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EAN : 9782070143214
192 pages
Gallimard (01/04/2018)
3.23/5   163 notes
Résumé :
États-Unis, côte Est, non loin de Nantucket. Marlon et sa soeur Joan viennent d'enterrer leurs parents, morts dans un accident de voiture. Ils doivent maintenant se débrouiller seuls de la maison, des souvenirs qui la peuplent, et apprendre à vivre ensemble, eux qui n'ont jamais cohabité. Quand surgit Howard, vieil ami de la famille, qui cherche à les convaincre d'entreprendre de mystérieuses fouilles dans la cave. Il veut être, en réalité, le premier à mettre la ma... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (31) Voir plus Ajouter une critique
3,23

sur 163 notes
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Au fil de ses ouvrages, Philippe Djian cultive l'art de l'ellipse à la perfection, d'une façon peu coutumière , bien à lui, aiguisée, exacerbée, parfaite et excitante pour le lecteur , qui, au début , comprend peu....


...
Tout s'éclaire après un léger moment de trouble, l'auteur préserve les secrets les moins avouables, utilise cette économie de moyens et nimbe ses personnages et ses intrigues de mystère .......Phrases courtes, sans point d'exclamation ni d'interrogation, le lecteur rétablit mentalement ce que l'auteur cache volontairement comme un jeu entre les deux et certains épisodes cruciaux sont relégués dans l'ombre pour mieux surprendre.......
Côte Est, Etats - Unis, non loin de Nantucket, : dès les 1ères pages, on apprend que Joan, 33 ans et Marlon , son frère, 25 ans, autiste, aux mots comptés ( sa nounou : Anne- Margaret , la soixantaine se révèle être un poison ) viennent d'enterrer leurs parents Suzan et Gordon, tués dans un accident de voiture..
Ils vont devoir se débrouiller seuls, avec la maison et les souvenirs qui la peuplent, apprendre à retisser des liens, eux qui n'ont pas cohabité depuis longtemps , et faire leur deuil .......

Puis , un détail, une information bouscule soudain cette situation limpide, comme glissée subrepticement au détour d'un bout de phrase .........
L'histoire s'élance et fuse à une allure folle ........
Joan , Dora, Howard, Ann- Margaret, John et les autres en recèlent des secrets !
Joan et Dora, propriétaires d'une boutique de vêtements gèrent et entretiennent , en fait , un réseau d'escort- girls .
Gordon et Suzan n'étaient pas de placides retraités mais des activistes politiques fanatiques d'extrême gauche , acharnés .
Un certain Howard, sémillant et amant mirobolant ,que personne ne veut voir, revient hanter les lieux, fouille la maison familiale en espérant y trouver un magot caché !
John, shérif adjoint de la ville , jeune père d'un nouveau - né , braillard, la petite Josefa, sait fermer les yeux sur la loi quand ça l'arrange . N'en disons pas plus ........
La narration avance à coup de subtiles révélations , subversions et retournements, savamment égrenés .

Ces infos diffusées au compte - gouttes, aiguisent la curiosité .
Philippe Djian , en épurant sa manière d'écrire, tire sur le fil avec ses protagonistes troubles , intrigants , à la double vie ........tisse des destins très noirs .Son écriture déstabilisante ajoute du piment . Il manie l'inconfort et le drame sans faille .
Ses thèmes récurrents affleurent : personnes ambiguës à la sexualité exacerbée, handicap, mort et blessés , prostitution et secrets , ombres qui planent ........
Ajoutons- y ambiance délétère et climat malsain, mélancolique ......
C'est haletant , inattendu , inconfortable, excitant , jouissif , crépusculaire, tentaculaire !
Un puzzle diabolique, une sorte de trou noir et une fin époustouflante qui concentre de manière fascinante et pessimiste un monde gangrené dansant sur un volcan qui en dit long sur la condition humaine !
On aime ou on déteste ! Dès que j'ai l'occasion de lire Philippe Djian, je le fais mais je sais que son style ne plait pas à tout le monde .
Merci à Marie , ma fidèle libraire de "La taverne du livre " à Nancy , à qui je l'avais commandé !
Ce n'est que mon avis , bien sûr .
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L' Anorexie pourrait-elle devenir une mode, une école littéraire, une chapelle, le procédé devenant une sorte d'élitisme qui s'adresse à un public conquis qui se reconnais dans un hermétisme où l'ellipse est la clé de voûte de l'érudition, quand on a plus besoin de tout dire on ne laisse alors que des points de suspension.


