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Critiques de Patrick Senécal (1299)
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Flots

Un roman d’horreur, avec le journal d’une petite fille, du sang et des meurtres.



L’horreur ce n’est pas comme un polar. Dans les films d’horreur, on devine un peu ce qui va arriver, on sait que ça va mal finir, mais ça ne diminue pas l’intérêt. Au contraire, on anticipe l’horreur, on a peur à l’avance…



Mais non, je ne vais pas résumer l’histoire. Juste que c’est le journal d’une petite fille de huit ans, qui aime beaucoup les livres. Elle a un talent exceptionnel en français et elle écrit son journal à l’incitation de son oncle qui lui a dit que ça pourrait l’aider à comprendre ses émotions (et les horreurs de sa vie...)



Pour nous qui lisons cet horrifiant journal, ce sera aussi des émotions, de celles avec lesquelles on aura du mal à s’endormir…



(même si on se rassurera en se disant que « ce n’est qu’un roman, ça s’peut pas, des affaires de même »…)



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5150, rue des Ormes

Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas lu un thriller. Il y a quelques années, j'étais assez friande de ce genre de lectures à sensations et puis je me suis lassée. Trop de romans qui se ressemblent, l'impression que beaucoup d'auteurs utilisent des ficelles et des recettes, trop de facilités... Malgré cette lassitude, je reste ouverte et j'étais intriguée par ce roman et son auteur dont j'ai entendu du bien. Grâce à Do (merci à toi) j'ai donc pu découvrir "5150 rue des Ormes".



Cette histoire de séquestration s'avère un quasi huis-clos très efficace. Sénécal est indéniablement un page-turner, j'ai bouffé "5150 rue des Ormes" en à peine 2 jours. Une fois commencé, impossible de le lâcher. Ostie de bouquin !



La dimension psychologique de Yannick, le prisonnier, est intéressante. Sa descente aux enfers est bien menée. On le voit progressivement sombrer dans la folie, ça se fait par petites touches, pas trop brutalement, c'est crédible. Quant à la famille Beaulieu, elle est très bien campée, chaque membre avec son identité et sa personnalité propre. Le patriarche rejoint sans peine le panthéon des barjos psychopathes les plus réjouissants.

"5150 rue des Ormes" tient à la fois du thriller et du roman d'horreur et c'est sans doute cet aspect qui m'a particulièrement plu, notamment les petites touches qui évoquent les contes ou encore le personnage d'Anne qui donne un côté quasi-surnaturel au récit. Et j'ai particulièrement apprécié la façon dont les échecs sont utilisés dans le roman. C'est original, pertinent et astucieux.



Le roman a tout de même un défaut non négligeable, on ne s'attache absolument pas aux personnages, à aucun d'entre eux. Même Yannick m'a laissée indifférente. J'avais envie de connaitre la suite de l'histoire mais sans que le destin de Yannick ne me touche d'une quelconque façon. Peu m'importait qu'il meurt ou qu'il s'en sorte.



"5150 rue des Ormes" ne restera sans doute pas gravé dans ma mémoire mais c'est un bon divertissement qui procure ce qu'on est venu chercher, tension, suspense, insomnie et ongles rongés.
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Le Vide, tome 1 : Vivre au Max

C'est avec ma copilote Saiwhisper, que nous lisons ensemble, le roman « le vide », de l'auteur Patrick Senécal. C'est un écrivain que j'affectionne, pour moi c'est une relecture et pour mon amie, c'est sa première lecture de lui. Je l'accompagne donc dans « Le Vide »…







Intense, Effroi, Torpeur



C'est un très bon pavé, on s'attend vraiment à chaque point de rencontre. C'est une bonne lecture, l'auteur Patrick Senécal prend bien le temps, d'installer son histoire et de nous présenter ses trois protagonistes, qui vont se croiser : Pierre, Maxime et Frédéric. Je trouve que l'action, met un peu de temps, avant de démarrer, même si on comprend, qui doit bien mettre en place, son récit. Comme c'est écrit au Québec, je vois toutes les régions, que je connais. C'est un décor qui m'est familier, dans le récit qu'il nous offre, ainsi que les termes techniques, qu'il emploi dans le vocabulaire québécois.



Il faut avoir le coeur très solide, car l'auteur Patrick Senécal aborde des sujets sur l'actualité, c'est des thèmes souvent difficiles, à la fois tabous et qui font mal au coeur. Il s'en sort très bien avec les portraits, de ses personnages principaux, qu'ils nous dévoilent. On les découvre dans leurs quêtes, dans leurs émotions aussi dans leurs adrénalines. Il m'arrive parfois que je ressente des longueurs, je sens une routine qui s'installe desfois ça m'ennuie un peu, dans ma lecture. Comme je lis avec ma complice, nos échanges alimentent ma curiosité et je continue pour savoir ce qu'il arrive à nos personnages. On peut flairer un peu ce qui peut arriver, à cause des mots qu'il utilise, mais il arrive à bien garder le suspense, autour des événements. J'approuve qu'il manie très bien dans l'ensemble, pour arriver, à une finale, qui nous réserve.



«Mais comme vous avez choisi le vide, alors créons le vide…»



Je constate, qu'il maitrise très bien, la thématique du «vide » car justement c'est ce qui nous guide. Il est écrit, qu'il est considéré aussi, comme un roman noir, avec un mélange du polar. Je conseille donc d'avoir le moral, si le lecteur choisit de lire ce type de littérature, il est réservé aux amateurs du genre. On remarque également que les chapitres sont mélangés, pour avoir lu, en ordre et en désordre, je ne vois pas la différence. C'est original en soi, l'auteur Patrick Senécal parvient un peu à embêter le lecteur, car on se demande, c'est de quelle manière, il faut le lire.



Pour moi, je suis contente de le relire, même si ce n'est pas un coup de coeur. Ce qui fait une différence dans ma lecture, c'est vraiment nos partages, que je fais avec mon amie Saiwhisper. On analyse vraiment ce qui se passe, et on partage nos avis, qui vont se rejoindre beaucoup. Il faut être vraiment attentif car il possède beaucoup de matières à réflexions, surtout avec nos personnages, qu'on doit suivre, on plonge vraiment au coeur « du vide » avec eux.







J'invite donc à aller voir, la très belle critique, de mon binôme Saiwhisper, et je l'en remercie d'avoir choisi «Le Vide ». Je ne réfère pas nécessairement lui, pour la découverte de cet auteur talentueux, il détient d'autres livres à son actif.



Siabelle
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Les sept jours du talion

La « Loi du talion » est symbolisée par l'expression « oeil pour oeil, dent pour dent ». Pire encore que la vengeance en elle-même, elle engendre une réciprocité dans l'acte criminel qui a été commis.



