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Critiques (983)
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Un don

Lecture Jeune, n°131 - septembre 2009 - C'est à la fin du XVIIe siècle, dans une Amérique naissante et chaotique, alors que racisme et esclavage ne se confondent pas encore, que se déroule le nouveau roman de Toni Morrison (prix Nobel de littérature 1993). Dans ce contexte historique bien particulier où les esclaves peuvent être noirs, blancs ou indigènes, l'auteur mène une réflexion sur la signification de la « servitude » en suivant Florens, une jeune fille donnée par sa mère à Jacob Vaark dans l'espoir de lui offrir une vie meilleure. À la voix principale de Florens, que l'on voit passer, au fil du roman, du statut d'esclave à celui d'esclave de la passion, se mêlent, comme autant de variations sur la notion de servitude, les voix des autres habitants du domaine Vaark : Rebekka, la femme de Sir choisie par arrangement, Lina, la gouvernante totalement dévouée, ou encore la bien nommée Sorrow, la sauvage simple d'esprit aux étranges pouvoirs.
Au-delà de la réflexion sur l'esclavage, on retrouve les thématiques chères à Toni Morrison, comme celle de la maternité : Florens est hantée par sa mère, a minha mae, qui revient de manière obsédante lui expliquer qu'elle ne l'a pas abandonnée, mais a tenté de lui faire « don » d'une vie meilleure. le roman est servi par la magnifique plume de Toni Morrison (totalement respectée par la traduction d'Anne Wicke), maniant les beautés de la langue avec une incroyable fluidité et une grande poésie, réussissant ainsi à faire surgir la beauté fulgurante de l'horreur du quotidien. Marianne Joly
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L'anneau du prince

Lecture Jeune, n°131 - septembre 2009 - À 14 ans, Tom Collins, le héros du livre, est capable de plonger en eaux profondes et de s'orienter à l'aide des étoiles. Il se rêve pilleur d'épaves autour de son île, flibustier célèbre. En l'an de grâce 1639, un trois-mâts portugais chavire au large de Saint-Christophe et coule corps et biens. le jeune garçon recueille deux rescapés, dont un esclave noir qu'il considère désormais comme son bien. Lorsque ce dernier disparaît, Tom part à sa recherche dans une suite d'aventures apparemment incontrôlables, qui le conduisent des Caraïbes aux îles du Cap-Vert. Menteur et conteur né, il fait de sa vie une épopée. Au bout d'un périple de deux ans qui paraît durer autant que le retour d'Ulysse, il retrouve son île et, rêveur enfin apaisé, s'y installe jusqu'à sa mort.
Ce gros livre n'est pas un roman d'apprentissage. Tom n'apprend rien : naïf et confiant en sa bonne étoile, en son esprit inventif, irrespectueux de la morale sociale, il répète sans cesse les mêmes erreurs. Mais à la manière d'un héros picaresque, son code d'honneur personnel le conduit à rester fidèle jusqu'à la mort à sa soeur, à gagner l'amitié et la protection de forbans ou d'esclaves, à échapper régulièrement à la mort. C'est sans doute la multiplicité et la diversité des personnages sur sa route, la cadence infernale des péripéties le propulsant d'un lieu à l'autre, qui usent progressivement les aspérités de Tom et lui permettent de découvrir, derrière les apparences, amitié et amour vrais. le lecteur se laisse très vite emporter par le personnage et son optimisme inébranlable. Les figures romanesques croisées par le héros sont hautes en couleur. Des adolescents amateurs d'aventures, sur fond historique, devraient aimer ce livre. Nicole Wells
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Cette vie

