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EAN : 9782072584800
Gallimard (31/12/2014)
3.76/5   60 notes
Résumé :
En juin 1940, en pleine débâcle, Aristides de Sousa Mendes, consul du Portugal à Bordeaux, sauva la vie de milliers de personnes en désobéissant à son gouvernement. Entre trente mille et cinquante mille réfugiés de toutes nationalités et religions bénéficièrent d’un visa signé de sa main qui leur permit de fuir la menace nazie. Plus de dix mille juifs échappèrent à une mort certaine dans les camps.
Relevé de ses fonctions, exilé dans son propre pays, oublié d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (25) Voir plus Ajouter une critique
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Les héros sont des hommes ordinaires. Ils ne sont pas des anges, ils doutent, mais le jour J, ils prennent le parti de ce qui est juste et humain plutôt que celui du respect des règles. Il n'y a aucun mérite à être courageux quand on n'a pas peur et le consul n'était pas un homme inconscient.

Aristedes est de ceux-là, un monarchiste pas très opposé à Salazar, un catholique qui trompe sa femme, un fonctionnaire qui parfois détourne de l'argent public. Un homme fasciné par Victor Hugo, qui blanchit comme lui, l'espace d'une douloureuse nuit de tempête sous un crâne.

Je connaissais l'histoire du consul du Portugal pendant la débâcle de juin 40 à Bordeaux, qui fit son possible pour sauver des vies, profitant de l'épouvantable chaos pour délivrer entre 30000 et 50000 visas à des réfugiés fuyant devant les troupes du Reich. Ce roman le rapproche de nous . Ce ne sont pas tant les éléments biographiques connus qui importent, mais comment le Consul en est venu à cette décision irrévocable qui le situe à contre courant des collaborateurs du nazisme et de la neutralité officielle de son pays.

Il est construit comme le journal d'un homme à sa maîtresse qui devint plus tard sa seconde épouse pour lui faire partager son histoire au travers de ses errements, faiblesses et autres petits arrangements avec la vie . Ce faisant, l'auteur tente la reconstitution du paysage intérieur de son personnage, de saisir la vérité de l'homme .

Il a choisi l'humain, ça s'est imposé à lui comme une évidence, et il a tout risqué et tout perdu, carrière, argent, position sociale. Salazar a même récupéré son action à son profit .

L'histoire ne dit pas si les dirigeants d'après ont réhabilité sa mémoire par un acte fort, mais Salim Bachi lui, s'en est très bien occupé avec sa prose lyrique . Il en fait un héros hugolien, un Jean Valjean lusitanien. Il nous raconte le choix d'un homme qui a sauvé des vies de milliers de réfugiés qui fuyaient la guerre, une leçon d'humanité qui devraient nous inspirer en ces temps troublés .
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Le Consul est un récit sur Aristides de Sousa Mendes, un des Justes qui sauva des milliers de juifs de la déportation et leur permit de s'échapper en Espagne puis en Amérique. C'est un récit bouleversant par moments. La torture que s'inflige le consul nous touche : le choix entre la vie et mort. le style est simple et direct, il ne faut pas le lire d'une traite pour pouvoir mieux apprécier et ne pas tomber dans l'ennui à cause des longueurs. Avec ce livre, on en apprend plus sur la dictature salazariste et la bureaucratie portugaise. L'auteur nous décrit aussi la ville de Bordeaux qui est au centre du roman. Salim Bachi rend justice à ce consul héroïque qui fut injustement oublié. Il est louable de vouloir mettre en valeur Aristides de Sousa Mendes pour pouvoir le sortir de l'anonymat et faire connaître au plus grand nombre son acte de désobéissance. le courage de l'auteur lui a permis de sauver des milliers de vies. C'est un roman qui nous fait réfléchir au sens de nos choix et de nos actes.
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« J'ai désobéi devant Dieu et les hommes et je ne sais lequel de ces péchés a été le plus lourd à porter, pourtant tous deux ont été commis par amour. » Ainsi commence le livre de Salmi Bachi.
Aristides de Sousa Mendes, ancien consul du Portugal à Bordeaux pendant la débâcle est sur son lit de souffrance et de mort. Andrée, sa seconde femme, son péché envers les hommes, est à son chevet. Il se souvient.

