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Littérature française contemporaine : les 20 romans et autres récits à lire
Liste créée par j9294bqg64_1682524799680 le 27/04/2023
20 livres.



1. Les grands cimetières sous la lune
Georges Bernanos
3.57★ (627)

Installé à Majorque depuis 1934, Georges Bernanos vient, en 1936, de remporter un grand succès critique avec Journal d’un curé de campagne. Cet écrivain monarchiste et catholique, d’abord favorable au soulèvement des nationalistes — son fils Yves s’étant même engagé dans la Phalange —, apprend peu à peu l’ampleur des atrocités perpétrées par les troupes du général Franco et approuvées par l’évêque de Palma. Les Grands Cimetières sous la lune, écrits entre 1937 et 1938, sont, comme il l’écrit, le « témoignage d’un homme libre », un pamphlet contre une épuration commise au non du Christ, et qui refuse l’embrigadement simplement politique. Il ne s’agit pour lui que de conscience : celle qui ose dénoncer le crime et avertit d’un conflit promis à embraser le monde.
2. La Peste
Albert Camus
4.02★ (52442)

« Les curieux événements qui font le sujet de cette chronique se sont produits en 194., à Oran. » C’est ainsi que débute La Peste, publié en 1947 mais esquissé bien des années auparavant. Comment se fait-il alors que ce livre soit devenu le livre symbole contant une épidémie depuis son apparition, son développement et son extinction, mettant en scène des hommes ordinaires confrontés à une situation imprévue et extraordinaire ? Le docteur Rieux, le journaliste Rambert, le père Paneloux, Tarrou qui épaule le docteur, vont, chacun, éprouver le sens de la culpabilité ou la nécessité de la résistance. Face à l’épidémie, cette peste bubonique comme celle, « brune », du nazisme, des hommes se sont révélés, ont fait ce qu’il fallait. Un livre qui a retrouvé une tragique actualité ces dernières semaines.
3. Un roman russe
Emmanuel Carrère
3.53★ (2597)

La quête d’une délivrance, la volonté de « prendre au piège quelque chose qui [lui] échappe et [le] mine », de traquer en soi cet « ennemi ricanant, cruel et monstrueux » qui le hante, voilà ce qui guida Emmanuel Carrère dans l’écriture de ce magnifique et très sombre récit autobiographique, paru en 2007. Un récit qui embrasse et entremêle, par le biais d’une construction narrative magistrale, nombre de motifs et événements : des voyages en Russie, une histoire d’amour chahutée, l’enfance, le roman familial et ses zones d’ombre... S’écrit ainsi sous nos yeux, prenante et poignante, l’âpre histoire d’un homme qui, en guise d’héritage, reçut « l’horreur, la folie, et l’interdiction de les dire », et qui, bravant cet interdit, décida de devenir écrivain
4. Auschwitz et après, tome 1 : Aucun de nous ne reviendra
Charlotte Delbo
4.59★ (1131)

Devant ce livre immense, on ne peut que faire silence, et laisser place aux mots de Charlotte Delbo, rescapée des camps d’Auschwitz : « Pourquoi ai-je gardé ma mémoire ? Je ne puis retrouver le goût de ma salive dans ma bouche au printemps – le goût d’une tige d’herbe qu’on suce. Je ne puis retrouver l’odeur des cheveux où joue le vent, sa main rassurante et sa douceur. Ma mémoire est plus exsangue qu’une feuille d’automne. Ma mémoire a oublié la rosée. Ma mémoire a perdu sa sève. Ma mémoire a perdu tout son sang. C’est alors que le cœur doit s’arrêter de battre – s’arrêter de battre – de battre. »
5. Le Ravissement de Lol V. Stein
Marguerite Duras
3.62★ (2966)

«Toutes les femmes de mes livres, quel que soit leur âge, découlent de Lol V. Stein, c’est-à-dire d’un certain oubli d’elles-mêmes », expliquait Marguerite Duras, parlant de ce livre fondateur. Roman de la détresse psychique, de l’effondrement intérieur, Le Ravissement de Lol V. Stein déroule, par la voix de l’homme qui l’aime (« Je connais Lol V. Stein de la seule façon que je puisse, d’amour »), l’histoire de Lol, dont le fiancé fut un soir, lors d’un bal au casino municipal de T. Beach, rapté par une autre femme, plus âgée qu’elle, Anne-Marie Stretter. Assistant sans mot dire à ce ravissement, c’est Lol elle-même qui est ravie – à elle-même, à la vie. « Que cachait cette revenante tranquille d’un amour si grand, si fort, disait-on qu’elle en avait comme perdu la raison ? »
6. Ravel
Jean Echenoz
3.82★ (1384)

