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EAN : 9782253011453
348 pages
Le Livre de Poche (01/06/1976)
3.62/5   92 notes
Résumé :
Davermelle contre Rebusteau, la formule sur papier bleu l'annonce : la procédure est engagée, la justice en marche, le divorce inéluctable - Louis Davermelle veut rompre ses liens avec Aline Rebusteau pour en nouer légitimement d'autres avec Odile Milobert, sa cadette de vingt ans. Situation banale que complique le fait d'être le père de Léon, Agathe, Rose et Guy (respectivement dix-sept, quinze, treize et neuf ans), ses « Quatre » qu'il se refuse à perdre.
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Ce roman, paru en 1975, raconte l'expérience, à la fois si classique aujourd'hui et pourtant toujours aussi difficile, d'une famille écartelée à la suite d'un divorce. Louis quitte Aline après vingt ans de mariage pour vivre avec sa maîtresse de vingt ans de moins que lui. Mais le couple a 4 enfants et, si la bataille pour conserver Louis semble perdue d'avance, Aline décide de gagner celle pour conserver la garde et la préférence de ses enfants. Mais la rancoeur d'avoir été bafouée et de voir son ex-mari refaire sa vie de famille, alors qu'elle est seule et financièrement dépendante de ses pensions, la pousse à aller toujours plus loin : Exiger leur amour exclusif, manigancer pour qu'ils détestent leur père et, surtout, qu'ils l'abandonnent à leur tour…


Même si on sent que c'est le désespoir qui la fait agir, la sympathie du lecteur et des enfants pour la femme abandonnée tourne en faveur du mari parti, et la victime devient bourreau… Alors on se demande : Ne l'était-elle pas déjà avant ? « Madame Ex » incite donc à voir la complexité derrière les apparences. Il rappelle que, même banalisé, le divorce n'est pas chose facile pour autant. Conçu pour donner une seconde chance, il brasse et implique parallèlement tout un tas de sentiments et de ressentiments difficiles à gérer pour chacun. Ce roman incite à prendre en compte qu'au milieu, l'enjeu est de taille : Il y a les enfants, écartelés entre deux nouvelles vies qui peuvent paraître inconciliables…


*****

J'ai beaucoup aimé la plume acérée de l'auteur, qui croque les portraits mais aussi les situations avec autant de justesse que d'emphase, ce qui rend ce roman aussi intéressant pour les questions qu'il soulève qu'agréable à lire pour le plaisir.


Le narrateur omniscient nous livre tour à tour les pensées et sentiments de chaque acteur de ce drame familial, à la fois si personnel et difficile à gérer émotionnellement, mais aussi forcément publique de par ses enjeux et le regard des autres : le mari insatisfait qui revit, la femme délaissée qui réclame vengeance, et les enfants inquiets, tristes ou perturbés qui sont ballottés.


Ici, pour dresser ce portrait de situation, l'auteur fait tourner son histoire autour de « Madame Ex » puisque son cas était, selon les statistiques de l'époque, le plus courant et le plus flagrant, révélateur des moeurs et des problèmes soulevés par un tel divorce. Y-a-t-il un seul responsable dans l'histoire, ou l'échec d'un couple ne provient-il pas des deux personnes concernées et d'événements extérieurs ? Par cette simple question, on constate que ce roman est encore totalement d'actualité : La partie qui subit peut-elle refaire sa vie ? Aime-t-elle encore ? Peut-elle lâcher prise au moins pour les enfants ? Autant de questions soulevées par ce roman.


« Madame Ex », c'est donc ce statut intermédiaire de la femme tout juste divorcée qui doit se reconstruire une identité : plus vraiment Madame mais plus mademoiselle non plus, elle devient Madame Ex.


La nouvelle Madame, elle, à peine plus vieille que les enfants de Monsieur, doit également se faire à son nouveau statut : de jeune et nouvelle aimée ayant son indépendance et du temps pour elle, elle doit soudainement assumer le rôle d'épouse à plein temps et de belledoche ; Car droit de garde ou de visite, le père devra accueillir ses enfants et maintenir le lien. de vilaine voleuse de mari, elle prend un visage plus humain à mesure qu'on la connait et que l'on cesse de juger une situation dont on ne sait pas grand-chose.


Monsieur quant à lui revendique sa nouvelle vie mais l'ancienne se rappelle à lui en la personne de ses enfants. Car si c'est la mère qu'il quitte, les enfants le vivent également comme un abandon de leur famille. Cela est exacerbé par la mère qui exprime ses sentiments en leur présence et, en l'occurrence, en rajoute des tonnes pour que les enfants prennent sa défense contre leur bourreau commun et l'abandonnent à leur tour… ! Peut-être aussi craint-elle de se voir remplacer totalement par la nouvelle épouse, et abandonnée par ses enfants qui pourraient lui préférer le luxe relatif de leur nouvelle maison et famille… Alors elle devient encore plus stricte avec eux pour ne pas les perdre, les surveille, leur ordonne ou les supplie de détester leur père ; ce qui bien sûr engendre l'effet inverse.


