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EAN : 9782715243491
144 pages
Le Mercure de France (08/04/2016)
4.32/5   30 notes
Résumé :
Depuis deux ans, ou un peu moins, ou une éternité, je marche, je prends des trains, des bus, je fais du stop, je m'agrippe à la route comme un scarabée vert ayant replié ses élytres. Je croise les humains, parle à peine avec eux, je ne suis pas très liant. Il m'arrive parfois de rester un ou deux jours en leur compagnie, mais, c'est plus fort que moi, je repars assez vite. C'est curieux, je n'ai aucune mémoire. Ou plutôt j'ai des trous, grands et veloutés comme de... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (26) Voir plus Ajouter une critique
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Groggy, soûle, au sol clouée par une montagne d'émotions qui m'enlacent de toute part. D'avoir reçu des heures d'amour et de beau. Sonnée.

Chaque seconde est un murmure.
Alain Cadeo.
Comme des milliers de notes méditatives, contemplatives, phosphorescentes.
Alain Cadeo, un troubadour qui porte haut ses épaules les banderoles du sel de la vie.
Lire Cadeo c'est s'assurer des heures sereines bercées par des paysages glorifiés de beauté et de sens. Mon amour est là, bouche bée, coeur lancinant pour ces mots, berceaux de ma vie.

Iwill voue un amour incommensurable pour les mots impairs, toujours au singulier. Petit, les mots trébuchaient dans sa bouche, bègue c'est le mot. Aujourd'hui à dix-neuf ans, il est devenu un chuchoteur, un murmureur, un marmotteur, un marcheur. A dix-neuf ans comme l'écrivait Rimbaud, on n'est pas heureux. Sa mie Catherine s'est éteinte suite à un accident de voiture, alors Iwill il marche, pour oublier sa souffrance, il regarde la vie pour en extirper l'oxygène nécessaire à ses maux.

Dans une seconde, il y a un murmure, celui de tout un royaume. Une seconde après l'autre, les mots s'assemblent, s'apprivoisent, se câlinent. C'est la magie d'être un conteur. Alain Cadeo. Un merlinpimpin des mots qu'il aime tant et cela se ressent. Après les mots de contrebande, son amour des mots et de notre langue française est incontestable. Ses romans brûlent d'amour pour eux.

« Je pèlerai le cul du temps pour dénicher un coin d'éternité. »

« Si j'ai le coeur plein de boues, ce sont les levers de soleil ici ou là qui décrassent mes yeux. »

Pauvre âme solitaire que je suis, j'ai le coeur qui bat la chamade devant cet orfèvre, ce faiseur de beau. Sans hésiter, j'imagine une table ronde auprès de ces trois grands magiciens, Cadeo, Bobin, Frégni. Les mots d'Alain Cadeo enfantent des images qui enfantent des royaumes pour voir exploser nos émotions. C'est impossible de rester insensibles à la vague Cadeo. Ceux qui aiment notre langue, la vie, l'amour, la poésie, c'est un auteur à lire, à suivre, à applaudir, à rêver avec impatience.

Merci à toi David D avoir un jour sonné chez moi avec un livre de cet auteur. Sans toi, j'aurai vécu dans l'ignorance d'un troisième faiseur de beau.
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Intéressante interview d'Alain Cadéo par Willy Lefèvre sur : http://lesplaisirsdemarcpage.skynetblogs.be/archive/2016/04/15/une-interview-d-alain-cadeo-auteur-du-roman-chaque-seconde-e-8595408.html

Alain Cadéo, un an après la publication de « zoé » édité au Mercure de France, votre éditeur vient de publier depuis quelques jours votre nouveau roman « Chaque seconde est un murmure ».
Avec « zoé » vous aviez soulevé le voile des confidences entre cette jeune boulangère et Henry, un sexagénaire sous le charme de cette jeune fille.
« Iwill » votre nouvel héros, murmure à son tour. « Aussi bien prononcés soient-ils, les mots ne sont que bredouillements, balbutiements d'adolescents vaniteux, bègues du coeur comme moi (Iwill) ou défaillants. le vrai, l'intense, la parole intouchable, ça c'est le mystère de ceux qui frôlent l'absolu. »

-Avez-vous l'âme d'un confesseur, d'un ami à qui l'on se confie. Seriez-vous un "écouteur" ?

