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René Solis (Traducteur)
EAN : 9782864246121
124 pages
Editions Métailié (12/04/2007)
3.51/5   70 notes
Résumé :
Dans une petite ville du fond de l'Argentine, un homme et une très jeune femme attendent un autobus dans un café, il passe mais sans s'arrêter. Il y a quatre jours maintenant que l'avocat Ponce amène sa sœur pour prendre cet autobus et qu'il ne s'arrête pas. Les jeunes gens décident de partir à pied le long de la voie ferrée. Le village s'interroge. Il s'est passé quelque chose dans le pays que tout le monde ignore ici. Sous l'orage qui gronde sans jamais éclater, d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (26) Voir plus Ajouter une critique
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« El colectivo », en V.O., s'ouvre sur cette phrase de Milan Kundera, qui résonne singulièrement pour le lecteur de de Beauvoir :
« Le roman n'est pas une confession de l'auteur, mais une exploration de ce qu'est la vie humaine dans le piège qu'est devenu le monde. »
Assis sur un banc, réfléchissant vaguement à cet épigraphe tchèque, alors que le tram me passe devant… J'en oublie tout ce qui m'apparaissait clair, un moment auparavant, à la lecture de ce court roman.
Sec, nerveux, poussiéreux, renfermé… traversé par une multitude de frontières… des images de notables de province étriqués… rafraichi par ces rares personnages doués d'un peu d'humanité, au milieu des autres…
Ce Collectif est économe, justifiant de l'absurde ces vies qui ne communiquent pas.
De son personnage principal, Ponce, nonchalant sociopathe, dont seule la petite soeur semble vivre réellement, à la figure de Gòmez, unique habitant de ce trou à circuler librement, en son coeur et à la face des autres, ce livre laisse une nette impression d'évidence, qui s'affadit une fois l'autobus passé, sans compromettre son efficacité.
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Un soir comme les autres dans une paisible bourgade perdue d'Argentine : un voyageur de commerce et sa compagne (un peu jeune pour lui, peut-être...) prennent un verre au café, attendant l'autobus qui les ramènera en ville. Depuis l'autre côté de la voie ferrée (le « mauvais » côté, celui des pauvres et de la racaille), Ponce arrive à pied avec sa femme et sa soeur, accompagnant cette dernière au même arrêt de bus. le « colectivo » arrive... mais ne s'arrête pas. Stupeur, incompréhension, colère, mais on finit par admettre que la seule chose à faire est d'attendre le passage du bus le lendemain. Les deux jours suivants, le même scénario se reproduit. Interrogations et conjectures vont bon train. Et d'ailleurs, à propos de train, pourquoi la barrière du passage à niveau est-elle bloquée ? Pourquoi un wagon vide est-il arrêté sur la voie non loin du village ? Pourquoi ne sait-on rien ? Ne supportant pas l'attente et son désoeuvrement, le voyageur et son amie décident de partir à pied, en longeant la voie ferrée.
Pendant que la tension monte, les informations arrivent au compte-gouttes, par la radio, par les journaux, déformées par la rumeur et, surtout, la propagande du régime. Parce que oui, forcément, en Argentine, en 1976, qui d'autre détient le pouvoir, les moyens de communication et le droit de vie et de mort, sinon la junte militaire qui vient de renverser le gouvernement d'Isabel Peron ? La chasse aux « subversifs » est désormais ouverte, par les moyens les plus tordus et dans une opacité complète (« Le silence, c'est la santé »).
Cette petite ville isolée où les ondes de choc du coup d'Etat se propagent depuis la capitale, même si elles sont amorties par la distance, est aussi le décor d'un autre drame, privé mais tout aussi opaque et silencieux, celui de Ponce, ou plutôt celui qu'il fait subir à sa femme. Lui, le brillant avocat qui a renoncé à une grande carrière à Buenos Aires pour s'enterrer dans ce bled, du mauvais côté de la voie ferrée, dans le seul but, monstrueusement pervers, de se venger de sa femme.
Dans un style sobre et vif, Eugenia Almeida nous emmène, subtilement mais résolument, au coeur d'une des pages les plus sinistres de l'histoire de son pays. En 120 pages, elle installe une ambiance malsaine et pesante, qui vous laisse un goût amer en bouche, tel un maté qui aurait infusé un peu trop longtemps. Amer, puissant et évocateur. Une fois à bord, vous ne pourrez plus en descendre avant le terminus. Alors ne laissez pas passer l'autobus.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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« La solitude n'est pas si mauvaise. Elle protège. »

Vous auriez dû écouter Victoria, la « petite » soeur de Ponce a compris.

