux films d'alors, ceux projetés dans les salles obscures de cinémas de quartiers bondés, ceux devant lesquels le spectateur fasciné rêvait, riait ou pleurait. Cette lenteur d'action en noir et blanc, cette progressivité douce entre les plans. Ces phrases rondes et lentes, conçues pour être bien entendues et comprises. Je me suis ainsi surpris à voir les péripéties lues comme des scènes animées en noir et blanc, à me laisser bercer par des dialogues très explicatifs..

"Cette mort dont tu parlais" est un huis clos angoissant qui décortique au plus fin trois personnalités, deux à l'oeuvre d'un coup fourré, une au service d'une vengeance. Chacun, tour à tour, place ses pièces sur l'échiquier, attentif au réactions de l'autre, jusqu'au coup final. Mais qui portera l'estocade..? Y aura t'il seulement un vainqueur..? C'est tout l'intérêt du crescendo final avant l'épilogue. le dernier tiers du roman marque d'un éclairage nouveau une situation classique, introduit une part de machiavélisme percutant.

Le triangle amoureux à l'oeuvre ici, figure récurrente de la littérature, est donc une nouvelle fois mis à contribution. Il est si souvent revenu sur le tapis d'innombrables récits policiers et autres qu'il n'y a plus de plaisir, pour le lecteur d'aujourd'hui, à le croiser à nouveau comme axe principal d'intrigue.. On en connait maintenant, usées jusqu'à la corde, presque toutes les variantes. Pouvait t'on encore en extirper du jus en 1955..? Dard innovait t'il à l'époque ? Je ne sais pas et ne le pense pas. Ce qui est de nos jours presque rédhibitoire était peut-être au coeur des 50's garantie de succès. Je pense ici, pour croire à sa fraîcheur en 1957, au succès cinématographique retentissant des "Diaboliques" (1955) de H.G. Clouzot qui abordait une thématique principale presque identique*. Toujours est t'il qu'en 2019, à mon ressenti, les ficelles utilisées me furent trop perceptibles durant le premier tiers, puis suffisamment cachées et subtiles sur la fin pour entretenir mon intérêt et emporter mon satisfecit. En conclusion: user d'un thème aussi récurrent est, certes, la faiblesse du roman; mais le sentir travailler par le métier affûté de Dard un plaisir. Ce diable d'écrivain à l'aise sur tant de terrains si divers montre ses réelles capacités à aligner les mots. L'empathie du lecteur pour les personnages est forte. Les portraits sont bien taillés; même les seconds rôles ont leurs parts de considération efficace.

Mais tout cela reste néanmoins du roman de gare. le Fleuve Noir en avait fait son fond de commerce. Pourtant, pour une fois, un roman se montrait largement au-dessus du lot.

* le générique demandait expressément au spectateur de ne pas révéler la fin à ceux qui viendraient voir le film ultérieurement.
Lien : https://laconvergenceparalle..
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Le trio maudit constitue une constante dans l'oeuvre de Frédéric Dard (« Le Maitre de plaisir », « Refaire sa vie », « La dame qu'on allait voir chez elle », « La vieille qui marchait dans la mer » …), décliné sous toutes ses formes. Ici, le trio maudit est constitué de Paul, le mari, un ancien colonial (retraité précoce) de retour en France, de Mina, son épouse rencontrée par petites annonces, et de Dominique, le fils de cette dernière. Peu après leur mariage, Paul et Mina emménagent dans une ferme en Sologne, dans laquelle une femme a trouvé la mort (possiblement assassinée par son mari). Un bien mauvais présage...
Paul a toujours trouvé l'idée du mariage ridicule et un peu indécente. Comme il le dit lui-même, il aimait l'usage des femmes mais pas leur société. Ce n'est pas cette expérience personnelle qui risque de lui faire réviser son jugement.
Les deux tourtereaux commencent leur union nouvelle en faisant chambre à part, par égard pour le fiston qui vient de les rejoindre, car en convalescence ; idée que le nouveau marié ne peut s'empêcher de trouver saumâtre. En plus, une succession de détails pour le moins curieux lui font peu à peu pressentir que la vie à trois (voire tout simplement la vie de couple) risque de ne pas être un long fleuve tranquille… L'ambiance se fait lourde, glauque. Les tensions s'accumulent, les masques tombent, l'asservissement est total jusqu'à ce que l'irréparable soit commis.
Dard dans sa période roman noir, un modèle du genre. Délectable !
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Intrigue sympathique, mais pas inoubliable ce court roman noir du père du commissaire San-antonio.