Alain Cadéo : Je n'arrive pas à répondre à votre première question. Je bute sur le mot "confesseur». Je suis bien trop claustrophobe pour m'enfermer dans une boîte pour écouter je ne sais quelles niaiseries. J'ai besoin de croiser le regard de l'autre, j'aime voir les gestes qui accompagnent les mots car enfin c'est tout le corps qui parle. Il s'agirait plutôt de la bonne vieille maïeutique. Abolir les réticences et extraire de l'autre le meilleur de lui-même me paraît être le plus beau métier du monde.

Iwill venait d'avoir dix-neuf ans. le temps s'est arrêté. Figé, il voit se dissoudre ce regard tout pailleté d'or.
La faux de dame mort vient de siffler…
« La nausée, la colique, la joie, le désir, la peur, la fringale, les crampes, l'irrésistible ascension de sentiments de paix suivi de cauchemars, c'est ça le lot de tous les humains. On est toujours le même, il n'y a que le paysage que l'on traverse qui change » écrivez-vous.

Votre roman est en écho avec l'actualité...

La résilience, y croyez-vous ou n'est-ce qu'un baume, un vernis sur un vase brisé ? L'absent, l'absente, sera toujours notre ombre.

Alain Cadéo : Il n'existe aucun remède "définitif". Il n'y a que des rafistolages, des rustines, des placebos, qu'ils soient philosophiques ou religieux, politiques ou idéologiques. Tout raisonnement s'effondre face à l'horreur, toute logique s'annihile face à la haine.
Oui, la résilience est une incroyable construction de l'esprit mais sommes nous tous capables de la mettre en mouvement? Notre conscience de la fragilité et du concept d'incertitude et, en dépit de tout, notre désir-vie, sont pour moi un absolu sujet d'émerveillement. Ça ne s'explique pas. Il s'agit là d'une puissance animale, végétale, tellurique. Faire pousser la vie au-milieu du néant tient du miracle. Travailler l'intelligence et l'émotion au coeur même du vide pour malgré tout générer du "beau" touche au sublime. Et c'est ça aussi l'Humain! Alors oui, "je crois", comme le disait approximativement Tertullien," parce que c'est impossible"... Plus qu'un pari, c'est un défi, un vieux truc de gosse qui dit "oui" lorsque tout le monde lui dit "non"...ou l'inverse.

Iwill : « J'en ai rencontré des copains et des filles. Une kyrielle de gens formidables, accueillants, originaux. Mais, les jours passants ou après quelques heures, je découvrais très vite leurs rayures. Six lettres au singulier ».
Votre texte est parsemé de décomptes. « Un choix » Cinq lettres.
Rayures, et ce trouble obsessionnel compulsif (TOC)
De confesseur à l'écoute, vous devenez observateur de l'esprit, de ses blessures…

Avez-vous l'âme d'un ermite ?

Alain Cadéo : Les rayures, ce sont nos retours lancinants à nos peurs, à nos craintes, c'est notre incapacité chronique à étrangler nos chiens de garde. Alors tout revient comme une mauvaise valse et il en faut de la santé et de l'audace pour rencontrer "l'illimité" que chacun porte en soi.
C'est dans la solitude et le silence qu'on mène ce combat.
J'aime l'Humain, l'individu, l'unique, le singulier. Dans un bain de foule je me noie. le bruit je le redoute comme un détournement d'intensité. Les gadgets technocratiques sont pour moi autant de fuites vitales. Ermite non, je suis plutôt un déserteur, ma fugue en ré mineur s'écrit dans le silence.
Et puis très tôt j'ai éprouvé le côté chien errant de "Gaspard Hauser" vu par un Verlaine:
"Je suis venu, calme orphelin,
Riche de mes seuls yeux tranquilles,
Vers les hommes des grandes villes,
Ils ne m'ont pas trouvé malin..."

Propos recueillis par Willy Lefèvre
Chaque seconde est un murmureAlain Cadéo - Mercure de France – 143 pages – avril 2016

Lien : http://lesplaisirsdemarcpage..
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Depuis "l'homme qui murmurmurait à l'oreille des chevaux" de Nicolas Evans, magnifié par Robert Redford, nous savons tous ce qu'est un chuchoteur, dans le monde équin.
Pour nous lecteurs, récepteurs, Alain Cadéo est cela un chuchoteur.

A l'heure où quotidiennement, chacun de nous doit faire face aux horreurs du monde en s'intérrogeant sur sa part de responsabilité dans ce chaos humain, cet auteur nous emporte dans un monde où le regard doit se poser différemment sur la vie.