C’est sur les dix dernières années de la vie de Maurice Ravel que se concentre Jean Échenoz dans ce roman où rien n’est inventé, mais qui n’a bien entendu rien d’une biographie, non plus que d’une variation sur le thème de la musique. Silhouette fine et précise, comme tracée à main levée de la pointe d’une mine fraîchement taillée, voici le compositeur saisi par Échenoz alors qu’il a une cinquantaine d’années, que sa gloire est immense des deux côtés de l’Atlantique, mais qu’en lui s’installe une détresse qui ne connaît pas son nom, un vide qui ne cesse de se creuser, une nuit noire qui finira par tout engloutir. Grave et bouleversant, ainsi est ce roman admirable, épuré comme il sied à Échenoz, non pas sec mais minutieux et concis, et d’une élégance à couper le souffle
7. Mémoire de fille
Annie Ernaux
3.72★ (3012)

Récit d’une première fois brutale, où ni le désir, ni le plaisir, ni la dignité, ni l’altérité n’ont eu droit de cité. C’était en 1958. Depuis, l’auteur a construit son œuvre littéraire sur le dépeçage de son propre passé, mettant à nu les blessures liées à sa condition sociale comme à sa condition de femme. Dans ce roman intime et engagé, le dernier publié à ce jour, elle mesure la persistance sismique de cette première expérience sexuelle d’une indicible violence : « On fuit toujours certains livres. J’en étais arrivée à me dire que peut-être je pourrais mourir sans l’avoir écrit. Cette perspective-là, c’était une défaite.
8. Un balcon en forêt
Julien Gracq
4.22★ (1128)

Publié en 1958, Un balcon en forêt conte les huit mois que passe l’aspirant Grange, d’octobre 1939 à mai 1940, à la maison forte des Hautes Falaises, un blockhaus isolé dans la forêt des Ardennes, destiné à arrêter les blindés allemands. Durant cette « drôle de guerre » que vécut aussi le lieutenant Poirier avant de prendre le nom de Julien Gracq, l’aspirant Grange ne commande que trois soldats. Sans ordres précis, il médite et arpente la forêt, organisant la vie dans son blockhaus avec sérieux, déclinant la proposition que lui fait un officier de quitter ce « piège à cons ». Il deviendra l’amant de Mona, « jeune orage de gaîté tendre et de gentillesse prodigue ». Quant à la guerre qui tourne « au point mort », elle se fait attendre, la nuit protectrice et l’immensité de la forêt conspirant à la rendre irréelle. Elle surgira pourtant. Un balcon en forêt, jugé trop réaliste par certains critiques, est un magnifique roman dans lequel l’écriture de Gracq est d’une vibrante poésie.
9. Le Protocole compassionnel
Hervé Guibert
3.91★ (500)

Dix-huit mois après À l’ami qui ne m’a pas sauvé la vie, Hervé Guibert (1955-1991) lui donnait une suite imprévue et admirable, Le Protocole compassionnel, dont l’écriture fut déclenchée par l’ampleur du nombre de lettres que l’écrivain avait reçues à la suite de son précédent ouvrage. Dans ce roman autobiographique lucide et désespéré, dont la gravité se drape parfois d’autodérision ou de malice, Hervé Guibert observe sur son être, corps et âme, les effets ravageurs de la maladie. Il a 35 ans, et la mort prochaine est son seul horizon — en dépit du traitement médicamenteux expérimental qu’il s’administre. « Il me faut bien l’avouer, et je crois que c’est le sort de tous les grands malades (...), après avoir tant rêvé à la mort, dorénavant j’ai horriblement envie de vivre », confie-t-il. Il mourra quelques mois après la publication de ce livre inoubliable
10. La Possibilité d'une île
Michel Houellebecq
3.62★ (4511)

