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EAN : 9782818042199
400 pages
P.O.L. (03/05/2018)
3.78/5   9 notes
Résumé :
Il n’y a pas de révolte relative, de petite révolte, ni même de révolution défaite ou avortée et, pour reprendre le mot de Rimbaud, il n’y a que des révoltes logiques, exaltées ou effacées ensuite.
Ce livre part du mouvement, le mouvement d’il y a deux ans. Nathalie Quintane a voulu dire ce qui se passait parce qu’elle a tout de suite compris qu’on dirait ensuite qu’il ne s’était rien passé au printemps 2016.
Mais la chronique (ou le récit) s’est pours... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Un oeil en moins est un bel objet littéraire.
Nathalie Quintane a suivi, au gré de ses engagements les phénomènes contestataires des deux dernières années.
Elle a ainsi été témoin de Nuit debout, elle a donné des cours de français à des migrants, et a suivi une association de province qui aide ces personnes, enfin elle s'est rendue à Notre-Dame-des-landes.
Ce sont donc ces phénomènes qu'elle nous donne à voir dans ce livre et elle se propose d'en extraire la substantifique moelle littéraire.
Ainsi au cours de ces 400 pages on ne s'ennui jamais car on est témoin et on peut également apprécier son travail de la langue dans un style concis et poétique à la fois.
Les tournures de phrases parfois équivoques donnent à rire.
Cependant si c'est un livres certes militant, il offre un certain recul sur la nature des actions menées, et tout est évoqué avec une grande lucidité.
Et un sens de l'humour sous-jacent rend la lecture tout à fait plaisante.
Un livre lu le temps d'un week-end, que je retiendrai comme une lecture agréable et enrichissante.
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Première lecture pour moi de Nathalie Quintane, bien que sensible au sujet et enthousiasmé par les diverses présentations, je n'ai pas vraiment apprécié l'ouvrage. Entrecoupé de souvenirs quotidiens banals, le coeur de la réflexion est noyé dans la banalité. C'est d'ailleurs peut être ça la réussite du livre, une description fidèle de la noyade de nos idéaux dans la mélasse quotidienne.
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La quête superbement décousue de la possibilité d'un nouveau bréviaire de la parole et de l'action politiques, personnelle et collective.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2018/08/13/note-de-lecture-un-oeil-en-moins-nathalie-quintane/
Lien : https://charybde2.wordpress...
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critiques presse (1)
LeMonde
08 juin 2018
La narratrice d’« Un œil en moins », qui n’est pas tout à fait l’auteure, s’essaie à diverses formes d’activisme dans le sillage de Nuit debout.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Les lycéens sont six dans le kiosque, soucieux.
Ils ont tenté ce matin le blocus du lycée, blocus partiel, laissant passer les terminales.
Ils étaient entre trente et cent.
Trente pour la direction, qui les photographiait dissimulée depuis son bureau.
Cent pour eux-mêmes.
Dix pour les camarades qui sont allés en cours.
L’un d’eux a dû jeter un œuf, qui aurait blessé quelqu’un.
Dégagez ou je défonce vos petites gueules ! a dit le CPE (conseiller principal d’éducation) secouant pêle-mêle la grille et les lycéens accrochés, puis :
J’ai pris tous les noms !
cependant que la direction, soudain moins sûre, farfouillait dans le BO (Bulletin officiel) pour savoir s’il est légal ou non de défoncer des lycéens contestataires.
Nous venons aux grilles du kiosque, levons la tête vers eux qui la penchent, non, on ne convoque pas un conseil de discipline pour ça, on n’a jamais convoqué de conseil de discipline pour un mouvement de contestation, et l’intersyndicale peut expliquer ça à la direction si besoin.
On s’explique l’assez simple attitude du CPE, qui confond le bâtiment avec sa propre personne ; la réaction de la direction, totalement paumée dès que quelque chose sort de l’ordinaire.
Errants, inquiets, de stage de formation en stage de formation, les personnels de direction tentent d’adopter le comportement managérial, fébriles ou affolés à l’idée de sortir des clous.
Idem, les enseignants, sommés à l’autonomie, terrifiés à l’idée de ne plus pouvoir reconnaître les clous desquels il ne faut pas sortir.
Idem, les parents, collectionnant année après année les images des clous dans lesquels leurs enfants doivent s’inscrire s’ils ne veulent pas se faire défoncer.
Ces lycéens locaux me rappellent que depuis quelques semaines, nous sommes tous entrés dans l’ère de la défonce.
Qui se risquerait à partir en manif sans ses lunettes de ski, son sérum physiologique et son jus de citron, ses protections tibias, cuisses, dos, ses grosses chaussures et son casque ?
Si tu sors, tu sais que tu risques de te faire défoncer : cela, deux géographies l’ont expérimenté pour nous 2 : d’abord les banlieues qui sont, de mémoire, des lieux défoncés, perpétuellement en chantier ou à exploser, coulissant de là aux habitants des banlieues, perpétuellement défoncés dans l’imaginaire des autres, et à exploser.
La façon précise et patinante qu’ont les forces de l’ordre d’extirper, dans les manifs blanches, les corps un à un qu’ils ont nassés (mot nouveau dans le vocabulaire) vient des opérations menées en extérieur depuis trente ans – dans le quatre-vingt-treize par exemple. Car il faut faire des interpellations (chiffres).
