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EAN : 9782221156193
336 pages
Robert Laffont (02/01/2015)
3.46/5   55 notes
Résumé :
Héros méconnu de la Seconde Guerre mondiale et génie visionnaire – l'inventeur de l'ordinateur, c'est lui –, Alan Turing a révolutionné nos vies. Et il est mort en paria. Dans un futur proche. Les transhumanistes ont gagné. L'IA (intelligence artificielle) domine désormais le monde. Mais elle a une obsession : réhabiliter la mémoire de son " père ", le génial mathématicien anglais Alan Turing. Pour cela, il lui faut établir la preuve qu'il ne s'est pas suicidé, comm... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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le lecteur, en général, n'en sait jamais trop. Sauf parfois quand il lit (avec attention) les quatrièmes de couverture. Bien sûr, c'est pourquoi certains évitent de le faire. Or, mieux vaut ne pas faire l'impasse ici, car un rapide survol pourrait faire penser à un « biopic » d'Alan Turing (1912-1954). Tiens, je croyais que le mot biopic ne s'employait que pour les films, avec pic comme dans biographical motion picture. Alors… étourderie ou escroquerie ? Quand on sait qu'Imitation Game, le biopic sorti en 2014 avec Benedict Cumberbatch dans le rôle d'Alan Turing, n'a pas été inspiré par ce roman-ci mais par la biographie d'Andrew Hodges, parue en 1992, alors je me dis : il y a de l'imitation game dans l'air…

Manifestement il ne s'agit pas ici d'une biographie, mais bien d'une oeuvre de fiction, comme le suggère le début du texte de la quatrième de couverture. Constamment en effet, le lecteur se demande dans quel genre littéraire se situe le roman. La narration oscille entre science-fiction, biographie, roman d'espionnage et récit historique. Généralement, j'adore le mélange des genres, mais si avec deux ingrédients, le résultat reste digeste et permet de rehausser la saveur (il existe des romans de science-fiction qui sont d'excellents polars), ici, à vouloir se fixer trop d'objectifs, l'auteur perd en route son lecteur.

Seul un auteur de talent aurait été capable de relever un pareil défi (je pense à Robert Littell, par exemple, qui fait coexister avec brio des personnages réels et des personnages de fiction dans ses romans). Dans L'Homme qui en savait trop, tout cela est poussif et contre-productif. Les différents volets s'arriment mal entre eux : la biographie ralentit l'action, la science-fiction invalide la réalité historique et occulte la vérité scientifique, le thriller discrédite la biographie, le roman d'espionnage, en superposant plusieurs époques et plusieurs genres, empêche la totale immersion du lecteur. Tel personnage secondaire a-t-il existé ? Telle anecdote s'est-elle réellement produite ? La facilité du procédé – on peut tout raconter, il s'agit d'un roman – et le brouillage des pistes ont plutôt engendré dans mon cas, un manque d'intérêt pour cette histoire.

Je retiens de ce roman une impression d'empilement hétéroclite, de remplissage, avec en prime deux circonstances aggravantes : d'une part, la possible tentative de récupération commerciale (c'est une hypothèse que je formule, mais la coïncidence est quand même troublante), profitant de l'engouement suscité par la sortie du film de Morten Tyldum, Imitation Game, et de la réédition simultanée de la biographie d'Andrew Hodges replaçant Turing sous les feux de l'actualité ; d'autre part, la réutilisation d'un titre déjà gravé dans la mémoire collective : « L'Homme qui en savait trop », utilisé par Alfred Hitchcock à deux reprises pour deux de ses films sortis en 1934 et en 1956. le brouillage des pistes est donc total, mettons cela une fois de plus sur le compte de la maladresse (mais ça commence à faire beaucoup).