Dans ce roman de Patrick Senécal, initialement publié en 2003 et réédité en novembre 2018 par les éditions Fleuve Noir, c'est une histoire, hélas, de plus en plus « banale » qui est point de départ du désir de vengeance d'un père, Bruno Hamel : sa fille de sept ans a été violée et sauvagement assassinée. De nature pacifiste et opposé militant à la peine de mort, cet homme de même pas quarante ans, chirurgien et bénévole dans une association d'aide aux femmes battues, va voir ses idéologies fortement ébranlées par ce drame horrible, certainement l'un des plus horribles qui soit, et la suite que la justice va lui donner :

« - C'est long, vingt-cinq ans, Monsieur Hamel. Même quinze ans. Pour demeurer en prison jusqu'à la mort, il faut avoir fait quelque chose de vraiment…

Il s'interrompit, réalisant la maladresse de ses paroles, mais Bruno avait compris et rétorqua sèchement:

- le viol et la mort de ma fille ne sont pas assez graves, c'est ça? »

Il va donc décider de se rendre justice, et surtout, de rendre justice à sa fille, lui-même. Le jour de la comparution de l'assassin au tribunal, il fait en sorte de le kidnapper afin de lui faire payer ce qu'il a fait à son enfant pendant sept journées dans un chalet isolé. Une semaine entière de terribles souffrances, pendant laquelle la Police devra user de perspicacité si elle veut l'arrêter avant qu'il n'aille trop loin.



Un roman « coup de poing » où il faut avoir l'estomac bien accroché pour pouvoir réussir à encaisser certains passages !

J'ai vraiment aimé la psychologie des personnages, suffisamment fine pour que le lecteur puisse mesurer le questionnement du principal protagoniste et puisse réfléchir avec lui sur la pertinence émotionnelle de répondre à la violence par la violence.

Un roman profond, dérangeant, qui me donne vraiment envie de découvrir les autres écrits de l'auteur.

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Les sept jours du talion

Suspens haletant, l’auteur canadien Patrick Senécal a placé haut la barre en matière d’angoisse et de hautes tensions. Le lecteur suit la vengeance de ce père, dont la vie a bousculé lorsque sa fille Jasmine a été retrouvée assassinée, violée et étranglée sur le chemin entre son école et sa maison.



J’avais découvert cet auteur par son thriller « Le vide » qui m’avait sidérée et déjà beaucoup plu il y a quelques années déjà. Une fois encore, son écriture explosive m’a littéralement conquise.



Les sentiments sont puissants au point que chacun ne peut que s’identifier à ce père, anéanti par le décès de sa fille. Qui d’entre nous ne souhaiterait pas se venger après la perte d’un être cher, causé de la main d’un autre être humain? Attention, c’est fort et cela mène aux tréfonds de l’être humain, nous menant à nous demander jusqu’où se trouve notre part d’humanité?



Petit bémol? Etant une grande amoureuse des animaux, les épisodes du chien (je n’en dis pas plus pour ne rien révéler non plus) m’ont très vite dégoûtée et mise mal à l’aise. J’avoue avoir préférer les passer très vite. Si vous partagez avec moi cette même passion, je vous le conseille alors…
Lien : https://www.musemaniasbooks...
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Le Vide, tome 1 : Vivre au Max

Percutant et Dense !!!



À l'image de la chronologie des chapitres, complètement aléatoire, mais qui sublime ce livre, je ne sais par où commencer la chronique !

C'est bien un thriller, oui , il y est même question d'un tueur en série d'un genre particulier, mais je l'ai aussi perçu comme un roman societal :

Il y est question de consumérisme effréné, de la vacuité de la télé réalité, du mal être d'une bonne partie de la population. ....

Le récit est terrifiant, trash par moment ( âmes sensibles mettez des lunettes roses....) le nihilisme poussé à l'extrême !!!!

Merci à tous ceux qui m'ont conseillé ce livre ( antyrya ;-)...et les tous les autres ) je m'en serai voulue de passer à côté.

J'ai hell. Com dans ma PAL. ....mais je vais souffler un peu.



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Faims

Avez-vous faim ? Pas de nourriture, mais peut-être ressentes-vous une insatisfaction, une sensation de vide dans votre existence ? C’est le point de départ d’un thriller policier inquiétant.



Ceux qui ont connu Patrick Sénécal avec la série Malphas, le retrouveront un registre tout à fait différent. Pas de fantastique ici,mais plutôt une horreur psychologique où les seuls démons sont ceux qui hantent l’esprit des humains.



La petite ville imaginaire de Kadpidi, au bord de la rivière Yamaska, un patelin presque sans histoires, jusqu’à ce qu’un cirque bien spécial vienne s’y installer. Le « Circus humanus », composé de gens bizarres, offre un spectacle réservé aux adultes. C’est intense, sexuellement explicite, violent, et certains spectateurs en sortiront bouleversés. Mais c’est toute la tranquillité des alentours qui sera bouleversée lorsqu’on trouvera un citoyen sauvagement assassiné.



Les choses ne sont pas toujours ce que l’on croit et Sénécal joue très fort sur les cordes du mensonge et de toutes les frustrations qui se cachent sous le vernis du petit bonheur de banlieue. Le texte souffre peut-être de quelques longueurs où on ne sait plus où s’en va l’histoire et où on demande si l’auteur n’est pas en train de s’enliser dans son succès. Mais non, la dernière partie retrouvera son rythme d’enfer…



Un thriller noir, une atmosphère lourde, un pavé que je ne recommanderais pas aux gens déprimés par la crise de la quarantaine…

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Flots

Au début, j'ai eu beaucoup de mal avec le langage québécois.

Certaines expressions ou mots sont différents, mais à force de lire tout m'a paru limpide.

Malgré que les événements sont exagérés pour une gamine de 8 ans, je me suis laissé embarqué dans ce périple hors du commun.

J'ai même versé ma petite larme vers la fin.

Un roman étonnant qui me restera dans la tête un petit moment et je regarderais ma fille autrement… Elle n'est pas prête de voir des films d'horreurs, de jouer du piano et surtout si elle veut m'avouer un secret, je promets, je jure de ne le dire à personne.



Bonne lecture !
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Résonances

Passer une IRM, être enfermé dans un cylindre blanc et soumis à des bruits infernaux, un traumatisme pour un claustrophobe qui s’ignore… Mais l’examen fini, la vie devrait reprendre son cours.



Pour Théodore Moisan, ce n’est pas le cas. Cet écrivain quinquagénaire a perdu des grands pans de sa mémoire. Il ne se rappelle même plus pourquoi il a subi une IRM. De plus, toutes sortes de choses insolites arrivent autour de lui : violences, perversions sexuelles, suicides, etc. Un flot continu d’événements improbables qui ne cessent de se répéter. Il y a aussi un tableau étrange, une photographie qui semble s’être modifiée chaque fois qu’il la regarde… Serait-il en train de devenir fou?



Comme c’est l’habitude pour Senécal, c’est une histoire de peur et d’émotions humaines à leur paroxysme, cœurs sensibles s’abstenir, beaucoup de sang éclabousse le texte. Mais cela n’empêche pas une certaine critique sociale, dénonçant les dérives des extrêmes, à la fois de ceux qui manifestent contre un mot, que ceux qui accusent les autres et sont prêts à toutes violences. Avec un personnage principal écrivain, c’est aussi un genre de réflexion sur le processus d’écriture.



