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EAN : 978B00LWPSXLU
9 pages
(17/07/2014)
4.43/5   7 notes
Résumé :
Extrait: Soir noir.Neige blanche.Il vente, il vente !On ne tient pas sur ses jambes.Il vente, il vente !Sur toute la terre de Dieu !Le vent moireLa neige blanche.Sous la neige ? la glace.Et l'on glisse. Que c'est pénible !Tous les piétonsGlissent ? Ah ! les pauvrets.D'une maison à l'autreUne corde tendue ; Sur la corde, un placard :« Tout le pouvoir à l'Assemblée Constituante !... »Une pauvre vieille se lamente et pleure,Elle ne comprend pas ce que cela veut ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Alors là franchement j'ai adoré !
J'avais lu jusque là quelques traductions plus ou moins compréhensibles mais jamais jamais je n'avais été emportée par le souffle de ce poème majeur de la Révolution russe. Et puis, ce soir, j'ai écouté le poème interprété par Christian Olivier des Têtes raides. Waoh ! il s'agit de la traduction formidable et moderne d'André Markowicz. La version audio se trouve sur le site de l'éditeur. Vous m'en direz des nouvelles !
http://mesures-editions.fr/product/les-douze/
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Rédigé en 1918, avant que ses espoirs ne s'évanouissent, un poème vibrant de toute la force révolutionnaire dont Blok pouvait être capable.
Il apporte ici encore la preuve qu'en Russie un poète est toujours plus qu'un poète, enraciné cops et âme dans la tempête de son temps.
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Marie-Hélène Prouteau. Voici une nouvelle traduction, par André Markowicz, du poème Les Douze du grand poète symboliste russe, Alexandre Blok (1880-1921). le poète de « l'Âge d'argent » des années 1900-1917, représentant reconnu de l'intelligentsia russe, s'est trouvé avec la révolution d'octobre 1917 pris entre des mondes qui s'opposaient avec grand fracas. le monde d'avant qui s'écroulait et l'autre qui pointait dans la tourmente, dans le chaos et la violence.
Les Douze est un hymne à la puissance de la révolution. Alexandre Blok le compose entre le 8 et le 28 janvier 1918, dans une sorte d'hallucination de l'ouïe. C'est quasiment en medium que le poète capte la mystérieuse musique des mondes à l'oeuvre dans le bouleversement révolutionnaire et dans l'univers tout entier.

Le livre est édité par les éditions Mesures animées par Françoise Morvan et par André Markowicz qui a écrit une postface éclairante. de très belle facture, le recueil comprend le texte en français puis en seconde partie le texte russe. Il est associé à un spectacle et à une musique de Christian Olivier des Têtes Raides sur la poésie de la révolution. Des dessins en noir et blanc par le collectif Les Chats PelésLionel le Néouanic et Christian Olivier- illustrent de façon épurée le « soir en noir », la « neige en blanc ». Ainsi que les figures incarnant tantôt le vieux monde, le bourgeois, la femme au manteau d'astrakan, tantôt le nouveau qui advient.
Le fil narratif du poème est l'avancée des douze personnages dans la tempête de neige à Saint-Pétersbourg qui symbolise la tourmente révolutionnaire. Véritable musique de la révolution, le poème déploie une grande polyphonie de voix. C'est dire si Les Douze s'inscrit dans l'audacieuse oralité d'un vers libre. le narrateur du poème commente l'action, la suscite. le lecteur se trouve pris dans ce mouvement, saisit la bêtise, le goût du profit ou du pouvoir. La violence est là qui prend une forme quasi sacrificielle avec le meutre de Katia. L'apparition du Christ, non sans ambiguité, semblerait être la prophétie de ce monde rédempteur. Quel est le sens véritable de ce poème ? Il fonctionne un peu comme le pressentiment de l'ambivalence, chez Blok, de cette révolution. Comment se situer entre l'enthousiasme suscité par la perspective d'un changement radical et la dure réalité de ce cortège de violences, de limitations des libertés et d'interdictions - dont celle qui affectera le journal des Socialistes-révolutionnaires de gauche qui avait publié Les Douze ?
La traduction d'André Markowicz est superbe. Rappelons qu'il est le grand traducteur des oeuvres de Dostoïevski, d'Anton Tchekov, de Lermontov, de Gogol, de Pouchkine, entre autres.



