L'Empire de la guerre permanente est un petit livre fort instructif, pour quiconque s'intéresse à la politique étrangère des Etats-Unis. Néanmoins, il n'évite pas certains écueils, ce qui donne envie de compléter sa lecture par d'autres ouvrages.
Rédigé par des membres du conseil d'administration et du conseil scientifique d'Attac (sous la direction de Gérard Duménil et Bernard Cassen) il est évident que le propos est idéologiquement orienté. Ceci n'est pas un problème en soi, à partir du moment où c'est assumé et clairement annoncé. Or, premier écueil, on a le sentiment que ce livre hésite, dans son traitement, entre l'essai et le pamphlet, voir l'écrit militant. Pour être plus précis, les auteurs semblent avoir voulu tendre vers l'objectivité, par la légitimité de l'analyse, mais ne peuvent s'empêcher de retourner du côté de la dénonciation.
Le second écueil, est la réduction de l'analyse, aux seuls néoconservateurs, incarnés par Georges W Bush et son administration (que l'on a pris l'habitude de nommer les faucons). Non pas, qu'il n'y ait rien de critiquable dans leur philosophie politique, bien au contraire (voir les citations que j'ai pu en faire). Mais on ne peut s'empêcher de se demander si, au delà de ce courant, il n'y a pas quelque chose d'intrinsèquement dominateur dans la société américaine. C'est là que nous serait bien utile une analyse anthropologique de la culture des Etats-Unis. Par ailleurs, on a du mal à se représenter le poids réel de ce courant néoconservateur dans la société, ce qui renvoie peut-être une image biaisé de la diversité des opinions, qui, on l'espère, parviennent encore à s'exprimer, dans ce grand pays. Une mise en perspective des idées opposées n'aurait sans doute pas été de trop, même s'il faut reconnaître qu'elles sont parfois évoquées.
Pour autant, l'Empire de la guerre permanente s'avère très instructif, notamment dans la première partie, qui retrace les diverses interventions des Etats-Unis à l'étranger (en gros depuis la guerre avec le Mexique, en 1846), et les met en perspective avec leurs motivations réelles et la philosophie politique qui les sous-tend ; une partie qui évoque Howard Zinn et son Histoire populaire de l'Empire américain (il est d'ailleurs cité )
La deuxième partie est également intéressante, lorsqu'elle montre comment l'évolution de la structure économique des Etats-Unis, qui, à la fin des années 1970, passe du keynésianisme au néolibéralisme, influe sur la politique étrangère, et redéfinit les intérêts extérieurs. de même, l'évocation de ce que change la chute de l'URSS en la matière n'est pas inintéressante.
Finalement, la lecture de ce livre, par ailleurs extrêmement bien documenté et sourcé, nous apprend beaucoup de choses et, c'est peut-être là son intérêt principal, pour peu que le sujet nous intéresse, nous incite à compléter sa lecture par d'autres.
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A l'allure où vont les choses, la paix que nous ferons, la paix que nous sommes apparemment en train de faire, sera une paix du pétrole, une paix de l'or, des échanges commerciaux, bref une paix sans but morale, sans souci humaniste.
Archibald MacLeish
L'Amérique doit assumer la responsabilité de sa puissance. Nous devons diriger le monde. C'est notre rendez-vous avec notre destin. Nous ne devons pas laisser l'histoire nous échapper.
C. Powell
La liberté que nous célébrons n'est pas le cadeau de l’Amérique au monde, c'est le don de Dieu à l'humanité
Georges W Bush
C'est peut-être un fils de pute, mais c'est notre fils de pute
Franklin Roosevelt à propos d'Anastasio Somoza, "président" du Nicaragua
On peut parler de concentration paroxystique de pouvoirs. Elle est la source de toutes les audaces
Yacoub Bitocho (Attac au Bénin), au Forum social de Dakar .Yacoub Bitocho (Attac au Bénin), au Forum social mondial 2011 de Dakar (Nina Montagné).