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EAN : 9782850259029
368 pages
Fernand Hazan (15/10/2003)
4.64/5   22 notes
Résumé :
Le thème de l'" Annonciation " représente un défi pour un peintre.
Comment représenter en effet l'irreprésentable, l'invisible - le mystère de l'incarnation : cette venue du Créateur dans la créature ? C'est sur cette question abordée par les artistes italiens entre le XIVe et le XVIe siècles que Daniel Arasse se penche en renouvelant notre perception de l'Annonciation italienne. L'invention progressive de la perspective à partir du XIVe siècle ouvre aux arti... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Au départ, l'Annonciation est un récit :
celui du dialogue par lequel, pour les chrétiens, l'archange Gabriel annonce à Marie, jeune vierge juive, qu'elle a été choisie, entre toutes les femmes, pour concevoir un enfant du Seigneur ; après avoir manifesté une légitime surprise, Marie accepte et autorise du même coup l'Incarnation divine.

Ce texte qui va jouer un rôle central dans l'ouvrage de Daniel Arasse est rapporté intégralement, tel qu'il apparaît dans l'Évangile de saint Luc (I, 26-38), le seul qui fasse une allusion précise à cet événement fondateur : « le sixième mois, l'ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, du nom de Nazareth, à une vierge fiancée à un homme du nom de Joseph, de la maison de David ; et le nom de la vierge était Marie. Il entra et lui dit : "Réjouis-toi, comblée de grâce, le Seigneur est avec toi." À cette parole elle fut toute troublée, et elle se demandait ce que signifiait cette salutation. Et l'Ange lui dit : "Sois sans crainte, Marie; car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Voici que tu concevras dans ton sein et enfanteras un fils, et tu l'appelleras du nom de Jésus. Il sera grand, et sera appelé Fils du Très-Haut. le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son père ; il régnera sur la maison de Jacob pour les siècles et son règne n'aura pas de fin." Mais Marie dit à l'Ange : "Comment cela sera-t-il, puisque je ne connais pas d'homme ?" L'Ange lui répondit : "L'Esprit saint viendra sur toi et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c'est pourquoi l'être saint qui naîtra sera appelé Fils de Dieu. Et voici qu'Élisabeth, ta parente, vient, elle aussi, de concevoir un fils dans sa vieillesse, et elle en est à son sixième mois, elle qu'on appelait la stérile; car rien ne sera impossible à Dieu qui est tout Verbe." Marie dit alors : "Je suis la servante du Seigneur ; qu'il m'advienne selon ton Verbe!" Et l'Ange la quitta . »

Pur dialogue, récit d'un échange verbal, ce texte se présente comme une épure narrative, dépourvue de toute précision sur les circonstances de l'événement. Ce laconisme descriptif, appuyé par les enrichissements narratifs dont cette version originelle fera l'objet, laissera d'ailleurs aux peintres une grande liberté dans l'invention de ces circonstances, qu'il s'agisse du cadre dans lequel a lieu l'Annonciation, la maison de Marie, de l'activité de cette dernière au moment où Gabriel entre (par où chez elle, de l'apparence des personnages, etc. — et les autorités religieuses se montreront parfois attentives à contrôler cette liberté d'invention.
Daniel Arrasse explique que son livre est né d'une intuition à savoir qu'entre le Trecento et le Cinquecento il a existé une relation entre les différentes représentations de l'Annonciation et l'évolution de la perspective.

Deux peintres ressortent au début de l'ouvrage :
Ambrogio Lorenzetti qui aurait été le premier en 1344 à utiliser la perpective pour une Annonciation ;
et Domenico Veneziano qui instaure le premier une nouvelle configuration spatiale suscitée par une perspective régulière dans son Annonciation de 1445, symbiose de l'ancienne iconographie et de la nouvelle esthétique.

C'est de ce postulat de départ que Daniel Arasse a construit son ouvrage agrémenté des plus belles représentations de cette scène avec pour point de départ le point de vue de Masaccio, puis la logique d'Ambrogio Lorenzetti, pour ensuite nous faire découvrir les évolutions de la perspective en conviant sous nos yeux et pour notre plus grand plaisir ce que l'Italie a fait de mieux en génies de la peinture qu'ils soient connus (Lippi, Fra Angelico, Raphael, Leonard de Vinci, Botticelli,...) ou de moins connus (Braccesco, di Giovanni,Fra Bartolomeo, Vecchietta,...) et enfin conclure son ouvrage par le traitement de ce thème à Venise avec les tableaux de Titien, Veronese ou Tintoret....