Alors, « C’est de même! », un autre Sénécal, peut-être pas le meilleur, mais pour moi un bon moment de lecture.

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Le Vide, tome 1 : Vivre au Max

Très bon roman d'actualité. L'idiocratie dans toute sa splendeur. Une critique pessimiste mais ô combien ultra réaliste d'une société décadente de consommation du paraitre. Des protagonistes bien travaillés et une intrigue intelligente, même si j'aurai aimé ne rien savoir dès le début, l'auteur nous spoliant la conclusion d'un grand plan machiavélique. + de 900p qui s'avalent à vitesse V.
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Il y aura des morts

Je suis privilégié,

j'habite Drummondville.



Je connais tous les lieux, toutes les rues, tous les commerces qui y sont référés.



Mais JAMAIS je ne voudrais me retrouver dans la peau de ce personnage, qui avait quand même une vie bien rangée. JAMAIS.



Tout va s'accélérer et se bousculer de façons horribles.



Hé oui, IL Y AURA DES MORTS très violentes.



Insupportable, décadent: "Le chaos", qu'elle disait,...



Il est préférable d'avoir lu quelques livres précédents, juste pour bien comprendre l'immersion dans des milieux spéciaux.



Merci Patrick
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Contre Dieu

100 pages, écrites à la deuxième personne, 100 pages constituées d'une seule phrase, ponctuée de virgules, 100 pages d'une descente aux enfers, une histoire terrifiante, marquante, l'histoire d'un homme sombrant dans la déraison la plus totale suite au décès accidentel de sa famille, une histoire sur le chaos et le hasard, qu'est ce que le chaos, qui le provoque, comment s'en sortir, à qui en vouloir, vengeance gratuite, chaos d'une vie brisée qui va en briser d'autres, instantané de vie, instantané de mort, récit profond, choquant, déstabilisant tant par sa forme que par le fond, longue plongée en apnée dans la noirceur la plus totale, violence, démence, récit hypnotisant tant les actions et réactions du personnages sont éprouvantes, surprise devant cette escalade de violence, boule dans le ventre, récit sauvage, final brutal mais tellement signifiant, 100 pages difficiles, mais mémorables.

Critique écrite en hommage au style du récit (tout le talent de l'auteur en moins).
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Madame Wenham

Un roman d’épouvante classé jeunesse, niveau initiation à la lecture, livre d’un auteur de thrillers très noirs.



Les deux protagonistes du précédent « Sept comme Setteur », Rom et Nat, seront confrontés à de nouveaux problèmes. Madame Wenham, la remplaçante de leur enseignante, semble avoir d’étranges et dangereux pouvoirs. Mais auparavant, il leur faudra vaincre un défi d’un autre ordre, celui des jalousies et petites chicanes typiques des relations entre les enfants.



Un bon suspens qui devrait plaire aux jeunes lecteurs et lectrices à partir de 8 ans. (On a même des notes en bas de page pour aider à comprendre les expressions plus littéraires.)

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Aliss

Bienvenue dans le monde d’Alice au pays des débauches, où l’alcool, la drogue et le sexe font bon ménage.



Alice est une jeune fille très intelligente et très appréciée malgré son caractère fort et son envie incessante de dépasser les limites de la bienséance. Cette envie lui fera quitter son cocon familial protecteur pour partir à l’aventure et gouter à la liberté et l’indépendance. Au revoir Brossard et ses beaux quartiers bourgeois, bonjour Montréal et ses nombreuses promesses. Alice deviendra Aliss et embrassera sa nouvelle vie, pour le meilleur ? Pas sûre. Son départ précipité et une rencontre inexpliquée la feront arriver dans un quartier totalement inconnu de Montréal. Elle y fera la rencontre de personnages plus déjantés les uns que les autres qui ne lui voudront pas que du bien.



A l’approche d’Halloween, j’avais envie d’une lecture à l’ambiance particulière et sombre et je dois dire qu’avec le roman Aliss de Patrick Sénécal, j’ai été servie. C’est trash, décadent et sulfureux au possible. Ce roman n’a aucune limite ni tabous. On y retrouvera de la drogue (à laquelle notre petite Aliss va très vite prendre goût), du sexe, de la prostitution et beaucoup de violence. Dans ce quartier imaginé, les meurtres sont quotidiens, la drogue est omniprésente, les orgies font partie de la routine et le sadomasochisme (dans ses pratiques les plus violentes) est à son apogée. Il faut être préparé à cette lecture car ce n’est clairement pas une lecture qui vous laissera impassible. Je pense que je vais me souvenir pendant très longtemps de cette scène avec le duo Chair et Bone en plein exercice de leurs passions qui m’a clairement donné envie de rendre mon déjeuner, vous être prévenu !



A la lecture de ce roman, on est bouleversé et choqué par ce que l’on peut lire mais, comme Aliss, on est subjugué et presque, comme elle, coincé dans cet univers totalement fou où on se demande jusqu’où le délire va aller. Patrick Sénécal nous réinvente totalement l’histoire de Lewis Caroll et c’est avec plaisir que l’on tente de comprendre à quel personnage on a affaire. A travers le personnages d’Aliss, le roman nous questionne sur la quête d’identité et sur les limites que l’on s’impose ou que la société nous impose.



Patrick Sénécal est un auteur que je découvre avec ce roman. L’auteur se démarque par son écriture simple et très crue. Il a clairement un talent pour décrire les scènes et pour planter une ambiance très particulière. On est totalement pris dans le roman et c’est difficile d’en sortir indemne comme peu d’auteurs savent le faire. Avis aux amateurs, l’humour noir et totalement absurde a une place importante dans ce roman et malgré l’environnement sombre qui entoure nos personnages, j’avoue avoir beaucoup ri lors de ma lecture. En chaque début de chapitre, l’auteur nous prend à partie en nous remémorant l’évolution de l’histoire et du personnage d’Aliss et nous prévient en quelques mots de la suite de l’histoire, cela donne une touche sympathique au roman et nous permet de souffler un peu. Le rythme du roman est extrêmement bien travaillé. L’action et la violence vont crescendo et plus vous avancerez dans le roman, plus vous serez pris au piège et plus, il vous sera difficile de le lâcher.



Aliss est un roman marquant qui nous propose une expérience de lecture unique et difficile à oublier. Roman que l’on peut difficilement conseiller au plus grand nombre, il n’en reste pas moins de qualité et a le mérite de ne pas vous laisser impassible à la lecture (c’est impossible !). C’est clairement le genre de roman où il faut attendre et sentir le bon moment. Pour les curieux, sortie au départ en 2000, les éditions Fleuve Noir offrent, cette année, une nouvelle jeunesse à ce roman avec une superbe couverture.
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5150, rue des Ormes

A la foire du livre 2015 de Bruxelles, le Québec était à l’honneur. Les avis enthousiastes sur Babelio m’avaient donné envie de découvrir Patrick Sénécal, auteur de romans d’horreur et de thrillers J’ai ainsi pu me procurer tous les poches de cet écrivain canadien que certains critiques comparent à Stephen King. 5150, rue des Ormes est son premier roman publié en 1994.

