On ne mesure le poids de l'absence ou de la perte quand les personnes ne sont plus ...
A chaque décès, il se dit que l'âme du défunt perdure quelque temps sur place avant de s'en aller à jamais rejoindre d'autres horizons.
Mais parfois, pour des raisons obscures et mystérieuses, l'entité peut se retrouver bloqué ou errer indéfiniment qui dans les couloirs d'une maison, qui dans le dernier endroit où elle a expiré.
Pourquoi ? Comment ?
Il ne reste alors aux survivants ou ceux qui doivent demeurer au même endroit qu'à subir parfois les tourments des âmes perdues, comme si bloqués par un entrelacement de causes indéchiffrables, se font entendre déchirements et autres appels désespérés, suffisamment dérangeant pour faire appel à l'enquêteur du paranormal, Alan Lambin, on parle de phénomène de hantises, dans cet entre-deux monde, les silences ne sont pas anodins pour expliquer des situations étranges dont l'entendement dépasse souvent l'imagination, que l'on soit amateur ou pas des romans fantastiques, que l'on ait été témoin d'expériences extraordinaires, une chose est sûre, les histoires de
Jean-Marc Dhainaut ne peuvent laisser indifférentes, ne tombant jamais dans l'excès que l'on pourrait craindre pour montrer plutôt que de démontrer, cette poudre aux yeux afin de ne capter que des artifices ou des théories sans fondement, cette série mettant en scène les enquêtes paranormales d'un enquêteur tout sauf ordinaire, gagnent en puissance et en qualité avec les deuxièmes et troisièmes romans,
Les Prières de sang et
Les Galeries hurlantes.
Peu importe que les histoires se suivent et peuvent peu ou prou se ressembler, ce qui prime véritablement dans le plaisir de continuer inlassablement à s'accrocher dans une série, ce sont ses personnages, leur évolution, leur fragilité devant des séquences à vous figer sur place, après la révélation et la belle surprise suscitée par
La Maison bleu horizon, la plume de l'auteur est toujours d'une simplicité redoutable pour saisir l'effroi, tout le monde connaît maintenant la citation de
John Carpenter dans laquelle il affirme que la peur est la plus puissante des émotions humaines, la preuve de nouveau par deux avec ces suites addictives, l'une pour s'arrêter en Normandie dans les brumes d'un monastère et l'autre dans les entrailles d'une mine désaffectée du Nord.
L'histoire se rappellera toujours, que l'on veuille toujours penser présent et lendemains, il n'en reste pas moins que le poids du passé demeurent la pierre à l'édifice d'un grand ensemble, celui de la vie et de la mort, la faucheuse n'est jamais loin, une seconde d'inattention suffit pour basculer dans le gouffre des souffrances infinies, blessures secrètes côtoyant vicieusement le remords et la culpabilité insurmontable, au fil du temps, ce qui peut advenir n'est que le fruit d'aléas et d'existence corrompue sans possibilité de remise de peine sauf à expier ses fautes et pas toujours de la manière la plus élémentaire, ces récits qui pourraient s'inspirer de faits réels ne sont pas sans rappeler des tragédies humaines, si les années 80 sont la période choisie, ce n'est pas un hasard, avant l'avènement des nouvelles technologies, des moyens pour mesurer la crédibilité tangible de l'existence avérée ou non des fantômes et autres spectres étaient déjà disponibles.
Ne tombant jamais dans la facilité de tirer des ficelles narratives aussi grosses que les évidences ne pourraient le laisser supposer, l'interminable désarroi succède les inévitables questions ne manquant pas de pousser les protagonistes, Alan Lambin et son assistante Mina Arletti, vers le bord du précipice de leur conscience, entre rêves et cauchemars éveillés, une lecture prenante pour connaître la vérité, si elle existe, des personnages habités et animés par une volonté farouche d'aller au bout de leur quête, provoquer le destin afin d'expliquer peut-être l'irrationnalité de phénomènes déroutants, l'ambiance est toujours tendue comme un arc, par un jeu d'équilibre précaire de mots distillés judicieusement, l'auteur évite le pathos et maîtrise son intrigue de main de maître.
Ce n'est ni le premier ni le dernier à traiter de la terreur dans sa définition étayée mais se place parmi les meilleurs du genre, efficace est son leitmotiv, combiner plaisir de faire palpiter son coeur à toute épreuve en traquant des fantômes, quel programme réjouissant, revenir à l'essence de ce qui motive à créer ce sentiment de malaise, retourner toutes les pierres, toutes les attentes cristallisées sont récompensées pour se laisser happer par un faux rythme, alternance de frayeurs percutantes et d'instants intimes, ces histoires fantastiques ne se suffiraient pas à elles-mêmes sans ressentir cette émotion et empathie si particulière, celle qui brise les tabous, les interdits ne sont pas toujours placés là où on pourrait s'y attendre, cette peur viscérale est le reflet propre à chaque lecteur, dans l'exigence comme dans l'inconnu, je ne saurai trop vous conseiller de lire la nuit ou loin de toute agitation bruyante pour espérer capter tous les sons possibles et imaginables ...
L'idée de relayer la petite histoire à la grande, c'est oser plonger dans le miroir des âmes torturées et végétant dans les limbes d'un monde de tous les possibles, l'auteur a su faire rebondir son intrigue en donnant force de cohésion avec ses précédents romans (même s'ils peuvent être lus indépendamment les uns des autres) et en y incorporant de nouvelles pistes pour approfondir davantage les personnages principaux, ce qui laisse supposer un suite plausible.
Je ne saurai également trop vous inviter à vous rendre sur le site de l'éditeur Taurnada pour découvrir deux nouvelles gratuites se révélant comme des ajouts pertinents aux trois romans, deux enquêtes envoûtantes prolongeant un peu plus le plaisir coupable de flirter avec les codes du fantastique paranormal et ses récits nocturnes,
Alan Lambin et le fantôme au crayon suivi d'
Alan Lambin et l'esprit qui pleurait.
Soucieux d'apporter une qualité indiscutable, les couvertures mettent déjà le lecteur à l'affût de ce qui l'attend, ambiance terrifiante garantie, des personnages toujours justes dans leur humanité et scepticisme devant l'inexplicable, Alan Lamblin sait que le temps joue contre lui mais surtout contre les personnages qui le contactent, il était écrit quelque part que les Légendes resteraient ... éternelles !!!