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EAN : 9782752906205
311 pages
Phébus (16/05/2011)
3.94/5   116 notes
Résumé :
Un livre-culte de la littérature d'aventure vécue.
Krasnoïarsk (Sibérie centrale), hiver 1920. L'homme vient d'apprendre qu'on l'a dénoncé aux " Rouges ", et que le peloton d'exécution l'attend. Il prend son fusil, fourre quelques cartouches dans la poche de sa pelisse, sort dans le froid glacial - et gagne la forêt. Commence alors une course-poursuite dont il ne sortira vivant, il le sait, que s'il ose l'impossible : gagner à pied l'Inde anglaise à travers l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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Bêtes, Hommes et Dieux.

A travers la Mongolie interdite, 1920-1921.

Ce n'est pas que de la littérature de voyage, un énième compte-rendu d'un écrivain en mal d'aventures, l'écriture d'une expédition folle à travers les contrées les plus reculées et les plus sauvages que m'offre aujourd'hui Ferdynand Ossendowsky. Non. Cela se passe au-delà des simples mots qu'il peut utiliser de sa plume. J'y retrouve de la magie, de la spiritualité, du non-rationnel qui marque d'une empreinte indélébile une telle aventure, le genre de truc à vous transformer un gars jusqu'à la fin de sa courte vie.

Bêtes. Dans ce qualificatif, j'y vois surtout la sauvagerie des hommes, et surtout des « rouges ». Contraint à la fuite sans attendre sous peine de se voir devant un peloton d'exécution, l'auteur prend son fusil, quelques cartouches dans sa besace et affronte le froid, l'hiver, neiges et glaces, pour traverser la Sibérie centrale. Des rencontres parfois humaines, d'autres crapuleuses voire guerrières. Éviter les bolcheviks, les sympathisants, les représailles, les voleurs ou les mendiants prêts à vous vendre ; Se défendre avec son fusil, son couteau, sa machette ; Trouver un abri, s'isoler, se réchauffer, croiser des regards teigneux et impénétrables, sentir les bonnes âmes en un clin d'oeil et repartir, toujours plus vers l'Est, toujours plus vers le Sud. du courage, notre auteur n'en manque jamais, de la ténacité et un certain esprit de survie pour plonger toujours vers l'antre des ténèbres. Préférer le noir aux rouges.

Hommes. Derrière lui la Sibérie, devant la Chine, la Mongolie et le Tibet. Au fur et à mesure de ses avancées dans ces si lointaines contrées, Ferdynand (au bout du second bouquin, je me permets quelques familiarités) y croise des Hommes, de ceux qui possèdent âme et courage, armes nécessaires pour survivre dans une région si hostile et inhospitalière. Des hommes, des paysans, des fonctionnaires toujours prêts à lui apporter leurs aides, à le cacher des espions bolcheviks, à le conduire à travers montagnes plaines immenses et déserts terrifiants. Il troque le cheval contre le chameau, il dodeline plus qu'il ne galope mais l'essentiel est toujours d'avancer, son objectif, et de rester en vie pour me raconter quelques années plus tard ses perceptions de la vie, ses rencontres magiques, ses moments d'intenses émotions qu'une telle aventure lui a octroyé.

Dieux. Au-delà de l'immensité des plaines de Mongolie, l'auteur découvre la « religion en jaune ». Dans ces montagnes, règne une atmosphère étrange. Des nuages, des volutes qui surplombent les falaises, des monastères et des hommes qui vivent de prières, de spiritualités, de magie presque. Ce ne sont plus des hommes, ce sont des saints, des Dieux vivants qui font forte impression auprès de notre écrivain-aventurier. Des rencontres marquantes qui frappent les esprits et apportent son lot de mysticisme surnaturelle. Ces hommes en jaune n'ont pas du tout la même vision du Monde, des autres que lui – que nous. Ferdynand au terme de son voyage, en reste profondément perturbé comme si il avait senti un étrange phénomène : celui de se sentir initié à une nouvelle religion qui en profondeur va chambouler votre âme.
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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Voilà un récit d'aventures comme je les aime : un homme fuyant les Rouges et qui, pour vivre, va devoir affronter la Nature et ses éléments déchaînés.

Nous sommes en Russie (Sibérie centrale), il fait froid, ça caille à mort dehors, mais notre homme va se mettre sur la route pour échapper à la mort, alors qu'il peut tout aussi bien mourir dehors. Mais au moins, il mourra libre.

