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EAN : 9782070196494
720 pages
Gallimard (17/08/2017)
4.01/5   718 notes
Résumé :
Scandale aux Etats-Unis : le gouverneur Packer, candidat à la présidentielle, a été agressé en public. Son assaillante est une femme d'âge mûr : Faye Andresen-Anderson.

Les médias s'emparent de son histoire et la surnomment Calamity Packer. Seul Samuel Anderson, professeur d'anglais à l'Université de Chicago, passe à côté du fait divers, tout occupé qu'il est à jouer en ligne au Monde d'Elfscape.

Pourtant, Calamity Packer n'est autre ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (171) Voir plus Ajouter une critique
4,01

sur 718 notes
Ce roman est porté par pas mal de lecteurs , mais franchement je ne vois pas tellement pourquoi .
Il n'est pas désagréable ni dans sa lecture , ni dans son contenu, mais je pense qu'il aurait gagné a être beaucoup plus court.. la moitié aurait largement suffit, à mon sens.

Je me suis bien souvent demandée mais ou est ce que l'auteur veut en venir et j'avoue n'avoir trouvé un réel plaisir à la lecture que vraiment vers la toute fin.
Les personnages ne m'ont pas semblé très sympathiques et je n'ai pas eu l'envie réelle de connaître leurs histoires.
J'ai plutôt bien apprécié la critique la société américaine, et également les différentes idées qui en ressortent.

Je dirais donc pour faire court, roman agréable, mais qui pour moi ne mérite pas l'engouement qu'il y a autour.
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Je viens à l'instant de terminer la lecture de ce roman de Nathan Hill et je suis pratiquement KO.
Je m'explique:ce bouquin,c'est tout de même un sacré pavé et bien il ne m'a pas vraiment paru long.Comme on dit,il se lit bien et ,loin d'être un handicap,sa longueur devient une vraie performance d'auteur.Alors,oui,il y a bien,sans doute ,quelques longueurs,mais c'est bien peu de choses par rapport à toutes ces idées,ces descriptions,ces tranches de vies présentées ici.
Et les ruptures temporelles,me direz vous?Et bien,elles s'articulent tellement bien,avec une telle finesse,que l'on ne se perd absolument pas dans l'intrigue et que notre attention reste toujours en éveil.
C'est le premier roman de Nathan Hill,il est remarquable et"la barre"est placée très haut".Plutôt habitués à lire des romans écrits en un an,fort bien souvent,faut-il nous étonner de la qualité d'un ouvrage qui a nécessité plus de dix ans de travail à son auteur?
Au delà de l'intrigue,c'est une partie de l'histoire,de la vie quotidienne américaines de l'époque qui défile sous nos yeux.Tout se tient,s'enchaîne,se structure avec bonheur.On vit avec ces personnages charismatiques,secrets,humains, troubles,violents et les quitter s'avère assez douloureux.
C'est vraiment une belle réussite qui mérite bien toutes ces critiques élogieuses. N'ayez pas peur et lancez vous à l'assaut des secrets de Samuel,Faye,Sebastian,Bethany,Bishop et bien d'autres.Il y a de l'amour,de la joie,des drames,des sourires,des rires,des pleurs,tout ce qui fait la richesse et les mystères de l'âme humaine.
Le seul conseil que je donnerais est d'avoir du temps pour ne pas trop "laisser trainer".Mais,ultime précision,vous serez tellement happé que vous ne pourrez pas laisser traîner.. ..
On m'avait vanté les qualités de ce roman,on ne m'avait pas menti.
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Donc c'est un premier roman ?
On est sûr ? On a vérifié ? On a des preuves ??
Parce que si c'est ça, plus la peine de te crever Nathan Hill, ton chef-d'oeuvre est derrière toi.
Tellement dense et ambitieux comme roman que je ne sais même pas comment en parler. Ça part dans 27 directions différentes dont pas une est moins intéressante que les autres. Y a un fil rouge tout de même pour garder l'ensemble cohérent (même si finalement arrivé à la fin, la cohérence se fait d'elle-même, je n'en dis pas plus, mais attention au twist inattendu, quand y'en a plus...) le fil conducteur donc : Samuel Anderson, professeur de lettres de son état. Une existence tout ce qu'il y a de fadasse, un boulot ingrat le confrontant quotidiennement à des étudiants abrutis qui semblent ne venir à ses cours que pour bâiller, sommeiller, râler et surtout, surtout ne pas écouter, un amour (platonique) de jeunesse à qui il semble avoir juré fidélité, une vie sociale réduite au néant, le tout emmailloté dans le souvenir d'une mère qui l'a abandonné quand il n'était encore qu'un tout petit môme sans qu'il ne comprenne jamais vraiment pourquoi.
Bref, de quoi se mettre la tête dans le four et on en parle plus... s'il n'y avait pas cette petite passion un peu honteuse pour un jeu vidéo en ligne. Dès qu'il peut Samuel se connecte et retrouve sa chère guilde d'elfes dont les missions diverses consistent à s'unir pour, au choix, tuer des orques et des dragons, trouver des trésors, gagner des armes... Voilà la vie du professeur Samuel Anderson. Ou en tout cas, sa vie avant que sa mère ne fasse une réapparition fracassante dans son existence par le biais médiatique en tant que dangereuse terroriste, rien de moins. Faut dire qu'elle a quand même balancé une poignée de graviers sur un gouverneur en campagne (han !! Eh oui, ça pétrifie, c'est normal)
A partir de là, tout va changer pour Samuel grâce à un rapprochement obligé avec sa mère qui lui permettra enfin de répondre à tant d'interrogations sur sa jeunesse. On y reviendra souvent à sa jeunesse d'ailleurs, on y fera entre autre connaissance avec le seul ami (et pas des moindres) qu'il se sera fait pendant sa scolarité...

