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EAN : 9782757851906
216 pages
Points (16/04/2015)
3.21/5   51 notes
Résumé :
Le commissaire Habib, assisté de son adjoint Sosso et de Guillaume, un agent du Renseignement français, est chargé d'enquêter sur le meurtre d'un jeune Touareg non loin de Tombouctou. Tandis que la famille accuse un clan rival et que notables et autorités locales tentent de l'écarter, Habib parcourt la ville et, tout en découvrant ses étranges coutumes, se fraye un chemin vers la vérité.
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Critiques, Analyses et Avis (23) Voir plus Ajouter une critique
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OK, Moussa Konaté doit changer sa recette. À la sortie de Tombouctou, un Touareg est retrouvé mort. Mais l'histoire se complique quand un tireur fou s'en prend à un ressortissant français, et il jure de continuer son oeuvre jusqu'au départ du dernier mécréant. Pour éviter tout débordement, le commissaire de la ville décide faire appel à des renforts. Cela ne signifie qu'une chose : l'inspecteur Habib. Ce dernier est dépêché d'urgence, avec son fidèle assistant l'inspecteur Sosso et Guillaume Leloncle, un officier français spécialiste de la lutte antiterrorisme.

Ce roman est un peu plus long que le dernier (211 pages), heureusement. Enfin, j'ai eu droit à des descriptions que je jugeais suffisantes : la ville de Mopti, arrêt obligé, puis celle de Tombouctou, de ses quartiers malfamés. Donc pas seulement un décor de carte postale, plutôt un portrait réaliste. Les Touaregs aussi ont eu droit à ce traitement. Enfn, j'ai pu visualer un de ces groupes ethniques que Konaté nous présente. Leurs tenues vestimentaires, leur organisation familiale, leur code d'honneur, l'importance des chameaux, etc. J'ai vraiment pu tout me faire une tête de tout ça.

Là où je suis moins satisfait, c'est qu'on a toujours affaire au même genre d'histoire. Un crime impliquant des peuples aux croyances anciennes. Des groupes d'anciens font des pressions pour que l'enquête soit arrêtée, qui préfèrent régler les choses à leur façon, selon leurs coutumes et traditions. La carte anti-terrorisme a été utile un moment, mais l'auteur aurait pu l'exploiter suffisament, selon moi. Mais bon, somme toute, je suis plutôt satisfait de ma lecture. Elle m'encourage à réessayer d'autres romans de Konaté.
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"Bande de chacals, vous allez tous mourir comme des chacals" aurait sans doute au moins d'impact que la phrase hurlée par un tireur à cheval : "Sales mécréants de Français, vous allez tous mourir. Qu'Allah vous maudisse."

Là, les ambassades frémissent de peur et on parle déjà de terrorisme… Comme si la situation n'était pas déjà assez explosive avec le meurtre d'un jeune Touareg, Ibrahim, issu de la famille Aghaly.

Pour une fois, un roman acheté en bouquinerie n'a pas eu le temps de traîner sur les étagères : j'avais envie de voyager au pays des Hommes en Bleus et de découvrir Tombouctou autrement qu'en carte postale ou reportage clinquant.

Pas de doute, l'auteur connait son pays, connait ses coutumes, sait de quoi il parle et mieux, il arrive à mettre tout cela en scène sans que l'on ait l'impression de lire un guide de voyage ou de regarder une émission télé insipide qui ne montrerait que les beaux côtés de la ville.

Débarquant à Tombouctou, le célèbre commissaire Habib de Bamako, va devoir enquêter en marchant sur des oeufs afin de ne pas froisser le peuple fier des Touaregs, prêt à en découdre avec un autre clan qu'il accuse d'être responsable de la mort d'Ibrahim.

Il faudra aussi compter sur les imams, prêt à tout pour garder l'harmonie entre les différentes ethnies qui peuplent la ville, quitte à dessaisir le commissaire et demander à un marabout-devin d'enquêter à sa place. Résultats garantis !