Quel périple ! À pied, à cheval ou à dos de chameau, notre auteur arrivera au Thibet (oui, avec un h), avant de remonter vers le haut.

Ne vous fiez pas à la couverture de chez Libretto, elle est très belle, mais à aucun moment nos aventuriers fuyant les Rouges, ne voyageront avec un traîneau tiré par des chiens !

Son voyage est tout sauf un voyage de santé ! Il faut sans cesse surveiller ses arrières ou ses avants, des fois que les bolcheviks surgiraient. Les rencontres peuvent être bénéfiques, mais aussi terriblement meurtrière. On a des traîtres partout, des vendus à l'ennemi, des Rouges déguisés en gentils monsieur.

Survire dans les étendues glacées, dans les montagnes abruptes, savoir chasser, faire du feu, suivre des pistes, viser juste, savoir soigner ses blessures et celles des autres, bref, faut s'accrocher pour survivre !

La première partie est dédiée à la fuite, à la survie, tandis que la deuxième sera plus politique, faite de rencontres des peuplades, des nomades, des guerriers. La dernière est plus mystique, plus spirituelle, dédiée à la religion en jaune, au bouddhisme. le tout donnant un récit de voyage qui change un homme, autant dans sa chair (suite à tout ce qu'il a vécu) et dans son âme.

Mon seul bémol sera pour la traversée du désert de Gobi, dont l'auteur ne donne que quelques détails, alors que la traversée n'a pas dû être une partie de plaisir. J'aurais aimé avoir la description de ce périple aussi.

Une belle aventure (même si sans doute romancée), un beau récit humain, un périple de dingue, des rencontres marquantes, qu'elles soient faites avec des gens qu'on n'a pas envie de croiser ou les autres, ceux qui ont aidé l'auteur et sa troupe (oui, il parti seul et par un prompt renfort…).

Un récit parfait pour l'aventurière du fond de son canapé que je suis. Une visite de l'Asie comme on n'en fera plus.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Russie, Mongolie, 1921. Un incroyable récit de voyage.

Tour à tour pourchassé par le tsar puis par les bolcheviks, Ferdynand Ossendowski, polonais né dans l'actuelle Lettonie en 1876, géologue ayant grandi à Saint-Petersbourg, enseigné en Sibérie, à Tomsk puis à Vladivostok, après un passage par Paris, nous entraîne dans sa fuite au travers des espaces infinis de l'Asie centrale.

Au croisement des intérêts de la Russie, la blanche et la rouge, de la Chine et de la Mongolie, il nous initie aux relations complexes et ambiguës entres ces peuples. On y croise les trois Bouddhas vivants de la religion jaune, le Roi du Monde et le baron von Ungern-Sternberg, personnages tous autant légendaires que bien réels. Et l'usage omniprésent du poison n'est pas sans rappeler une certaine actualité…

Un petit regret toutefois, la traversée du désert de Gobi ne fait l'objet que de quelques lignes. de la part d'un géologue bien au fait des difficultés de l'exercice, on se serait attendu à plus.

Une plongée dans le monde de la pensée et des mythologies asiatiques à lire absolument. On pourra aussi se référer avec intérêt à l'entretien des Nouvelles Littéraires avec l'auteur du 26 juillet 1924 - en accès libre sur la toile.
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Comme dans de nombreux textes concernant le Tibet et la Mongolie et écrits entre 1880 et 1955, la véracité des faits et informations fournies dans « Hommes, Bêtes et Dieux » du polonais Ferdynand Ossendowski (1876-1945) est à considérer avec la plus extrême réserve. Partant du principe que tout l'art du menteur (et du romancier) et de mentir au plus près des faits véritable, Ossendowski n'en délivre pas moins un livre pour le moins palpitant, du strict point de vue romanesque s'entend.