Et chaque enfant réagit à sa manière : les quatre se divisent alors en deux clans de deux, les papiens et mamiens. Ces derniers supportent leur mère et la plaignent, les papiens en ont marre d'être pris à parti et qu'on les empêche d'aimer leur père qui, au départ, paraît plus raisonnable et moins agressif. Très vite, les parents en arrivent à se servir de plus en plus ostensiblement des enfants pour gagner leurs batailles affectives, juridiques ou encore financières ; Ici, Madame Ex semble la plus aigrie puisqu'elle subit la situation, mais on voit comment l'exaspération peut très vite entraîner chacune des parties dans un mauvais combat, où les enfants sont les trophées. Apparaît alors toute l'ambivalence des relations dans lesquelles chacun a ses torts et ses défauts.


Un roman extrêmement réaliste sur cette situation difficile qu'est le divorce autant en 1975 qu'encore aujourd'hui. Pris dans la tourmente d'une telle épreuve, saurions-nous y faire face de manière plus raisonnable ? Rien n'est moins sûr, mais ce roman, en exprimant les points de vue de chacun, invite fortement à la mesure.

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j'ai lu ce livre il y a longtemps et j'en ai gardé un très bon souvenir.
c'est l'histoire d'un divorce qui se passe mal et même très mal car l'ex-épouse ne supporte pas d'avoir été bafouée et va mettre tout en oeuvre pour se venger en empêchant le héros de voir ses enfants. c'est une vraie guerre et on retrouve le génie de la plume d'Hervé Bazin, le venin distillé et on pense bien sûr à la méchanceté de Folcoche dans vipère au poing.