J'admets un ou deux instants particulièrement bien inspirés, tels que le débarquement de De Gaulle sur les plages de Normandie, plutôt savoureux, ou l'évocation de l'opération Mincemeat, qui a réellement existé. Mais je me demande pourquoi, sous prétexte de verser dans un genre populaire, les deux auteurs pourtant bardés de diplômes adoptent un style d'écriture pauvre, émaillé de termes comme « polack », « connard » ou « pédé », reléguant ainsi leur roman à un niveau plus proche de la littérature de gare que de celle de John le Carré ou de Larry Collins.

Mais il y a pire, on devine à travers les sujets traités (au rayon SF, cette fois), une certaine inclinaison de l'auteur pour le « transhumanisme ». Obsession confirmée par la vidéo de propagande publiée sur Babelio (« Nos enfants iront-ils demain dans des écoles eugénistes ? »). Ce genre de propos conduit tout droit à l'éradication des canards boiteux, au nom de la compétition ultralibérale et la course au progrès, la mise à l'écart programmée des non productifs, rappelant des périodes bien sombres de notre histoire. Laurent Alexandre, féru d'intelligence artificielle, se réjouit de constater que la moitié de nos métiers auront disparu dans 20 ans, remplacés par des automates (plus intelligents et plus productifs que les humains), que la société de demain n'acceptera plus les inégalités de QI et trafiquera nos cerveaux en conséquence, qu'elle acceptera le dopage légal, les implants intracérébraux, l'eugénisme intellectuel par la sélection des embryons, etc. Totalement décomplexé sur ces sujets, l'auteur met en garde contre les tentations « neuro-conservatrices » ringardes. Tout ceci va de pair avec les idées développées dans la partie SF du roman : I.A. dominant le monde, hégémonie de Google, dont le cofondateur Sergueï Brin, n'est rien d'autre que le héros du roman, apologie du transhumanisme et dénonciation du « cancer philosophique des technophobes écologistes, islamistes et autres militants de l'éclairage à la bougie » (sic). Écologistes et islamistes, c'est bonnet vert et vert bonnet, comme chacun sait, un ramassis d'intégristes et d'obscurantistes qui n'ont absolument rien compris au monde merveilleux promis par la Silicon Valley.

J'oubliais… Ce roman, a finalement un dernier mérite : il donne envie d'acheter, pour en savoir plus, la vraie bio d'Alan Turing, celle d'Andrew Hodges, qui ressort en ce moment dans toutes les bonnes librairies (idée que j'ai aussitôt mise à exécution, sans avoir eu besoin de me l'implanter dans le cerveau).
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En sélectionnant ce livre lors de la dernière Masse Critique, je pensais qu'il s'agissait d'un livre de SF utilisant quelques éléments réels. Au final, il s'agit d'un biopic sur la vie de Alan Turing justifié par quelques éléments de SF, agrémenté d'histoire, d'espionnage et de politique. Oui, tout ça en un peu plus de 300 pages.

L'histoire commence dans un futur proche où Sergey Brin, patron de Google, a réussi à créer une véritable intelligence artificielle. Celle-ci devient obsédée par l'idée de réhabiliter la mémoire de celui qu'elle considère comme son père, Alan Turing, et va donc plonger Sergey et le lecteur dans une étude en réalité augmentée de la vie de Turing.

La première impression que j'ai eu en refermant ce livre est la frustration. Frustration, car il y a énormément de bonnes choses, mais que ce roman est bien trop court pour les explorer en détails. J'aurais voulu en apprendre davantage sur la vie d'Alan Turing, j'aurais voulu explorer plus en détails ce futur où Google a racheté Apple... Mais les courts chapitres ne nous en offrent que de brefs aperçus.

Attention, je ne dis pas que ce livre est mauvais, mais il est au contraire si prenant et agréable à lire qu'on voudrait en avoir plus.

