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EAN : 9782828917173
255 pages
Favre (26/05/2020)
4.5/5   4 notes
Résumé :
Il a incarné à lui seul tout un pan du cinéma français des années 70-80, même s’il a continué de jouer jusqu’en 2015. Discrètement mais porté par l’assurance de son talent, il s’est imposé comme l’un des rares monuments authentiques du septième art.
Les plus grands l’ont sollicité à leur côté : Buñuel, Clouzot, Hitchcock, Sautet, Melville, Chabrol, Resnais, Godard, Demy, Ferreri, Moretti, Costa-Gavras, Malle, De Broca, Lelouch, Boisset, Deville, Tavernier, Gi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Piccoli...
« Y en a plein des Piccoli, j'ouvre un annuaire, j'en trouve un wagon »
Oui mais des Piccoli comme Michel, y'en a qu'un et y'a vraiment que Jean-Pierre Marielle (non mais le vrai, l'acteur) pour ne pas le savoir.

Dans les anciens comédiens français, vu qu'on a perdu Paul Meurisse depuis un moment maintenant, Piccoli était sûrement celui auquel je tenais le plus. Je m'en rendais compte à chaque fois que s'abattait un truc qui pouvait être fatal aux "seniors". Une canicule ? Pourvu que Piccoli tienne le choc. Une pandémie ? Pourvu que Piccoli ne sorte pas... Et puis comme ça, un jour de mai, au détour de trois informations de merde, une pire encore : Piccoli est mort. Non habemus papam. Un petit vent de tristesse a soufflé ce jour-là.


Acteur engagé, ne comprenant pas qu'on puisse hésiter à mettre sa notoriété au service de causes à défendre, il fut de nombreux combats et même si « on disait que c'était une honte qu'un comédien s'occupe de ce qui ne le regarde pas et que j'allais ruiner ma carrière », il n'a jamais failli aux engagements qu'il croyait justes.
Sa carrière en a-t-elle pour autant souffert ? Absolument pas. Pour la raison toute bête qu'il n'a jamais mendigoté de gros cachets ni gardé un oeil continuellement vissé sur le box office. Ce qui l'intéressait Piccoli, c'était un projet, une idée, l'extravagance d'un réalisateur, et quand un scenario l'emballait il n'hésitait pas à mettre la main au porte-monnaie pour qu'il prenne vie, assurant la production dans l'espoir qu'évidemment le public suivrait mais sinon, tant pis.
Quand ses trois réalisations personnelles firent un flop, on ne l'y reprit plus mais, pas amer pour autant il avait vécu une expérimentation nouvelle, c'était donc finalement une réussite et des expériences, il va passer sa vie à en chercher, à commencer par le théâtre, puis au cinéma, acceptant des rôles aussi disparates que celui d'une vieille femme dans « Jardins en Automne » ou d'un écrivain homosexuel dans « Les Équilibristes » (pour n'en citer que deux, la liste est longue), ajoutant ainsi autant de cordes à un arc infini, se bâtissant une filmographie exceptionnelle avec au final certains films mineurs et d'autres qui sont entrés dans la légende du Cinéma, mais aucun qu'il n'a semble-t'il jamais regretté.

Piccoli ? Un fantastique acteur, humour pince-sans-rire, charmeur, excentrique, curieux de tout, tout le temps...
94 ans, il a bien vécu mais malgré tout et si on n'avait plus eu l'occasion de le voir depuis 2013 et « le Goût des Myrtilles » c'est un bien triste trou béant qui vient de s'ouvrir dans la grande histoire du 7ème Art et franchement j'ai du mal à voir qui pourrait le combler. Si, en fait, je vois : personne.
Alors, il faisait parfois grincer des dents Michel Piccoli ? Parfait, les dentistes sont là pour ça, sûrement pas une poignée de pisse-froids qui l'aurait arrêté dans sa course si singulière et quand, en 2007, il a gagné le Locarno Excellence Award, prix décerné chaque année à un acteur de renommée mondiale, les organisateurs ont eu ces mots qui me serviront de conclusion car je ne vois pas comment le dire mieux : « Il s'est imposé comme un des monstres sacré du cinéma français, au gré d'une impressionnante filmographie, qui réunit à elle seule tout le grand cinéma d'auteurs français et européen du dernier demi-siècle »

Ciao Picco et sur ce, je vais me refaire « La Femme en Bleu ».
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Un peu de développement autour des origines familiales de l'acteur n'aurait pas été un luxe. Il n'est pas suffisant de nous dire qu'il a un sénateur dans son arbre généalogique sans nous donner son nom et sans nous évoquer que ce dernier est son grand-père et le nommer. Il s'agit de Charles Expert-Bezançon, un industriel dans la chimie fabriquant largement de la céruse, encore appelée blanc de Saturne, blanc de plomb ou blanc d'argent. Ce produit, parfaitement identifié comme toxique, s'est maintenir dans l'usage quotidien pendant des siècles.