Philippe Djian cultive l'art de l'ellipse à la perfection, un art où les mots portent une singularité habilement cachée que seul l'auteur ou le cruciverbiste est à même de dénouer. Chef de file ou simple modèle qui se méfie des filons et des filous.


Le style de Philippe Djian est épuré, dégraissé de toute saveur animale ou végétale, rendu à sa squelettique nature, il décline un monde aplani comme une photo aérienne prise à midi quand les couleurs s'effacent dans un miroitement de gris délavés. Page 65 à l'aube il écrit, "il faisait déjà beau, la rosé du matin avait disparu."


L'histoire coule goutte à goutte, il faut juste régler le débit. Avec des temps de pause comme pour un arrosage régulier à heures fixes du récit, "elles faisaient une pose sur le trottoir."
Philippe Djian affirme que dès la première phrase le roman est déjà écrit. Il ne reste plus qu'à tirer sur la ficelle, pour démonter le temps.

Relisons alors la première phrase de « à L'Aube », Joan se lavait les mains quand elle vit passer une ombre derrière la fenêtre. Ça ne dura qu'une fraction de seconde mais elle eut un mouvement de recul.
Il n'y a que Dieu ou un magicien pour nous convaincre que tout est là en apesanteur.


Philippe Djian est un magicien.
Mais le magicien, s'amuse t-il encore car je m'ennuie en le lisant, je me suis surpris à me lasser de cet artisanat, de ces 4400 signes qu'il se fait un devoir d'imprimer jour après jour, car Djian ne corrige pas c'est du durable du définitif, pas du jetable


Et pourquoi pas bourdonner avec Brassens, «  la femme s'emmerde... ».. Philippe Djian prend t-il encore son pied? A mâcher ses mots patiemment comme un communiant. Il porte sur chaque phrase l'angoisse du chef, et si ce plat littéraire était le dernier à servir, et ne pouvait tolérer aucune faute de goût.


Notre tôlière Joan et sa complice Dora font de la discrétion le maître mot de leur branche d'activité ! Non pas à cause de secrets industriels, mais d'une parois lisse infranchissable, pour occulter un réseau de proxénétisme bien géré, sobre décoré en une boutique bourgeoise, adepte des tenues en satins et dentelles. Un mur qui se lézarde ?


C'est John l'adjoint du shérif qui m'a réveillé de mon ennui, après avoir compris comment par quelques improbables rencontres des femmes s'incrustaient dans la vie de Joan.
Le Djian reprenait des couleurs page 106! "Je veux avoir accès aux filles," beuglait l'adjoint suivi des invectives de Joan "pas question", pour finir "je ne dis pas non 2 à 3 fois par semaine", "ça me semble correct". Deux pages d'un dialogue savoureux ou Dora et Joan vont dire oui et non, pour finir par je ne veux pas d'ennui avec la police.


L'autre fantaisie me réconciliait avec Philippe Djian, Joan retrouvait dans son studio un client un peu ivre et très entreprenant, " l'homme avait une barbe drue qui lui piquait les cuisses comme des aiguilles", "elle se demanda s'il n'allait pas vomir sur elle ?"" Oh seigneur Jésus, ne me faites pas ça, il poussa un cri au moment où elle s'arrachait à lui et elle vomit sur la descente de lit" arrosant ses bijoux de famille.


Les passages un peu débridés sont trop peu nombreux, à mon goût. Au contraire d'un Sylvain Tesson, exubérant , « le Soleil de Méditerranée frappe en marteau, dissout tout espoir. Son rayonnement est une force qui rendrait nihiliste un prophète. » Ainsi chez d'autres auteurs nous trouvons ces incursions qui invitent au rêve et bonheur suprême nous offre une émotion intense.