Lecture Jeune, n°131 - septembre 2009 - La femme qui raconte est vieille. Elle tente dans un ultime effort, avant de s'éteindre, de se remémorer son passé et celui de toute sa famille afrikaner. On l'a transportée dans la vieille maison, au toit de chaume, au sol de bouse séchée, dans sa chambre d'enfant où lui reviennent, par lambeaux, des fragments de vie des quatre générations de fermiers qui se sont succédé tout au long du XIXe siècle. Elle a toujours été une spectatrice effacée et timide du comportement des adultes et c'est donc dans un récit chaotique et lacunaire qu'elle tente de comprendre une réalité qui se dérobe.
Au fil de la narration se dessine l'ascension sociale d'une famille afrikaner dominée par la figure d'une mère autoritaire et illettrée, avide de richesse et de considération sociale, qui voit son ambition se concrétiser dans son petit-fils. Car il faut être dur et inflexible pour réussir sur ces plateaux hostiles d'Afrique du Sud. Un travail acharné, une vie économe et la gestion judicieuse des alliances matrimoniales permettent de sortir de la pauvreté. Dans cette société presbytérienne, chacun s'observe, se jalouse tout en respectant les rituels qui assurent une certaine cohésion. Il n'y a pas de place pour l'expression de l'amour entre ces hommes et ces femmes, sauf dans la fuite. C'est le secret de famille jamais totalement dévoilé. En arrière-plan évoluent les pauvres blancs errant avec leur chariot misérable, les esclaves noirs attachés à vie au service de leur maîtresse blanche, les métis méprisés, les indigènes bochimans et hottentots dont le sort ne préoccupe personne tant ces Afrikaners sont sûrs de leurs droits.
Mais la mémoire de la narratrice restitue aussi les paysages immenses du veld, les cieux balayés par le vent, les éclats de lumière à la surface des lacs, l'âpreté des hivers et la beauté des prairies fleuries au printemps, dans une belle prose lyrique. Que reste-t-il de tous ceux qui ont vécu et souffert sur cette terre quand leurs traces matérielles disparaissent, si ce n'est le récit de cette vieille femme sage et compatissante ? L'auteur a obtenu le prix Hertzog, la plus prestigieuse récompense littéraire d'Afrique du Sud, pour ce roman, à conseiller à de bons lecteurs. Colette Broutin
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Gaza Décembre 2008 - Janvier 2009 : Un pavé dan..

Lecture Jeune, n°131 - septembre 2009 - Cette oeuvre collective rassemble les réactions d'artistes et d'intellectuels français, palestiniens et israéliens face à la récente intervention d'Israël à Gaza, qui a coûté la vie à plus d'un millier de civils. Parmi les témoins, des Palestiniens qui ont subi les raids, des journalistes, Alain Gresh, Rony Brauman, l'Union Juive Française pour la Paix, et des auteurs de bande dessinée, dont Maximilien le Roy, à l'origine du projet. le résultat - un véritable pavé - est aussi riche qu'hétéroclite : dessins de presse, cartes, interviews, photos... Les réactions ont été rapides, sur le vif, mais l'ensemble est cohérent, argumenté, analytique.
Le plan de l'ouvrage suit la chronologie des événements, l'index (minimaliste) permet de retrouver les auteurs. Des encarts permettent d'avoir une information récente sur la population de Gaza, l'économie palestinienne. Les journalistes israéliens ou étrangers ont été interdits à Gaza, mais ont choisi de ne pas se taire. Militant et didactique, cet ouvrage inclassable intéressera les adolescents et les sensibilisera au conflit, en leur permettant de confronter les points de vue. Cécile Robin-Lapeyre
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Lâche pas la patate

Lecture Jeune, n°132 - décembre 2009 - « Sors de ta binette du colon ! », « Qu'est-ce que t'es braillé, toi ! », « Range tes bidons », « T'es niaiseux », « Bon allez, laissons les bons temps rouler ». On ne comprend pas, et pourtant c'est du français, une langue que vous connaissez bien mais qui vient aussi d'ailleurs. Dans ce livre amusant, l'auteur présente par rapprochements de sens, un florilège de mots et d'expressions utilisés dans les pays francophones, le français comme on le parle à l'étranger. Les comparaisons imagées dérivées du français et souvent d'une logique à toute épreuve font rire mais instruisent aussi sur la déformation de la langue. On y constate donc que ce n'est pas parce qu'un pays est francophone qu'on y parle le même français qu'en France. On y trouve même des régionalismes ou du patois qui prouvent qu'à l'intérieur des frontières françaises aussi, la langue se transforme.
Un livre à feuilleter, à poser sur une table pour les moments inoccupés. Les définitions courtes et claires sont parfois inutiles, mais rendent encore plus facile d'accès ce petit livre documentaire. Les illustrations au premier degré sont très drôles et l'on imagine aisément faire sienne une de ces expressions pour la réutiliser en situation et surprendre ses interlocuteurs. Thomas Bailly
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Young Samurai, tome 1 : La voie du guerrier

