Je suis tombée sur ce livre par hasard dans une boîte de don, et comme j'aime bien Barrico et que je bosse sur la mondialisation, je me suis dit allez c'est rigolo. C'était d'autant plus rigolo que je me suis rendu compte après coup que le livre datait du début des années 2000. Et cela provoque une bien drôle d'impression que de lire 20 ans plus tard ce que pouvait bien dire un écrivain, un littéraire de la mondialisation, il y a 20 ans. Ses réflexiions sont finalement fort pertinentes et juste et c'est une vraie surprise que de lire et découvrir un autre baricco, un peu moins surréaliste et bien plus ancré.
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Comme j'aimerais qu'il le réédite en le complétant au vue des changement intervenus depuis sa parution.....
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Je ne crois pas que, s'il y a une "bonne" globalisation, elle peut être réalisée par des têtes qui s'en vont détruire des Mac Donald's ou qui ne voient que des films Français. Ce à quoi je pense, c'est autre chose. Je pense à des gens convaincus que la globalisation, telle qu'on est en train de nous la vendre, n'est pas un rêve erroné : c'est un rêve petit. Arrêté. Bloqué. C'est un rêve en gris, parce qu'il sort directement de l'imaginaire des chefs d'entreprise et des banquiers. En un certain sens, il s'agirait de commencer à rêver ce rêve à leur place : et à le réaliser. C'est une question de ténacité et de colère. C'est peut-être cela, la tâche qui nous attend.
Qu'il s'agisse du Vietnam ou de la globalisation, au fond peu importe : il y aura toujours une portion d'humanité qui n'est pas d'accord, qui se révolte contre l'inertie avec laquelle la majorité adopte les slogans que quelqu'un d'autre leur a inventés. Ce sont les rebelles. Est-ce qu'on devrait les condamner ? Je ne crois pas. Il faudrait plutôt les protéger contre l'extinction : ils sont notre assurance contre tous les fascismes. Ils sont le battement de cœur qui nous maintient éveillés, dans la nuit de notre bon sens. On dira : oui, mais sur la globalisation ils ont tort. Quand bien même ce serait vrai, peu importe. La prochaine fois ils auront raison, et ça nous sauvera tous. Il ne pleuvait pas le jour où Noé commença à construire l'Arche. Il y avait un soleil à faire péter les pierres.
Accuser la globalisation de diminuer la liberté collective en réduisant la complexité du monde à quelques modèles simplificateurs,c'est partir de prémisses vraies pour arriver à des conclusions fausses.
C'est en inventant un monde nouveau que l'on peut résister à l'impact avec la globalisation:se contenter de défendre le vieux,à quoi celà peut-il nous avancer?
Démolir tous les McDonald's de la terre,c'est terriblement fatiguant:ridiculiser les testimonials qui voudraient nous faire considérer qu'un MacDonald's,c'est une chance,paraît efficace.
Les voies de la narration. Apprendre l'art de raconter des histoires dans le monde contemporain
Avec David Foenkinos, romancier, dramaturge et scénariste, Fanny Sidney, réalisatrice, scénariste, comédienne et Pauline Baer, écrivaine et animatrice d'ateliers d'écriture
Au cours des deux dernières décennies, les histoires, les récits, les narratifs sont sortis du champ strictement littéraire et culturel pour investir d'autres espaces – politique, économique, informationnel. Portée par l'essor des industries créatives et par la multiplication des canaux et des formats, la « fabrique » à histoires s'est développée en réponse à des besoins variés : assouvir une quête de sens, se réapproprier une histoire familiale, fédérer autour d'un projet collectif, incarner une ambition entrepreneuriale, donner du souffle à un projet politique, redonner de la cohérence aux événements du monde, ou tout simplement répondre à notre envie d'être transporté et tenu en haleine… du récit intime qui bouscule au récit politique qui veut marquer son temps, de l'histoire qui captive au narratif d'entreprise qui conjugue stratégie et raison d'être, chacun cherche l'histoire qui fait vibrer, donne du sens, motive, divertit ou répond aux questions du siècle.
Si le besoin de récit est partout, il faut (ré)apprendre à raconter des histoires de manière adaptée aux usages contemporains, sans perdre de vue la vocation humaniste de toute narration et les ponts qu'elle peut jeter entre générations et entre communautés. Une nouvelle génération d'auteurs, ainsi que la demande des industries culturelles interrogent l'idée – très française, et à l'opposé de la mission de la Scuola Holden de Turin fondée à Turin par Alessandro Baricco en 1994 – que l'art du récit ne s'apprend pas, à moins de le faire comme un outil pour accéder à un métier et à un média. Et s'il fallait une « école Holden à la française » pour décloisonner les industries culturelles et les générations ?
Table ronde proposée par Claudia Ferrazzi, fondatrice de VIARTE.
À lire –
David Foenkinos, Charlotte, Gallimard, 2014.
Pauline Baer, La collection disparue, Folio Gallimard, 2020.
Alessandro Baricco, The game, Folio Gallimard, 2019.
Alessandro Baricco, Les barbares. Essai sur la mutation, Gallimard, 2014.
Yves Lavandier, La dramaturgie : les mécanismes du récit, Les impressions nouvelles, 1994.
Maureen Murdock, The heroine's journey, Shambhala Publications Inc, 1990.
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