Qu’on se passionne pour ses romans ou qu’on y soit allergique, il est impossible de ne pas admettre que Michel Houellebecq s’est imposé, en vingt-cinq ans, comme un de nos contemporains capitaux, le peintre le plus lucide qui soit de l’anxiété de l’homme d’aujourd’hui. De toutes ses fictions, La Possibilité d’une île est sans aucun doute la plus expérimentale et la plus poétique, qui met en scène un humoriste à succès, Daniel, racontant sa vie à l’usage des générations futures, et plus particulièrement de la longue lignée de ses clones — Daniel2, Daniel3… , Daniel24, Daniel25… La dimension moraliste du regard de l’écrivain s’impose, dans ce tableau brillant, corrosif et sans concession d’une société occidentale minée par l’individualisme et le matérialisme, obsédée par la négation de la mort.
11. Lambeaux
Charles Juliet
4.11★ (2463)

Magnifique espace de vie offert par l’auteur à la mère qu’il n’a pas connue. Chaque mot est porté par un double souffle. Celui de cette femme séparée de son bébé, puis internée dans une institution psychiatrique où elle mourra sans le revoir. Celui de son enfant, qui la ranime par un tutoiement salvateur, et diffuse son amour pour elle dans des pages compassionnelles et recueillies. Creusés par l’écriture essentielle que Charles Juliet a peaufinée pour survivre jusqu’à aujourd’hui, les chemins de la mère et du fils finissent par ne plus former qu’un, à destination de l’apaisement.
12. Le grand cahier
Agota Kristof
4.06★ (2584)

Livrés à eux-mêmes, deux enfants jumeaux s’auto-éduquent dans la crasse et la violence d’une guerre sans nom, chez leur grand-mère sauvage accusée d’avoir autrefois empoisonné son mari. Premier volet d’une trilogie majeure, écrite dans un français aussi décapé que décapant, par une autrice hongroise qui cultiva son impénétrabilité, protection contre une souffrance venue de loin, sublimée par une écriture au canif sidérante de dureté et d’hypersensibilité. Impossible de ne pas se jeter ensuite sur les tomes suivants, La Preuve et Le Troisième Mensonge.
13. La Bâtarde
Violette Leduc
3.74★ (970)

Née du viol d’un bourgeois sur sa femme de chambre, Violette Leduc a fondé toute son écriture sur cette expulsion du ventre ­maternel dans la honte et le silence, cette sensation d’être de trop, à côté, à part. Chaotique, cru, instable, traversé de longues pages sans ponctuation, puis soudain haché comme la respiration haletante de la proche délivrance, son style évoque toujours l’accouchement, l’éclosion suivie de la rupture. Toutes griffes dehors, retournées contre elle-même, elle écrit à la première personne des soliloques aussi saignants que déchirants
14. Continuer
Laurent Mauvignier
4.02★ (2310)

L’immobilité pour mieux dire le mouvement des choses, la vitesse pour en saisir la paralysie. Tel a toujours été le secret de l’écriture de Laurent Mauvignier, qui dessine ici le parcours accidenté du voyage initiatique d’une Bordelaise avec son fils adolescent, dans les montagnes kirghizes. Au plus près de la nature, comme dans un western où les chevaux sont rois, le roman révèle les origines de ce geste d’amour sacrificiel, en suit l’effet boomerang après la déflagration, en mesure la portée mystérieuse, aléatoire, aussi destructrice que salvatrice. Un grand livre qui appelle à s’en remettre à la simplicité de l’émotion pour surmonter le chaos de la vie.
15. Vies Minuscules
Pierre Michon
3.96★ (1714)

Dans Vies minuscules, paru en 1984, Pierre Michon a voulu saisir et préserver, a-t-il expliqué un jour qu’on l’interrogeait, « un sacré dont nul Dieu n’est plus garant : ce qui s’y joue sous les cieux vides, c’est ce qu’a de minimalement sacré tout passage individuel sur terre, plus déchirant aujourd’hui de ce qu’aucune comptabilité céleste n’en garde mémoire ». Ils sont huit, tous individus ordinaires, que l’écrivain a extraits de sa généalogie, ou de ses souvenirs d’enfance, pour fixer sur le papier leurs existences que son écriture magnifie sans emphase. Au cœur du livre, figurent les « Vies d’Eugène et de Clara », sorte de biographie des grands-parents paternels de l’écrivain. Lui-même y apparaît, enfant privé de son père et le cherchant dans les visages, les silhouettes de ses aïeuls. Un texte que Pierre Michon a dédié à ce grand absent de son enfance, ce père « inaccessible et caché comme un dieu »
16. Dora Bruder
Patrick Modiano
3.73★ (4015)