Ponce. Marta. Mariés pour le pire avant tout. Vous vous êtes rencontrés furtivement, un soir triste, une envie de rompre la solitude il y a des décennies de ça, pas la meilleure des idées.

Et ce couple anonyme, elle en robe blanche, lui avec sa valise, vagabond de passage dans ce village où personne ne peut être ombre…

En très peu de lignes, Eugenia Almeida a installé une ambiance très particulière, pesante, dans ce roman où les peurs se croisent et nourrissent l'aveuglement des gens, chacun se renfermant en lui-même, gratifiant sa propre ignorance.

Avec sobriété elle raconte des destins fracassés qui vont se croiser dans ce village au moment où L'autobus doit passer les prendre. Mais l'autobus ne s'arrêtera pas. Il ne ramènera ni la petite Victoria, ni ce couple venu sans doute s'encanailler loin des regards… peut-être plus tard, l'autobus repassera et emportera les souvenirs amers.

« Le silence, c'est la santé » ...dans un système détraqué, manifestement, et ce, qu'il soit familial ou politique. L'autobus ne s'arrêtera pas ce soir.
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Tandis que la dictature militaire s'affirme en Argentine, les habitants de ce petit village de la province de Cordoba se croient épargnés : la rumeur exagère sans doute les échauffourées dans les grandes villes, tout rentrera dans l'ordre. Mais les menaces se précisent lorsque l'autocar ne s'arrête plus, rendant infranchissable la frontière entre les deux côtés (riches et respectables vs pauvres et minables).

Ambiance pesante dans ce roman aux allures de fable, qui rappelle certaines pièces sombres de Sartre et de Tennessee Williams.
Les caractéristiques de la dictature argentine sont évoquées plus ou moins explicitement : censure, manipulation de l'information, "disparitions", arrestations et exécutions sauvages pour l'exemple, encouragement à la délation. Paranoïa du peuple attisée par le pouvoir en place. Ne faites plus confiance à personne, apprenez à suspecter chaque inconnu d'abord, puis vos voisins et même les membres de votre famille, autant de "subversifs" en puissance. Ne réfléchissez plus et taisez-vous.
Dans un petit coin de ce triste cadre, on découvre une autre histoire sordide, celle du couple Ponce. L'auteur l'esquisse en quelques pages au milieu du récit à travers le portrait de cet avocat « raide comme la justice ». Homme dur et froid comme un bloc de pierre, figé dans son orgueil démesuré, faisant payer cher à sa femme une humiliation (née d'un malentendu ?) et piégé lui-même par la punition qu'il lui inflige.
La destinée sinistre de ce couple n'est pas liée au régime politique en place, mais elle lui ressemble et l'auteur l'inscrit habilement dans l'histoire à la façon d'un emboîtement de poupées russes. Une dictature qui isole l'individu, le réduit au silence, au néant. Comme le fait cet homme en brisant sournoisement son épouse, petit oiseau en cage qui s'échappe par ses rituels rassurants (et flirtant avec la folie ?).