Ce roman policier, c'est un véritable voyage au Mali, dans la ville de Tombouctou que nous arpenterons avec les deux jeunes enquêteurs (Guillaume, agent du renseignement français et Sosso, un enquêteur du commissaire Habib) et l'auteur ne nous épargnera pas les points les moins susceptibles de se retrouver dans les guides de voyages.

L'auteur nous dresse le portrait d'une société qui a ses propres codes, différents des nôtres, où la femme a une autre place que chez nous, sans pour autant qu'elle soit méprisée, puisque chez les Touaregs, les femmes ont un statut élevé (même si elles parlent peu) et le peuple se dit descendant de la reine fondatrice touarègue, Tin Hinan.

Oui, l'immersion est totale et il est toujours intéressant de voir ce qui se passe ailleurs, notamment dans ces pays que nous ne connaissons pas et où les religions cohabitent dans la ville de Tombouctou (le tout avant que les djihadistes n'y fassent des ravages).

Comme souvent, l'enquête est un prétexte pour nous parler du pays, de ses coutumes, de ses croyances, anciennes, de cet équilibre qu'il faut garder afin de ne froisser personne et des menaces terroristes qui pèsent, certains voyant des islamistes partout.

La psychologie des personnages est assez basique, les deux aidants du commissaire Habib passant leur temps à rire pour rien, mais ils furent utiles à l'histoire afin de nous faire découvrir un pan dans la ville et des sociétés qui la composent.

Au moins, pas d'enquêteur torturé par son passé, en souffrance avec sa vie de famille, se réfugiant dans l'alcool, les drogues ou autres. le commissaire Habib est marié, père, heureux, un enquêteur normal qui mène son enquête sans courir comme un poulet sans tête, respectant les rituels, les codes, sous peine de se voir fermer des portes au nez (ou des tentes). Qui va piano, va sano.

Dès le départ, j'ai eu des soupçons sur un personnage et bingo, j'avais déjà trouvé le nom du coupable, même si je n'avais pas tout compris en ce qui concernait le modus operandi. Cela n'a en rien entravé ma lecture, tant je pensais que je faisais fausse route et que c'était mon biberonnage aux romans d'Agatha Christie qui me jouaient des tours.

Voilà donc un roman policier qui me sort de mes habitudes et qui le fait bien, sans pour autant que sa résolution m'ait fait tomber de ma chaise ou que le suspense m'ait donné des palpitations cardiaques.

Son avantage indéniable est qu'il nous propulse au sein de communautés que nous ne connaissons pas, nous faisant entre dans le saint des saints, sorte de voyage en terre inconnue chez des peuples méconnus.

On est dépaysé, tant pour les décors que pour les modes de vie et l'auteur évite aussi le côté folklorique que nous pourrions retrouver dans certains reportages télés.

C'est pourquoi j'ai apprécié aussi cette lecture, même si le suspense n'est pas vraiment de la partie et que la résolution de l'enquête ne défrisera pas les plumes d'un canard à trois pattes. Au moins, j'ai voyagé et personne ne m'a emmerdé !

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Suspens insoutenable, frissons, rebondissements, fausses pistes , personnages fouillées à la psychologie tortuée... Si vous cherchez tous ces classiques d'un bon polar, ne lisez pas Meurtre à Tombouctou.
Comme à son habitude, les enquêtes du commissaire Habib et de son adjoint Sosso sont bien molles comme il faut, sans surprise et la solution apparaît de façon tellement magique qu'aucun des policiers impliqués n'y avait pensé sauf "Fabulous Habib". Il y a deux demies fausses pistes , histoire d'amener le livre à 174 pages.
Donc pour le côté policier, il y a bien mieux. Cependant, par ailleurs, les enquêtes d'Habib sont l'occasion d'une plongée dans la société malienne. Après les Dogons et les Bozos , ce sont au tour des Touaregs d'être visités. le livre prend une connotation contemporaine avec l'émergence du radicalisme et de l'islamisme dans la région de Tombouctou. ce qui permettre à quelques clichés de se glisser dans le roman.
Ce livre permet quand même de bien appréhender le poids des traditions dans la société Touareg mais aussi de son impact sur les règles régissant une ville comme Tombouctou.
Pour ceux qui en plus d'une enquête policière viendraient chercher un peu d'humour, ils seront a aussi déçus , les blaguounettes des personnages étant inspirées de la collection carambar dans le meilleur des cas.
Pas de suspens, pas d'humour, pas de frisson mais un peu de culture dans une langue qui m'apparut plus aboutie que dans les autres romans de cet auteur sans être non plu mirobolante.
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Bon, j'avais commencé à écrire un long avis, quand mon ordi a décidé de se mettre en rade. Ce qui fait que je suis un brin énervée, donc vous aurez un résumé :

