Un grand merci à Masse critique non fiction et aux Editions de L'Archipel pour cette lecture !
Lire "La bande à Bébel" de Philippe Durant, c'est respirer une joyeuse (et un peu mélancolique aussi) bouffée de nostalgie cinématographique en bonne compagnie !
Sept garçons, très jeunes, qui fréquentent le Conservatoire d'Art dramatique à la même époque et qui très vite se fédèrent en groupe incontrôlable autour de Jean-Paul Belmondo, forment cette équipe de chenapans dont j'ai aimé suivre les frasques au fil des pages. Il y a là Michel Beaune, Pierre Vernier, Jean-Pierre Marielle, Jean Rochefort, Claude Rich, Bruno Cremer et, bien sûr, un Bébel goguenard, attachant et toujours prêt à toutes les fantaisies. Excusez du peu !
De 1949, année où Claude Rich entre au Conservatoire, jusqu'à 1956, date à laquelle Belmondo en sort, les sept apprentis-comédiens vont construire une amitié indéfectible, jouer des tours pendables, apprendre leur métier et participer au renouveau du cinéma français. Autour du noyau dur du groupe, gravitent des satellites tels que Claude Brasseur, Annie Girardot, Guy Bedos, Michel Galabru, Philippe Noiret... Dans l'univers extrêmement rigide et codifié du Conservatoire, les sept garçons bousculent les conventions tout en faisant leurs premières armes sur scène. Et c'est probablement ce côté iconoclaste qui m'a le plus surprise et réjouie.
Après une brève contextualisation, le livre se construit par chapitres thématiques qui égrènent les facéties de la bande tout en évoquant la carrière de chacun. Ce choix du thématique au détriment d'une narration chronologique se révèle judicieux car il reflète une effervescence et une énergie constantes qui correspondent à la fois à l'image publique de Belmondo et à celle d'un cinéma qui, progressivement, évolue. Très factuelle, l'écriture remplit son rôle informatif d'une manière efficace, en insérant des extraits de témoignages.
Que le lecteur ne s'attende pas à des révélations, à des analyses, à des mises en perspective ou à une étude des prémices de la Nouvelle Vague ! L'ouvrage n'a pas d'autre prétention que de raconter des anecdotes savoureuses en mettant l'accent sur le charisme de Belmondo. Cette bande de joyeux drilles a donné au cinéma et au théâtre quelques-uns de leurs plus grands acteurs et les retrouver au tout début de leur carrière a quelque chose de profondément émouvant. le livre de Philippe Durant laisse entrevoir l'extraordinaire richesse de cette génération d'acteurs que l'on voit disparaître l'un après l'autre avec un gros pincement au coeur. Pour moi, ce fut une lecture très plaisante qui m'a donné envie de revoir, entre autres, "Pierrot le Fou", "Stavisky", mais aussi "Rocambole" et les films d'Yves Robert.
+ Lire la suite