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EAN : 9782843984792
128 pages
Apogée (29/01/2016)
3.6/5   5 notes
Résumé :
Ce recueil rassemble des notes prises entre 2001 et 2012. Il s’inscrit dans la continuité de Cendres vives (1980-1988), du Carré du ciel (1988-1996) puis de La Table de veille (1996-2001).
Tenir ces carnets, à travers les années et les saisons de la vie, avec autant d’assiduité que de doutes, relève d’un désir obstiné de « veiller » sur la vie pour mieux l’étreindre, à défaut de la comprendre. Un devoir d’attention, en quelque sorte. Attention au brin d’herb... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Un bleu d'octobre, est le quatrième tome des extraits des carnets d'écrivains de Françoise Ascal. Celui-ci commence à peu près à sa retraite, avec la dernière visite à son lieu de travail qui lui laisse l'impression d'y être déjà étrangère.
La maladie qui a fait partie de sa vie il y a quelque temps, revient. Il ne faut pas la laissé tout envahir ! Tout événement ou contrainte comme celle-là, par exemple, est l'occasion pour l'écrivain d'en scruter les résonances sur sa sensibilité, son inspiration et ses faits et gestes.
Chaque petite note relate un moment de réflexion, de vie... L'oiseau contre la vitre, le four retrouvé dans la ferme, le passage et la disparition d'un ami, une visite médicale, un travail d'écriture, une promenade ...
La retraite est le début d'une seconde vie, le moment presque imposé pour des travaux dans la maison, dans la pensée, dans les souvenirs. Entreprendre ! Se refondre soi-même ! Se détacher des parents, des influences et des héritages, alluvions déposées par l'existence ! Atteindre son véritable soi, vieil objectif toujours repoussé. Ce second soi qui ne peut que profiter à l'écriture ! Éclaircir sa vie ! Aller à l'essentiel, il est temps ! Atteindre la limpidité de la source ! Mais, détachements qui préparent la fin ?
Le journal est un atelier. Celui de Stendhal en fait foi. On y polit son style en toute intimité, on y fait ses gammes, on travaille à la barre. Les livres sont l'aboutissement de ce cette astreinte quotidienne. Une publication dans son intégralité imparfaite est donc inenvisageable !
Le style doit être accessible à tous, le mot bien placé et précis. Un texte est comme un mur de pierres sèches. Chaque mot ayant sa forme, son poids, doit être soigneusement choisi pour s'imbriquer avec les autres sans rien déséquilibrer.
Un mois pour lire le Bleu d'octobre c'est court. Il faudrait laissé passer du temps entre chaque petite strophe.
Pas facile d'en parler pour moi, sans utiliser le « je » que François Ascal évite au maximum. L'âge, l'ancienne ferme, le four, le jardin, l'amour des arbres, le père taiseux, la Franche-Comté, la rivière, les lectures (Montaigne, Tchekhov, …), la musique, le tournant de la vie, tant de similitudes entre nous. Tant de « elle aussi !!! » après de nombreux paragraphes !
« Parler pour ne rien dire ! » était l'expression sentencieuse de mon père pour désigner les longues conversations. Françoise Ascal ne veut pas écrire pour ne rien dire, héritage comtois que nous partageons.
De cette lecture il me reste l'impression très forte que nous sommes le résultat de notre âge, de notre siècle, de notre région, de notre génération, de notre pays, de nos ancêtres... et qu'il est bien difficile d'en sortir. Ce qui surprendra peut-être Françoise Ascal.
Un bleu d'octobre ! Une promenade ! Une vraie rencontre !
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Je remercie Babélio et son opération Masse Critique, ainsi que les éditions Apogée pour cette sélection.Première rencontre pour moi avec Françoise Ascal par le biais de ce recueil.

Concernant la forme, et c'est plutôt rare que je m'exprime, si la couverture cartonnée est agréable au toucher, j'aurai aimé un format plus en adéquation avec le fond, de type carnet, ce qui aurait renforcé le rapport intime aux prises de notes. Et je m'étonnes de ce choix de couleur, sobre, mais intense..il m'intrigue (dû à l'éditeur même, à la thématique?)_________(étant moi-même adepte de petit carnet, pas nécessairement du Moleskine, même si c'est la référence…).