Après zoé, nous découvrons Iwill. 19 ans et déjà un homme;oui car si jeune il a vu mourir sa mie et pour lui pas de doute, il ne doit plus rester dans le giron familial.
Il part droit devant lui, ses jambes le portent, il trace aussi en stop et s'arrête où il veut...Les mois défilent comme l'asphalte sous ses pas, il ne mémorise rien, sa Catherine avec sa voix et ses yeux occupe, toute la place.
Iwill ne fuit pas, il avance, sa témérité en bandouillère.
Mais un jour il fait une halte, à Luzimbapar, village où il ne semble rien y avoir d'autre qu'un couple, Laston et Sarah et leur meute de chiens et la nature sauvage.
Là le temps est suspendu, pourquoi reste-t-il, alors qu'il bouillonne comme un torrent que rien ne peut arrêter.
Alors Sarah lui offre un grand cahier cartonné noir, et lui suggère de lui offrir des mots qu'elle pourra relire lorsqu'il sera parti.

D'Iwill, nous ne savons que son malheur, cette perte, ce néant qui l'a envahi et peu à peu nous le découvrons, comme nous écoutons pour la première fois un morceau de musique sans avoir conscience de suite de sa beauté.

Face à cette masse d'assurance et de force tranquille que déploit Larston, Iwill se sent encore plus comme un échassier, en équilibre avec une crête rousse, mais qui n'a pas la flamboyance de la chevelure de Sarah . Sarah la charnelle, la dévoreuse telle une "plante carnivore"...
Elle veut des mots , mais que sont-ils face à l'existence?

Une fois de plus Alain Cadéo nous mène où il veut mais aussi où nous voulons. Personnellement ma lecture se ralentit des fugues que je fais au fil de l'eau...charmée, captivée et envoutée totalement pour une somme de secondes dans le murmure de mes pensées.

En conclusion : "sur son Kriegelstein, les notes jaillissaient comme un feu de Bengale, dans ce désert qu'est Luzimbapar. Fantôme au torse de carcasse, Brontolone tonneau de néant. Dès potron-minet, Eve la venimeuse et Adam le poltron tripoteur, un choix d'une irritation électrique: rayure. Marmotteur d'infirmité, obsession de partir.
Enfer et paradis, siamois pailletés de sensualité, libre, chavire.
Talisman inexorablement essentiel et tranquille." Ceux qui auront lu comprendrons.

Je ne vous dévoilerai aucune phrase de ce livre, c'est à vous à le faire votre, car je suis impressionnée par cet auteur, qui nous offre ses mots que nous faisons nôtres et qui éveillent en nous le meilleur, une oasis riche de vie, notre vie est remplie de toutes ces secondes accumulées comme des trésors que nous ignorons.
Soulignons la beauté et le symbolisme du bandeau de ce livre : nous sommes tous éphémères mais libres à condition de nous défaire de nos barbelés intimes.

N'oubliez jamais "Chaque seconde est un murmure".
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Si je t'observe comme ça quelquefois, c'est que j'aime ta silhouette de chien famélique. T'as vraiment une dégaine de vagabond mal nourri. Au fond c'est vrai, Sarah a raison, t'es comme un archange qui s'est cassé la gueule sur terre ."
Nous voici donc en compagnie d'Iwill, un jeune homme à l'âme blessée suite à la perte de sa meilleure amie.
Iwill, tel un vagabond, parcourt les routes, lie quelques connaissances sans jamais s'attacher ni s'éterniser.
" Cela s'appelle faire le point. Point contre point, du cousu main... et chaque pas à son histoire."
Jusqu'au jour où il arrive à Luzimpapar. Il y rencontre Sarah et Laston, un couple qui vit en reclus entourés de leur meute de chiens . Iwill se pose pour quelques temps chez eux et raconte son histoire sur un cahier noir à l'intention de Sarah dont il est sous le charme.
"Mes rêves sont ouatés de son corps, le matin j'ai l'impression d'avoir ses jambes autour de mon torse. Et lorsque je la vois, honte à moi, j'ai beau tourner, virer, je suis soumis et je n'ai qu'une idée : la frôler,la respirer et me laisser anéantir par sa présence."
Iwill nous murmure son histoire et la couche sur papier, il nous confie, ses tocs, ses doutes, ses souvenirs et nous emmène vers un final des plus inattendu.
J'avais découvert la plume d'Alain Cadéo avec zoé, son précédent roman qui m'avait charmé par son histoire et son style si poétique. Je l'ai retrouvé avec plaisir et j'ai savouré cette nouvelle histoire, mon carnet à citations à porté de main pour noter mes passages préférés. Un petit roman fort en émotions, qui conforte mon attachement et mon coup de coeur pour cet auteur, ce conteur à la plume magique.
À votre tour, laissez-vous porter par ces histoires et écoutez ces murmures. Laissez les mots vous charmer .
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Le jeune Iwill est parti ailleurs et au hasard , chemin faisant sur les routes, loin de chez lui, pour fuir un malheureux destin, se retrouver quelque part.