Assez logiquement, j'ai adoré les passages sur la vie de Turing, écrits à la première personne et qui nous permettent de nous sentir particulièrement proches de cet homme-enfant génial, étrange mais terriblement attachant qui a vécu toute sa vie dans le secret, que ce soit à cause de son homosexualité ou de ses travaux top secrets pendant la guerre. A travers ses expériences de vie, on plonge donc dans cette époque paranoïaque où les communistes et les homosexuels étaient mis au même plan et considérés aussi dangereux les uns que les autres pour la sécurité de l'État, ce qui prête désormais à rire (jaune).

Concernant les autres parties du roman, j'avoue m'être un peu emmêlé les pinceaux au début du livre entre tous les personnages et les époques où se déroulent leurs histoires. En effet, mis à part Sergey et sa relation avec l'IA qui est très intéressante, j'ai trouvé que les autres personnages manquaient un peu de personnalité, et si comme moi vous avez du mal à retenir les noms, il est parfois difficile de se rappeler à qui on a affaire.

De plus, il y a de nombreux bonds dans le temps qui obligent a resituer certains événements au niveau historique, ce qui peut être compliqué quand nos derniers cours d'histoire remontent à quelques années. Cependant, je n'ai pas trouvé ce défaut rédhibitoire, mais ça m'a au contraire donné envie d'approfondir mes connaissances de cette période.

Au final, j'ai passé un très bon moment de lecture avec cet ouvrage, et je remercie chaleureusement Babelio et les éditions Robert Laffont pour cet envoi. Je n'aurais probablement pas choisi ce livre si j'avais su qu'il s'agissait d'un biopic, et je suis donc ravie d'avoir mal compris le résumé et d'avoir ainsi pu découvrir à la fois deux auteurs très intéressants et un personnage historique resté longtemps méconnu. Maintenant, j'ai très envie de voir Imitation Game !

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Une semaine avant ce masse critique, je ne connaissais ni Laurent Alexandre, ni David Angevin et le nom d'Alan Turing ne m'évoquait rien. J'avais certes entendu parler d'un scientifique britannique ayant largement contribué au déchiffrage d'Enigma, mais c'était tout.

Après avoir refermé L'homme qui en savait trop, j'ai une furieuse envie d'en apprendre plus sur la vie du principal protagoniste et j'ai bien envie de découvrir les autres ouvrages nés de la collaboration des deux auteurs. Je crois donc pouvoir dire, sans trop me mouiller, que ce livre était une bonne pioche !

J'ai beaucoup apprécié la structure de la narration : l'introduction du récit pseudo-biographique d'Alan Turing par le biais de l'IA ; un peu comme si une dame racontait la vie d'un illustre ancêtre, à la différence près que le lien de parenté est davantage d'ordre intellectuel que physique. le roman est rythmé par l'alternance des époques et des protagonistes. le lecteur est tour à tour confronté à un monde futuriste régi par l'intelligence artificielle, avide d'informations sur son « père », à la vie d'Alan Turing, de sa prime enfance à la fin qu'on lui connaît (que l'IA mentionne dès les premières pages) et à un mystérieux agent des services secrets britanniques. Ce procédé permet au lecteur de remettre toute la vie d'Alan dans son contexte historique et de mieux cerner les différents enjeux, politiques et autres.

Si les inventions et le monde que l'on entrevoit dans les chapitres se déroulant dans un futur pas si éloigné (et pas si irréaliste non plus) suscitent une véritable curiosité et poussent indéniablement à une remise en question de notre mode de vie actuel, le vrai point fort de ce roman réside à mon sens dans ses personnages, et plus particulièrement le principal. À l'instar de Sergey Brin, le lecteur s'attache irrémédiablement au jeune Alan, génie exceptionnel, doux rêveur et éternel incompris. Impossible de ne pas sourire devant ses réactions naïves ou son ignorance des conventions sociales élémentaires, de ne pas ressentir d'empathie face aux injustices qui le frappent. Refermer L'homme qui en savait trop et quitter Alan, c'est un peu comme dire au revoir à un ami qu'on a rencontré en vacances quand on est gosse : on ne le connaît pas depuis longtemps, mais on s'y est beaucoup attaché et on n'a pas envie de le quitter.