La prise de notes a été épurée, sélectionnée, elle s'apparente quelque peu au journal intime, ce sont des notes de lectures,

impressions du moment,

fugacités,

pensées sporadiques alignées, dont la lecture de prime abord n'est pas facilitée, par l'entreprise même, et qui paradoxalement peut apparaître pour certains lecteurs, plus confortable,

épisodique,

du coq à l'âne.

La prise de note est une extraction singulière, hors contexte, qui fait sens à son auteur et pas nécessairement à son lecteur qui à mon avis, n'accède qu'en partie, à son sens véritable, au visible. L'entreprise peut permettre toutefois une compréhension de l'auteur et des techniques sous- jacentes à l'écriture. »Ratissage de vieux carnets.(…) B.me rappelle que ratisser est une activité partagée par les moines et les jardiniers. »p43

Puis des thèmes communs apparaissent, à l'aune d'une seconde lecture, possible alors, de tisser des liens, éléments de biographie,

les onze ans voient les saisons défiler au gré des champs lexicaux, la nature, les paysages intérieurs se reflètent au travers la vue du « jardin, sous le cognassier.Chaleur et parfum. B. a suspendu un fushia dans les branches. Les ramures retombent avec grâce. Ni contemplation, ni méditation.Juste se laisser traverser. »p.11 « presque l'automne déjà, dans l'ambiance humide, la fraîcheur hâtive, l'abondance de fruits »p.19 qui contrastent avec les lectures plus graves « Lecture passionnante des journaux de Bauchau.Vision émouvante de cet homme de 88 ans, faisant chaque jour sa gymnastique matinale en répétant les mots de Maître Eckhart : « C'est aujourd'hui la fête, la plus grande fête, la fête à l'existence »p.20

Beaucoup de références aux auteurs et de citations extraites, »Louis-René Des Forêts, Michel Onfray, François Cheng, Maurice Bellet, des philosophes et là je me sens plus à l'aise avec Spinoza, Plotin, Nietzsche,Montaigne, Pindare, …

Il s'agit de p.106, « Revenir aux fondamentaux. Tenir le fil, en dépit des inévitables occasions de déstabilisation___contrariétés, colères,tristesses. Penser au souffle, qui ne peut décevoir, qui fait son travail de vie sans question. le cultiver en conscience, le choyer, le protéger au mieux. »

Aperçu et petite sélection : le rapport à l'écriture

« Où me mène ce texte? A mon insu, la Chapelle de Ronchamp tend à s'amenuiser au profit d'autre chose, plus lié au monde d'aujourd'hui, à mes inquiétudes de société. Ce faisant, j'éprouve une joie à m'éloigner de ce journal. Sentiment de sortir de mon propre utérus.

« Trouver la vérité par l'écriture. La vérité m'intéresse plus que tout, plus que l'écriture.p.20

« Tout dans ma vie est sous le signe de l'arraché. C'est à l'arraché que je parviens à extraire les mots et à me garder vivante. »p.21 et des échos, répétitions qui amorcent de l'importance de cette idée » Ecrire à partie liée avec l'arrachement. Mais qu'ai-je à arracher ? Rien ne s'impose en toute nécessité. Mon vouloir est cérébral ».p.42 « Levée tôt, mais l'écriture, où est-elle? « Je » fais écran. »
Lien : https://lecturesindelebiles...
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Livre reçu via l'Opération Masse Critique