Yannick Bérubé, 23 ans, étudiant en littérature, découvre Montcharles, une petite ville où il vient de s’installer. Il s’y promène en vélo. En évitant un chat, il chute. Blessé légèrement, il s'arrête devant la première maison d’un cul-de-sac de la rue des Ormes pour téléphoner car son vélo est inutilisable. Le propriétaire l'invite à désinfecter sa blessure. Sa femme lui suggère d'aller à la salle de bain de l’étage. Mais dans la maison, Yannick voit quelque chose qu’il n’aurait pas dû voir. Il est retenu contre son gré dans cette maison où vivent 4 personnes : Jacques Beaulieu, le propriétaire, taximan, obsédé par la justice et les échecs, sa femme Maud, très croyante et très soumise envers son mari. Ils ont deux filles, Michelle, 16 ans, et Anne, 10 ans, handicapée, muette et apathique.

Pour retrouver sa liberté, le propriétaire lui impose un marché : Yannick doit le battre lui, Jacques Beaulieu, aux échecs.



Ce thriller est raconté à la première personne. D'abord à travers la voix de Yannick, qui raconte sa séquestration. Ensuite via Maud Beaulieu, la femme du propriétaire et des morceaux de son journal intime. On apprend ainsi comment le couple s'est rencontré, comment leur relation a évolué, ce qui éclaire le lecteur sur leur situation .



Ce livre nous plonge dans un huis-clos à l’atmosphère oppressante et angoissante. Au fur et à mesure, on veut savoir. Difficile de lâcher avant la fin car le comportement de Yannick l’entraîne dans une situation surréaliste, absurde et démente. On aimerait l'aider à s'en sortir. Malheureusement, Yannick n’en fait qu’à sa tête et nous entraîne dans son cauchemar.

C’est vivant, haletant et énervant !

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Les sept jours du talion

On peut difficilement parler de Patrick Senécal sans penser immédiatement aux 7 jours du talion. L'histoire en quelques mots, même si tout le monde la connaît. La petite Jasmine, 7 ans, est sauvagement violée et étranglée. Son père, Bruno, chirurgien, ne supporte pas que celui qui lui a retiré sa fille, son bébé, n'encoure qu'une peine de prison allant de 15 à 25 ans. Alors il décide de faire justice lui-même.

Tout d'abord, élaborer un plan pour soustraire le criminel à la police, puis tout préparer pour qu'il soit à sa disposition afin de lui faire subir les mille supplices qu'il mérite à ses yeux, et ce pendant 7 jours. Puis, il se rendra lui-même à la police.

Le roman démarre sur les chapeaux de roue, l'auteur nous plongeant d'emblée dans l'horreur, aussi bien concernant le meurtre de l'enfant que dans la douleur insoutenable de son père. S'ensuit un long passage où les scènes de torture se multiplient et ce n'est pas vraiment ce que j'ai préféré, parce que ça manquait de rythme et le récit s'essouflait, mais c'était sans compter sur le talent de l'auteur pour nous reprendre au vol et nous entraîner en même temps dans une suite de récit bouleversante.

Ainsi, en parallèle, la psychologie de chaque personnage est extrêmement bien développée, aucun des protagonistes est laissé de côté. Chacun avec ses propres doutes, ses propres démons, partagés entre l'empathie envers Bruno et leur réprobation pour ceux qui estiment qu'on doit faire confiance à la justice, ainsi que leur sens du devoir pour le policier chargé de l'enquête et ses coéquipiers.

Bien entendu, ce roman nous amène à nous interroger. Enfin façon de parler parce que tout parent peut parfaitement comprendre ce père désespéré. Qui n'a jamais dit que si on touchait un cheveu de leur enfant, il se chargerait lui-même du criminel ? Par contre, entre s'en charger et pratiquer de telles tortures, je ne pense pas que tout un chacun en soit capable. Ce n'est pas comme commettre des actes odieux sur le coup de la colère, dans l'instant. La préméditation, la préparation mûrement réfléchie, puis le passage à l'acte et enchaîner les barbaries sur la durée sont une tout autre affaire.

Le lecteur est censé s'interroger sur qui est le monstre au final dans cette histoire. Eh bien je ne me sens pas apte à juger, parce que j'gnore jusqu'où je pourrais aller si une telle horreur m'arrivait. Je n'en ai vraiment aucune idée. Je ne me pense pas capable de telles atrocités, je suis même plutôt certaine de ne jamais pouvoir en arriver là, même si à première vue, l'envie ne m'en manquerait pas, mais je ne peux jeter la pierre à Bruno. Une fois qu'on a mis le doigt dans l'engrenage, comment s'arrêter si personne n'est là pour nous remettre d'aplomb et que la douleur engloutit toute raison ?

Un livre particulièrement dur aussi bien à lire qu'à vivre, puisqu'on traverse tout ça avec chacun des personnages (ou presque), qui nous interpelle et nous marque au fer rouge.
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Résonances



Quand j'entends certains auteurs dire lorsqu'ils sont interrogés sur leur processus créatif que ce ne sont pas eux qui décident mais leurs personnages de fiction, ça a le don de m'agacer.

"Beaucoup d'écrivains clament qu'ils ne font qu'obéir à la volonté de leurs personnages..."

Alors oui, bien sûr, au-delà du plan initial d'un roman il peut y avoir énormément de changements avec le résultat final, des personnages secondaires peuvent s'imposer de façon inattendue, gagner en consistance, bouleverser la trame initiale en se révélant. Les caractères s'étoffent, le romancier n'appliquera pas stricto sensu son idée de départ, parce que celle-ci a évolué au même rythme que l'intérêt des protagonistes et des nouvelles idées qui sont venues s'imposer pendant l'écriture. Mais c'est bel et bien l'écrivain le démiurge qui décidera au final, même s'il est en transe, même s'il est shooté, même s'il vit son roman dans un état second.



Le narrateur de Résonances, Théodore Moisan, soutient pourtant le contraire. Sorte de double de Patrick Senécal, auteur de thriller noirs et de romans d'horreur d'une cinquantaine d'années, son inspiration se manifeste par la visite de nouveaux personnages, qui s'imposeront à lui lors de promenades et amèneront avec eux les idées d'un nouveau livre. C'est tout juste s'ils ne s'assoient pas devant son ordinateur pour faire le travail de rédaction eux-mêmes.

Ainsi témoigne Gerda Benjamin, consoeur de Théodore, au lancement de son nouveau roman en parlant du petit monde qu'elle a créé :

"Ils m'ont amené dans des directions qui m'ont surprise, que je n'approuvais pas toujours, mais j'ai décidé de leur faire confiance et ils ont eu raison."