Lecture Jeune, n°132 - décembre 2009 - En 1611, Jack Fletcher accompagne son père, navigateur sur un navire marchand, dans son voyage vers le Japon. le bateau essuie une terrible tempête qui l'endommage. Une nuit, durant les réparations, l'équipage est attaqué par des ninjas. le père de Jack est assassiné sous les yeux du jeune garçon. Il ne doit la vie sauve qu'à l'explosion du navire. Il est alors recueilli par Masamoto Takeshi, seigneur de Shima et grand guerrier, qui va l'initier à l'école des Samouraïs. Mais OEil-de-Dragon, le chef des ninjas, le poursuit toujours, souhaitant récupérer un précieux ouvrage que Jack a réussi à sauver du naufrage.
Voici le premier tome d'une série qui s'annonce très prometteuse. Chris Bradford, grand connaisseur en arts martiaux, nous fait découvrir, par les yeux d'un jeune Anglais, la vie du samouraï, figure japonaise emblématique mais mystérieuse. À travers le parcours initiatique de Jack, un gaijin (un étranger), le lecteur, complètement dépaysé, découvre une culture, un mode de vie et une langue, qui lui sont complètement étrangers. Mais, avant tout, il s'agit d'un palpitant roman d'aventures où l'action est omniprésente. Les combats contre des ninjas, et notamment leur chef, OEil-de-Dragon, sont autant de moments d'anthologie rappelant les meilleurs films de samouraïs. Sébastien Féranec
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Hunger Games, tome 1

Lecture Jeune, n°132 - décembre 2009 - Dans un futur indéterminé, sur les terres de Panem, qui furent jadis l'Amérique du Nord, le quotidien dans le District 12 est difficile pour Katniss, l'héroïne âgée de 16 ans. Depuis la mort de son père, la jeune fille subvient aux besoins de sa famille, en chassant sur des terres qui lui sont interdites. Mais, le pire est à venir. Une fois par an, le Capitole, gouvernement tout puissant et tyrannique, choisit deux enfants dans chacun des 12 districts qu'il régit, pour participer aux « Hunger Games » : une compétition infernale, dans une arène créée de toutes pièces par le Capitole et diffusée en direct à la télévision. Un tournoi qui a pour but de terroriser la population et d'asseoir l'autorité du Capitole, en proposant une émission de télé-réalité sensationnelle. Vingt-quatre jeunes gens y participent et, l'unique gagnant est celui qui parvient à survivre dans ce milieu hostile. Quand Prim, la petite soeur de Katniss, est désignée, la jeune fille se porte volontaire pour la remplacer aux côtés de Peeta, le fils du boulanger. Pour survivre, il faut plaire aux sponsors et au public... Alors pourquoi ne pas simuler une histoire d'amour entre Katniss et Peeta ? La jeune fille devra faire preuve d'intelligence, de courage et de volonté, pour rester en vie, le temps des « jeux de la faim ».
Katniss est un très beau personnage féminin, téméraire et intègre, qui séduira les plus réticents des lecteurs. Au fil du roman, la narratrice livre ses doutes, ses sentiments, et exprime sa peur omniprésente. Sur le principe antique « des jeux et du pain », Suzanne Collins décrit une société totalitaire et un peuple complètement asservi, où une émission de télé-réalité devient un outil au service de la dictature. La thématique politique, brièvement posée ici, notamment à travers le personnage de Gale, l'ami proche de Katniss, qui semble prêt à en découdre avec le Capitole, devrait être développée dans le deuxième tome. Il est d'abord question, ici, des jeux et des stratégies mises en place pour survivre et séduire l'audimat. Outre la violence psychologique, le sang coule à flots, car les adolescents sont amenés à s'entretuer pour garantir leur propre survie. le lecteur ne décroche pas un seul instant de ce roman. La construction efficace, le rythme haletant, les personnages volontaires, sont autant d'éléments qui contribuent à la réussite d'Hunger Games. Et le lecteur s'interroge, jusqu'au bout, sur la nature de la relation qui unit Katniss et Peeta : cet amour est-il fondé ou n'est-il que mis en scène dans cette incroyable « société du spectacle » ? Anne Clerc
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Adieu Berlin