Sautant allègrement les époques, nous transportant aussi facilement en 1988 qu'en 1968 ou en 2011, Nathan Hill sans jamais nous perdre sur le bord de la route, nous raconte l'Amérique des révoltés, des émeutes de Chicago, des adeptes d'Allen Ginsberg qui devaient sinon changer le monde, tout au moins essayer, et puis hop, nous voilà avec l'US Army en mission en Afghanistan avant de faire un détour par la Norvège et ses croyances folkloriques pour finalement revenir dans un petit coin perdu de l'Iowa où on enseigne aux jeunes filles comment bien nettoyer ses chiottes afin de rendre un potentiel mari heureux et fier de son épouse (!!)
Ça ne s'arrête jamais. Ou si, malheureusement, malgré le petit pavé qu'est ce roman, on arrive quand même trop vite à la fin, bon sang on en voudrait encore tellement. Dur dur après ça de rebondir sur autre chose, Les fantômes du vieux pays vont hanter un moment les pages des autres livres qu'on ouvrira, dont on lira une page et qu'on reposera... Non, pas encore le moment de se jeter dans autre chose. Trop tôt.
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Un premier roman époustouflant. Oeuvre d'un nouveau venu nommé Nathan Hill, Les fantômes du vieux pays est une vaste fresque romanesque de sept cents pages, incroyablement audacieuse et complexe, proprement ancrée dans l'histoire des Etats-Unis des cinquante dernières années.

Un ouvrage ambitieux, très ambitieux… Trop ambitieux ?... Peut-être. J'y reviendrai.

À Chicago, une femme de soixante ans vient de lancer des cailloux sur un gouverneur républicain, un homme politique d'envergure présidentielle. Pourquoi a-t-elle commis ce geste, monté en épingle par les médias, interprété en tentative d'attentat terroriste par l'opinion, un geste susceptible de lui valoir une sanction pénale extrêmement lourde ?

Et pourquoi, il y a un peu plus de vingt ans, cette même femme avait-elle choisi de disparaître totalement, en abandonnant son mari et son fils Samuel, alors âgé de onze ans ?

Voilà ce que va s'efforcer de découvrir ce dernier, aujourd'hui modeste professeur de littérature et écrivain velléitaire, un homme solitaire à la personnalité mal affirmée.

A partir de ces données, l'auteur met en place ses personnages, déchiffre leurs états d'âme, dévoile leurs intentions et déroule leurs (més)aventures, en emballant l'ensemble dans l'actualité américaine du moment. Grandiose !

1968, année de contestation violente un peu partout dans le monde. Les Etats-Unis n'y échappent pas. Les assassinats de Martin Luther King et de Robert Kennedy bouleversent une partie de la population. La guerre du Vietnam est fortement rejetée par une jeunesse universitaire subvertie par les mouvements idéalistes hérités de la contre-culture hippie. Peace and love… And drugs !

Il apparaît que l'origine de l'intrigue se situe cette année-là, à Chicago, lors de la Convention nationale démocrate, un événement marqué par des confrontations extrêmement brutales entre la jeunesse contestataire et les forces de l'ordre. Que s'est-il vraiment passé au rez-de-chaussée du Conrad Hilton Hotel ? Lectrice, lecteur, il te faudra un peu de patience, que dis-je, beaucoup de patience, pour l'apprendre et pour tout comprendre. Accroche-toi ! Récompense garantie à la fin, car Les fantômes du vieux pays, en dépit de quelques longueurs, est un roman d'un souffle stupéfiant, qui m'a tenu en haleine jusqu'à la découverte des dernières pièces du puzzle magistral concocté par Nathan Hill.