Quelle lecture inhabituelle pour moi !
Je ne connaissais pas du tout ce livre, ni l'auteure, ni même la maison d'édition. Je l'ai abordé sans aucune attente, sans idée de son contenu, et je fus tout à fait ensorcelée.
Un bleu d'octobre est une sélection de pensées, de bonheurs et de peines tirée des journaux de Françoise Ascal. Il est précédé par Cendres vives, qui couvre les journaux de l'auteure de 1980 à 1988, de Carré du ciel (1988-1996) et de Table de veille (1996-2001).
Françoise Ascal y parle de sa maladie, de l'attente obsédée de la rémission, de la peur de la vieillesse, de ses deuils et de ses joies quotidiennes, commente quelques lectures et citations, évoque l'actualité, son travail d'écrivain, ses projets et ses collaborations, des salons et des événements où elle est invitée à lire ses poèmes, le refuge de son jardin fleuri. de 2001 à 2012, Françoise Ascal évolue et prend vie à travers ses notes d'une façon très intime.
Les notes si courtes, si diversifiées, si sincères, émeuvent et fascinent. Sa façon d'écrire, à la fois épurée et poétique, et les idées et les peurs qu'elle soulève, parfois simples et parfois très personnelles, sont une remarquable source de sagesse et, dans mon cas, d'inspiration.
Je relirai Un bleu d'octobre, ça ne fait pas le moindre doute.
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Catalogue d'art contemporain du Palais de Tokyo. Nombre d'artistes ne tendent qu'un miroir à la réalité, la reproduisent sans lui faire subir la moindre métamorphose susceptible de l'éclairer, de lui donner sens – non pas « Le » sens, mais des hypothèses de sens, des lectures ouvertes, en mouvement. Images inertes, serviles, qui disent le chaos tel qu'il est, les déchets tels qu'ils sont, produites par un enregistreur techniquement impeccable, sans ce regard habité d'humanité inquiète qui fait à mes yeux tout le prix de l'art.

3137 – [p. 32/3]
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CARNET, 2011…
extrait 2


J’ai longé la rivière en vélo, jouissant des odeurs, attentive aux sons variant selon le niveau d’eau. C’est ici que mes pieds se reconnaissent à leur juste place. Ici que les pierres s’adressent à moi. Celles de la cheminée, dans la cuisine, ne sont pas muettes. Elles veulent dire. L’épaisseur du temps est pleine de mains suppliantes. Qui voudrait qu’on l’oublie ? Quel mort n’envoie pas une adresse aux vivants ou à quelques vivants, les priant de veiller sur leur décomposition ? Les enjoignant de ne pas trop vite se résoudre à leur effacement ? Quel vivant n’est pas happé par l’ombre des pierres comme celle des morts ? Ici, c’est l’entre-deux saturnien, le lieu du dialogue interdit, le lieu des mélanges secrets, des liqueurs fortes qui ont longtemps sommeillé sous la terre. Ici, une fillette survit. Elle est plus vraie que moi. Elle est celle que je ne suis que par intermittence. J’ai toujours su que grandir n’était qu’une excroissance de chair autour d’un noyau inaltérable, un habillage du cœur, un vêtement d’extérieur. Grandir est peut-être une œuvre de dissimulation. Ou une manière d’éteindre le feu, de réduire les intensités.

Jamais rassasiée de lumière rasante sur la prairie, de ce vert doré éblouissant que je ne connais nulle part ailleurs.
Près des vieux sapins, sons d’orgue et odeurs de miel.
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Découverte, chez Émile Verhaeren, d'un long poème scandé par un « Je me souviens » répétitif, ce fameux « Je me souviens » qui, depuis Perec, a fait fureur dans les ateliers d'écriture. On ne songerait à en donner la paternité à E. V., et pourtant le poème se dévide en litanie exactement semblable.

3136 – [p. 10/1]
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Un travail m'a été proposé sur la Haute-Saône. A consulter les encyclopédies, les vieux livres de géographie, on découvre un non-lieu. La Haute-Saône est décrite par ce qu’elle n'est pas, par ce qui la borne, les Vosges, le Jura, la Bourgogne. Un trou sur la carte, et qui plus est, avec des gouffres, des « fons » et « frais-puits » qui la minent en sous-sol.
C'est bien mon territoire, métaphore de mon assise introuvable.

3139 – [p. 43]
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… toute ma vie est sous le signe d'une quête de changement, d'une aspiration à me modeler, à me dégager du chaos et des aliénations originelles.

3141 – [p. 47]
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Video de Françoise Ascal (1) Voir plusAjouter une vidéo
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Poème de Françoise Ascal
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