Résonances commence avec un examen médical, une IRM passée par l'auteur de thrillers. Là encore, la vie de Senécal et de son personnage principal sont étroitement liées puisque c'est à l'hôpital, dans les mêmes circonstances, que l'auteur d'Hell.com a eu l'idée de son nouveau roman.

Ou la visite de Théodore, allez savoir !



Pour en avoir déjà passé deux, je confirme que ça n'est pas fort agréable, et que mieux vaut ne pas être claustrophobe quand on est entièrement avalé par la machine. Mais théoriquement, quand on en ressort, le monde autour de nous n'a pas changé. Après la crise d'angoisse durant son imagerie par résonance magnétique, Théodore va cependant se rendre compte d'un certain nombre d'anomalies.



Quant à moi, il y a bien eu cette fois où j'ai passé un scanner de l'épaule droite parce que la radio était insuffisante pour déceler une éventuelle fracture. Pour la petite histoire, j'avais dévalé les escaliers en chaussettes, et quand j'ai perdu l'équilibre mon poignet s'est fermement accroché à la rampe, et brièvement tout le poids de mon corps a tenu au niveau de la clavicule. Pas de chute donc mais un léger craquement et une douleur vive ainsi qu'un bras qui ne répondait plus à toutes mes sollicitations. Donc après quelques courageuses semaines où je n'ai presque pas pleuré, le médecin m'a confirmé la présence d'une fracture.

- Qu'est-ce qu'on fait alors ? demandais-je à ce professionnel aguerri.

- Ben rien, on attend que ça se passe, ça va se ressouder tout seul.

Ok, merci docteur...

Il y a des consultations qui valent vraiment la peine.



Le premier évènement inhabituel auquel Théodore Moisan assistera, ce sera cette infirmière qui fumera devant lui, sans se préoccuper un instant de l'interdiction ou de savoir si ça le dérange.



On a tous déjà lu ou vu des histoires mettant à mal l'identité du héros, que plus personne ne reconnaît, qui doit reconstituer ses souvenirs, qui ne sait pas s'il est victime d'un complot, s'il est devenu fou ou s'il a basculé dans un univers parallèle. Je pense aux films Mémoire effacée, Memories ou encore aux romans de David Ambrose ( Coïncidence, Suspicion, Superstition ). C'est un peu sur ce terrain de jeux qu'est allé Patrick Senécal tout en nous proposant quelque chose de totalement inédit.



Parce qu'effectivement, notre narrateur souffre d'amnésie. Par exemple il n'est plus très sûr de la raison de son examen médical. Quand il mange au restaurant il lui semble ne jamais avoir ce qu'il a commandé. Il confond la marque de son véhicule avec une autre. Sa vie comporte des brèches. S'il sait très bien qu'il est marié à Julia et père de Camille, il ne se remémore avec précision ni le mariage ni la naissance de sa fille. Et il y a ces fameux moments où le temps avance anormalement vite. Que se passe-t-il durant ces ellipses ?

"C'est comme si... comme si on voulait faire disparaître toute trace de mon passé."



Mais son principal problème n'est pas celui-là. C'est que le monde autour de lui est devenu complètement dingue.

Imaginez un monde où tout le monde dirait toujours la vérité, sans fard ni faux-semblant ?

Comme ce serveur qui parle ainsi de la fille de Théodore : "En fait, j'avais envie de lui dire que j'aimerais ça la fourrer, mais je me suis retenu."

Comme ce chauffeur de taxi au sujet d'une étudiante : "Si je l'avais frappé avec ma voiture, ça aurait fait une connasse de moins."

Ou ce confrère auteur qui lui dit avec une amabilité désarmante : "C'est pas parce que j'aime pas tes livres que je peux pas t'aider, hein ?"

Réflexions racistes, misogynes, conflits générationnels, mais aussi indifférence totale de sa femme à ses problèmes. Ils forment pourtant un couple soudé. Non ?

"J'ai l'impression de me retrouver au coeur d'une pièce de Ionesco."



La question de l'hallucination ou même de la folie se posera de plus en plus tant il n'y a plus rien de cohérent, tant dans l'attitude de son entourage proche que de personnes inconnues. La libido de sa femme est exacerbée à l'extrême et ça n'est pas pour son plus grand bonheur. Des gens s'installent sur la route pour chanter ou jouer de la guitare. Une femme qu'il n'a jamais vu le reconnaît régulièrement tout en le confondant toujours avec une autre personne. Des enfants le regardent en répétant les mêmes gestes menaçants : l'un simule une gorge tranchée et l'autre fait mine de se crever les yeux. Un homme se masturbe en se repaissant d'un crime en direct depuis sa fenêtre. Un seul taxi semble parcourir les rues de Montréal.

Il y a aussi cette photo encadrée d'un édifice sur laquelle il n'arrête pas de tomber sans qu'elle soit jamais strictement identique à la précédente. Je vous invite à regarder la couverture de l'éditeur Alire attentivement : On y aperçoit une silhouette humaine dans le bâtiment du haut alors qu'elle n'y figure plus à la fenêtre éclairée du bas.



Il rencontrera régulièrement un policier dénommé Panel, la seule personne semblant comprendre ce qui se passe réellement autour d'eux, mais qui ne parlera que par énigmes pour essayer de l'aider.

"Les mots confusions, terreur, paranoïa, incrédulité et désespoir peuvent être évoqués."



Il est confronté à l'indifférence de ses semblables, devenus comme imperméables à la souffrance, à la peine, à la mort.



Et dans cet univers parallèle où l'absurdité fait loi, l'effet de répétition, de résonance, est aussi une lente montée vers l'horreur et le summum de l'incompréhension et de la démence. Si Senécal a écrit un roman très différent de tout ce qu'il avait pu faire jusqu'à présent, se renouvelant plus encore avec ce roman qui laisse une belle part à la réflexion, il n'en n'a pas moins rédigé un thriller d'horreur de sa plume unique.



En plus de tout le reste Théodore est témoin de scènes d'agressions, de suicides, de résurrections pour parfaire un nouveau suicide plus réussi que le précédent. Et plus ces scènes se produisent ( ou se reproduisent ), plus la tension monte pour le narrateur dont l'incompréhension devient totale.

"Toutes les questions rationnelles me paraissent désormais superflues, presque déplacées."

Et avec la tension, la cruelle impossibilité d'agir et d'empêcher le sang de couler de plus en plus abondamment, puisque Théodore n'a aucune prise sur les évènements de plus en plus graves qui se produisent.

"Tout dégénère, partout."



Tous ces évènements sans queue ni tête trouveront bien une explication, d'une implacable logique.

On commence à la deviner en cours de lecture même s'il faudra être patient avant que tout n'apparaisse clairement. Rien n'est innocent, rien n'est laissé au hasard, pas même ces chapitres d'introduction présentant les principaux personnages ou les ellipses relatant les nuits sans rêves ou les moments d'inconscience de Théodore.



