AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782812460692
166 pages
Editions Classiques Garnier (08/03/2016)
4.21/5   29 notes
Résumé :
La Lady Macbeth du district de Mtsensk de Nikolaï Leskov met en scène la première tueuse en série de la littérature russe et l’une des premières héroïnes de cette littérature à enfreindre l’interdit sexuel. Sous les dehors archaïsants du conte oral, ce texte souvent adapté au xxe siècle est éminemment subversif.
Que lire après La Lady Macbeth du district de MtsenskVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
4,21

sur 29 notes
5
5 avis
4
6 avis
3
1 avis
2
0 avis
1
0 avis
C'est vieux comme le monde. Un prejuge? Une excuse? Une blague? En tous cas ca a la vie longue. "Cherchez la femme". Qui n'a entendu cela? Qui ne l'a jamais dit, arborant sournoisement un sourire facetieux? Qui ne l'a jamais lu? Nombreux sont les livres qui l'utilisent ou meme ourdissent toute leur trame autour. A commencer par la Bible, ou les manigances d'Eve et du serpent qui lui siffle a l'oreille font choir Adam et lesent ainsi toute sa descendance, jusqu'a nous. A continuer par une piece qui brule les planches depuis des siecles, Macbeth, ou c'est la femme du heros qui le pousse en definitive au crime. Tellement celebre, cette piece, tellement renommee, cette femme, cette Lady Macbeth, que le russe Leskov en emprunte le nom pour titrer cette nouvelle.

La Lady Macbeth de Mtsensk, de son vrai nom Katerina Lvovna, differe beaucoup de l'ecossaise. Elle n'incite pas a tuer par ambition mais par amour. Et elle ne fait pas qu'inciter, elle prend part aux crimes, elle tue en compagnie de son amant. Elle se suicidera elle aussi a la fin, mais par depit de se voir delaissee, abandonnee et moquee par son amant et non pas bouffee de remords; qui plus est, son suicide sera aussi une vengeance, car elle entrainera avec elle dans la mort celle qui lui a ravi son amoureux. Et ce suicide prendra place pendant son periple a pied vers la Siberie, car elle a ete arretee, jugee et condamnee. Pas seulement par sa conscience ou par sa folie.

Mais laissons de cote Shakespeare et sa brumeuse Ecosse. Laissons ces comparaisons. Leskov nous parle de la Russie. Des conditions de vie des marchands des petites bourgades et de ceux qui les servent. De leurs differentes moeurs. De la justice expeditive des hauts fonctionnaires du Tsar et des moyens simples de soudoyer les petits, depuis un kopeck, une grivna (= 10 kopecks), jusqu'a plusieurs tchertverki (= 25 kopecks). Des marches forcees de condamnes jusqu'en Siberie profonde. Et des emportenents amoureux a la russe. Ah! L'ame russe! Je sais, c'est un poncif qui ne correspond surement a rien, mais tout de meme, ah! l'ame russe! Si ce n'est qu'un poncif, Leskov le manie si bien... Et si c'est plus qu'un poncif, Leskov le travaille admirablement, par courtes phrases, par petites touches rouges et noires, pour les gerber en une nouvelle tres aboutie. Ou une passion demesuree fait depasser toutes les bornes, restant aveugle et sourde aux mandements moraux, aux lois de la societe, au qu'en-dira-t-on. Ce n'est pas un hasard si le grand Dimitri Chostakovitch s'en est servi pour en faire un opera (il est vrai que le Macbeth shakespearien etait deja pris par Verdi).

L'ame russe? Leskov a modestement, et je crois bien amplement, contribue au peu ou au prou que ces mots voudraient traduire. Et il reste, apres plus de cent ans, agreable a lire. Tres. Malgre le sujet. Ou grace a lui..
Commenter  J’apprécie          456
La Lady Macbeth de Mtsenk est un petit conte terrifiant sur les effets de la passion amoureuse.
L'histoire, tout au début du récit à des accents d'Emma Bovary, une jeune femme : Katerina, épouse d'un vieux marchand s'ennuie. Profitant de son absence, elle prend un amant.
La suite du récit nous plonge dans l'univers de Lady Macbeth, d'où le titre du livre.
En effet, pour donner libre cours à sa passion amoureuse, Katerina n'hésite pas à tuer férocement, d'abord son beau père, son mari, et l'enfant héritier.
Tout un ensemble de thèmes et de motifs renvoient à la pièce de Skakespeare : crimes accomplis la nuit, animaux maléfiques, hallucinations...
La fin du roman nous entraîne avec les deux amants vers l'exil et la déportation en Sibérie.
Un récit haletant, tragique qui nous offre un bon moment de lecture.
Commenter  J’apprécie          455
Suite à ma lecture du roman de Julian Barnesle fracas du temps – je me suis décidée à lire cette nouvelle de Nikolaï Leskov publiée en 1865. En effet, elle a été adaptée en opéra par Chostakovitch en 1934 :

https://www.youtube.com/watch?v=JiaeqaYo3lg

Il y a également eu plusieurs adaptations cinématographiques. La plus récente est ‘The Young Lady' avec Florence Pugh dans le rôle principal (Oldroy, 2016).