De qui le livre raconte-t-il l'histoire, Samuel ou Faye ? Les générations avancent avec les mêmes illusions, celle des geeks addicts aux univers virtuels, succédant à celle des hippies et leurs paradis artificiels. La vraie vie ne permet pas de retour à zéro, mais elle peut offrir de nouvelles chances. le fils découvrira que le parcours de sa mère aura façonné le sien, celui d'un homme resté tardivement un petit garçon en recherche de reconnaissance, un homme ayant souvent pris de mauvaises décisions, un homme qui apprendra qu'il faut saisir sa chance avec la femme qu'on aime… Sans oublier que des fantômes légendaires diffusent parfois une influence impalpable… Et que des êtres de chair et de sang peuvent fausser les donnes, pour de bonnes ou de mauvaises raisons.

Le récit est de forme classique, avec l'auteur dans le rôle du narrateur, à l'exception d'un long chapitre où il interpelle directement Samuel – à moins que ce ne soit Samuel, en pleine mue, qui dialogue avec lui-même –. Tout au long du roman, l'auteur ne se prive pas de commenter, avec une sorte d'humour nihiliste désabusé, les dérives des politiques, des médias, de l'édition. Et celles des contre-cultures, hippies et geeks… A la fin, ce sont toujours les cyniques qui s'en tirent le mieux !

J'avais dit que j'y reviendrais. Trop ambitieux, ce premier roman très documenté auquel son auteur a consacré dix ans de travail ? Entre autres, ne pouvait-il faire l'économie de longs détails sur des personnages carrément secondaires, même s'il s'agit d'analyses très fines – et drôles ! – sur les mécanismes qui conduisent ces personnages à des perversions mentales ou comportementales ? A chacun de donner son avis.

Pour ma part, une fois le livre terminé, s'est effacé l'agacement ressenti lors de certaines longueurs. Ne reste que le souvenir de péripéties palpitantes, de rebondissements décoiffants, de dialogues hilarants et de relectures historiques passionnantes.

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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J'ai fini « Les Fantômes du vieux pays » de Nathan Hill il y a déjà plusieurs jours et je ne sais pas encore trop qu'en penser. Un roman ambitieux de sept cents pages qui sur toile de fond d'un drame familial est un grand récit sur les États Unis d'hier et d'aujourd'hui. La politique, les manifestations de la fin des années 60, les manifestations à Wall-Street d'aujourd'hui. Les universités, les jeux en ligne et leur dépendance, les médias sociaux.

En se promenant dans un parc de Chicago, le gouverneur Sheldon Packer, candidat républicain à la présidence, est insulté et visé avec du gravier par une femme d'âge mûr. le clip vidéo de l'incident, devient viral et rapidement l'agresseur est surnommé " Calamity Packer ".
Samuel Andresen-Anderson, professeur adjoint de littérature de 30 ans, qui passe plus de temps dans un jeu en ligne que de travailler sur son livre, découvre que la suspecte n'est autre que sa mère, Faye. Il ne l'a pas revue depuis qu'elle a abandonné le foyer familial, il y a plus de 20 ans.
Samuel veut comprendre qui est cette mère et commence à enquêter sur sa vie. Sa jeunesse en Iowa, sa période en tant qu'étudiante à Chicago en 1968, les années qui précèdent sa fuite. Ce qui le pousse à regarder son propre passé et son futur.