Lecture Jeune, n°132 - décembre 2009 - Rita Moebius, fille d'un grand banquier allemand installé à Zurich, habite Berlin, avec sa belle-mère, Sidonie, à moitié-juive, comme elle. Alors qu'elles projettent de s'enfuir à Marrakech, Sidonie est arrêtée par la Gestapo. Rita décide de rejoindre, seule, le Maroc. À la frontière française, elle fait la connaissance de Gabriel, jeune Allemand roublard, charmeur et solitaire, au passé trouble. Mais où s'arrêtera la fuite en avant de ces deux amoureux, perdus dans la tourmente de la guerre ?
Ce roman ne vaut pas pour son intérêt historique, mais surtout pour cette relation très forte tissée entre les deux protagonistes, dont les voix nous transmettent le récit de manière alternée. À la narration si intime, presque chuchotée, de Rita, s'oppose la révolte de Gabriel, si viscérale qu'on la croirait hurlée. le récit est la parenthèse d'un exode, à l'issue incertaine, qui bouleverse deux êtres solitaires. Leur histoire d'amour et de survie, qui s'achève sur une surprenante fin en ellipse, tient en haleine grâce à l'écriture, qui mêle poésie et brutalité dans un style direct. Marie Cambolieu
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Blue cerises : Cibles mouvantes

Lecture Jeune, n°132 - décembre 2009 - Les Blues Cerises sont quatre amis : Amos, Satya, Violette et Zik, aux personnalités diverses. Ils se sont eux-mêmes surnommés ainsi, après un drame vécu ensemble, dont on ne saura que très peu de choses. Depuis, ils se retrouvent régulièrement, et essaient de vivre pleinement leur adolescence. Quatre romans, pour quatre ados, écrits par quatre auteurs différents. Ces quatre récits sont simultanés. On peut les lire indépendamment les uns des autres, mais ils prennent pleinement sens quand on a lu les quatre. Dans cette première saison, Amos est amoureux d'un garçon et apprend qu'il va déménager, Violette vit une déception amoureuse, Zik expérimente une rencontre mystique avec un inconnu, et Satya tombe amoureux d'une fille pas comme les autres.
L'écriture à quatre mains donne une identité propre à chacun des personnages. le principe de ces romans croisés fonctionne bien : les situations sont crédibles, et les adolescents attachants et sympathiques. L'ensemble est conçu comme une série télé, et le lecteur a hâte de retrouver ses héros dans la saison 2. Blue Cerises est résolument ancré dans la culture adolescente d'aujourd'hui. Pour leur donner quasiment vie, un site Web leur est consacré et chaque ado a un blog et un Twitter. le format des romans (format poche peu épais) et leur prix attractif en font des livres clairement destinés aux ados. Une bonne série qui a tous les ingrédients pour séduire les lecteurs les plus réticents. Marilyne Duval
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L'Afrique : De l'Algérie au Zimbabwe

Lecture Jeune, n°132 - décembre 2009 - On ouvre cet ouvrage avec l'envie de découvrir une nouvelle image d'un continent qui reste mal connu, stigmatisé par des clichés alarmistes. La couverture nous en fait la promesse, avec son fond fragmenté, symbolisant la diversité des paysages, des ethnies et des cultures qui constituent l'Afrique.
Dès les premières pages, on trouve une synthèse des problématiques inhérentes au continent noir : les contraintes naturelles et climatiques, les frontières artificielles, les innombrables langues et religions. Un bref parcours des moments clés de son histoire millénaire nous guide jusqu'en 1994, date de la dernière rupture avec la domination raciale en Afrique du Sud. Par la suite, chacun des 53 pays est présenté dans le contexte géographique et socio-économique de sa région : une double page richement illustrée pour mettre en valeur l'essentiel, une frise chronologique, une carte, des données chiffrées mais aussi quelques points forts qui dessinent la physionomie du pays. Les chapitres sur chaque zone sont clos par des éclairages thématiques sur la politique actuelle, la place de la société civile, les effets de la mondialisation mais aussi sur l'apport des Africains à la culture mondiale, avec un code graphique qui reprend les couleurs de l'introduction.
L'ouvrage est complété par un index et une brève sélection de livres et de sites Web. Mais il puise sa valeur principale dans la précision du propos et le choix d'une vision optimiste de l'Afrique. À mettre donc entre toutes les mains, y compris des adultes qui souhaitent une première approche globale de cette thématique. Nikoleta Bouilloux-Lafont
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Yanvalou pour Charlie