Ossendowski possède pourtant dans son curriculum vitae assez de références véritables pour troubler le lecteur moyen, ce qu'il ne se prive pas de faire. N'est-il pas un scientifique authentique, ayant même usé ses fonds de culotte sur les bancs de la Sorbonne ? N'a-t-il pas été lié, plusieurs fois, aux milieux révolutionnaires russes ? Ou n'a-t-il pas pris parti, en définitif, pour la coalition de russes blancs qui a lutté dramatiquement contre les révolutionnaires bolcheviques ? Aventureuse, la vie d'Ossendowski l'a été, sans nul doute doute possible, mais pas dans les termes proposés par son récit. Pour s'en convaincre on consultera les éléments biographique de l'amiral Alexandre Koltchak, remarquable officier de marine russe, au gouvernement duquel Ossendowski fut un temps associé. La guerre entre bolcheviques purs et durs et leurs opposants, à la fois socialistes, militaires tsaristes, cosaques en mal de conquêtes ou sympathisants capitalistes, a été, comme toute guerre civile, d'une complexité bien réelle et soumise à des rebondissements spectaculaires de toutes sortes.

Même si Ossendowski pratique son propre « montage romanesque » des événements, il en restitue souvent assez bien l'extrême confusion qui préside à la plupart de ceux-ci et l'extrême violence qui les caractérise presque tous. Il est probable que certains épisodes historiques décrits dans le livre soit assez conformes, en terme d'ambiance, à ce qui fut réellement vécu par l'auteur ou par les autres combattant de la guerre civile. L'ensemble des détails historiques sera malgré tout à recevoir avec réserve. Ces derniers semblent avoir été étudiés plus en détail par certains auteurs (on cite souvent le livre de Louis de Maistre « Dans les coulisses de l'Agartha, l'extraordinaire mission de Ferdinand Anton Ossendowski en Mongolie" paru chez Arché (Milano) en 2010, que je n'ai pas eu l'occasion de consulter) qui tendent à démontrer la fausseté pure et simple d'un grand nombre des épisodes évoqués dans l'ouvrage.

Car outre la guerre civile, Ossendowski évoque également la vie religieuse et spirituelle des peuples de Mongolie et de l'Himalaya, et ses nombreuses rencontres avec leurs principaux responsables charismatiques. Ossendowski accrédite la thèse de l'existence, « quelque part », du fameux et fantasmatique royaume souterrain de l'Agartha, sur lequel régnerait le non moins fantasmagorique « Roi du Monde ». En ce domaine comme dans les autres, il semblerait qu'Ossendowski se soit largement inspiré d'autres auteurs ayant évoqué ce royaume merveilleux, tel l'écrivain chrétien Alexandre Saint-Yves d'Alveidre. Cela sera à vérifier.

Ce que y vrai toutefois et que l'on mesure grâce à ce livre ce que furent les rêves d'une génération qui assistait, impuissante, à l'une des grandes dislocation historiques des forces chrétiennes d'Occident (la Révolution russe) et qui semblait, à court terme, en annoncer beaucoup d'autres. Il est probable qu'à la fois, pragmatiquement, ce livre discrédite aux yeux de l'Occident, la poussée matérialiste des bolcheviques, et que, par ailleurs, ce dernier projette sur un Orient de pacotille, le rêve d'un renouvellement spirituelle de l'humanité. Ce dernier mouvement est, du reste, toujours sensible aujourd'hui et on le constatera par exemple dans la grande réussite du Bouddhisme sous nos latitudes.

«  Hommes, bêtes et dieu » rejoint donc une série de livres sur l'Orient pour le moins discutables, en terme de vérités historique d'une part, à la façon du fameux livre de Slavomir Rawitz « A marche forcé » qui évoque une évasion spectaculaire d'un goulag sibérien à travers désert de Gobi et l'Himalaya inventée de toutes pièces, et sur le plan spirituel d'autre part, tel l'ouvrage de Baird T. Spalding «  La vie des maîtres » ou la série d'évocations himalayennes de Lobsang Rampa (de son vrai nom Henry Cyril Hoskin) dont on sait aujourd'hui qu'elles n'ont été que de pures fictions pour le moins délirantes.