Nathan Hill est un conteur talentueux, son roman se lit facilement, le lecteur est accroché par l'histoire. Mais les nombreuses « Trop » ont gâché mon plaisir. Mon impression est que l'auteur a voulu trop en mettre dans ce premier roman. Trop d'histoire, trop de personnages, trop de descriptions, d'observations. Des histoires parallèles mal connectées au récit et inutiles. Des passages drôles, gâchés par le trop « burlesque ».
Malgré tout c'est un roman à lire, chacun pourra se faire son opinion.
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critiques presse (6)
LeMonde
14 septembre 2018
Des années 1960 aux années 2000, ce premier roman prodigieux passe avec aisance de la satire au tragique, et offre l’une de ces bulles de fiction où l’on voudrait pouvoir se lover pour toujours.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LaPresse
16 novembre 2017
Le New York Times l'a qualifié de «grand roman américain des deux dernières décennies». On a tendance à abonder dans ce sens : un nouveau nom qu'il faudra tenir à l'oeil après ce premier roman magistral.
Lire la critique sur le site : LaPresse
LaCroix
13 octobre 2017
Roman d’apprentissage et fresque américaine, « Les Fantômes du vieux pays » révèlent un jeune écrivain à l’éblouissante maîtrise et au comique féroce, Nathan Hill.
Lire la critique sur le site : LaCroix
LeJournaldeQuebec
25 septembre 2017
Avec ce brillant premier roman, l’Américain Nathan Hill signe l’une des histoires les plus riches de la rentrée.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
LeMonde
08 septembre 2017
Il a fallu dix ans au jeune écrivain pour écrire « Les Fantômes du vieux pays », premier roman qui retrace l’histoire des Etats-Unis depuis les révoltes de 1968.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LaLibreBelgique
29 août 2017
Stigmatisant l’Amérique en ses vils travers, il captive et enchante avec une fresque humaine d’une subtilité et d’une intelligence réjouissantes.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Citations et extraits (178) Voir plus Ajouter une citation
A l'aéroport international d'O'Hare, terminal 5, les gens attendaient tranquillement : ils faisaient la queue pour obtenir leur carte d'embarquement, la queue pour déposer leurs bagages, la queue pour passer les contrôles de sécurité , toutes ces queues avançant avec une lenteur et une inefficacité franchement étrangères à la mentalité américaine , et plongeant du coup le terminal tout entier dans mélange profondément déstabilisant de mélancolie et de chaos. Au milieu des odeurs de pots d'échappement des taxis à l'extérieur et de viande grillée des vendeurs de hot-dogs à l'intérieur. Entre deux annonces de sécurité, l'atmosphère sonore était composée de standards joués au saxophone. Les télévisions diffusaient des informations d'aéroport, différentes, sans que l'on sache pourquoi des informations habituelles. Samuel songea avec déception que ce devait être là la première impression qu'un étranger arrivant en Amérique, celle d'un pays offrant un McDonald's (dont le principal message aux passagers entrant sur le territoire semblait être le retour du McRib à la sauce barbecue) et un magasin de gadgets à l'utilité discutable: des stylets haute définition, des chaises de massage shiatsu, des veilleuses sans fil connectées au Bluetooth, des bains de pieds chauffants, des chaussettes de contention, des ouvre-bouteilles automatiques, des brosses de nettoyage électriques pour grille de barbecue, des matelas orthopédiques pour chiens, des manteaux anti-stress pour chats, des brassards de régime, des pilules anti-cheveux gris, des packs de repas de substitution isométriques, des ampoules de boisson protéinée, des socles de téléviseur pivotants, des porte-sèche-cheveux sans fil, une serviette de toilette portant l'inscription "Visage" d'un côté et "Fesses" de l'autre.
Voilà qui nous sommes.
Des toilettes pour hommes où tout était conçu pour qu'on ait rien d'autre à toucher que son propre corps. Des distributeurs de savon qui déposaient des petites crottes de savon liquide rose dans vos mains. Des lavabos d'où il ne coulait jamais assez d'eau pour vous nettoyer les mains complètement. Les mêmes avertissements sur le niveau de menace diffusées ad nauseam. Les consignes de sécurité- videz vos poches, ôtez vos chaussures, sortez vos ordinateurs portables, placez liquides et gels dans des sacs séparés- réitérés si fréquemment que plus personne ne les écoutait. Le tout si répétitif, automatique, monotone et lent que les voyageurs étaient un peu déphasés, et jouaient sur leur téléphones, endurant ce calvaire unique dans le monde moderne, qui n'est pas à proprement parler "éprouvant" mais résolument épuisant. Spirituellement débilitant. Faisant jaillir une pointée regret qu'un peuple comme le nôtre n'ait pas mieux à offrir. Mais non. La queue pour le McRib, silencieuse et solennelle, était d'au moins vingt personnes.
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Il y avait quelque chose de romantique dans les graffitis. En particulier quand ils se trouvaient dans des endroits dangereux. Il y avait quelque chose de romantique dans la démarche de se mettre en danger pour écrire. .............