Katérina est mariée à un marchand. Elle n'a pas d'enfant et on lui reproche sa stérilité. Il n'est bien sûr pas envisagé que le problème vienne du mari.

« L'ennui était démesuré dans cette maison… il plongeait bien souvent la jeune femme dans une amertume allant parfois jusqu'à l'hébétement... »

Quand elle rencontre Serguéy, elle succombe à la passion et élimine froidement chaque obstacle sur sa route. Elle va commettre plusieurs meurtres qui vont la conduire à être déportée en Sibérie avec son amant. Celui-ci va alors se désintéresser d'elle pour une autre femme. Cela se terminera tragiquement.

Ce n'est pas le genre d'histoire que je préfère mais j'ai bien aimé l'écriture de Leskov. Je poursuivrai plus tard avec son roman ‘Le voyageur enchanté'.



Challenge XIXe siècle 2022
Challenge musical 2022-2023
Challenge littérature slave orientale
Commenter  J’apprécie          354
Cette nouvelle de 1865 de Nikolaï Leskov est une variation sur Macbeth, une des plus célèbres pièces de Shakespeare. On y retrouve le thème de l'origine du mal et celui du couple criminel. Mais si Macbeth et Lady Macbeth faisaient le mal pour assouvir leur soif de pouvoir, ce n'est pas le cas de Katerina Lvovna, l'héroïne de Leskov. Mariée à un riche et vieux marchand, le plus souvent absent pour ses affaires, la jeune femme s'ennuie à mourir dans son domaine. Elle est alors séduite par un beau valet de ferme, auquel elle cède après quelque résistance et pour lequel elle finit par éprouver la plus vive passion. Une fois ce premier pas franchi, plus rien ne l'arrête. Aidée de son compagnon, elle va alors éliminer tous les obstacles sur sa route, commettant une série de crimes, tous plus horribles les uns que les autres, et devenant ainsi, en quelque sorte, la première tueuse en série de la littérature russe !
L'écriture de la nouvelle s'inscrivait dans un contexte d'émancipation de la femme russe. Ce mouvement se voulait progressiste mais Leskov va prendre le contrepied des grandes idées de son temps. C'est parce que Katerina Lvovna a enfreint l'interdit sexuel qui pèse sur la femme russe qu'elle devient une meurtrière. Pour l'auteur, le mal trouve donc son origine dans la libération sexuelle des femmes, porte ouverte selon lui à tous les excès, au dérèglement des moeurs et au désordre social. Cette pensée conservatrice peut être rapprochée de celle de Tolstoï. Lui aussi reconnaissait la nécessité de l'émancipation des femmes, pour mettre fin à l'hypocrisie qui faisait que seule la sexualité masculine avait le droit de s'exprimer, mais il a fini par condamner toute activité sexuelle, même au prix de la survie de l'humanité !
Si l'aspect moralisateur du texte peut nous paraître aujourd'hui très daté, ce portrait d'une meurtrière n'en demeure pas moins saisissant. le parallèle avec Lady Macbeth est évident, Katerina Lvovna cause elle-même sa propre perte, mais les divergences entre les deux héroïnes sont nombreuses. Lady Macbeth ne tue personne dans la pièce de Shakespeare, elle se contente, si l'on peut dire, d'être l'instigatrice des meurtres de son mari. Katerina Lvovna, elle, tue de ses propres mains : on la voit même serrer les mains de son compagnon en train d'étrangler le cou de son innocente victime ! Et surtout, Lady Macbeth expie ses crimes dans la folie, elle se damne et le bien finit par triompher quand Macbeth meurt à son tour. Nulle trace de culpabilité chez Katerina Lvovna, pas de victoire finale du bien non plus, au contraire.
Jamais l'auteur ne cherche à expliquer le comportement de son héroïne. Rien d'ailleurs dans son attitude initiale ne pouvait laisser supposer qu'elle finirait par agir ainsi par la suite. Leskov se garde bien de toute explication à la mode naturaliste, il n'est pas Zola ! Mais il nous montre que l'existence d'individus sans moralité aucune, capables de tout pour assouvir leurs passions, qui restent insensibles aux commandements moraux ou aux lois sociales, est rendue possible quand l'interdit religieux n'a plus cours, quand les valeurs morales ne sont plus dictées par une instance supérieure. Son texte a d'autant plus de force qu'il reprend la tradition russe du conte : le contraste entre ce mode d'écriture désuet et la modernité du propos est saisissant. Un portrait glaçant mais malheureusement encore très actuel !
Commenter  J’apprécie          210
 Au début du XVIIème siècle Shakespeare écrivait l'une de ses plus célèbre pièce ; « Macbeth ». Deux siècles et demi plus tard, l'écrivain Nikolaï Leskov s'en inspire pour une intrigue qu'il place dans sa Russie contemporaine : « La Lady Macbeth du district de Mtsensk ».
Amour adultère, trahison, meurtres... situations pourtant extrêmes , tempérées, maîtrisées par une justesse des tons et des contours qui réussit à ménager une étrange quiétude jusque dans la plus sourde violence. Ainsi, c'est impassible et sans l'éclat des tragédiennes que Katherine impose la démesure de sa passion... on reconnaîtra dans l'héroïne Katherine un peu de Mme Bovary et des soeurs Brönte, quelque chose de Tchekhov et beaucoup de Vermeer dans l'atmosphère.....
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          240

Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
- Va t'en, a dit Katerina Lvovna une demi-heure plus tard sans un regard pour Sergueï; elle arrangeait ses cheveux en désordre devant une petite glace.
- Et pourquoi donc que je m'en irais à c't'heure? a répondu la voix heureuse de Sergueï.
- Mon beau-père va fermer les portes.
- Ah bah, mon coeur, mon coeur! Quelles sortes d'hommes tu as connus, pour qui la porte est le seul chemin pour entrer et sortir de chez une femme? Moi, pour venir à toi ou pour te quitter, je trouverai des portes partout, a répondu le jeune gars en désignant les poteaux qui soutenaient la galerie de bois.
Commenter  J’apprécie          272
"Maudis le jour de ta naissance et meurs". Celui qui ne désire pas entendre ces mots, celui que la pensée de la mort en cette triste situation ne console pas mais effraie, celui-là essaie d'étouffer ces voix hurlantes par quelque chose de plus hideux encore. C'est ce que l'homme simple comprend parfaitement : il donne alors libre cours à sa simplicité de bête, fait l'imbécile, se rit de lui-même, des autres hommes, des sentiments. Alors que sans ça, il n'est pas particulièrement tendre, il devient foncièrement mauvais.
Commenter  J’apprécie          20
Un crépuscule tiède et laiteux descendait sur la ville. Le Zinovi Borissytch n’était toujours pas rentré du barrage. Le beau-père n’était pas à la maison lui non plus : il s’était rendu en ville pour la fête d’un de ses vieux compères, il avait même demandé qu’on ne l’attende point pour le repas du soir. N’ayant rien d’autre à faire, Katerina Lvovna avait dîné tôt, elle était montée dans sa chambre sous le toit, avait ouvert la fenêtre et, appuyée au chambranle, elle écossait des graines de tournesol.
Commenter  J’apprécie          10
Ce sont les maris et leurs femmes qui s'embrassent de cette façon, comme pour s'enlever la poussière des lèvres, a dit Katerina Lvovna en jouant avec les boucles de Sergueï. Embrasse-moi si fort que les jeunes fleurs de ce pommier, tu vois, celui qui est au-dessus de nous, tombent à terre comme la pluie. Comme ça, voilà, comme ça, a murmuré Katerina Lvovna en se tordant autour de son amant et en l'embrassant avec une ardeur passionnée.
Commenter  J’apprécie          10
L'amour qu'elle éprouvait pour le père, comme c'est le cas pour beaucoup de femmes trop passionnées, ne s'étendait nullement à l'enfant. Et d'ailleurs, plus rien n'existait pour elle : ni lumière, ni ténèbres, ni bien, ni mal, ni joie, ni tristesse ; elle ne comprenait rien, elle n'aimait personne et ne s'aimait même pas elle-même. Elle n'attendait avec impatience qu'une seule chose, le départ du convoi, où elle espérait revoir son Serioja chéri, et elle en oubliait de penser au petiot.
Commenter  J’apprécie          00

Video de Nikolaï Leskov (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Nikolaï Leskov
The Young Lady (2016) - Bande annonce
autres livres classés : littérature russeVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (48) Voir plus



Quiz Voir plus

La littérature russe

Lequel de ses écrivains est mort lors d'un duel ?

Tolstoï
Pouchkine
Dostoïevski

10 questions
437 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature russeCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..