L'intrigue policière n'est pas au centre de ce bouquin, et la psychologie des personnages (quasi inexistante) non plus. Ce qui est au centre de ce livre, c'est la société pluri-culturelle au Mali, les diversités tribales, la confrontation entre autorités religieuses et autorités gouvernementales, les soumissions aux traditions, et, le plus choquant de tout, lire qu'au Mali, parler "d'esclaves" dans les années 2000, de ce qu'on peut faire ou pas avec eux, ne semble choquer personne. Oo

Les descriptions des villes (et leur circulation), de paysages, de gens, sont très réalistes, très belles pour les paysages, et correspondent assez exactement avec celles que m'en fait mon homme quand il revient de voyages pro par là-bas.

Autre chose, les personnages "se marrent" (expression adorée de l'auteur) tout le temps, c'est assez amusant.
J'ai lu ce bouquin pour l'item "Un roman d'un auteur africain" du multi-défi, que je ne pensais pas arriver à combler, et bien si ! ça se laisse lire gentiment, sans être forcément inoubliable...
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Konaté Moussa (1951-2013), – "Meurtre à Tombouctou" – Métaillé, 2014 (ISBN 978-2864249535)

C’est là le premier roman que je lise de cet auteur malien qui est quasiment mon contemporain exact par sa date de naissance : j’en suis très impressionné.
Précision immédiate, ce n’est certainement pas l’intrigue policière qui suscite un tel jugement, car elle est proche du zéro absolu pour un lecteur-consommateur assidu de ce type de littérature.
Non, ce qui est très impressionnant, c’est la faculté que possède cet auteur de restituer la société malienne sans tomber dans les ornières habituelles, donc sans concéder quoi que ce soit ni au folklorisme cultureux à la «Arte/Télérama/bobo» se délectant d’un "dogonisme" de pacotille (s’appliquant tout autant aux massaïs qu’aux bantous, aux hmongs ou aux aïnous), ni au discours déploratif sur les vilaines puissances coloniales constituant le fonds de commerce d’une bonne part de la littérature africaine, ni à la diatribe contre telle ou telle croyance religieuse au nom d’un "progressisme" visant à singer les sociétés occidentales.

Cet auteur a l’immense mérite de montrer, de l’intérieur, la société malienne telle qu’elle est, avec sa mosaïque de populations parlant peul, bambara, songhay, soninké etc, lesquelles, dans ce roman se déroulant dans et autour de Tombouctou, côtoient des campements Touaregs. L’auteur montre, avec respect, le fonctionnement social et mental de ces communautés, sans porter de jugement ; ce qui inclue les relations entre femmes et hommes, restituées ici avec tact et délicatesse, telles qu’elles sont (donc loin des vociférations standardisées de la bien-pensance occidentale).

