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EAN : 9782072963100
305 pages
Gallimard (03/03/2022)
3.66/5   16 notes
Résumé :
Ça s’ouvre sur un cadavre, livré par le narrateur à la « trop douce » Juliette. Elle qui d’habitude explique et guérit tout ne comprend pas. Comment l’étudiant bien éduqué qu’elle a aimé dix ans plus tôt en est arrivé là ?
Il va raconter. Il y passera la nuit s’il le faut. Il parlera cru.
Le prof de fac jadis humaniste va décrire un enchaînement nécessaire de faits arbitraires survenus à l’université de M., où victimes et bourreaux permutent, où le ven... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Je vais parler des 3/4 du livre, n'étant pas sûr d'avoir compris la fin (il me faudra en discuter avec un psy et un philosophe, Nietzschéen de préférence si j'ai bien compris certaines allusions)
Bégaudeau semble aller au bout de son processus entamé dans son dernier livre qui était une sorte de dialogue désabusé avec lui-même.
Il s'attaque au concept de simultanéité des pulsions agresseur/agressé, de la coexistence jouissive de la lionne et du gnou, du prédateur et de sa victime, du créateur et de sa création.
« Je suis l'ami de tout le monde. Je suis très réellement l'ami de tout le monde. Je suis équitablement redevable à la lionne et au gnou du ballet qu'ils donnent. »
Mais cette fois, contrairement à son dialogue précédent, il construit un roman autour de ses préoccupations morales (amorales ?). Au moins en partie.
C'est du Bégaudeau : vocabulaire extrêmement bien choisi, pointu et effilé comme une lame de rasoir, arme diabolique de sa pensée décapante, cinglante, dérangeante.
Il faut s'accrocher pendant les premières pages pour entrer dans la danse macabre de ses mots et de son personnage principal, il y a un véritable effort à fournir. Mais une fois passé ce moment initiatique, on assiste avec ce dernier à un feu d'artifice : démontage implacable de certains travers de notre société, analyse froide et lucide des pulsions qui nous animent.
Le passage de l'investissement du narrateur dans les réseaux sociaux est simplement drôlissime:
« LaLoutre préconise le recrutement massif de profs racisés comme ça on a l'autre point de vue. Zebra3 dit qu'à ce train-là on n'a pas fini. Koalaenrut dit qu'un prof par couleur ça va faire beaucoup. Ducklecanardeur exige des profs armoires pour représenter les meubles. Koalaenrut exige des profs en forme de quiche pour représenter des femmes. »
On attend avec délectation la suite des évènements, on jubile et ... on se demande d'où vient notre jubilation. Il nous entraîne à un endroit pour nous demander juste après pourquoi on y est allé... Et il propose une réponse à laquelle on souscrit, avant de comprendre qu'en fait ...
On ne comprend pas forcément...
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Je ne suis pas certaine d'avoir tout compris de cet échange de l'auteur avec lui- même ….
Le roman s'ouvre sur un cadavre , livré par le narrateur à «  la trop douce «  Juliette .
Elle ne comprend pas , elle qui d'habitude guérit tout .
Comment l'étudiant bien éduqué qu'elle a aimé dix ans plus tôt en est arrivé là ?
Il raconte : sorte de monologue narcissique , précieux , un auteur qui se regarde écrire ! .
Un récit qui se rit du tragique , grinçant , désabusé, sidérant , déstabilisant, le prof de fac autrefois humaniste décrira un enchaînement de faits arbitraires survenus à l'université où on a l'impression que victimes et coupables seraient interchangeables !
La simultanéité des pulsions entre l'agresseur et l'agressé ….
Il analyse certains travers de la société : sa pensée est dérangeante…..
Il joue avec le pire de l'époque : les réseaux sociaux liés aux pulsions qui nous animent .
Le vocabulaire est effilé , pointu , le monsieur a du savoir , c'est certain .
Mais alors: surtout au début , le monologue est écrit d'une manière embarrassante , gênante , précieuse , verbeuse, maniérée , le lecteur est «  étouffé » de propos complexes .
Peut - être n'ai - je rien compris ? C'est possible , pas un ouvrage pour les vacances en tout cas ……Il est tout sauf reposant …..
Je connaissais l'auteur par «  Entre les murs » écrit en 2006 .
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Il sait faire, le gars. Avec sens de la formule, de l'image, une science de l'effet littéraire indéniable et parfois spectaculaire, virtuose.
Même quand il s'y prend au marteau.
Et là, dans ce roman-ci, peut-être encore plus qu'ailleurs, il y va à la masse.
Bien.
Je suis pour.
J'aime.

