Quand la Méditerranée nous submerge

Jean Viard est un intellectuel. Un vrai. Sans que ce terme ne soit péjoratif. N'ait une connotation insultante. Et comme pour tout intellectuel qui se respecte, sa parole mérite qu'on s'y arrête. Quel que soit son propre bord politique, d'ailleurs. Jean Viard ne parle pas pour ne rien dire. Pas de glose. Pas d'effet de manche. du concret, des propositions étayées par des principes et des chiffres, chez ce disciple d'Edgar Morin qui n'oublie pas qu'il est économiste à la base.

Les principes sont humanistes. Une vie, c'est sacré. Pas au nom d'une sacro-sainte religion qui prétend dicter son diktat. Les chiffres sont bruts et transparents. Jean Viard ne repeint pas plus blanc. Quand il ne sait pas, quand il doute, quand il s'est trompé... il le dit.

Au-delà des principes, il y a le pragmatisme. Par exemple, il y a de la drogue partout... à quoi bon essayer de l'interdire, vu qu'il est manifeste que cela ne marche pas. Et ainsi de suite. Pourquoi continuer à imposer des traversées sur des canots instables qui font la fortune des passeurs et des réseaux criminels, lesquels trafiquent aussi dans les armes, la drogue et la prostitution? Pourquoi encore nier les opportunités que la jeunesse immigrée de 2è ou 3è génération peut apporter à la France, l'Europe et à l'Afrique? Et ainsi de suite.

De gauche par certains aspects, Viard est aussi de droite par d'autres, quand il s'agit de faire jouer les marchés. Mais il est aussi républicain et laïc, répétant que pour devenir Français, il faut adhérer à ce que représente la France, de la philosophie des Lumières à la laïcité de l'Etat. Cela ne l'empêche pas de regarder le financement des églises. De laisser les gens s'habiller comme ils le veulent (même s'il signale ses préférences). De trouver que les musulmans n'ont pas la place qui leur revient en France.

Il faut aussi dépasser les vieilles rancunes et les culpabilités de la colonisation. Tout ce qui empêche d'aller plus loin.

Deux textes additionnels viennent compléter cette interview sur les valeurs, l'immigration, la jeunesse, le futur de l'Europe. Un sur la drogue et l'autre sur la société en mouvement.