Un très bon roman, donc, qui permet d'en savoir plus sur un grand homme du XXe siècle, souvent oublié, mais dont l'héritage est omniprésent dans notre société. Qui permet également de côtoyer des figures marquantes du siècle dernier, mais surtout de faire un bout de chemin avec un personnage éminemment sympathique et qu'on quitte à regret.
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La vie d'Alan Turing, mathématicien anglais recruté par Churchill pour décoder Enigma, la machine de cryptage des forces hitlériennes. Inventeur de l'ordinateur, précurseur des débats controversés sur l'intelligence artificielle, homosexuel introverti, il va mourir empoisonné dans des circonstances suspectes en 1954.
Ce type a une vie de dingue entre un père absent, une mère qui le couve, le petit Allan fait figure d'OVNI au milieu de ses camarades de classe. Il s'ennuie visiblement en classe, ce qui est certain c'est que ses résultat scolaire sans mauvais. Pourtant visiblement le petit Alan a une excellente mémoire notamment pour les chiffres.
Et puis un jour il tombe sur un livre de science. Et là l'intelligence supérieure de notre héros éclate au grand jour !
La vie d'Alan va changer du tout au tout. Lui l'asocial, le mal aimé, va se dévoilé tout en restant dans l'ombre.
Depuis que j'ai lu ce livre, Alan Turing est un peu plus connu. Un film lui a été consacré, d'autres livre aussi, des biographie notamment !
Mais c'est belle est bien a travers cette fiction que j'ai découvert le personnage.
Et quel personnage.
A la fois agaçant, repoussant, hyper intelligent et parfois pourtant handicapé de la vie. ce qui le rend touchant.
Je pense que si Turing avait vécu aujourd'hui, nous lui aurions découvert un autisme d'Asperger ou syndrome d'Asperger.
Le syndrome d'Asperger est une forme d'autisme sans déficience intellectuelle ni retard de langage.
Le syndrome d'Asperger fait partie des TSA (troubles du spectre autistique).
C'est un désordre du développement d'origine neurobiologique qui concerne plus fréquemment les garçons que les filles et qui affecte essentiellement la manière dons les personnes communiquent et interagissent avec les autres. En effet, ces personnes décodent avec difficulté les situations de la vie quotidienne. Leur corps, leur cerveau et leurs cinq sens reçoivent les informations correctement, mais un défaut d'analyse empêche un traitement de ces données. Il en résulte, pour la personne atteinte, une appréciation confuse de la vie et de l'environnement. Elle a donc besoin d'être guidée dans la complexité de la vie sociale.
En plus de ça Turing était homosexuel. Et dans l'angleterre du début du 20e siècle, l'homosexualité est un crime sévèrement puni !
Bref, notre héros, n'était vraiment pas fait pour vivre à cette époque. Et pourtant il a changé le court de notre vie. Aujourd'hui, il ferait fureur et serait un vrai héros, un super héros !
Bon j'arrête je ne vous en dit pas plus. Je préfère que vous découvriez ce livre. Car ce n'est pas seulement une simple biographie de ce génie méconnu. C'est aussi une belle réflexion sur notre monde et son devenir.
De plus l'écriture est fluide, les chapitres courts. Ils alternent entre les époques et les points de vue des différents personnages. Tout cela se lit avec un plaisir non dissimulé. En plus on apprends des tas de chose.
Bref j'ai adoré et même été bouleversée !
Voilà, maintenant…
L'avenir sera ou pas ! Lumineux ou sombre à nous de décider ou du moins d'ouvrir les yeux et d'être vigilants !