« La nuit de l’Occupation, c’est la nuit originelle d’où je suis sorti », explique Patrick Modiano. Une nuit parisienne dans laquelle déambulait la silhouette d’une jeune fille au tempérament fugueur nommée Dora Bruder, à laquelle, en 1997, l’écrivain a consacré l’un de ses plus beaux livres. Adolescente de confession juive, Dora Bruder, « 15 ans, 1 m 55, visage ovale, yeux gris marron, manteau sport gris, pull-over bordeaux, jupe et chapeau bleu marine », a fait en décembre 1941 l’objet d’un avis de recherche émis par ses parents, tombé cinquante ans plus tard sous les yeux de l’écrivain. Hanté par l’histoire de Dora, Patrick Modiano scrute, dans ces pages, l’énigme de sa personnalité, il arpente les rues où elle marchait, il enquête et émet des hypothèses, guettant en lui les échos que fait surgir le destin tragique de la jeune fille.
17. La Vie mode d'emploi
Georges Perec
4.12★ (3891)

L’immeuble sis au 11 de la rue Simon-Crubellier, nom bien sûr inventé, est un puzzle, autrement dit un jeu de patience dont Perec détaille l’art d’entrée de jeu, qui est fait de ruse, de pièges et d’illusion. Prenons donc un règlement de propriété, une page couverte d’équations, un médiéviste, la recette de la mousseline aux fraises, un bilboquet, une jeune femme qui va dans la salle de bains, avec un œuf dans une main pour se laver les cheveux et, dans l’autre, le numéro 40 de la revue des Lettres nouvelles, des chambres de bonne, un grave accident domestique, un personnage qui s’appelle Gilbert à cause de Gilbert Bécaud ; un ascenseur en panne ou une belle Polonaise. Puzzle, cabinet de curiosités, habitants qui ont tous une histoire : monsieur Perec dispose choses et événements, et la magie opère à tous les étages
18. Enfance
Nathalie Sarraute
3.63★ (5519)

Dans ce livre à la fois sec et malicieux, d’une immense intelligence et sans doute le plus accessible de toute son œuvre, Nathalie Sarraute revient, par un dialogue imaginaire avec son double, sur ses premières années de ballottement entre la Russie et la France, au début du XXe siècle. Succession d’abandons, d’absences, de manques, l’enfance de l’autrice est racontée entre les points de suspension caractéristiques de son écriture, avec l’exigence qui porta toute son œuvre : débusquer le point exact où naissent les émotions et les pensées.
19. L'Acacia
Claude Simon
4.22★ (449)

La destinée de deux générations bouleversée par les deux guerres mondiales, un 27 août marquant la mort du père, en 1914, et la mobilisation du fils en 1939. La chronologie est imbriquée et le lecteur doit faire l’effort de relier les époques entre elles. Mais la phrase de Claude Simon (1913-2005), Prix Nobel de littérature en 1985, immense déroulé qui n’en finit pas, transporte l’histoire avec une extraordinaire dynamique visuelle, sonore et littéraire, mobilisant tous les sens du lecteur bientôt emporté par la puissance du drame de l’Histoire. Ayant perdu son père en 1914, mobilisé lui-même en 1939, l’auteur déroule un texte magnifique, puisant dans ses propres souvenirs qui deviennent ceux de millions de femmes et d’hommes. Quant à l’acacia, l’arbre qui se nourrit de la terre comme le roman de l’Histoire, son arborescence est celle des multiples événements.
20. Mémoire d'Hadrien - Carnets de notes de mémoires d'Hadrien
Marguerite Yourcenar
4.41★ (63)

Dans les carnets où elle préparait Mémoires d’Hadrien, paru en 1951, Marguerite Yourcenar (1903-1987) avait recopié cette phrase de Flaubert : « Les dieux n’étant plus, et le Christ n’étant pas encore, il y a eu, de Cicéron à Marc Aurèle, un moment unique où l’homme seul a été. » À travers cette autobiographie fictive de l’empereur romain du IIe siècle (« un homme presque sage »), dans sa voix, ses pensées et ses actes, c’est ce moment qu’observe et met au jour l’écrivain. Œuvrant en quelque sorte à « refaire du dedans ce que les archéologues du XIXe siècle ont fait du dehors ». Yourcenar ne rechignait pas à voir son livre qualifié de roman historique – un genre qu’il sublime. — Na.C.
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