Ce n'est qu'en 1926, et encore seulement pour les murs intérieurs, que la France l'interdit ; l'emploi est totalement prohibé seulement en 1993. Cette peinture au plomb a conduit au saturnisme de nombreuses personnes. Nul doute que l'engagement progressiste de Michel Piccoli se fit au regard de cette mémoire. Les opinions de Michel Piccoli n'intéressent d'ailleurs guère Philippe Durant.

L'ouvrage, composé de vingt-neuf chapitres anonymes, permet de bien suivre la carrière cinématographique de l'acteur et on apprécie les nombreuses illustrations.
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L'élégance de l'audace en toute simplicité.
Voici une biographie comme je les aime. Philippe Durant écrit un livre qui a un charme fou et de l'allure. le lecteur voit se dérouler la vie d'un « comédien de stature » sans voyeurisme. Elle est factuelle et humaine.
Michel Piccoli a construit une carrière en explorateur de son époque.
« Il interprète. Il ne possède aucun tic, aucun truc. Quand il joue, il se passe mille choses en lui, mille sentiments. On peut lire dans son regard comme dans un livre. »
Il ne cède pas à l'appel des sirènes commerciales. Il suit sa ligne de vie, en donnant de sa personne dans des films qui auraient dû éveiller les consciences, sur le vide de l'existence, la solitude, l'hyper consumérisme, la montée de l'islamisme, la vague de l'humanitaire…
« Ne pas être un acteur dans ce film cela signifie être complètement inclus à l'esprit de l'équipe et devenir un individu qui vit ce qu'est le personnage… »
Être conscient de ses capacités sans ignorer le talent des autres, est une qualité rare dans ce métier.
Michel Piccoli était curieux de tout et des autres. Son humour, son élégance étaient sa moelle.
« Quand Depardieu a commencé, il y avait beaucoup de gens, producteurs et spectateurs, qui disaient : « Il est tellement laid, tellement gros, tellement monstrueux… C'est un type épouvantable ! » Moi, je trouvais qu'il avait une grâce d'acteur poète et je le pense toujours. Les gens disaient aussi : « Et en plus, il imite Piccoli ! » J'étais très fier qu'un jeune acteur m'imite… Et maintenant que ce salaud m'a dépassé dans le star-system et le box-office, plusieurs fois on m'a dit : « Vous ressemblez drôlement à Depardieu, j'espère qu'il ne vous en veut pas ! » C'est amusant, non ? »
Philippe Durant offre aux lecteurs de suivre cette carrière riche, d'un comédien, d'un homme qui cultive « l'authentique », une biographie exhaustive qui nous montre à quel point cet homme avait de multiples facettes, combien il était lui tout simplement. Si sa route a croisé les plus grands c'est qu'il le méritait mais il a aussi beaucoup apporté à « ces grands ». Un homme de partage, un homme de culture et de conscience.
Garder l'image de Pierre des Choses de la vie ou de François dans Vincent, François, Paul et les autres est une évidence. Mais cette biographie donne une envie furieuse de se plonger dans les autres films ou pièces de théâtre, les revoir avec un oeil plus exercé après cette lecture.
La conclusion je la laisse à Michel Piccoli « La fonction de l'art c'est de poser des questions qui engendrent des réponses sinon des résolutions. »
Cet homme unique nous a quitté le 12 mai 2020.
Je remercie vivement Masse Critique Babelio et les éditions Favre pour cette lecture.
©Chantal Lafon-Litteratum Amor 14 juillet 2020.
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Homme mûr et rassurant face à la caméra de Claude Sautet, le magnétique Michel Piccoli avait mis de côté ces personnages troubles qu'il incarnait avec délectation chez Luis Bunuel avec le Journal d'une femme de chambre, Belle de jour, ou encore le Charme discret de la bourgeoisie. Dans les huit chefs-d'oeuvre tournés sous la direction du cinéaste italien, l'acteur se régale jouer l'extravagance ou les délires les plus troubles », comme il le fera plus tard sous la direction de Marco Ferreri dans La Grande Bouffe. Qu'il serre contre lui Jeanne Moreau ou Catherine Deneuve au cours de scènes au charme vénéneux, il joue sans complexe les mâles aux instincts presque primaires, donnant à ces dames le beau rôle en victime consentante. Changement d'ambiance. En 1975, dans Sept Morts sur ordonnance de Jacques Rouffio, c'est à Marina Vlady que le docteur Pierre Losseray dispense avec ses airs de ne pas y toucher ses conseils avisés. Et ça marche ! La douce Marina, dans le rôle ingrat de l'épouse de ce notable de province n'a jamais été aussi sexy. Car Michel avait ce don : il savait rendre les actrices immensément belles et désirables !
