Sous couvert du pseudonyme Hannah, en hommage à
Hannah Arendt,
Juliette Kahane, raconte une saison au lycée Jean-Quarré, transformé en refuge pour des centaines d'exilés à l'été 2015.
Un livre qui se lit comme le journal de bord d'une bénévole curieuse, observatrice, participante qui décrit la réalité de cette maison de réfugiés, de ce bordel férocement joyeux et brutal, organisé autour de Mino, la despote des cuisines.
Les exilés Afghans, Soudanais, Erythréens, Tunisiens ..., comme les bénévoles, les membres des associations de solidarité doivent composer avec la nature mouvante de cette microsociété sans drapeau, aux langues mélangées, qui héberge les rancoeurs et le mépris des ethnies majoritaires envers les minoritaires, et devient le lieu de violences verbales, physiques.
« Au lycée on côtoyait la peur, la colère, l'idéalisme, la générosité, l'humour, la truanderie, la tristesse, l'espoir - mais jamais l'indifférence qui est l'ordinaire de la vie parisienne. »
C'est toute une vie qui se réinvente ... dans le chaos. Un chaos qui pousse les bénévoles à vérifier continuellement leurs raisons d'être là. « le bateau ivre s'enfonce dans l'obscurité. »
C'est franc, c'est précis, net, sans ambages, sans histoires édulcorées, c'est brut, c'est la réalité éprouvée, éprouvante. Pas de parti pris.
Au bout, peut-être, l'espoir d'une politique bienveillante.
Sujet brûlant, sujet intéressant. Et une belle réflexion sur ce qu'est l'engagement et les différentes formes qu'il peut prendre.
« Nous avons perdu notre foyer, c'est-à-dire la familiarité de notre vie quotidienne. Nous avons perdu notre profession, c'est-à-dire l'assurance d'être de quelque utilité en ce monde. Nous avons perdu notre langue maternelle, c'est-à-dire nos réactions naturelles, la simplicité des gestes et l'expression spontanée de nos sentiments. »
Hannah Arendt,
Nous autres réfugiés - citée en exergue
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