Par moi-même

Sortie en 1978, cette autobiographie fait la part belle à la vie commune de Lauren Bacall avec Humphrey Bogart. La moitié de l'ouvrage est consacrée à leur rencontre, leur heureux mariage, leurs amitiés célèbres (leur carnet d'adresses est on ne peut plus fourni), leurs carrières d'acteur et leurs engagements politiques (soutien inconditionnel au candidat démocrate Adlai Stevenson), ainsi que leurs révoltes, principalement leur opposition farouche au maccarthysme. Ils participèrent avec bien d'autres acteurs à la naissance du Comité pour le Premier Amendement, dénoncèrent avec virulence les tentatives de la Commission des activités antiaméricaines pour salir l'industrie cinématographique et allèrent témoigner de leur écoeurement à Washington!

Douze ans de vie commune, de partage, de complicité et de compréhension mutuelle.
Humphrey Bogart, icône du cinéma, vu à travers le regard prodigieux de "The Look" comme Betty Bacall (rebaptisée Lauren par le studio) fut surnommée lors de son arrivée à Hollywood, voilà un beau programme !
D'abord intimidée par l'homme Bogart, cette très jeune femme va rapidement tomber sous son charme et tous deux vont très vite s'apprivoiser et développer une complicité dont l'évidence va frapper leur entourage. Réunis tout d'abord dans "le port de l'angoisse" puis dans "le grand sommeil" ils le furent bientôt définitivement en se mariant dans la propriété de l'écrivain Louis Bromfield.

Et Betty Bacall s'y entend à nous faire pénétrer dans l'univers de ce faux dur, cet acteur génial, cet homme tendre et attentionné, mais aussi ce bambocheur, ce gros buveur et gros fumeur (hélas pour sa santé), cet homme trois fois mal marié et désenchanté, parfait héros du film noir des années prestigieuses du cinéma hollywoodien et, à lui seul ou presque (oui, il y en a quelques autres quand même), quintessence de tous ceux qui ont fait rêver, sur grand écran, des générations de cinéphiles !

Et Betty Bacall en parle si bien de son Bogie. Avec humour, avec tendresse et fantaisie, elle détaille les petites joies et grands bonheurs de leur vie quotidienne ; elle raconte avec verve nombre d'anecdotes sur leurs tournages, avec une longue parenthèse sur l'aventure africaine de "The African Queen" où John Huston a mené la vie dure à toute l'équipe, mais avec comme compensation un Oscar pour Bogart !
Enfin, elle évoque avec pudeur et retenue la maladie de Bogie.
Douze ans d'une existence enrichissante, dont elle a dû faire le deuil et à la suite de laquelle il a fallu qu'elle se reconstruise .... ce qu'elle est enfin parvenue à faire avec courage.
Beaucoup de franchise et de lucidité et le regard détaché de "The look" pour une biographie très agréable à lire.