encore une belle oeuvre de cet auteur.
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Catalogue complet des mesquineries lors d'un divorce sanglant, souvenir pour certains, avertissement pour ceux qui seraient tentés de suivre la voie.
Louis Davernelle contre Aline Rebusteau. le premier veut se séparer de la seconde, sans profession donc sans revenus «dans une société qui sanctifie les dames fidèles à leurs éviers», pour sa maitresse, Odile Milobert, vingt ans de moins. On part pour le référé, la garde des enfants écartelés entre un père riche et une mère qui leur fait sentir que le père coupable est la source de leurs privations, la pension alimentaire, le divorce, les avoués, les juges, les huissiers, les papiers, l'inventaire, le partage des biens, les chantages, l'escalade dans les cadeaux pour attirer les enfants, le bourrage de crâne sur la voleuse de mari, la victime qui devient bourreau, un nouvel enfant avec «la nouvelle» et j'en passe. La bataille affective suit les batailles juridiques. Les avocats sifflent leur bière avec des confrères qui, dix minutes après, leur seront opposés.Tout est exacerbé. On retarde même la pendule pour faire poireauter le mari les jours de visite. Un ami du mari l'a prévenu : «Un premier bonheur n'est déjà pas gratuit, mais un second, crois-moi, est hors de prix... Ne pas divorcer de l'une, c'est perdre l'autre. Divorcer de l'une, c'est garder l'autre, mais en perdant les gosses... Ce n'est pas cette année que tu pourras changer de voiture».
Aline obtient la garde. Manipulés de part et d'autre, deux des quatre enfants ne veulent pas aller en droit de visite chez le père et les deux autres prennent leur mère en grippe, tandis que «la nouvelle» fait de son mieux dans ce rôle difficile, notamment en vacances, mais s'entend dire «Maman ne sale pas tant... Moi, j'aime mieux la mer...» avec toutes les recettes d'opposition: mutisme, bâillement, sécheresse de ton, politesse excessive, sourire à claque, retard, inertie,... de son côté, Aline hésite entre le plaisir de priver le père de sa fille et l'ennui de perdre un agent de renseignements. Quelques extraits:
«Il faudra bien qu'ils s'habituent à perdre un dimanche sur deux».
«On ne va pas le soutenir, mais avoue que tu n'as jamais su le prendre».
«Tu ne t'imagines pas, a dit la mère, l'effet produit à Chazé par ton divorce. La moitié des gens m'évitent».
«Pour garder la face (et la perdre un peu plus en croyant la sauver), n'a-t-elle pas, cette sotte d'Aline, tout toléré : que Louis s'en aille, qu'il revienne, qu'il reparte pour rentrer dans la huitaine ou dans le mois... la ruine du mythe des absences laborieuses de papa».
Avec peu de moyens, la mère doit payer un loyer pour loger quatre enfants. Chacun n'a pas sa chambre, et de dire aux enfants «Ce serait quand même trop injuste de me faire payer votre déception» et la réponse de l'une: «Ne nous fais pas non plus payer la tienne», en écho à celle de l'autre «Papa essaie de me gâter, je ne suis pas dupe». Si son père lui voulait vraiment du bien, il relèverait la pension. Il gâte les enfants chez lui, pas chez leur mère: comme si ce n'étaient pas les mêmes.
«Il sera bon de laisser longuement trainer ce jugement sur la table» pour que les enfants le lisent.
«Il arborait tranquillement un pull-over naguère tricoté par Aline. On quitte sa femme, on garde son chandail, et la laine ne vous démange même pas».
«Il y a deux sortes d'abandonnées : celles qui pardonnent et qu'on répute connes; celles qui se tracassent, et qu'on répute garce. Pour le respect de soi, mieux valait faire partie du second lot».
L'avocat au mari: «Je ne pense pas que ta nouvelle femme tienne follement aux meubles de l'ancienne. Sois coulant... Aline croira t'avoir eu. Elle signera plus facilement l'accord sous seing privé, mais la maison vendue, la soustraction faite, tu te rattraperas sur le liquide», mais Aline n'a pas la place pour ces meubles, alors viennent les brocanteurs charognards dont on se demande qui les a avertis.
«À droite, place ordinaire du mari, parce qu'ils enlacent du bras gauche afin de garder la bonne main libre».
Aline pense s'inscrire à un club de rencontre «avec l'impression d'avoir à s'inscrire à une confrérie de handicapés».
Un des enfants remet une rédaction sur le thème : «Quand vous rentre chez vous que préférez-vous retrouver». Réponse : «rien». Terrible et vrai constate l'institutrice.
Guy au père : «Si tu m'achètes un costume, du moment que ça vient de toi, elle me l'enlèvera» et la mère à Guy : «Je te donne cinq francs par semaine. Si tu as plus, ça vient de ton père qui cherche à t'acheter». Dans ce climat, Rose finit par quitte sa mère «À huit heures, nous n'avions encore rien décidé. C'est maman qui a tout déclenché en mettant le cadenas sur le téléphone» (pour l'empêcher de téléphoner à son papa).
Petit échantillon puisqu'il y a 286 pages.
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Madame Ex, vous l'avez compris c'est la cassure d'un mariage, pour appeler le divorce autrement. Hervé Bazin nous entraîne dans une histoire comme il en existe quand le ménage bat de l'aile.
Ce roman pourrait faire réfléchir les candidats au mariage qui parfois sur un coup de tête décident d'une union devant Monsieur le Maire pour se retrouver devant Monsieur le Juge quelques années après.
Comme l'avait dit Hervé Bazin dans un interview à propos de son roman, Madame Ex c'est tout ce qu'il ne faut pas faire quand on divorce.
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Histoire d'un divorce. Le couple a quatre enfants. Les années se déroulent de novembre 1965 jusqu'en novembre 1972.
Louis quitte Aline qui est son épouse depuis 20 ans de mariage pour vivre avec son nouvel amour avec sa maîtresse qui a 20 ans de moins que son amant, Louis. La bataille déclenchée par Aline est de l'ordre de la garde des enfants, des pensions alimentaires, car celle-ci ne travaille pas.
Aline est une femme bafouée, blessée et a une grande rancoeur envers son époux qui refait sa vie et qui plus est aura un bébé avec Odile un peu plus tard. Bien sûr, chaque enfant réagira différemment et préférera vivre soit avec le père, soit avec la mère.

Avis : le livre est sorti en 1974 et dans les années 60/70, le divorce était très mal vu par la société française. Je regrette de ne pas l'avoir lu plus tôt car l'histoire m'aurait plus touchée. Mais tout de même, j'ai aimé les détails, les états d'âmes des personnages. De nos jours, le divorce s'est tellement banalisé que cela ne provoque plus l'effroi.

Lu en septembre 2018. J'ai eu ce bouquin par échange sur Babelio.



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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Aline semblait - ou plus probablement voulait - ignorer que les hommes ne brisent pas leur foyer parce qu'ils ont décidé de coucher avec une autre - ça tous les maris le peuvent sans se démarier et ils ne s'en privent guère -, mais au contraire parce qu'au delà du désir, du plaisir, quelques-uns arrivent à la dilection ; parce qu'il leur devient impossible de ne pas vivre avec l'autre.
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Vous y passerez : Vous deviendrez ce que je suis : Ni fille, ni femme. Ni mademoiselle - ça n'a pas servi - ni madame - puisque c'est en service. Une ex. Car on dit "ma veuve", on ne dit pas "ma divorcée". Une ex, comme ex-ministre, ex-coupon, expropriée, excommuniée.
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L’adultère, souvent, n’est-il pas la conséquence – et non la cause – de la mésentente conjugale ?
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Vous savez, ma chère, si les neuf dixièmes des mères ne se remarient pas, c'est que les hommes s'encombrent mal des mioches d'autrui.
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Les mariages, pour certains, seraient-ils comme les sauces ? Avec les mêmes ingrédients l'une tourne et l'autre réussit.
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