Alors pourquoi continuer à lire « Hommes, bêtes et Dieux » et ses avatars ? Probablement parce qu'ils constituent des exercices littéraires réussis dont la cohérence est moins à rechercher dans la véracité des faits qu'ils exploitent, que dans la parfaite adaptation de ces derniers avec l'imaginaire d'une période donnée. L'analyse de ces données, dans la mesure où elles nous fascinent encore aujourd'hui, demeurent parfaitement d'actualité.
Lien : http://feuilles.de.joie@gmai..
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Ferdynand Ossendowski est né en 1876 dans l'actuelle Lettonie. Scolarisé à Saint Pétersbourg, il enseigna ensuite en Sibérie occidentale. Après la révolution de 1917, il fuit la Russie.
'Bêtes, Hommes et Dieux', est le récit de cette fuite en 1920 et 1921, fuite que la guerre civile a transformée en un long et périlleux périple à travers la Mongolie.
La biographie de l'auteur et le récit qu'il fait de ces deux années sont particulièrement riches en événements, en rencontres, en retournements de situations et en hasards heureux pour lui. Ce livre permet notamment de voir, et parfois de comprendre, la manière dont les « rouges » et les contre-révolutionnaires « blancs » se sont affrontés en Mongolie, ainsi que la complexité des rapports de forces à cette époque entre diverses nations ou tribus présentes dans cette zone. L'ouvrage est cependant parfois fastidieux à lire. J'ai en particulier trouvé que l'auteur consacrait une place trop importante à présenter les diverses croyances ou superstitions des peuples et des personnes qu'il a croisées, qu'il décrit sans critiquer.

Parmi les récits autobiographiques de fuites de la Russie du XXe siècle, j'ai très nettement préféré 'A marche forcée' de Slavomar Rawicz (Du cercle polaire à l'Himalaya, 1941-1942), et surtout l'excellent 'Aussi loin que mes pas me portent' de Josef Martin Bauer (Un fugitif en Asie soviétique, 1945-1952). Ces deux récits laissent probablement une grande part à l'imagination de leurs auteurs. Ce ne sont pas uniquement les époques dans lesquelles ils se déroulent qui les différencient, mais aussi leur construction et sujets principaux.
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Citations et extraits (29) Voir plus Ajouter une citation
C'est ainsi que voyagent les Mongols: au lieu de passer par le poste de relais, ils vont de troupeau en troupeau, y capturent à l'aide de l'ourga de nouveaux chevaux, dont les propriétaires font en même temps office de guides. Tous les Mongols ainsi réquisitionnés par droit d'ourga n'ont qu'une hâte: s'acquitter au plus vite de leur tâche; aussi galopent-ils à toute vitesse vers le troupeau suivant, afin de se décharger de leur mission sur le voisin. Un voyageur ayant le droit d'ourga peut attraper lui-même les chevaux; s'il ne trouve pas de gardiens, il peut contraindre ceux qui l'accompagnent déjà à continuer, en laissant leurs propres bêtes dans le troupeau où il fait sa nouvelle acquisition. Mais la chose ne se produit que très rarement car, par peur de litiges qui pourraient survenir, les Mongols n'aiment guère abandonner leurs animaux dans un troupeau appartenant à un autre gardien.
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Le houtouktou de Narabanchi me raconta ceci quand je lui fis une visite à son monastère au commencement de 1921 :

— Quand le Roi du Monde apparut devant les lamas, favorisés de Dieu, dans notre monastère, il y a trente ans, il fit une prophétie relative aux siècles qui devaient suivre. La voici :

« De plus en plus les hommes oublieront leurs âmes et s’occuperont de leurs corps. La plus grande corruption régnera sur la terre. Les hommes deviendront semblables à des animaux féroces, assoiffés du sang de leurs frères. Le Croissant s’effacera et ses adeptes tomberont dans la mendicité et dans la guerre perpétuelle. Ses conquérants seront frappés par le soleil mais ne monteront pas deux fois ; il leur arrivera le plus grand des malheurs, qui s’achèvera en insultes aux yeux des autres peuples. Les couronnes des rois, grands et petits, tomberont : un, deux, trois quatre, cinq, six, sept, huit… Il y aura une guerre terrible entre tous les peuples. Les océans rougiront… la terre et le fond des mers seront couverts d’ossements… des royaumes seront morcelés, des peuples entiers mourront… la faim, la maladie, des crimes inconnus des lois, que jamais encore le monde n’avait vus.