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Fils de musiciens, Michel Piccoli est fort jeune appelé par les sirènes du septième art, mais n'a jamais été un jeune premier. D'une étonnante maturité pour son âge, il multiplie les apparitions au théâtre et au cinéma. C'est son rôle dans le Mépris de Jean-Luc Godard qui le fait remarquer par le public. Dans ce film, il interprète l'amant de Brigitte Bardot, alors au pinacle du succès et de sa beauté. Tout au long de ses impressionnants 70 années de carrière, il touche à tout, ose tout, dit tout et se lie avec les plus grands. Si on a surtout retenu sa collaboration avec Claude Sautet, on n'oublie pas La grande bouffe de Marco Ferreri et La belle noiseuse avec la jeune Emmanuelle Béart, nue de bout en bout. Ce livre revient sur sa magnifique carrière et épingle les morceaux forts qui l'ont inscrit pour l'immortalité dans les anthologies du XXe siècle. Plus discrètement, il jouait sur les planches, refusant la procrastination.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
« La télévision, ce n'est pas l'ennemie du cinéma, c'est l'ennemie de notre vie, conclut [Michel Piccoli]. Grâce à la télévision, on ne sait pas ce qui se passe vraiment dans le monde. Grâce à la télévision, on nous prend pour des cons... Avez-vous déjà regardé la télévision le matin ou l'après-midi ? De 7 heures du matin à 11 heures, on colle les enfants devant le poste et on leur dit : "Fermez vos gueules, regardez, ça, c'est drôle !" On leur propose des chansons de merde... Après on dit aux femmes : "Prenez tel aspirateur, lavez la chemise de votre mari avec ceci, repassez avec cela..." Comment laver plus blanc, moins noir... À la télévision, on traite les femmes plus bas que terre. Encore pire qu'en Iran !... Sans oublier les jeux où, si vous répondez bien à une question, vous repartez avec une voiture !... Pourquoi les gens regardent-ils la télé ? Parce que ça ne coûte pas cher. Ça vous coûte moins cher que ce que vous dépensez pour manger. Quant à aller au cinéma ou au théâtre, n'en parlons pas ! »
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Michel Piccoli sait que ce n'est pas avec ce genre de personnage* qu'il pourra atteindre les cimes du star-system. Il est loin, très loin, des héros du moment : Peter O'Toole dans Lawrence d'Arabie, Alain Delon dans Le Guépard et Mélodie en sous-sol, Johnny Hallyday dans D'où viens-tu Johnny ?, et encore plus loin du nouveau venu Sean Connery, vedette de James Bond contre Dr. No. Que lui importe ? Il suit une autre voie, nettement plus personnelle. Une voie qui l'a quand même amené en haut de l'affiche et qui lui vaut la reconnaissance de l'ensemble de ses pairs et d'une grande partie du public. Une voie qui, à force de virages abrupts et d'écarts vers des bords de falaise, va le conduire au coeur d'une des oeuvres les plus marquantes du cinéma**.

* M. Monteil dans Le Journal d'une Femme de Chambre de Luis Buñuel (1963)
** Le Mépris de Jean-Luc Godard (1963)
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« Quand Depardieu a commencé, rappellera Piccoli plus tard, il y avait beaucoup de gens, producteurs et spectateurs, qui disaient "Il est tellement laid, tellement gros, tellement monstrueux... C'est un type épouvantable !" Moi, je trouvais qu'il avait une grâce d'acteur poète et je le pense toujours. Les gens disaient aussi : "Et en plus, il imite Piccoli !" J'étais très fier qu'un jeune acteur m'imite... Et maintenant que ce salaud m'a dépassé dans le star-system et le box-office, plusieurs fois on m'a dit : "Vous ressemblez drôlement à Depardieu, j'espère qu'il ne vous en veut pas !" C'est amusant, non ? »
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