Si ce roman est probablement le plus original de la carrière de Patrick Senécal, il comporte cependant un défaut. Quand on comprend de quoi il retourne on prend aussi du recul avec les personnages. Leur indifférence généralisée ne permet pas d'établir un lien empathique avec eux, c'est plutôt tout le contraire.

Quant à Théodore, bien sûr il est amusant de se mettre à sa place et d'imaginer nos réactions si nous vivions dans un monde devenu aussi délirant, privés de tout repère et de toute rationalité. Mais c'est justement là que le bât blesse : Les situations les plus atroces nous font sourire ( certes d'un humour très noir ) plus qu'elles ne nous enfoncent dans la terreur à laquelle l'auteur nous a habituée avec sa graduation nous emmenant en plein cauchemar et malaise.



Très bel exercice de style, Résonances rend hommage au cinéma de David Lynch ou à des romanciers comme Franz Kafka ou Italo Calvino.

Le roman déstabilisera probablement certains amateurs de l'auteur canadien, ça a été mon cas, et pourtant il s'agit incontestablement de son oeuvre la plus folle, toute en démesure.



C'est aussi un de ces romans qui mérite une seconde lecture, tant de nombreux détails ne pouvaient pas trouver leur place et perturber, déranger, tant que la fin de l'histoire comportait encore des zones d'ombre. En revanche, quand tout est enfin révélé au lecteur, celui-ci peut enfin visualiser et comprendre toute ses perspectives. Chacun de ces évènements qui n'avait aucun sens à priori peut désormais trouver sa place dans ce puzzle, aussi improbable soit-il.



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Le Vide, tome 1 : Vivre au Max

Enfin, j’ai découvert cet auteur québécois de renom grâce à Siabelle. Celle-ci a gentiment accepté de relire ce beau pavé de 930 pages pour pouvoir échanger avec moi au fil de cette chouette lecture commune ! Merci encore à elle pour ces instants d’échanges. Globalement, cet ouvrage fut une bonne lecture. La première chose qui saute aux yeux, c’est sa mise en page originale. Pour moi, ce fut une expérience inédite, car je n’avais encore jamais vu cela en littérature. Les chapitres sont volontairement mis dans le désordre et c’est au lecteur de décider comment il va découvrir l’histoire. Soit, on lit page après page en acceptant que les chapitres ne se succèdent pas, mais ont un ordre précis pour apporter du suspense. Soit, on lit les chapitres dans l’ordre classique en commençant par le numéro 1, puis en se référant à l’index pour trouver le numéro 2. J’ai opté pour la lecture déstructurée, car c’est ce qui a été recommandé par l’écrivain. Ce dernier a affirmé qu’il y aurait plus de mystère ainsi… Et je reconnais que c’est vrai !



Ce polar a pour point fort tout le travail autour de la psychologie des personnages, que ce soit pour le trio de narrateurs ou leur entourage. Patrick Senécal a réellement donné de la consistance à tout le monde… Mais c’est aussi ce qui lui a fait défaut ! Avec du recul, je pense que l’auteur aurait pu être plus concis avec certains passages. L’intrigue met du temps à décoller, si bien que je me suis longuement demandée où on voulait aller. Par exemple, au début, on découvre qu’un meurtre sordide a eu lieu, puis on finit par le laisser de côté jusqu’à y revenir une centaine de pages plus tard ! D’un côté, je comprends cette longue mise en place, car on découvre vraiment les personnages en profondeur et on apprend à les apprécier. C’est une belle toile d’araignée qui se tisse… Cependant, j’ai tout de même préféré quand on accélérait les choses ! Cela dit, peut-être qu’en prenant les chapitres dans l’ordre, mon avis aurait été différent ?



Bien qu’ils aient tous un comportement ou un vécu discutable, les trois narrateurs sont des anti-héros intéressants. On distingue par exemple Pierre Sauvé, un policier veuf ayant du mal à concilier travail et vie de famille. Cela a engendré un drame, laissant derrière lui un vide impossible à combler autrement qu’avec son emploi… Pierre est celui qui m’a le plus touché et celui qui est, finalement, l’individu le plus « normal » des trois. On peut donc plus facilement s’identifier à lui ou ressentir de l’empathie, notamment lorsque sa fille Karine entre en scène. Même si je reconnais son intérêt, Frédéric est celui pour qui j’ai eu le moins d’attache. Le psychologue a des délires sexuels et de jeux trop glauques pour moi. Les passages le mettant en scène m’ont souvent mise mal à l’aise. Il faut avoir l’esprit bien accroché et ne pas être une âme sensible, car on est sur un roman très noir et hyper porté sur le sexe. On est sans cesse sur une surenchère sexuelle avec du trash (pédophilie, inceste, partouze, prostitution, viol, etc.). C’est pénible !! Siabelle m’avait avertie sur le fait que c’était l’une des « marques de fabrique » de l’écrivain, mais ce n’est pas pour autant que j’y adhère. D’ailleurs, je m’en serais volontiers passé !



Le présentateur vedette Maxime est également une personnalité captivante, car elle est réellement complexe, secrète, fascinante, effrayante et étrange. J’ai eu beaucoup de plaisir à découvrir son passé ainsi que sa façon de penser. Grâce au personnage de Maxime et de son émission de téléréalité « Vivre au Max », Patrick Senécal pointe du doigt les déboires de la société, l’envers du décor, les répercutions qu’ont les émissions sur les téléspectateurs ou les participants, … Pour ce dernier point, c’est malheureusement toujours d’actualité, ne serait-ce qu’avec Koh-Lanta où les téléspectateurs vont jusqu’à menacer de mort les aventuriers et leur famille… Or, les chapitres intitulés « Focalisation zéro » sont hélas très crédibles. Avec Pierre, l’auteur aborde également d’autres thématiques comme la corruption, la médiatisation, la manipulation de masse, le succès, l’avidité, la pauvreté, la dépression, l’écologie, les abus dans les usines chinoises, la société égoïste, les horreurs dont est capable l’être humain (cf. le passage glaçant narrant la jeunesse de Gabriel, son petit protégé). Cette critique sociale est très intéressante, terrible et d’actualité. On n’est pas sur une « simple » enquête ou une quelconque histoire morbide…



Malgré ses sujets difficiles, le fait que les héros soient uniquement masculins (heureusement que Karine et Chloé, la collègue de Pierre, sont là, sinon j’aurais sérieusement râlé sur l’absence de personnages féminins) et quelques longueurs, j’ai trouvé ce roman très fluide et parfois hyper addictif. De plus, pour moi qui lis peu de livres canadiens, le langage québécois a encore une fois eu son petit charme et un côté dépaysant. On n’est pas sur un coup de cœur, mais indéniablement sur un bon moment de lecture et d’échange avec mon amie Siabelle ! Je suis curieuse de découvrir une autre publication de l’auteur (en espérant moins de sexe !). Et vous ? Êtes-vous prêts à découvrir le Vide ressenti par ces nombreux personnages en plongeant dans ce polar très noir, défaitiste et bouleversant ?
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Le passager

«Le trajet Drummondville-Montréal sur l’autoroute vingt mériterait de figurer en première place sur la liste des parcours les plus soporifiques de la planète : presque toujours en ligne droite, entouré de champs plats, de boisés quelconques, coupé d’une multitude de sorties menant à des petites villes sans intérêt.»