Lecture Jeune, n°132 - décembre 2009 - Mathurin Dieutor Saint-Fort a réussi sa carrière d'avocat d'affaires à Port-au-Prince. Jeune, beau et travailleur, il a su mener parfaitement sa destinée, quittant sans hésitation son village, son amour, son ami... Soucieux de cacher ses origines paysannes, il est même allé jusqu'à changer de prénom, Mathurin, pour Dieutor. Aujourd'hui, il mène dans la capitale une vie bien réglée - boulot, télé, whisky - jusqu'à ce que Charlie, un adolescent, fasse irruption chez lui, demandant son aide au nom de la solidarité du village. le langage de Charlie est direct et n'a rien à voir avec la langue de bois des citadins. L'enfant des rues va se charger de rappeler son passé à Dieutor, celui de la misère : il lui raconte le village, le centre d'accueil avec le prêtre qui tente de s'occuper des gamins des rues, les ONG qui oscillent entre « pouvoir et bonne conscience », les bidonvilles... le récit du jeune homme, puis celui de son compagnon Nathanaël, évoquent une descente aux enfers, dans laquelle les adolescents n'ont plus d'autre issue que le recours aux armes et au vol. Enfin, c'est à Anne, premier amour de Dieutor, de faire entendre sa voix. À l'opposé de son carriérisme, elle a choisi de rester au village pour y ouvrir une école.
Un roman avec des personnages attachants, adultes et adolescents réunis, au service d'un message fort : on ne peut vivre dans le déni de ses origines et instaurer impunément une barrière sociale. « Sais-tu ce que signifie le mot Yanvalou ? Je te salue, ô terre. La terre n'a pas de mémoire. le sol sec et pierreux ne garde pas souvenir de la bonne terre arable qui descend vers la mer. Seuls les hommes se souviennent. » Une lecture à partager, portée par une écriture haletante et émouvante. Cécile Robin-Lapeyre
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Rebetiko (la Mauvaise Herbe)

Lecture Jeune, n°132 - décembre 2009 - Sur une journée qui s'étire jusqu'au petit matin, nous suivons les tribulations de Stavros, Batis, Artémis et les autres. Ensemble ils fument en terrasse (le narguilé ou d'autres substances), narguent la police, attendent leurs amis à la sortie de la prison, tombent amoureux, se battent... le soir venu, ils se retrouvent dans les bars des quartiers mal famés d'Athènes et jouent du bouzouki. Ils chantent le Rébétiko, musique « comparable dans ses thèmes au tango, au fado » et que « l'on nomme parfois le blues grec ». Mais dans la Grèce des années 30, soumise à la dictature du général Métaxas, les rébètes, ces exilés de Turquie, subissent la répression et sont jugés « coupables d'unir orient et occident en un chant hypnotique ».
David Prudhomme nous offre avec cet album de très beaux instants de vie, de grâce et de liberté. Nous cheminons aux cotés de personnages flamboyants, artistes et petites frappes, laissés-pour-compte à l'esprit libertaire qui brûlent l'existence et vivent pour la musique (ou survivent grâce à elle ?). Il rend à merveille les atmosphères et sensations de ces soirées, bars enfumés, relents d'alcool, ambiance survoltée, entre fête et mélancolie... La musique ici s'incarne : les postures et les mouvements des corps des danseurs, les plans serrés sur les visages des chanteurs et le flot bleu des paroles... Un des plus belles lectures de cette année dont les sujets et l'ambiance séduiront, c'est certain, de jeunes lecteurs. Hélène Sagnet
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Paysans