Noble portugais, ayant toujours refusé la chute de la monarchie, c'est un homme de son temps, catholique, croyant, pratiquant, avec femme et 14 enfants, la pilule n'existait pas et nous sommes dans un pays catholique de chez catholique. Il suit la carrière diplomatique pour faire comme son frère jumeau, mais sans son aura.

Que se passa t-il à Bordeaux pendant ces 3 jours de juin, du 14 au 17, où le Consul s'enferme dans sa chambre dans le noir absolu, l'isolement le plus complet ? « Je dormis trois longues journées et trois longues nuits dans mon appartement bordelais pendant que les armées du Démon enfonçaient les lignes françaises, transperçaient t le pays de part en part, violaient Paris. » Quelles furent ses réflexions, ses peurs, ses hurlements, ses croyances, ses pensées ? Est-ce le remord de voir sa maîtresse enceinte de ses oeuvres ? Est-ce sa haine de Salazar ? Est-ce sa foi chrétienne ? Je ne sais, mais un matin, il se leva et « Je n'étais plus le même homme. J'étais mort pendant cette nuit ». Cet homme dans la plénitude de l'âge, un peu médiocre, il faut bien le reconnaître, a décidé d'obéir à la loi de dieu plutôt qu'à celle des hommes.
« Je ne laisserais pas mourir ces femmes et ces hommes qui étaient venus à moi à travers les épreuves et la mort, ces enfants qui avaient traversé l'enfer pour me trouver, je ne devais pas les abandonner, et puisqu'il était en mon pouvoir de consul général du Portugal de les aider, je devais le faire en mon âme et conscience de chrétien qui se devait de porter secours à d'autres êtres humains dans l'affliction et la peine… ». Refusant d'appliquer la circulaire du 14 janvier qui interdit de délivrer des visas aux juifs et autres errants, il signe à tour de bras, tamponne visas, cartes d'identité, voire feuilles volantes lorsque les pauvres hères ont tout perdu.

Consul sous Salazar qu'il exècre, le Portugal, neutre, n'a de cesse de faire des courbettes devant l'Espagne et l'Allemagne pour ne pas que soit brisé leur accord de neutralité. Pourtant, après la victoire des alliés, ce même Salazar, s'attribue les mérites de la désobéissance du Consul et l'arrivée en masse de réfugiés dans son pays avant leurs départs pour un ailleurs meilleur. Aristides de Sousa Mendes ne tire, quant à lui, que brimades, souffrances de cet acte plus que courageux. Salazar ne reviendra jamais sur sa décision de destituer le consul de toutes ses fonctions. Sans argent, il va même manger à la soupe populaire !

Bien que fervent admirateur de saint François d'Assise, Aristides de Sousa Mendes, consul du Portugal à Bordeaux n'en a pas suivi un des préceptes écrit en préface de ce livre : « L'homme obéissant doit être comme un cadavre qui se laisse mettre n'importe où, sans protester ». Heureusement pour les dizaines de milliers de personnes qu'il a sauvées des camps de la mort ou d'une exécution pendant la seconde guerre mondiale. Cet homme finit pauvre, miséreux, oublié de tous dans un monastère, vêtu de bure comme son modèle.

Le livre de Salim Bachi rend un fervent hommage à Aristides de Sousa Mendes. Merci à lui de me faire découvrir cet homme qui « perméable à toute la souffrance du monde » a agi, peut-être en bon catholique qu'il était mais, surtout en Juste (bien que le mot n'existât pas encore pour désigner ces actes de résistance). Un Juste parmi les Justes.

Un livre que j'ai lu d'une seule traite. L'écriture nerveuse de Salim Bachi , amplifiée par l'utilisation du je au lieu d'une narration simple, rend palpable la frénésie de l'urgence.


Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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Ce livre raconte par sa propre voix la désobéissance d'Aristides de Sousa Mendes, consul du Portugal, qui sauva des milliers de réfugiés sans distinction de race, de religion ou de condition sociale en juin 1940 à Bordeaux. Aristides est mourant et ses pensées fusent en désordre mais revenant sans cesse vers cette période de juin 1940 où sa vie a basculé. Un témoignage poignant qui réhabilite un juste et qui fut traité par son pays en traitre. Je ne connaissais pas cet homme, comme beaucoup dans mon entourage et je comprends pourquoi Salim Bachi a choisi de nous crier littéralement son histoire. le livre est court mais cinglant. Curieuse j'ai effectué quelques recherches et je suis tombée sur un site où figure une liste des réfugiés sauvés. J'y ai découvert les noms de :
DALÍ, Elena Ivanovna “Gala” née DIAKONOVA
Age 46 | Visa #2520
DALÍ, Salvador
Age 36 | Visa #2519
Je vous poste le lien : http://sousamendesfoundation.org/recipients
Je vous invite à faire connaissance avec ce grand homme qui mourra toutefois avec un regret, celui de n'avoir pu signer encore plus de visas…
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La plume fertile de Salim Bachi se substitue à celle d' Aristides de Sousa Mendes do Amaral e Abranches pour raconter, en une longue élégie , le dernier épisode de sa vie de consul général du Portugal à Bordeaux.
C'est une écriture puissante, intelligente qui dit le désarroi, le repentir de cet homme porté par son destin.
De Sousa Mendes dévoile sa liaison extra-conjugale avec Andrée qui lui donna son treizième enfant. Il fallait payer pour ce péché de chair. Ce sera sa mise au ban de la société pour être passer outre aux instructions de son pays, posées par la circulaire n° 14 du 11 novembre 1939 qui proscrivaient la délivrance de visa aux étrangers détenteurs d'un passeport « Nansen » du nom d'un norvégien, haut-commissaire pour les réfugiés à la Société des Nations, primé par le Nobel de la Paix qui avait mis en oeuvre ce document de substitution pour les déplacés qui , du jour au lendemain, expulsés de leur pays, perdaient leurs racines en devenant apatrides.
Ainsi, De Sousa sauva d'une mort certaine entre 30 000 et 50 000 personnes.
Ce livre c'est son acte de contrition. Une longue confidence comme une repentance.
Personnellement j'aurais apprécié, pour mieux connaître ce fait authentique, une spontanéité moins lyrique, je m'attendais à un récit plus pragmatique livrant plus de détails sur cet épisode de l'Histoire et non l'épanchement de ce diplomate mis au banc de la société.
Cependant, ce témoignage m'a permis de rencontrer Salim Bachi , son style élégant, son écriture inventive, talentueuse. …
Prochaine lecture « le dernier été d'un jeune homme » , ce livre qu'il a consacré à Camus m'avait échappé !