Lien : https://collectifpolar.com
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Ce roman se déroule dans un futur proche, dans lequel un grand chef d'entreprise à réussi en toute discrétion à faire naitre une Intelligence Artificielle. Cette IA est obnubilée par l'histoire d'Allan Turing qu'elle considère comme son père et elle lance une enquête à son sujet.
Un résumé alléchant, non ? Certes, mais encore eut-il fallu que le récit tienne ses promesses, ce qui est loin d'être le cas ! Je m'attendais à un livre mêlant histoire et science, à la place j'ai eu l'impression de lire une espèce de « fourre-tout », utilisant le retour en grâce de Alan Turing (merci au très beau film « imitation game » !) pour monter de toute pièce un mélange insipide d'espionnage, d'Histoire, d'enquête policière et de science fiction.
Chacun des éléments pris tour à tour manque franchement de finesse. On nous ressort notamment mille poncifs autour de Hoover (mais sans poser les vraies questions liées à ses obsessions anti communistes et homophobes alors qu'il était lui-même homosexuel), de l'intelligence artificielle (sans nous inviter à une vraie réflexion sur le fond du sujet), de l'humanité « améliorée » (en présentant le « anti » comme des imbéciles qui ont déjà perdu la guerre sans le savoir).
Résultat, le récit est profondément indigeste, et rien ne crée de lien réel entre le passé évoqué lors de l'enquête et le présent tel qu'il est imaginé, avec cette IA qui agit comme une enfant gâtée et pénible à laquelle son créateur passe tous les caprices. Un créateur lui-même totalement accro à la réalité virtuelle sensée le renvoyer à l'époque de Turing ! Mais comment croire une seule seconde que l'entrepreneur (sous entendu comme étant le plus puissant du monde) puisse passer autant de temps à « faire mumuse » dans un passé reconstitué ?
le style d'écriture est lui aussi plutôt décevant, trop lent pour être qualifié de « page turner », trop familier pour être agréable à lire (oui, nous avons compris, être homosexuel dans les 40's/50's en Angleterre était très compliqué, mais était-il utile d'en rajouter sans cesse dans le vocabulaire ?).
Alan Turing aurait mérité bien mieux que ce roman ultra décevant : une vraie enquête policière digne de ce nom autour de son « vrai faux » ( ?) suicide ; une vraie belle reconstitution de ce qu'il a apporté (décryptage du code Enigma, pensées sur la création de « computeurs artificiels », …) ; surtout une vraie réflexion sur ce que le mot « intelligence » signifie, à l'heure du débat autour de l'intelligence artificielle.
Vous l'avez compris, je ne vous le recommande pas ! Mais ce n'est que mon avis bien sûr !
Lien : http://desmotssurunepage.ekl..
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Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
La science devait éliminer la dernière pathologie qui lui résistait encore : la "maladie mentale" des bioconservateurs et autres terroristes bioluddites. Le cancer philosophique des technophobes écologistes, islamistes et autres militants de l'éclairage à la bougie résistait à la cancérologie 2.0. Le monde était coupé en deux. Le vieil affrontement idéologique entre le communisme et le capitalisme, qui avait déterminé le cours du XXe siècle, avait cédé la place à un conflit autrement plus violent et sournois opposant transhumanistes et technophobes ultra-violents. Gagner cette guerre n'était pas une option mais une nécessité. Les candidats à la vie éternelle méritaient un monde sécurisé, débarrassé de la racaille 1.0. Le camp du bien, dont Google et le gouvernement américain étaient les leaders, œuvrait dans ce but par tous les moyens.
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Ma nouvelle passion solitaire accentua encore mon statut de paria social, provoquant l’inquiétude de ma mère et de mon frère. Mon père se contenta d’un étonnement détaché, sans doute préoccupé par les difficultés financières qui le frappaient depuis son retour au pays. L’âge d’or de la colonisation touchait à sa fin. Celui de la science démarrait. Son monde s’écroulait au profit de l’industrialisation, de l’automobile, de l’électricité, du téléphone, de la découverte de la radioactivité et des rayons X. Les révolutions s’enchaînaient. En France, une femme avait même décroché le prix Nobel de chimie. Mon père était un pragmatique, une seule chose lui importait : peut-être son fils pourrait-il obtenir un travail solide et correctement rémunéré s’il poursuivait dans cette voie. À l’image du brave maréchal-ferrant laminé par l’essor du moteur à explosion, Julius Turing était un homme du XIXe siècle. Un personnage obsolète, néanmoins capable d’accepter le sens de l’Histoire et le caractère inéluctable de son évolution. J’étais l’automobile et il était le cheval. L’avenir m’appartenait.
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L’hélicoptère électrique atterrit en douceur sur le toit du Googleplex. Sergey Brin bondit hors de l’appareil. Comme chaque matin, son assistant personnel et trois gardes du corps l’attendaient. Une pluie fine tombait sur Palo Alto. Sergey ignora l’abri d’un parapluie que lui proposait un des gardes et marcha d’un pas vif vers l’entrée.