Lien : https://terresdefemmes.blogs..
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Sans conteste, Alexandre Blok (1880-1921) a été l'un des plus grands poètes russes du XXème siècle. Lorsque la Révolution d'Octobre a éclaté, il n’était pas vieux et, pourtant, il n'avait plus que quelques années à vivre. A cette époque, il se mit à fréquenter les bolcheviks et plaça ses (naïfs) espoirs dans le mouvement révolutionnaire. C'est alors que, dans une transe fulgurante, il écrivit un poème assez long, intitulé "Les douze", dont l'esprit et l'écriture paraissent très innovants sur le plan littéraire. Dans ce texte très particulier, la violence révolutionnaire se traduit dans un langage rude et populaire, un rythme heurté, qui sont loin d'être "gentiment" poétiques. En contrepoint, la chute finale des "Douze" – le Christ, porte-drapeau de la patrouille bolchevique – me parait surprenante et surtout géniale. Je la mets en citation (dans une traduction dont j'ignore la fidélité au texte original, mais qui me parait belle).
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
1.



Le soir — en noir.
La neige — en blanc.
Le vent, le vent qui vente !
Le vent, il renverse les gens sur le trottoir !
Le vent, le vent,
Sur toute la terre vivante.

Au vent virent, volent
De blancs flocons.
Sous les flocons — des glaçons.
— C’est glauque, glissant :
Le moindre passant —
Pauvre gars ! — dégringole.

D’immeuble à immeuble
Un câble est tendu —
Une banderole dessus :
« Tout le pouvoir à l’Assemblée constituante ! »
Une grand-mère de lamente, s’affole :
« Que veut dire ce slogan,
Pourquoi faire une si longue banderole,
Un si large morceau de tissu !
Ça en ferait, du linge pour les petits enfants !
Ils sont là, en haillons, pieds nus. »


/traduction du russe d’André Markowicz
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Soir noir.
Neige blanche.
Il vente, il vente !
On ne tient pas sur ses jambes.
Il vente, il vente !
Sur toute la terre de Dieu !

Le vent moire
La neige blanche.
Sous la neige — la glace.
Et l’on glisse. Que c’est pénible !
Tous les piétons
Glissent — Ah ! les pauvrets.
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.
LES DOUZE (fin)

Souverains résonnent leurs pas…
- Vois, qui donc se cache là-bas ?
Qui va là ! C’est le vent qui bouge,
Qui joue avec le drapeau rouge.

- Dans ce tas de neige glacé
Quelqu’un, je le crois, s’est glissé !
Mais non, seul ce chien galeux de misère,
Affamé, clopine derrière.

Vas-t’en, teigneux, tu nous embêtes,
Sinon, avec ma baïonnette
Je vais te chatouiller les reins…
Le vieux monde est comme ce chien
Qui montre ses dents. J’en ai marre,
File ! Disparais ! Sinon gare !

Toujours ce chien… Mais qui donc bouge ?
Qui donc agite un drapeau rouge ?

- Comme il fait noir, sois attentif,
Là, derrière les bâtiments
Quelqu’un marche d’un pas furtif…
- Camarade, rends-toi vivant !
Je t’aurai, t’aurai mort ou vif !
Rends-toi, fais vite, car après
Je t’avertis, on va tirer !

Tak-tak-tak-tak-tak ! Qui répond ?
Seul un écho dans les maisons…

Seul le rire de la bourrasque
Dans les neiges glapit, fantasque…

Tak-tak-tak !
Tak-tak-tak !

Douze, ils vont d’un pas souverain;
Famélique, les suit un chien…
Mais, invisible dans la nuit,
Invulnérable sous les balles,
D’un pied délicat et léger
Traversant l’espace enneigé,
Comme poudré de perles pâles,
Réincarné,
De roses blanches couronné,
Jésus-Christ qui marche devant
Porte leur étendard rouge.
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Le vent fait la fête, la neige tournoie,
Douze hommes marchent dans le noir,

Noires, les sangles de leur fusils,
Des feux autour d'eux, ça sent le roussi…

Mégot à la bouche, casquette de travers-
Des forçats en fuite - de ça qu'ils ont l'air.

Liberté, liberté!
Ouais, Ouais, Plus de croix!
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Le vent fait la fête, la neige tournoie,
Douze hommes marchent dans le noir

Noires, les sangles de leur fusils.
Des feux autour d'eux, ça sent le roussi

Mégot à la bouche, casquette de travers
Des forçats en fuite-de ça qu'ils ont l'air

Liberté, liberté
Ouais, Ouais! Plus de croix!
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Vidéo de Alexandre Blok
Alexandre BLOK – Florilège lu des 'Cantiques de la belle dame' (France Culture, 2003) Une compilation des émissions « Poésie sur Parole », diffusée du 5 au 9 mai 2003 sur France Culture. Lecture : Christophe Brault. Référence des poèmes lus : 'Cantiques de la belle dame' (traduction : Jean-Louis Backès.
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