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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Parfois il suffit d'un homme dressé seul face à l'abîme pour déchirer le voile des ténèbres, un homme encore dans toute la force de l'âge, inflexible, sûr de son droit, fanatique. J'ai été cet homme pendant ces quelques jours de juin 1940, pendant la débâcle française alors que le monde libre s'écroulait, que Winston Churchill haranguait la France pour qu'elle ne capitulât pas devant l'avancée ennemie et se souvînt de Clemenceau arpentant les lignes du front pendant la Grande Guerre. Mais Clemenceau est mort depuis longtemps, paix à son âme , et il ne reste rien de cette France-là. Elle avait était ensevelie dans les tranchées, elle n'était plus qu'un corps sans vie et sans âme, elle avait perdu la foi, elle s'était ouverte les entrailles sur le Chemin des Dames, dans l'enfer des bombardements(...)elle n'était plus qu'un épouvantail sur des champs de blé(...) et ces maréchaux séniles qui dirigeaient son armée n'étaient que les spectres de cette France enterrée dans les fosses communes de Champagne, d'Artois et d'Argonne. Cette France capitula. Elle le fit le 17 juin par la voix de Pétain.
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Le 14 juin, je me rendais à l'évidence. La France c'était livrée, il n'y avait plus rien, un gouvernement fantoche à Bordeaux, un vieillard indigne qui s'apprêtait à vendre son pays pour pactiser avec le démon. Alors je fermais les rideaux de ma chambre pendant trois jours, de la date du repli du gouvernement français à Bordeaux jusqu'à la démission de Paul Reynaud, poussé vers la sortie par le maire de Bordeaux en personne, Adrien Marquet, et un Catilina de petite envergure, Pierre Laval, vermine de la même espèce que ces hommes qui dirigeaient le monde depuis deux décennies, démons et diables divers, insectes nuisibles.
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Nous nous sommes aimés comme des oiseaux dans les arbres.
Un lourd fardeau, Andrée, que de vivre dans le péché et le mensonge, mes cheveux en ont blanchi, et toi tu ne voulais pas me quitter. Tu étais jeune pourtant, l’âge de Pedro Nuño, mon fils. Ensuite tu es tombée enceinte, je ne pouvais plus me cacher, je me suis confessé, j’en ai parlé à Angelina.
Je ne suis pas bête, je sais qu’une femme ne pardonne jamais ce genre de choses, jamais, mais elle l’a toléré, et lorsque est venu le temps de l’expiation, elle est restée à mes côtés, acceptant tout, la défaite et la pauvreté comme si elle désirait partager avec moi l’épreuve ultime, cette désagrégation de l’être social, cette disparition du moi qui nous tient éloignés de ce cœur ardent de l’amour infini que Dieu déverse chaque jour sur chaque homme et femme, sur chaque grain de poussière, sur les fourmis, les abeilles, les fleurs, les arbres, sur chaque animal, du plus petit au plus grand, du vertébré à l’informe, sur les champs de blé agités par le vent, quand le grain doré danse avec la lumière, sur la mer remuante et glauque, sur les océans et les pôles glacés, sur chaque continent, de l’Afrique à l’Amérique, de l’Asie à la vieille Europe, sur les routes de France où sont morts tant de gens, englués dans une guerre absurde et sans merci, poussés vers les canons ennemis par des fous bien plus fous que nous.
Je me suis lentement désagrégé, ma chère Andrée, un peu comme cette création diabolique, la bombe atomique, se nourrissant de sa propre énergie, soleil à rebours, concentré en un point incandescent dans l’espace infini. L’amour de Dieu vous détruit pour mieux vous laver de toute impureté. Nous sommes un amas de désirs, de folies, d’atomes qu’il faut brûler pour accéder à la véritable foi, au véritable amour. C’est ce que j’ai accompli en désobéissant, toutes ces vies sauvées. Cela n’était que le début de cette purification, la mise à feu avant d’atteindre la masse critique, la première fission, celle qui déclencherait la réaction en chaîne.
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Que Dieu me pardonne,, la diplomatie est l’affaire du diable le plus souvent.
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J’aurais tant aimé monter avec lui à bord de ce bateau comme je l’avais fait à son âge et partir vers les Amériques, accompagné de ma jeune épouse, Angelina, le regard encore empli d’espoir et de merveilles, le regard clair d’un jeune homme sûr et fier, un homme du passé sans doute et qui quittait son pays pour de longues années, certain que la splendeur du Portugal serait éternelle, un conquérant comme Vasco de Gama, mais ce siècle n’était plus au rêve, le Portugal appartenait à cette nouvelle race d’hommes surgis des tranchées de la Grande Guerre ou grandis à l’ombre des palais sombres et froids des républiques, fomenteurs et comploteurs, militaires de carrière et séditieux comme Franco, Hitler ou Mussolini, fornicateurs froids, reptiles, rats des catacombes, poissons des vases ; une humanité des songes noirs.
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