— Bonjour, monsieur le président, lança son assistant en accélérant le pas à ses côtés. Votre voyage en Europe s’est bien passé ?

— J’ai mal dormi. Ces fichues turbulences…

Ils entrèrent dans la nouvelle aile du Googleplex, le bâtiment le mieux gardé des États-Unis, construit sur un ancien aérodrome de l’US Air Force. L’immense building en béton armé avait la superficie de cinq terrains de football et comptait six niveaux, dont trois en sous-sol. Toute l’information numérique du monde transitait par les trois millions de serveurs qui vrombissaient dans ses entrailles. Le cœur numérique de l’humanité battait dans cette cathédrale de fibre optique en provenance de chaque ville, de chaque rue, du génome de chaque individu connecté.
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Les services secrets avaient été créés pour lutter de l’intérieur contre la propagation du mal. Tous les coups étaient permis. Pour le lieutenant O’Ryan comme pour ses collègues, cette confrontation invisible était une guerre qui ne disait pas son nom. Les rouges étaient des criminels prêts à trahir leur patrie pour importer la dictature du prolétariat. Malgré de nombreuses tentatives, les États-Unis et l’Angleterre n’avaient pas réussi à faire tomber le régime communiste de Moscou. La droite russe avait été pulvérisée par Staline, qui détenait le pouvoir absolu. À présent, le combat contre la pandémie gauchiste se déroulait dans les rues de Londres, de New York ou de Paris. La peur et la paranoïa gagnaient quotidiennement du terrain. Pour chaque leader d’opinion rouge victime d’un « accident malheureux » ou envoyé en prison, dix autres apparaissaient sur les estrades à la sortie des usines, sommant les foules de rejoindre la lutte. Le MI5 embauchait à tour de bras pour endiguer la montée du péril rouge.
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Le lieutenant O’Ryan alluma une nouvelle cigarette pour tuer le temps. Il attendait depuis une heure devant la porte d’un colonel des services secrets britanniques. Sa formation était achevée. Il avait subi trois semaines d’entraînement physique avec des centaines d’autres hommes triés sur le volet. On l’avait jaugé, évalué psychologiquement, testé sous toutes les coutures dans un camp militaire isolé au fin fond du Yorkshire. Il avait été jugé apte à rejoindre le MI6, la branche du SIS (Secret Intelligence Service) chargée des activités d’espionnage à l’extérieur du pays. Terminé la surveillance des cocos à la sortie des usines de Liverpool et de Manchester, fini l’interception du courrier, les intrusions chez les particuliers et les interrogatoires de sous-fifres. Dans quelques jours, il serait nommé capitaine, assigné au MI6. John O’Ryan allait voir du pays au service de Sa Majesté.
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On n'est pas couché  2 février 2019 Laurent Ruquier avec Christine Angot & Charles Consigny  France 2 #ONPC
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