Sans émotions les textes les plus forts, les plus sombres, perdent de leur intensité, et parfois même suscitent l'ennui.
C'est bien évidemment cette réflexion que je voulais livrer à la lecture du dernier roman, de Philippe Djian, une histoire sombre, un texte épuré tel un scénario sur lequel un homme de cinéma développera ses propres émotions.

De l'émotion avant toute chose !
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Evidemment que tous les romanciers sont des marionnettistes qui tirent sur les fils de leurs personnages en distillant souvent avec parcimonie les informations les concernant. Mais l'un des maîtres en la matière, c'est assurément Philippe Djian qui épure de livre en livre sa manière d'écrivain, dans un style dépouillé, avec ses dialogues sans ponctuation, ses ellipses temporelles et ses personnages de plus en plus troubles et troublés et menant une double vie. A l'aube pourrait être un modèle déposé de l'art et de la maîtrise de Djian, avec une intrigue qui semble tout droit sortie d'une série télévisée, du côté de Nantucket, dans le Massachusetts, quelque chose qu'on pourrait appeler Plus belle la côte. Mort, maladie, sexualité, handicap, les thèmes s'entrechoquent dans cette oeuvre pessimiste et crépusculaire. On croit avoir croisé la scène la plus importante (et déstabilisante) du livre en son milieu mais la surprise qui attend le lecteur dans les toutes dernières lignes est cinglante dans son laconisme fatal. A l'aube, avec ses mystères, ses secrets et son ambiance délétère a quelque chose d'un polar perverti et malsain. Et en compagnie de Djian, le parcours est toujours inattendu, haletant, inconfortable et excitant.
Lien : https://cin-phile-m-----tait..
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Philippe Djian est un romancier français né en 1949 à Paris. Longtemps présenté comme un héritier de la Beat Generation en France, il est notamment l'auteur en 1985 de 37°2 le matin qui lui apporta la popularité mais depuis, son style et son inspiration ont beaucoup évolué. A l'aube, son tout nouveau roman, vient de paraitre.
Je ne sais pas si l'écrivain a lu ma lettre ouverte ou si l'âge venant le bon sens lui est venu mais comme le laissait présager son précédent bouquin, Marlène, Philippe Djian accorde enfin une place à l'histoire, ne la dédaignant plus au profit du style, ce qu'il revendiquait haut et fort jusqu'alors. Conséquence directe, son nouveau livre est très bon. Ma surprise est d'autant plus grande que le Monde (6/04/2018) l'avait méchamment cassé…
Etats-Unis, autour de Boston. Après le décès de ses parents dans un accident de la route, Joan revient dans la maison familiale pour s'occuper de son frère Marlon, autiste. Son retour dans la petite ville, où tout le monde se connait, attire ses anciennes connaissances, y compris Howard, ami de la famille mais homme étrange qui a pour particularité d'avoir couché avec Joan et sa mère ! Aujourd'hui son principal but est de fouiller dans les affaires des défunts, à la recherche d'on ne sait quoi…
Sans parler de polar, il y a des morts et des blessés, un shérif adjoint toujours prêt à couvrir les fautes de Joan, peut-être un magot caché quelque part et un réseau de call-girls genre petit commerce local. Car il faut bien des effluves de sexe dans un roman de Djian, d'où la double-vie de Joan ou le retour d'Howard dans son atmosphère, sans parler du frangin qui malgré son handicap n'en reste pas moins un homme… Mais tout ceci reste dans le domaine du correctement exprimé. Je n'entre pas plus dans les péripéties du bouquin et si l'intrigue tient bien la route, tout n'est pas carré – n'exagérons pas – mais ce n'est pas grave.
L'écriture reste modérément déstabilisante comme d'habitude et c'est très bien car ça ajoute du mystère à l'intrigue : on ne comprend certaines choses qu'à postériori, il n'y a pas de tirets dans les dialogues pour identifier immédiatement qui parle et le scénario restera flou sur certains points. Enfin, le roman se referme comme une porte qui claque, soudain et ne laissant pas la place à l'ambigüité, en forme de justice condamnant l'immoralité. Surprenant.
Un très bon roman de Philippe Djian, c'est-à-dire un bon roman dans l'absolu.
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C'est la première fois que je suis déçue par un Djian.