Alors viendront les ennemis de Dieu et de l’Esprit divin qui se trouvent dans l’homme. Ceux qui prennent la main d’un autre périront aussi. Les oubliés, les persécutés, se lèveront et retiendront l’attention du monde entier. Il y aura des brouillards et des tempêtes. Des montagnes dénudées se couvriront de forêts. La terre tremblera… Des millions d’hommes échangeront les chaînes de l’esclavage et les humiliations, pour la faim, la maladie et la mort. Les anciennes routes seront couvertes de foules allant d’un endroit à un autre. Les plus grandes, les plus belles cités périront par le feu… une, deux, trois… Le père se dressera contre le fils, le frère contre le frère, la mère contre la fille. Le vice, le crime, la destruction du corps et de l’âme suivront… Les familles seront dispersées… La fidélité et l’amour disparaîtront… De dix mille hommes, un seul survivra… il sera nu, fou, sans force et ne saura pas se bâtir une maison ni trouver sa nourriture…

Il hurlera comme le loup furieux, dévorera des cadavres, mordra sa propre chair et défiera Dieu au combat… Toute la terre se videra. Dieu s’en détournera. Sur elle se répandra seulement la nuit et la mort. Alors j’enverrai un peuple, maintenant inconnu, qui, d’une main forte, arrachera les mauvaises herbes de la folie et du vice, et conduira ceux qui restent fidèles à l’esprit de l’homme dans la bataille contre le mal. Ils fonderont une nouvelle vie sur la terre purifiée par la mort des nations. Dans la centième année, trois grands royaumes seulement apparaîtront qui vivront heureux pendant soixante et onze ans. Ensuite il y aura dix-huit ans de guerre et de destruction. Alors les peuples d’Agharti sortiront de leurs cavernes souterraines et apparaîtront sur la surface de la terre. »
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Ensuite, j'étais seul. Tout autour seulement la forêt de cèdres à feuilles persistantes couvertes de neige, les buissons dénudés et la rivière gelée. Aussi loin que je pouvais voir à travers les branches et les troncs des arbres, rien que le grand océan de cèdre et de neige. Taïga sibérienne ! Combien de temps vais-je être obligé de vivre ici ? Les bolcheviks vont-ils me trouver ici ? Mes amis sauront-ils où je suis ? Qu'arrive-t-il à ma famille? Ces questions brûlaient constamment dans mon cerveau.

J'ai vite compris pourquoi Ivan m'avait emmené si loin. Nous avions touché de nombreux endroits isolés au cours de notre voyage où Ivan aurait pu me laisser en toute sécurité. Mais il a toujours dit qu'il m'emmènerait dans un endroit où il serait plus facile de vivre. Et c'était vrai. Le bosquet de cèdres et les montagnes couvertes de forêts de cèdres donnaient un charme particulier à mon refuge solitaire. Le cèdre est un bel arbre puissant aux branches largement ramifiées, une tente à feuilles persistantes qui abrite toutes sortes d'êtres vivants. Il y avait toujours une vie animée parmi les cèdres. Là, les écureuils sautaient de branche en branche et faisaient un bruit constant. ici s'écrièrent des casse-noix stridents. Une volée de bouvreuils à poitrine cramoisie traversait les arbres comme une flamme. Une petite armée de chardonnerets fait irruption, remplissant l'amphithéâtre d'arbres de leur gazouillis. Un lapin a sauté d'un tronc d'arbre à l'autre. Derrière lui voletait l'ombre à peine visible d'une belette rampant sur la neige. Marchant prudemment sur la neige dure et gelée, un noble cerf s'approcha. Et enfin, du haut de la montagne, je devais aussi recevoir la visite du roi de la forêt sibérienne, l'ours brun.

Tout cela m'a distrait. Cela a banni mes pensées noires et m'a encouragé à persévérer. Un passe-temps bon mais difficile pour moi était aussi de grimper au sommet de ma montagne, qui s'élevait au milieu de la forêt et d'où je distinguais une traînée rouge à l'horizon. C'était la falaise rouge de l'autre côté du Yenisei. Là était le pays, là étaient les villes, les ennemis et les amis. Il y avait aussi le point que je pouvais déterminer comme étant le lieu de résidence de ma famille. C'est pourquoi Ivan m'a amené ici.

Ainsi, jour après jour, je passais dans la solitude et commençais à manquer cruellement à mon compagnon, l'homme qui, bien que l'assassin de Gavronsky, m'avait traité comme un père qui a toujours sellé mon cheval, coupé le bois pour moi et fait tout pour que je fasse la vie facile pour moi.

Il m'est parfois venu à l'esprit que si je devais rencontrer ma mort à cet endroit, je rassemblerais mes dernières forces pour me traîner jusqu'au sommet de la montagne pour y mourir.