Luzimbapar est pour lui un arrêt, plus long et plus étrange qu'il le pensait.

Une rencontre avec un couple Sarah et Laston et une meute de chiens prêt à le dévorer.

L'envie de fuir ce couple à l' ambiance très bizarre, il va devoir remplir un challenge pour Sarah. Elle lui demande de noircir de sa plume un cahier sur sa vie qu'elle gardera.

Entre les travaux de la mine avec Laston et les moments délicats avec Sarah, il commence à rassembler des pensées sur ces pages en pensant à la délivrance.

Pourra t-il se sortir de cet endroit ? Doit-il respecter les consignes à la lettre sans être dévorer par les chiens?

Ce roman est un dialogue intérieur des pensées de Iwill, un second souffle après une explosion. Une autre vie qui commence sans la chercher, se fondre pour ne plus se confondre. Exumer, raconter ce qu'on est, comment on se représente face aux autres.

Des moments de vie du garçon,sorti du cocon familial pesant à la rencontre de Catherine, celle, qui l' a apprivoiser, qui lui ouvert ses bras en lui gagnant son coeur.

Et puis le sort d'une vie qui s'annonce au grand bleu pour finir avec des bleus au coeur.

Un récit magnifiquement écrit par délicatesse, par les mots qui dansent et qui chantent.

Une poésie des murmures, du temps qui passe et qui chasse les nuages.

Une fin de roman particulier, comme le précédent roman » zoé « ….

Une touche de l'auteur, une fluidité de lecture
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Citations et extraits (42) Voir plus Ajouter une citation
Ne rien attendre… C’est difficile, pour nous qui avons un pied dans la matière et un autre déjà dans le vide.
Il reste si peu de choses dans le creux de notre dernier lit. Ça ne pèse pas bien lourd, un crâne et ses millions d’images sur l’oreiller d’une agonie.
Et dans chaque être, aussi petit soit-il, il y a pourtant, je vous le jure, ce qui ressemble à l’infini.
(Incipit)
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Oui, une vie ça ne pèse vraiment pas lourd quand on veut la mettre en mots, mais si tu tombes sur un regard compatissant, c’est comme un glacier qui n’en finit pas de fondre. Et alors là, toute ton existence te file entre les mains. C’est aussi précieux qu’une éponge qui boit tes litres de tristesse. Parce que la vraie délicatesse est toute d’intuitions. Il lui suffit de lire entre les lignes et le Ciel au fond n’appartient qu’à ceux qui savent lire entre les lignes.
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L’humain c’est formidable. Ça a beau être pourrissant, corrosif, destructeur, hystérique, parfois ça badigeonne la vie d’un grand coup de tout neuf. Et rien qu’avec un rire, ça vous glisse une image digne de tout l’Himalaya, ça vous recapitonne le moral de neige toute fraîche, un vrai bain de jouvence, un truc à ressusciter les morts.
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L’humain c’est formidable. Ça a beau être pourrissant, corrosif, destructeur, hystérique, parfois ça badigeonne la vie d’un grand coup de tout neuf. Et rien qu’avec le rire, ça vous glisse une image digne de tout l’Himalaya, ça vous recapitonne le moral de neige toute fraîche, un vrai bain de jouvence, un truc à ressusciter les morts.
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Elle avait ce truc qui calme les tempêtes, entoure les petits enfants d’un nuage de paix qui les fait s’endormir, procure aux gens âgés un regain d’innocence en effaçant leurs rides, redonnant à chacun le poids exact de sa propre lumière.

Je ne sais pas comment il faut les nommer ces êtres rares qui ont le don d’extraire le meilleur de nous-même. Des veilleurs, des voyants, des anges exilés, des bienveillants ? En tous les cas, ils font partie de ceux qui semblent s’oublier, pour, de toute leur force, nous permettre de nous extirper de nos affreuses chrysalides.
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