Pourtant, le style est absolument brillant ; en quelques mots, Philippe Djian réussit à planter un décor, une ambiance. J'adore. Et peu importe s'il s'amuse à oublier encore des signes de ponctuation : je prends, avec avidité !
Mais l'histoire... ouille ! Pour une fois, il situe l'action dans un lieu précis : le Massachusetts. Il est question de luxe-calme-et-volupté, mais aussi de militantisme (lequel ?), et d'une grande soeur qui revient s'occuper de son frère autiste après la mort de leurs parents, dont l'un des amis cherche un magot (lequel ?) dans la maison familiale. Et tout cela, sur fond de réseau de call-girls, avec une fin qui m'a laissée pantoise.
J'ai eu l'impression, en lisant ce court roman, de regarder un soap-opera, dans lequel les relations entre les personnages sont décidément bien compliquées et défient toute logique. Je préfère n'en conserver que la beauté éblouissante du style, et me réjouir de la lecture de son opus suivant.
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critiques presse (3)
LaLibreBelgique
27 juin 2018
Le nouveau roman de Philippe Djian peut, comme toujours avec lui, déconcerter le lecteur car il s’avère plein de mystères et de pièges
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Bibliobs
04 mai 2018
De livre en livre, Philippe Djian excelle de plus en plus dans le swing métaphysique, et son art ressemble à celui du golfeur Tiger Woods.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Lexpress
26 avril 2018
Avec A l'aube, Philippe Djian compose un puzzle diabolique.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
"L'orage de la nuit avait nettoyé les environs, le ciel était d'un bleu propre, les feuilles luisaient comme des médailles dans les arbres.."
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Joan rentra presque à la nuit tombée. A cause d’une fille qui avait la grippe et qu’il fallait remplacer au pied levé. Pour tomber en plein dans les embouteillages. Elle imaginait Marlon qui tournait en rond, de plus en plus nerveux à l’idée de se retrouver seul dès que le crépuscule s’annonçait. Il avait tout le temps été comme ça, elle s’en souvenait très bien. ET encore aujourd’hui il dormait avec la lumière allumée. L’angoisse du soir qui descendait, du jour qui s’éteignait. Il la guettait derrière la fenêtre lorsqu’elle se gara.
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Elle se demanda si c’était ça, être heureuse, de ne rien sentir, n’avoir aucun désir, se sentir flotter, rouler la nuit sur une route déserte. Ça n’arrivait pas tout le temps, c’était comme le rayon vert, il fallait saisir l’instant.
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Depuis qu’elle avait vu ce film d’Hitchcock, elle ne tirait plus le rideau. Mais elle ferma les yeux, ce qui revenait au même, la journée l’avait épuisée. Elle sursauta en découvrant Marlon planté sur le seuil, les yeux ronds comme des soucoupes. Du coup, elle tira le rideau.
Elle resta perplexe. Elle se savonna en se demandant quel genre de vie sexuelle il avait. Sûrement pas fameuse. Elle ne pouvait pas y faire grand-chose, malheureusement. Il faudrait qu’elle y réfléchisse.
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L'autre jour, quand je lui ai dit que j'avais voté pour Bernie Sanders, il m'a répondu textuellement eh bien moi, j'ai failli. Il était en uniforme ce jour-là. Il était tout à fait sérieux. Il a vraiment failli voter pour Bernie Sanders.
Un homme qui vote pour Bernie Sanders ne peut pas être complètement mauvais.
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Videos de Philippe Djian (57) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Philippe Djian
Le romancier Philippe Djian, adapté de nombreuses fois au cinéma (notamment dans "37°2 le matin" de Jean-Jacques Beineix, "Impardonnables" d'André Téchiné, "Elle" de Paul Verhoeven), publie un nouveau roman, "Sans compter". Un polar qui ne dit pas son nom et s'approche par moment du fantastique. Il est l'invité d'Olivia Gesbert.
#litterature #polar #cinema _____ Écoutez d'autres personnalités qui font l'actualité de la culture dans Bienvenue au club https://youtube.com/playlist?list=PLKpTasoeXDrqYh8kUxa2lt9m1vxzCac7X ou sur le site https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/bienvenue-au-club
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