................ Bien sûr, ce n’est pas comme si les graffeurs écrivaient quoi que ce soit d’important. Rien que leur propre nom, encore et encore, de plus en plus gros, de plus en plus fort, de plus en plus coloré. D’ailleurs, quand on y pense, c’était la même stratégie marketing que les chaînes de fast-food tapissant le pays entier d’affiches publicitaires. De l’autopromotion. Du bruit qui s’ajoute au bruit. Ils n’étaient pas mus par le besoin irrépressible de faire passer un message. Ils promouvaient leur marque. Et prenaient tous ces risques, se compromettaient dans cette clandestinité uniquement pour mieux recracher l’esthétique dominante. Déprimant. Même la subversion était subvertie.
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Le même scénario se répétait chaque fois. Les enfants victimes du Nix commençaient toujours par éprouver de la peur. Puis qu'ils avaient de la chance. Puis un sentiment de propriété. Puis de l'orgueil. Et enfin de la terreur. Ils éperonnaient le cheval tant qu'ils pouvaient, se retrouvaient accrochés à son cou, au grand galop. Vivant le plus beau jour de leur vie. Ils ne s'étaient jamais sentis aussi importants, ils n'avaient jamais ressenti un plaisir si intense.
Et c'est à ce moment-là seulement - au pinacle de la vitesse et de la joie, au moment où ils avaient le plus l'impression de contrôler le cheval, de le posséder, au moment où ils se sentaient les plus forts, les plus vaniteux, les plus arrogants et les plus fiers - que le cheval quittait brutalement la route qui menait à la ville et galopait vers les falaises qui surplombaient la mer. Il courait à fond de train droit vers le vide vertigineux et les flots déchaînés dessous. Les enfants hurlaient alors, tiraient de toutes leurs forces sur la crinière du cheval, gemissaient, mais rien n'y faisait. Le cheval sautait de la falaise et tombait. Jusque dans la chute, les enfants se cramponnaient encore à son cou, on les retrouvait écrasés sur les rochers ou noyés dans les eaux glacées.
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En cours de sciences au lycée, Samuel entendit une histoire à propos d'une espèce de tortues d'Afrique qui traversaient l'océan pour venir déposer leurs œufs sur les plages d'Amérique du Sud. Les scientifiques avaient cherché en vain une raison à cet immense périple. Pourquoi les tortues prenaient-elles cette peine ? La théorie dominante voulait qu'elles aient commencé à le faire des milliers d'années plus tôt, quand l'Amérique du Sud et l'Afrique étaient encore collées l'une à l'autre. À l'époque, une rivière à peine séparait les deux continents et les tortues venaient simplement déposer leurs œufs sur la rive opposée. Mais par la suite, lorsque les continents avaient entamé leur inexorable dérive, la rivière s'était élargie centimètre par centimètre, chaque année, de manière indécelable par les tortues. Elles avaient donc continué à se rendre au même endroit, sur la rive opposée, chaque génération nageant un tout petit peu plus loin que la précédente, et après cent millions d'années, la rivière était devenue un océan, sans que jamais les tortues ne s'en rendent compte.
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Des larmes de Catégorie 1 : petites, dissimulables, gratifiantes et purgatives, se contentant le plus souvent de monter aux yeux sans même avoir besoin de couler. Les larmes de Catégorie 2 étaient plus émotionnelles, souvent déclenchées par un sentiment de honte, de gêne ou de déception. D'où le phénomène de transformation de larmes de Catégorie 1 en larmes de Catégorie 2 dès lors qu'une tierce personne était présente : l'embarras causé par les larmes, par l'image de pleurnichard qu'elles donnaient de lui, générait un nouveau type de larmes — avec joues mouillées, chiffonnées et morveuses, encore loin cependant de la gutturale Catégorie 3, caractérisée par des larmes aussi lourdes que des gouttes de pluie, des accès de gémissements sonores, une respiration convulsée et un réflexe de dissimulation immédiate. En Catégorie 4, la crise de sanglots était continue, quant à la Catégorie 5, mieux vaut ne même pas y penser. Le conseiller scolaire l'avait encouragé à envisager ses larmes dans ces termes, par catégories, comme pour les ouragans.
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Les grands débats - R… comme Révolte : Debout face au reste du monde Dimanche 23 septembre 2018 de 11h00 à 12h00 David Chariandy - Nathan Hill - Éric Plamondon - Rachèle Bevilacqua Se soulever, protester, contester l'autorité quelle qu'elle soit. L'histoire comme la littérature sont riches de ces révolutions, révoltes et mouvements de protestation qui proclament à leur façon le goût de la liberté et le droit d'être en désaccord. Les personnages des romans de nos invités se révoltent chacun à leur manière. Rassemblements, manifestations, émeutes, tout le monde y défend une cause. Retour sur les combats qui sont menés dans chacun de leurs livres, avec des écrivains qui partagent leurs impressions et leur regard sur le monde. Partage-t-on forcément les combats de ses personnages ? Doit-on s'être soi-même révolté pour écrire sur le sujet ?
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