Lecture Jeune, n°132 - décembre 2009 - 80 clichés sur 50 ans de la vie de Raymond Depardon. Une thématique commune : le monde des paysans, dont il est originaire. Raymond Depardon est né à Villefranche-sur-Saône, de parents agriculteurs. Très vite, il a eu un appareil photo entre les mains, et s'est attaché à immortaliser la terre qui l'a vu naître. Cette passion devenue métier, il s'est laissé emporter par le rythme de la vie : « J'ai photographié l'Afrique, les hommes politiques, je rêvais de faire du cinéma documentaire [...] L'été, je passais voir mes parents. » Mais la nature, le retour aux sources, semblent être le fil conducteur de son oeuvre, comme en témoignent ce court ouvrage et le reportage réalisé au Chili auprès de cultivateurs.
Outre des clichés réalisés dans les années 80 et 90, il a retranscrit des passages de la série Profils paysans qu'il a filmée sur 10 ans, de 1998 à 2008. Une campagne désertique et des paysans résistants dans des paysages de brume confèrent à ce documentaire une forte valeur de témoignage, tout en laissant la place à une profonde émotion. Des hommes et des femmes aux visages burinés par le travail au grand air, aux regards expressifs et qui rappellent qu'on ne peut rien faire contre le temps qui passe, que la nature a toujours le dernier mot. Cet ouvrage émouvant frappe par son authenticité et met à nu la précarité du monde agricole qui semble voué à disparaître. Un livre documentaire à mettre en regard de la série filmée de Depardon. Anne Clerc
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Au rebond

Lecture Jeune, n°129 - mars 2009 - Alex est un jeune lycéen qui vit seul avec sa mère célibataire dans un petit appartement de cité. Sa vie ne lui semble pas « assez », jusqu'au jour où il fait la connaissance de Christian qu'il estime plus chanceux. Ce dernier est le fils unique d'une riche famille bourgeoise, habite une grande villa et connaît un certain succès auprès des filles... Mais, un jour, le jeune homme ne vient plus en classe et ne donne plus aucune nouvelle. Alex, inquiet pour son ami, débarque chez lui et découvre la maison laissée à l'abandon. le père de Christian a quitté le foyer pour une autre femme et le jeune homme veille sur sa mère complètement déprimée... Alex et sa mère vont les aider et, ensemble, ils vont découvrir l'importance de la solidarité.
Ce roman de Jean-Philippe Blondel, très facile d'accès et sans prétention, décrit avec justesse les affres de l'adolescence, les problèmes du quotidien, et montre que si, à côté, l'herbe semble toujours plus verte, la vie réserve parfois des surprises... le style enlevé du roman et les réflexions des personnages, drôles, malgré la situation, nous entraînent à leurs côtés. le tout sur fond de « basket », qui rythme la vie des adolescents. Transformés par cette expérience, les deux amis paraissent plus forts et plus authentiques. ? Anne Clerc
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À la poursuite de l'enfantôme

Lecture Jeune, n°129 - mars 2009 - Suite au divorce de ses parents, la famille de Charles (sa mère Laura et sa soeur Jasmin) emménage dans un immeuble ultramoderne à Verneuil, en Normandie. Nouvelle vie, nouveau lycée, nouveaux amis et nouveaux problèmes, car un « enfantôme » vient hanter les nuits de la petite fille, Jasmin. Tout le clan familial s'en retrouve bouleversé. Charles fuit l'appartement tous les jeudis soirs, il visionne de vieux films fantastiques dans le cinéma de quartier et sympathise avec Yves, le projectionniste. Laura, pour sa part, est accaparée par son travail et envoie sa fille chez un psychologue, une fois par semaine. Rêve ou réalité ? Qu'en est-il de l'esprit de cette fille qui obsède Jasmin ? Charles, pour aider sa petite soeur, tournera un film sur ledit spectre : une certaine Lise Colombelle morte à l'âge de 6 ans, sous les bombardements, en 1944...
Jean-Baptiste Evette propose une fiction douce-amère qui oscille entre réalisme et fantastique. Charles, l'adolescent de 15 ans, se découvre une passion pour le cinéma tandis qu'il est partagé entre son esprit cartésien et la voix du fantôme présent dans la vie de Jasmin. C'est un roman captivant, au style soigné. Les chapitres courts et bien structurés permettent d'aborder de nombreux sujets : le divorce, les premiers émois amoureux, les relations d'amitié et surtout la construction de son identité. ? Anne Clerc
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