Mais cette vie dans la nature sauvage m'a aussi beaucoup fait réfléchir et m'a apporté encore plus d'activité physique. C'était une lutte constante, dure et sérieuse pour l'existence. Le travail le plus dur consistait à préparer les gros blocs de bois pour la naida. Les troncs des arbres tombés étaient toujours couverts de neige et gelés jusqu'au sol. J'ai donc été obligé de les déterrer puis de les déplacer de leur place à l'aide d'une longue perche. Pour me faciliter ce travail, j'ai choisi la montagne pour mes livraisons de bois. Même s'il était difficile de grimper, je pouvais facilement faire rouler les bûches de là-haut. Je fis bientôt une brillante découverte : près de ma hutte je trouvai une grande multitude de mélèzes, ces beaux et tristes géants de la forêt,abattu par une violente tempête. Les troncs étaient recouverts de neige mais collés aux souches. Lorsque j'ai piraté ces souches avec ma hache, la lame s'est enfoncée profondément dans le sol et il était difficile de la retirer à nouveau. En examinant la raison, j'ai constaté que les souches étaient fortement entrecoupées de résine. Les éclats de ce bois n'avaient qu'à être frappés par une étincelle pour démarrer. Même plus tard, j'en avais toujours une réserve avec moi pour faire un feu rapide pour me réchauffer les mains au retour d'une chasse ou pour faire du thé.
Je passais la plupart de mon temps à chasser. J'ai réalisé que je devais remplir chaque jour de travail car c'était le seul moyen de me distraire de mes pensées tristes. Après mon thé du matin, j'avais l'habitude d'aller dans la forêt pour chasser le tétras lyre et le tétras noisette. Avoir un poulet ou deux Quand je me suis suicidé, j'ai préparé mon déjeuner, qui n'a jamais consisté en un menu étendu. Il y avait une soupe au poulet constante avec une poignée de pain rassis, suivie d'interminables tasses de thé. Une fois, alors que je chassais des oiseaux, j'ai entendu un bruit dans le sous-bois dense. En le regardant attentivement, j'ai vu les extrémités des bois d'un cerf. J'ai rampé sur le sol jusqu'à l'endroit en question. Mais l'animal attentif m'entendit approcher. Avec un grand bruit, il s'élança dans la brousse. Après avoir parcouru environ trois cents pas, je pus clairement le voir s'arrêter sur le flanc de la montagne. C'était un animal merveilleux. Avec une fourrure gris foncé, une colonne vertébrale presque noire et la taille d'une petite vache. J'ai posé mon fusil sur une branche et j'ai tiré. L'animal a fait un pas de géant fit quelques pas et tomba. Je me suis précipité là-bas aussi vite que j'ai pu, mais le cerf a de nouveau sauté et a gravi la montagne. Un deuxième coup de feu l'a tué. J'avais donc gagné un tapis chaud et une grosse réserve de viande. Les bois que j'ai attachés aux branches de mon mur ont fait un joli porte-chapeau.

Je n'oublierai jamais une photo très intéressante mais sauvage dont j'ai été témoin un jour à quelques kilomètres de ma cabane. Il y avait une petite tourbière couverte d'herbe et de canneberges. Ici, la gélinotte des bois et la perdrix cherchaient des baies. Je me suis approché silencieusement de l'endroit derrière les buissons et j'ai vu un grand troupeau de tétras noisette gratter dans la neige et cueillir des baies. Alors que j'examinais cette scène, l'un des poulets a soudainement sauté. Le reste de la foule effrayée s'est immédiatement envolé. À mon grand étonnement, le premier oiseau a grimpé dans Des spirales vers le haut et sont soudainement tombées mortes. Alors que je m'approchais de l'endroit en question, une belette avide a sauté du corps du poulet tué et s'est cachée sous le tronc d'un arbre tombé. Le cou de l'oiseau était terriblement mutilé. Il était maintenant clair pour moi que la belette avait attaqué le poulet, lui mordant le cou, puis avait été transportée dans les airs par l'oiseau tout en suçant le sang de sa gorge. De cette façon, la chute soudaine de l'oiseau avait été provoquée. C'est à l'habileté aéronautique de la belette que je dus le fait d'avoir sauvé une cartouche.

J'ai donc vécu dans une lutte constante avec la nature. Des pensées de plus en plus dures et amères m'empoisonnaient.