J'avais lu à propos des débuts de Frédéric Dard, qu'après avoir éreinté ce courant littéraire naissant venu d'outre-Atlantique, il s'y était finalement converti et adonné, grandement influencé par Cain, Thompson et Irish.
Il m'a effectivement semblé retrouver un peu de James M. Cain et Jim Thompson dans le personnage féminin de Dard.

Un détail, à retenu mon attention, à quelques reprises il use du mot "nègre".
En littérature, je me méfie des anachronismes, j'ignore quelle connotation pouvait revêtir le terme en 1957.

Plus que le mot c'est le contexte ambigu dans lequel il apparait qui m'interpelle.
Le personnage central, revenant en France après des années passées en Afrique se plaint d'avoir souffert je cite "d'une indigestion de nègres", plus loin, Paris n'a pas changé, il y a juste plus de "nègres" qu'avant. A la fin du roman, déçu par ce qu'il vient de vivre, il envisage son retour en Afrique, "retrouver les négresses dociles au sexe mutilé".

A qui attribuer ces réflexions ? au personnage ? à l'auteur ? à l'époque ?

Comme on dit dans le Canard, pan sur le bec monsieur Dard.
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
J'aime à voyager, non pour voir des contrées, mais pour franchir des distances. Je considère qu'un trajet c'est du véritable temps mort. Vous êtes emporté par le véhicule que vous avez choisi et qu'un autre dirige. Vous ne pouvez en modifier l'allure ni le parcours. Tout ce qui rend la vie difficile à vivre est aboli... Vous pouvez enfin être vous-même et l'être pleinement.
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Je préférais me séparer d'elle et retourner en Afrique. A Bakouma il y avait un motel tenu par un Français...Cet homme était gras et malade comme Blanchin. Il passait sa vie dans son bar à évoquer son enfance à Belleville. Il parlait de la rue du Télégraphe, de la vue qu'on découvre de là-haut...de la buée mauve flottant en permanence sur Paris...
A travers lui j'aimais Paris. J'allais tuer mon foie, chez lui, le soir. On entendait le tam-tam au loin. C'était crispant, et pourtant ça permettait de ne pas vivre à l'échelle humaine. Ça vous tenait dans une sorte de constant état second. L'alcool faisait le reste. Oui, j'irais cracher mon foie à Bakouma... Je retrouverais les négresses dociles au sexe mutilé, les dames de la colonie qui s'ennuient, les phonographes qui broient du noir, les réceptions très bourgeoises...
De là-bas, Mina serait pour moi pareille à une morte. Alors je l'idéaliserais moi aussi...
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Il y avait une jolie barrière blanche autour de la maison. Une allée semée de graviers menait du poste d'essence à la demeure dont les proportions m'avaient ravi. Elle était basse, trapue et pourtant allégée par ses larges fenêtres à petits carreaux...
Pour un type qui revenait de Bakouma, ça ressemblait tout à fait au paradis, du moins à l'idée que s'en fait un garçon souffrant d'une indigestion de nègres.
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Je revenais d'Afrique avec le foie malade et beaucoup d'illusions en moins. Pourtant, il m'en restait assez pour que je puisse croire au bonheur dans la solitude.
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Je n'ai pas été déçu -au contraire- en visitant la maison que j'avais achetée depuis Bakouma (Oubangui-Chari) par le truchement d'une publication spécialisé dans les petites annonces.
(incipit)
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Vidéo de Frédéric Dard
*RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE* : San-Antonio, _Réflexions définitives sur l'au-delà,_ morceaux choisis recueillis par Thierry Gautier, Paris, Fleuve noir, 1999, 120 p.
#SanAntonio #FrédéricDard #Aphorismes #LittératureFrançaise #XXeSiècle
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