- Cascasimir, mon copilote, as-tu vu il y a un passager dehors, qui veut monter, avec nous, en auto?

Il me répond :

- Il faut toujours se méfier, des inconnus non ? C’est vrai, qu’il peut avoir des exceptions à la règle !

Je dis alors :

- J’entends un drôle de bruit, même si je le vois pas, je perçois bien, qu’il est là.



Intriguant, Fascinant, Stupéfiant



«… Tiketik-ketik-Ketik… Tiketik-ketik-Ketik… Tiketik-ketik-Ketik… Tiketik-ketik-Ketik…»



C’est parti, l’aventure commence donc, avec notre personnage Etienne, qui donne un cours, au cégep de Drummondville et il ne lit jamais de littérature fantastique. Tout petit, il lui est interdit, ce genre de livre, dont il se retrouve, dans une situation, en zone inconfortable… En plus, il doit faire le voyagement, pour aller enseigner à son cours.

Quand il partage son cours, les étudiants posent souvent des questions indiscrètes mais à cause de sa perte de mémoire, lors de son enfance, il ne se rappelle plus de rien, même si des petits passages, commencent, à y refaire surface. C’est lorsqu’il embarque son stoppeur, sur l’autoroute, que tout bascule, autour de lui. Il se pose des questions : «Qu’est-ce qu’il est ? Est-ce qu’il le connait, depuis ses jeunes années? Qu’est-ce qu’ils ont fait, dans les jeux, ensemble ?»

C’est ainsi, que le cauchemar commence et c’est la course contre la montre. Comment va-t-il faire, pour s’en sortir et surtout se rappeler, ce que ses parents lui cachent, depuis l’enfance?



«Son père s’immobilisa aussitôt et ses yeux s’écarquillèrent de stupeur. Pendant quelques secondes, il contempla la scène en silence, bouche bée.

- Seigneur…. Murmura-t-il, enfin. »



- Cascasimir, sais-tu que je lis mon livre, encore, en une soirée ? Oui, c’est un très bon récit. Je trouve que l’auteur Patrick Senécal, nous tient toujours en haleine. Et toi ?

Je l’entends, qui me dit :

- Je le lis, en une heure, et c’est mon premier, Patrick Senécal. Comme quoi…



«Tout en passant à côté de l’auto-stoppeur, je lui jette un coup d’œil, bref mais suffisant pour m’assurer que ce n’est pas Alex. L’inconnu écarquille des yeux perplexes, en me voyant fuir ainsi, puis est rapidement avalé par les ténèbres».



Le livre « le passager » est son deuxième roman, il est lui-même professeur, dans sa vie professionnelle. Il possède des exemplaires, sur ce titre, qu’ils sont même épuisés, tout dépend, de la maison d’édition.

Je précise, qu’on ne trouve pas mes critiques, sur cet auteur, que j’affectionne, car je lis presque tous ses livres, même avant ce site.

Patrick Senécal est un auteur Québécois, et il écrit des romans sur le fantastique, sur le surnaturel, sur l’horreur. Il rédige même des nouvelles. On sait, que ses bouquins, quelques-uns, ils ont été adaptés au cinéma. Il est très reconnu dans le milieu littéraire.



«Oui, qu’est-ce qu’il a vu, derrière le buisson, derrière la roche plate, qu’est-ce qu’il a vu ? Mon père me regarde droit dans les yeux. Et malgré tout l’amour et toute la tristesse et je comprends qu’il m’en veut. ! Je pense soudain au regard de Louis, tout à l’heure…»



Il nous offre, un très bon thriller, il possède une très bonne écriture, ce que j’aime de Patrick Senécal, je ne trouve aucune longueur. C’est très facile, à suivre, même si l’histoire se passe, dans mes régions connues, et qu’il utilise des expressions à la Québécoise. Je le conseille, pour tout public, même s’il existe, quelques scènes, qui peuvent déranger.

Je suis heureuse, de faire partager, à mon binôme, un livre de Patrick Senécal. Je suis très contente, de lire, un de mes auteurs chouchous. J’invite donc à aller voir, la superbe chronique, de Cascasimir.

Je me pose la question : «Est-ce que c’est mieux, de ne jamais, faire monter, un inconnu, dans sa voiture ?». C’est en y embarquant, au passage, qu’on trouve les réponses !



Siabelle
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L'autre reflet



Bon, faut que j'essaie de faire une belle critique pour rendre hommage à l'un de mes auteurs fétiches.

Mais tout ce que j'ai écrit pour l'instant c'est plate.

Le chien de mon voisin n'arrête pas d'aboyer alors pour se concentrer c'est pas facile.

J'ai découvert Patrick Senécal en 2006 avec son roman fantastique "Sur le seuil", expérience réitérée l'année suivante avec trois de ses thrillers : les sept jours du talion, le passager ...

Il est vraiment en train d'utiliser sa câlisse de perceuse en pleine soirée ? Ostie d'enfoiré qui se gare toujours devant ma sortie de garage ...

... et 5150, rue des Ormes. Mais ce sont "Aliss" et "Le vide" qui l'ont propulsé au rang d'auteur préféré, dans mon subjectif classement intérieur.

Bon là c'est plus possible. Musique techno à fond qui accompagne en ryhme mon début de migraine.

Il me semble avoir une hachette dans la remise. Je reviens tout de suite.



* * *



Le calme est enfin revenu. Je suis à peine éclaboussé.

Où en étais - je ?

Ah oui, L'autre reflet. le roman 2016 de Senécal a pour thème l'inspiration littéraire par le meurtre et la torture.



Michaël Walec ( MW ) est écrivain amateur. Il a un certain talent mais il lui manque le petit quelque chose qui fera de ses thrillers noirs des romans à succès.

Ce petit quelque chose il le trouvera par hasard en la personne de Wanda Moreau ( WM ), emprisonnée pour meurtre. Professeur de français, il dispense son savoir dans l'établissement pénitencier pour femmes de Joliette. Son activité consiste principalement à corriger les fautes de grammaire et d'orthographe des courtes et maladroites nouvelles rédigées par les détenues participant à son cours.

L'histoire de Wanda a beau être dépourvue de style, elle y décrit son propre meurtre avec tant de force et d'éléments concrets que Michaël va s'en inspirer pour parfaire une scène de meurtre de son propre roman. Plagiat ? Il se refuse à raisonner ainsi. Après tout c'est sa propre écriture qui insuffle à cette scène charnière l'énergie transformant son petit polar en chef d'oeuvre du genre.