Même si (ou parce que ?) l'auteur lance cette histoire de domination au passage, mine de rien, et n'y revient pas ou si peu, c'est cet épisode qui m'a le plus marquée. Je referme ce roman oppressant et dérangeant sur l'image de cette femme brisée.
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Un autobus qui ne s'arrête plus pour prendre des passagers, c'est quand même léger comme point de départ d'un roman.
Et pourtant, très rapidement, j'ai été happée par ce récit.
L'histoire se passe dans un village isolé en Argentine, et outre l'autobus qui circule mais ne s'arrête pas, d'autres évènements vont avoir lieu, rien de bien méchant, juste des détails, mais mis bout à bout, tout prendra un sens assez dramatique à la fin puisque le récit s'inscrit dans une période de dictature où de nombreuses personnes pouvaient disparaître soudainement sans qu'on ne les revoie jamais.
J'ai lu avec plaisir ce roman, mais quelques jours après, il s'estompe déjà de ma mémoire.
Peut-être que le mystère tant attendu n'était pas à la hauteur de mes attentes.
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critiques presse (1)
Telerama
26 septembre 2012
Peu à peu, ce roman minimaliste prend une superbe dimension épique pour évoquer un pays ­écrasé par la dictature militaire.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Victoria apprend à tout voir et à garder le silence. La bibliothèque est fermée. Ils disent que c'est pour cause d'inventaire mais elle sait que ce n'est pas vrai. Ou pas complètement. Ils font l'inventaire des livres. Et quelques-uns, magiquement, se perdent. Ils perdent des pages, sont volés, mouillés, déchirés, brûlés. Perdus. Comme certaines personnes. Le contremaître la prévient qu'il a enterré deux corps. Qu'il les a trouvés la veille au soir. Des impacts de balles, mademoiselle. Ils devaient être morts depuis deux ou trois jours. Deux garçons. Non, ils ne sont pas d'ici. Non, [je n'ai pas prévenu] la police, non. Ils doivent être au courant. (p. 87)
[Argentine, milieu des 70's]
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Ecoute, petite, toi tu es toute la journée toute seule, à te triturer les méninges. Tu t’imagines des choses qui n’existent pas. Peut-être que oui, qu’il arrive qu’en ville une erreur soit commise. Mais après, ils la corrigent. Un point, c’est tout. Ici ils ont bien fait de venir. Ils nettoient le village, ils nous protègent. Ils nous permettent de continuer à vivre tranquillement. Et tu aurais vu leur allure ! Les uniformes que portaient les officiers, les cheveux bien coupés, la moustache impeccable. Ils étaient parfaits.
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- Mon père dit que l'autobus ne s'arrêtera plus jamais.
- Il faudra bien qu'il s'arrête quand il n'aura plus d'essence.
- Mais non, idiot, c'est dans le village qu'il ne s'arrêtera plus jamais.
- Et alors ? De toute façon, nous on ne va jamais nulle part.
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"Excusez-moi. Mon travail n'est pas simple. Moi aussi, je dois obéir sans poser de questions. Vous en êtes conscient ? Moi, on m'envoie un ordre et je le fais exécuter. Et si je ne comprends pas, cela ne fait rien. En plus, mes supérieurs ne sont pas ici, ils ne savent pas comment est la situation ici. Je connais tous les habitants du village. Je connais les parents, les frères et soeurs. A Cordoba, ils attrapent un type, le mettent en prison et ne savent même pas comment il s'appelle."
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Tout allait toujours bien.Et son rire,détaché des choses,battait contre le temps comme une cloche stupide.Qui sait ce qu'elle pouvait bien voir à l'intérieur,ce qui déclenchait ce reflet creux,ce rire aigu et convulsif qui rendait Ponce nerveux.
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Vidéo de Eugenia Almeida
Lise Belperron présente "L'échange" d'Almeida Eugenia .Lise Belperron vous présente "L'échange" d'Almeida Eugenia Métailié. Parution le 25 août aux éditions Métailié. Rentrée littéraire 2016. Retrouvez le livre : http://www.mollat.com/livres/almeida-eugenia-echange-9791022601412.html Notes de Musique : Suicide by Severin. Free Music Archive. Visitez le site : http://www.mollat.com/ Suivez la librairie mollat sur les réseaux sociaux : Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/ Dailymotion : http://www.dailymotion.com/user/Librairie_Mollat/1 Vimeo : https://vimeo.com/mollat Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/ Tumblr : http://mollat-bordeaux.tumblr.com/ Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat Blogs : http://blogs.mollat.com/
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