L’un des points les plus amusants consiste à comparer la temporalité mise en œuvre dans ce roman policier africain avec celle qui est devenue l’un des pires lieux communs du genre dans la littérature occidentale. Là où, dans les romans du monde dit développé, les enquêteurs et enquêtrices se mettent à courir comme des cinglés, sans plus dormir ni même souvent manger, tout en se saoulant (cliché états-unisien fréquemment repris dans une partie de la littérature européenne) ou (variante) en subissant le poids de problèmes personnels écrasants (cf la pôvre famille de Wallander), notre auteur africain recourt à la sagesse et la lenteur du dromadaire : les enquêteurs se séparent en fin d’après-midi, et le travail ne reprend guère avant le lendemain matin neuf heures, de toute façon il est hors de question de faire irruption n’importe quand dans des communautés dont la vie est rythmée par le rituel islamique.
Le grand commissaire envoyé depuis la capitale s’adresse en tout premier lieu au doyen de la communauté avant toute autre démarche, en respectant les égards ancestraux exigés par la politesse (notons au passage que l’auteur sait aussi rendre la beauté d’un paysage africain sans se livrer à ce vocabulaire typique des dépliants touristiques).

Quant à l’ironie, elle s’applique sans méchanceté aucune aux deux petits français embarqués dans cette intrigue, l’un policier d’opérette, l’autre écrivaillon touristique, qui ne comprennent rien à ce qu’ils voient, ce que l’auteur expose sans méchanceté aucune, simplement avec beaucoup d’humour…

Un témoignage d’autant plus précieux que l’auteur montre Tombouctou avant que les djihadistes d’Ansar Dine ne la saccagent.

La question centrale de ce roman est fondamentale : la «loi», phénomène emprunté aux sociétés occidentales, a-t-elle plus de pertinence que les procédures héritées de mœurs ancestrales ?

Un très bon moment de lecture, qui incite à découvrir d’autres écrits de cet auteur.
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critiques presse (1)
Actualitte
15 mai 2015
Une immersion totale dans la culture des peuples du désert - lieu mythique s'il en est - que l'histoire criminelle ne fait qu'agrémenter.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
- Donc les imams sont venus me demander de me laver les mains de l'enquête, parce qu'ils trouvent que ça va trop lentement, et craignent des conflits entre tribus. Ils nous demandent donc de nous préparer à regagner Bamako dès demain. Ils ont un marabout-devin qui pourrait résoudre l'énigme de la mort d'Ibrahim en moins de 72 heures. En somme, ils nous ordonnent de plier bagages immédiatement. Voilà ! Qu'en dites-vous ? (Habib)
Sosso et Guillaume ne cachèrent pas leur indignation qui se manifesta par des grognements. Touré, lui, paraissait plus serein. Il se contenta de sourire et répondit ainsi à Habib :
- C'est vrai que ce n'est pas toujours facile. On a parfois l'impression de recevoir des directives de deux gouvernements. C'est comme ça, on n'y peut rien.
- ça rend schizophrène, cette façon d'être soumis à des structures parallèles, fit remarquer le jeune français. J'avoue que moi, je ne saurais pas que faire en pareil cas.
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Comme je le dis toujours à Rosso, la société malienne est complexe. Y mener une enquête policière comme on le ferait en France n'est pas toujours évident, car d'une coutume à l'autre les coutumes varient. C'est une société où l'islam, le christianisme cohabitent et se mélangent avec l'animisme ; le Mali d'hier ne s'estime pas vaincu par le Mali des temps modernes. Il faut donc toujours se rappeler de cette diversité quand on mène une enquête ici.
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- Mais dis, c'est vrai que c'est une jeune Peule ? demanda le policier français tout en continuant à se marrer.
- Vu le portrait que tu en fais, j'en suis sûr, confirma Sosso avant d'ajouter : heureusement que tu l'as pas abordée. Si elle était mariée et si son mari te voyait, alors, mon pauvre vieux, t'étais fichu.
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Les jeunes policiers se trouvaient certes physiquement à Tombouctou, mais psychologiquement ils parcouraient une autre cité, où n'existait aucune rue à la propreté douteuse, aucune maison délabrée, une cité rayonnante de richesse, bénie et mystérieuse, dont avaient parlé le savant Abderrahaman Sâdi, les explorateurs Ibn Battûta, René Caillé, Gordon Lang, une cité du savoir, bourdonnant de la rumeur de milliers d'étudiants, portant l'empreinte des monarques du Mandé, des architectes arabes, une cité de rêve.
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- [...] Donc, souviens-toi que même les policiers ont parfois besoin de chance.
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