Après d'autres modifications toujours inspirées par les confidences de Wanda, son roman "Sous pression" verra le jour sous sa forme quasiment définitive. Et il est tellement bon qu'il a toutes les chances de trouver un éditeur.



Très court résumé de la première partie ( MW et WM ) dans lequel le lecteur fait donc rapidement connaissance avec un homme marié, futur papa, heureux en ménage et sur le point de concrétiser son rêve. Un homme qui serait presque attachant s'il n'y avait pas ce côté irritable aussi prononcé. C'est quelqu'un qui est facilement agacé, toujours sur la défensive quand on lui parle de son roman en cours, qui est énervé tant par le vélo du voisin traînant sur sa propriété que par l'auteur de fantasy déguisé en chevalier lors de son dernier salon du livre en tant que lecteur.

Wanda voudra-t-elle se venger ou le faire chanter pour le vol de ses histoires ? Tiendra-t-elle à l'inverse à devenir la muse de cet écrivain quitte à commettre d'autres atrocités ? Michaël constera-t-il que pour confirmer son talent naissant il devra se salir les mains afin de décrire à la perfection ce que ses personnages, victimes et bourreaux, ressentent ? Ce sont les différentes questions qu'on se pose après les premiers chapitres. N'importe comment, on sait que ça va dérailler.



Lire un Senécal, c'est embarquer dans un TGV en sachant que dès les premières pages il va y avoir quelques secousses et que le train va accélérer de plus en plus, que les heurts seront de plus en plus violents, jusqu'à ce qu'on se prenne un mur à 400 km/h. On a beau anticiper une partie des évènements, on ignore qui, quand , comment et on ressort de ces derniers de plus en plus abasourdis, chancelants, en attendant un final qui nous laissera KO.



On retrouve des thèmes chers à l'auteur à nouveau : le pouvoir, la famille, le quotidien. Il fait même une allusion rapide à Faims, son précédent livre ( lors d'un entretien, un auteur doit dire ce qu'il pense des meurtres ayant eu lieu à Kadpidi ).

Et surtout le vide - cette notion si chère à l'écrivain - est de nouveau présent. C'est lui qui caractérise le plus Wanda. A la recherche d'émotions, elle ne ressent rien la majorité du temps.

( "Mais non, je ne suis pas un monstre ! Si je ressentais du plaisir ou de la satisfaction, ou n'importe quoi, oui, je serais un monstre sadique ! Mais je ressens rien !" )



Quant au thème du double / du reflet / du miroir, il est omniprésent.

"Pis, à un moment donné, on va se rencontrer au centre, comme si on arrivait devant un miroir. Devant un reflet, très proche de nous, à la portée de la main."

Les initiales WM et MW qui se confondent sautent évidemment aux yeux. L'écriture à quatre mains est cependant ici incomparable à celle de Nicci French, Camut / Hug ou Preston / Child.

"Deux mains féminines, douces, mais maculées de sang, se posent sur les siennes et guident ses doigts sur le clavier."

On a également le pseudonyme. Michaël devient Mike, c'est plus accrocheur comme nom d'auteur. Alors on pense évidemment à La part des ténèbres de Stephen King et à son duo Thad Beaumont / Georges Stark. Mike représente-t-il une sorte de double maléfique ? Mais il ne faut surtout pas s'arrêter au héros écrivain et à ses différentes identités. Ca ne paraît pas très original et pourtant jamais je n'avais lu d'histoire présentée sous cet angle là.



En tant que lecteur, la sensation est même assez vertigineuse. En effet, L'autre reflet est construit exactement comme le serait un polar noir de Mike Walec, avec des passages clés de plus en plus atroces et révoltants qui sont les principaux supports de toute l'histoire. Cet effet miroir est tellement bien construit que le lecteur ne sait plus forcément s'il est en train de lire du Senécal ou du Walec.



Parce que pour couronner le tout, il y a beaucoup de Senécal dans le personnage de Walec. L'auteur de Hell.com s'est indubitablement projeté dans son héros romancier. Et ça ne s'arrête pas à l'ancien professeur de littérature né à Drummondville devenu écrivain de thrillers ( aux scènes particulièrement horribles ) puisque tous les deux participent également à des conférences, des interviews radiophoniques ou télévisuelles, et à des salons du polar. Et fréquentent les mêmes auteurs dans leur entourage professionnel.

J'ai mis beaucoup de temps avant de réaliser qu'en toile de fond, derrière le clavier sur la couverture, il s'agissait d'un salon du livre. Sans doute parce qu'on ne les assimile pas souvent à des lieux effrayants.

Vous changerez peut être d'avis.

En 2013 Senécal participait à un projet intitulé "L'Orphéon" avec son conte allégorique Quinze minutes. Avec quatre autres auteurs ils ont écrit cinq histoires différentes se déroulant dans le même immeuble, dans lequel les différents protagonistes de chaque récit se croisent, dialoguent, interfèrent. Les cinq livres pouvant ainsi se lire indépendamment et formant pourtant un tout cohérent. Je l'évoque parce que les quatre auteurs qu'a côtoyés Senécal notamment à cette période sont présents dans L'autre reflet : Roxanne Bouchard, Geneviève Jannelle, Véronique Marcotte et Stéphane Dompierre.

Stéphane Dompierre qui propose d'ailleurs à Mike Walec de participer à son second recueil de nouvelles érotiques. J'ignore s'il est réellement question d'un second recueil à venir mais Senécal a en tout cas participé au premier, Nu, avec sa nouvelle "Baise fondatrice".

("Pendant une quinzaine de minutes, les deux collègues discutent de choses et d'autres jusqu'à ce que Dompierre demande à Michaël s'il a envie de se joindre au second collectif de nouvelles érotiques qu'il est en train de préparer" )

On croise aussi d'autres auteurs québécois édités par A lire ( François Levesque, Jean-Jacques Pelletier ), la même maison d'édition que Senécal.

Ou encore India Desjardins, qui est à l'origine du recueil "Cherchez la femme" dans lequel Senécal a également publié une nouvelle.

Premier livre du challenge littérature québécoise, il s'avère être aussi une vraie mine d'or pour faire connaître les auteurs canadiens francophones.



Senécal, s'il égratigne par moments l'industrie du livre, s'efforce aussi de rendre à la littérature d'horreur et de thriller ses lettres de noblesse ( "On ajoute que le tout est écrit dans un style soigné, littéraire, et c'est justement cette adéquation entre l'horreur crue et la prose très travaillée qui fait de ce bouquin une oeuvre unique" ).

Mais l'autre reflet est surtout un roman qui aborde ce qu'on est prêt à faire pour connaître le succès, la notoriété, et pour la conserver.

Puissance et folie peuvent elles cohabiter ?



Livre amoral difficile à lâcher, terriblement malin, vaguement plus sage cependant que certains de ses prédécesseurs, je ne peux que vous conseiller la lecture de ce nouveau Senécal avec mon objectivité très relative. En tout cas j'en suis ressorti lessivé, mal à l'aise ... et j'ai adoré ça !

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