La deuxième (mais non la seconde) est la campagne, horrible référence où des jeunes non autochtones se sont entendus avec les paysans du coin, c’est-à-dire qu’ils se sont mis à se parler sans intermédiaire et à se comprendre sans médiateur, dubitatifs tous à l’idée que ce serait mieux d’avoir un aéroport et des avions plutôt que des champs à cultiver, le travail qu’on aime, et de la nourriture qui ne vous envoie pas au CHU.
C’est là, en banlieue et à la campagne, que l’État a trouvé la solution miracle : la défonce.
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Celui qui apporte la soupe signifie qu’il est dans le mouvement, pas au bord.
Il a fallu de l’entrain pour faire la soupe (sans compter le transport, l’installation, la proposition à tous de se servir en faisant le tour avec les petites timbales pleines, etc.). Un entrain minimal pour se déplacer en fin de journée ; sortir.
Le plus difficile est de sortir de chez soi ou de ne pas y rentrer, c’est pourquoi le mouvement à son début posa comme phrase qu’on ne rentrerait pas chez soi.
Quelle colle nous tient chez nous ?
Quelle colle assez puissante nous tient chez nous pour que même par beau temps en week-end et en vacances, sans obligations particulières, les enfants grands ou gardés, la télé étant ce qu’elle est, peu de goût pour la lecture et les jeux de société, certes une bonne série certes Call of Duty – mais tout de même ?
Quelle colle,
sinon l’habitude.
La liste est courte et sûre des raisons qui de toute éternité me font sortir : un film ; un repas de famille ; un resto entre amis ; de moins en moins un verre au bar ; le feu d’artifice du 14 juillet ; une initiative de la mairie.
Mais sortir pour rester sur une place, avec d’autres, du jamais vu.
Et qu’est-ce qu’on va faire ?
L’ennui.
Le ridicule du partage de la soupe.
(Une soupe peut-être pas bonne.)
Des phrases entendues mille fois. Des banalités, des redites.
Les cassos du coin.
On va faire l’ennui.
Cette colle très puissante qui te contient chez toi.
Le bon canapé.
Le dehors, ouvert à tous vents.
Cette conquête, prise de guerre, d’écouter des inconnus. De causer avec des. Que tu ne rencontres jamais qu’en reportage – l’ouvrier agricole, l’assistante sociale, les très vieux militants du PC.
Et puis la facilité que c’est, dont tu ne te doutais pas.
Le goût, qui commence à venir.
Des solutions à inventer pour continuer quand il fera froid.
Alors pourquoi tant d’autres encore collés ? D’où et de quoi de cette colle la puissance familière ? L’idée que les familles sont dedans, que la vie familiale ne peut être que dedans.
Pourtant les premières fois des enfants sont là, des petits, et un ado de douze ou treize ; sagement collés aux parents, puis très vite gambadant par toute la place, courant après les chiens, divaguant. C’est eux qui ont le moins froid, qui s’amusent le plus, qui trouvent comment faire dehors.
Tout de même cette colle très puissante, quadragénaire.
Petits, l’été, on installait nos chaises à côté de celles des grands, dans la rue, le long des maisons, regardant la route. On racontait la vie. On bavait on bavardait on bavassait. On suivait au mur d’en face le lézard montant le long des lézardes. Les nids collés des étourneaux sous les toits, savamment maçonnés ; tous les détails du monde.
Quelque chose de ça s’est échappé qu’on cherche, taraudés par le souci. Plus le monde, mais son souci. Et si tout ça crevait ? Et si la dernière abeille tombait à mes pieds, là ? Et si plus jamais ma vue ne disparaissait l’été dans un pare-brise pourri d’insectes ?
Dans cette peur, se couvrir de l’habitude du chez-soi, couverts de l’excuse des cassos, de la météo.
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En cercle, face aux autres et à la troisième semaine, les souvenirs ne passent plus ou n’ont plus besoin de passer. Nous parlons de nos efforts pour communiquer ; au marché, hier, j’ai croisé une amie qui m’a dit : « Ah bon, ça existe encore ? », sur le même ton que ceux que ça ne concerne pas me demandent : « Ah bon, tu écris encore ? », dans l’étonnement et le léger agacement que ces choses-là puissent (encore) se faire.
Donc, nous avons tiré cinq cents tracts distribués au forum de la formation et de l’emploi, qui est plutôt le forum de la formation puisqu’il y avait dans tout le forum deux emplois proposés. Nous avons écrit au Posca (c’est un feutre) sur des grands cartons le nom de notre mouvement, son lieu, ses dates. Nous avons accroché les grands cartons aux rampes qui mènent à la placette. Nous avons informé des sites et les réseaux dits sociaux. Nous en avons parlé autour de nous.
Ah non le vendredi c’est pas possible, je vais au yoga, a dit quelqu’un.
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C’était une manif, la dixième ou la onzième, franchement, je ne sais plus, avec la loi à ronger comme un bout d’os, contre laquelle on manifestait, ce que je ne rappelle jamais puisque j’ai dit dès le début qu’elle ne serait pas retirée et qu’ainsi, par déduction, on manifestait depuis quatre mois pour autre chose.
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Bergen, Berlin, Rio, Paris – et la province française. Des gens s’assemblent, discutent, écrivent sur des murs, certains tapent dans des vitrines.
En échange, on leur tape dessus, on les convoque au tribunal et, à l’occasion, on leur ôte un œil.
C’est la vie démocratique.
Alors, je me suis dit : Tiens, et si, pour une fois, je sortais un pavé ?
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Regards-croisés Québec-France Diffusion de la lecture-rencontre entre Alain Farah (Québec) et Nathalie Quintane (France).
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