Lauren Bacall : Lauren prénom d'artiste donné par son premier mentor hollywoodien ; Howard Hawks. Betty Bacall à écrit deux biographies, une première que je viens de finir en six jours, et l'autre plus tard(Seule) qui parait-il est plus touchante. Étant un grand lecteur, j'ai lu 100 pages par jour en petits caractères de sa première autobiographie. J'ai beaucoup apprécié le contenu, c'est-à-dire l'essentiel de son parcours, moins le contenant . Son autobiographie est sans chapitre, légèrement espacé (peut-être dû à cette édition). Si vous ne connaissiez pas la vie de Betty Bacall, vous êtes perdus, car le contenu ne comporte aucune indication sur les dates, ni sur sa naissance, ni sa rencontre et son premier mariage avec Bogie, dont plus de trois cents pages, elle parlait avec beaucoup d'amour de son Bogie (ce qui est tout à fair normal). Ses premières années; elle parlait de ses origines juives roumaines ; de l'amour de la seule femme qu'elle adorait ; sa mère. Elle parlait aussi de son idole ; Bette Davis pour laquelle, elle allait voir ses films au cinéma. Betty Bacall est devenue comédienne, suite aux adulations qu'elle portait pour Bette Davis. Elle avait eu le privilège en périodique de son adolescence, grâce à un de ses oncles qui était un des avocats des vedettes de l'époque, avec une de ses amies d' avoir eu le droit de rencontrer son idole, autour de laquelle, elle va recevoir de sa part de bons conseils pour devenir actrice. Betty Bacall était une jeune fille simple, sa mère qu'elle aimait tant, ne vivait pas dans le luxe. Elle était élève pendant un an dans une école dramatique, mais faute d'argent, elle dut arrêter pendant un an. C'est pendant cet épisode de sa vie qu'elle va rencontrer dans la même école Kirk Douglas alors qui terminait sa dernière année. Elle tombe amoureuse, mais reste vierge, car Douglas, juif aussi venait de tomber amoureux d'une fille qui va devenir par la suite sa première femme …
Étonnant parcours, d'une légende qui va rencontrer en 1944, celui qui va devenir l'homme de sa vie.
Elle fit une description de Humphrey Bogart, un acteur qui paraissait être dur en travaillant sur les plateaux ; mais un coeur tendre dans la réalité. Oui Bogart était un faux dur ; il était plus humain que d'autres acteurs. Bogart avait beaucoup d'amis, mais un seul fut presque comme un frère; Spencer Tracy qui venait dans la dernière année de la vie de Bogie presque tous les soirs avec sa compagne Katharine Hepburn le voir dans sa chambre. Lauren Bacall parlait beaucoup de son amie Katie Hepburn, cette dernière devint la marraine de son troisième enfant que Betty eut avec Jason Robart Jr, son deuxième marie. Lauren Bacall parlait de tous ses amis, certains qu'elle mentionnaient comme David Niven et son épouse, ou les Olivier du temps où Larry était marié avec Vivien, et d'autres qu'elle coucha su sa page sans les désigner : à mon avis pour ajouter les noms sur sa page, elle a dû leur demander l'autorisation, et d'autres parce qu'ils n'étaient pas encore morts. Mais, elle avait aussi quelques ennemis ; elle mentionnait très peu, certaines pour des raisons professionnelles, et non affectifs comme Ingrid Bergman pour laquelle, elle lui en a voulu d'avoir eu le rôle principal à sa place dans le personnage théâtral, qu'elle avait créé, Fleur de Cactus, mais, elle ne dit pas de mal sur l'actrice ;et d'autres comme Ava Gardner qu'elle n'aimait pas du tout, pour des raisons non plus professionnalismes, mais affectifs. Elle racontait avec une émotion intense, comment, Ava Gardner la snobait. Quand Betty était venue sur le tournage de la Comtesse aux pieds nus rejoindre Bogie avec un gâteau aux noix de la part de Frank Sinatra,lequel(le gâteau) avait fait avec elle tout le voyage de l'Amérique en Italie jusqu'à la loge d'Ava Gardner, cette dernière ne vivant plus avec Sinatra, mais avec son célèbre toréador, Mingue, la toisait…
Une autobiographie pleine d'émotion, une des plus riches, les mieux écrites et les plus intéressantes.
C'est au cours des années soixante-dix que Lauren Bacall va être récompense pour la première fois, d'Un Tony (équivalent d'un Molière) pour son rôle musical de Margo Channing (Applause) jouée autrefois par Bette Davis, son idole dans Eve de Joseph L. Mankiewicz.
Son autobiographie parlait de la vie, mais aussi de la mort ; des gens qu'elle a aimés comme Bogie, sa mère, son oncle Charlie et d'autres, dont les deux premiers, elle a suivi, l'étape de leur vie jusqu'à leur mort. Une émotion à fleur de peau.
Bien qu'elle eût une vie bien remplie, sa vie familiale comme toutes les mères actrices eut des hauts et des bas ; Son fils aîné, Stephen Bogart lui posait plus de problèmes depuis la mort de son père, son absence lui pesait ; tandis que sa fille Leslie Bogart était plus proche de sa mère, son troisième, Sam Robart était le seul qui fût épargné des drames de ses frères et soeurs.
Une autobiographie pleine d'anecdote, mais aussi remplie d'humidité.

Selon moi l'une des toutes meilleures autobiographies. Pas d'autosatisfaction ni de mise en avant de soi.
Une belle histoire d'amour aux débuts difficiles avec un homme qui tentera sa vie durant de combattre son alcoolisme.
Au-delà de l'histoire du couple mythique Bacall-Bogart c'est une merveilleuse fresque de l'âge d'or d'Hollywood où évoluaient des personnages hors du commun.