Et l'on voit sous nos yeux se transformer les interprétation et représentations de ce dialogue très simple entre Marie et l'Archange Gabriel.

Les éditions Hazan démontrent une nouvelle fois qu'elles sont une référence (et c'est un euphémisme) en termes de Livres d'Art. L'ouvrage est sublimé par les 220 illustrations et une écriture simple, fluide, imagée, érudit au service des peintres et de leurs tableaux.
Lors d'un hommage à sa mort en 2003 il a été écrit «Avec lui, le savoir devenait un cadeau permanent» et ce livre est un magnifique cadeau.
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Pour les passionnés d'iconographie, de peinture italienne et de problèmes esthétiques, pour les amants de la beauté, voici un miracle éditorial.
J'avais acheté ce livre en grand format, il y a longtemps, et c'est sa réédition en petit format entrevue sur les tables d'un libraire qui m'y a reconduite. Si vous avez déjà vu les tableaux reproduits ici, vous constaterez à quel point le grand format et la qualité des couleurs vous offre des images somptueuses. Vous pouvez décider de vous arrêter là. Certains méditent, moi j'admire. On m'a dit que c'était la même chose. Je n'en sais rien.
Toujours est-il que si vous aimez les spéculations savantes, le texte de Daniel Arasse (auquel un numéro d' "Une vie, une oeuvre" a été consacré sur France-Culture), ce texte donc est un régal. A consommer lorsque le ciel est gris et que les vagues dévastes l'âme.
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Qui s'intéresse à la peinture doit avoir lu et médité la plupart des ouvrages du si regretté Daniel Arasse (disparu fin 2003). Ce grand historien d'art qui connait particulièrement la peinture italienne (il a dirigé un temps l'institut culturel français à Florence) donne de cette histoire une vision décapante - bien que déjà très malade, il avait enregistré pour france culture toute une série de commentaires d'oeuvres d'art diffusés tout l'été 2002. Inoubliable.
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Vidéo de Daniel Arasse
Conférence dans le cadre des Congrès scientifiques mondiaux TimeWorld : TimeWorld expose et anime la connaissance sous toutes ses formes, théorique, appliquée et prospective. TimeWorld propose un état de l'art sur une thématique majeure, avec une approche multiculturelle et interdisciplinaire. C'est l'opportunité de rencontres entre chercheurs, industriels, universitaires, artistes et grand public pour faire émerger des idées en science et construire de nouveaux projets. https://timeworldevent.com/fr/ ------------------------------------------------------------------------ Après un Diplôme National des Beaux-Arts à Montpellier, Francesca Caruana étudie l'esthétique à Paris 1-Sorbonne, avec Daniel Arasse, puis la sémiotique de l'art avec G. Deledalle. Docteur en arts plastiques et sciences de l'art, maître de conférences à l'université de Toulouse le Mirail de 1998 à 2005, puis à l'université de Perpignan, où elle vit. Chargée de mission culturelle pour l'UPVD. Initiatrice de la manifestation «Questions d'art» à l'UPVD. Son travail plastique s'appuie sur le rapport entre le hasard et le construit, donnant lieu à une diversité de formes : la fois à des installations réalisées à partir de résidus, d'objets trouvés ou issus de cultures tribales, à des peintures mêlant la gestualité et la rigueur du dessin, et/ou à des versions multimédia.
Conférence : le construit est-il l'unique condition de la perception ? Lue par Hervé Fischer 29 juin 2022, 13h45 - 14h30 — Amphi 24
Une conception matérialiste pourrait nous faire croire qu'il suffit d'être confronté à l'existant pour le rendre visible. La perception dépendrait donc de la seule visibilité de son construit. Si la posture scientifique nous autorise à le penser, elle n'exclut pas pour autant la perception de certains inconstruits, nous obligeant à interroger la relation entre l'existant et le réel. Une approche sémiotique du réel interroge d'une part ce que la construction fonde comme perception commune, et d'autre part la présence d'éléments exogènes et variables dans la construction tels que le cadrage, la sérendipité, l'imaginaire, l'intentionnalité, comme autant de facteurs non visibles, mais qui réduisent la perception du réel à être le miroir de notre culture.
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