Les jours et les semaines passèrent. J'ai senti le contact de vents plus chauds. La neige a commencé à fondre dans les endroits ouverts. De temps en temps, de petits ruisseaux apparaissaient. Bientôt j'ai vu une mouche ici et là, une araignée, réveillée après le rude hiver. Le printemps s'est annoncé. Je me suis rendu compte qu'au printemps, il serait impossible de quitter la forêt. Car alors tous les fleuves débordent. Les landes deviennent infranchissables. Tous les chemins tracés par les animaux deviennent des lits d'eau courante.

Le printemps est arrivé très vite. Bientôt ma montagne fut déneigée et seulement couverte de pierres, de troncs de bouleaux et de trembles et de hautes fourmilières. La rivière a rompu sa couverture de glace par endroits. Il a bouilli et écumé.
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De la rive, j'assistais à un spectacle à la fois terrible et majestueux. Descendant du sud, le fleuve charriait vers le nord une énorme masse de glace qu'il transportait sous l'épais couvercle de gel qui le recouvrait encore par endroits. Or la terrible poussée provoquée par le déplacement de cette masse avait rompu le barrage hivernal au nord : l'Ienissei, fleuve-père, fleuve-père, fleuve parmi les plus longs d'Asie, profond et magnifique, encaissé tout le long de son cours moyen dans des gorges escarpées, effectuait sa dernière ruée vers l'océan Arctique. La masse énorme avait traîné avec elle de gigantesques champs de glace, les pulvérisant sur les rapides et sur les roches isolées, les faisant tournoyer en tourbillons courroucés, soulevant par portions entières les noires routes de l'hiver, emportant les tentes construites pour les caravanes qui descendaient à cette saison le fleuve gelé, de Minoussinsk à Krasnoïarsk. De pemps en temps le flot était arrêté dans son cours; avec un sourd mugissement, les champs de glace écrasés s'empilaient parfois jusqu'à une hauteur de dix mètres et formaient un barrage. Le fleuve, par derrière, montait si rapidement qu'il inondait les terrains bas, jetant sur le sol d'énormes monceaux de glace. Soudain, avec une puissance démultipliée, les eaux s'élançaient à l'assaut du barrage et l'entraînaient vers l'aval dans un épouvantable fracas de verre brisé. Aux tournants des rivières, contre les rochers, c'était un terrifiant chaos. D'énormes blocs de glace s'enchevêtraient, se bousculaient; quelques-uns, projetés en l'air, venaient s'abîmer tumultueusement contre ceux qui se trouvaient déjà là, ou, précipités contre les falaises et les berges, en arrachaient des rocs, de la terre et des arbres au plus haut des flancs escarpés. Tout le long des basses rives, ce géant de la nature pouvait élever, avec une brutalité qui donnait à l'homme la sensation de devenir aussi petit qu'un pygmée, un grand mur de glace, de cinq à six mètres de haut. Les paysans appellent ces imposantes murailles à travers lesquelles ils doivent se tailler un chemin des zaberega. Ailleurs, j'ai encore vu le Titan accomplir cet exploit incroyable : un bloc de plusieurs pieds d'épaisseur et de plusieurs mètres de large fut projeté en l'air et retomba hors du lit de glace, écrasant de jeunes arbres à plus de quinze mètres de la rive.
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Je dois à cette circonstance que j'ai pu faire connaissance avec le peuple mongol calme, bon et honnête. Je pouvais lire dans son âme, voir sa souffrance et ses espoirs. J'ai été témoin de l'horrible état d'oppression et de peur qui sommeille face au Mystère dans ce pays où le Mystère remplit toute vie. J'ai regardé les rivières briser leurs chaînes de glace avec un claquement de tonnerre sourd pendant le froid hivernal rigoureux, j'ai vu des lacs jeter des ossements humains sur leurs rives, j'ai entendu des voix sauvages résonner dans les gorges des montagnes, j'ai remarqué des flammes de feu sur des steppes marécageuses, j'ai vu des lacs en feu, j'ai regardé gravissant des montagnes dont les sommets sont infranchissables, rencontra de grands tas de serpents qui se tortillaient hivernant dans des fosses, arriva aux ruisseaux,gelés à jamais, j'ai trouvé des rochers qui ressemblaient à des trains pétrifiés de chameaux, de cavaliers et de caravanes, et partout j'ai vu les montagnes nues, nues, dont les plis ressemblent au manteau de Satan trempé de sang dans la lueur du soleil du soir.
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