Et c'est drôle, et c'est bien vu – mais qu'est-ce que c'est bien vu ! se dit-on paragraphe après paragraphe –. Il ne se préserve pas, car il y a de lui dans tout ça, beaucoup. Imagine-t-on. À raison ? À Raison.

Donc, il ne s'épargne pas. C'est obligatoire pour étouffer le mépris qui jaillirait de partout sinon. Il se peint en demi-vivant qui ne fait pas ce qu'ils sait là où d'autres ne savent pas ce qu'ils font. Meilleure formule de l'ouvrage, on peut la reprendre pour soi, la sortir dans les diners.
François le sait. François en joue.
Bien vu, on vous dit.

Mais alors ? Alors, toujours le même problème avec François. Il est très bon là où les autres sont faibles. C'est à dire au centre. Dans le ventre mou du roman, là où la plupart pataugent, il explose ! C'est un milieu de terrain. Défense, pas top. Pour marquer, on repassera. Mais alors pour distribuer les bonnes balles, champion.
Ce qui donne un début qui patine et une fin en noeud de boudin.

On sait bien, il a du Savoir.
Et du savoir-faire, on le redit.
Il n'ignore pas que le romanesque est un piège à con. Alors il te déchiquète le pacte fictionnel dans les trente dernières pages, histoire de bien te frustrer. Avant ça, il tente une amorce d'intrigue, de révélation, de retournement comme dans les plus vils romans de gare, pour aussitôt le torpiller en mode : je vous ai eu et, vous, vous ne m'aurez pas pris les doigts dans le pot de confiture à histoire.

Plutôt que de conclure et de trouver une fin, élargissons le propos, un clin d'oeil à Nietzsche, un appel du pied à Diderot. Comprenne qui pourra, et tout le monde comprend, car entre gens qui lisent du Bégaudeau on se comprend. Donc tout ça est bien compris.

Et l'est déjà cent pages avant la fin !
Quand le vil narrateur se fustige de son manque d'audace sexuelle et en conclut qu'il n'a qu'une demi-vie en lieu et place d'une entière, on a capté l'idée. Pourquoi continuer, si le propos est là ?

Car il est là. Metoo, la veulerie universitaire, l'art du portrait, c'est pour l'emballage. le bonbon, c'est le mort-vivant qui meurt-vie à travers ses livres et leurs analyses chichiteuses.

Sinon, sur l'époque, sur la pâte humaine, sans faute. On rit souvent, on sourit plus encore, ça ne cesse de désamorcer avec brio et de nous promener avec bonheur. L'architecture, le vrai-faux-cadavre, celle qui écoute et qui ne dit mot, tout ça, c'est pour que ce coeur du roman fonctionne au mieux, et que ça jubile bien comme il faut. Peut-être est-ce nécessaire, peut-être qu'une fin plus aboutie n'était pas possible, est-ce pour cela qu'il aurait fallu renoncer à la littérature, au roman, aux procédés, aux ficelles, certes non !
Dit-il.
Avant de dire le contraire.
Mais en le disant ne comprenons-nous pas l'inverse ?
Lien : https://www.tristan-pichard...
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Chronique vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=hjxoyN9RMJI&t=309s

Bonjour à tous, aujourd'hui, on va parler de Ma cruauté, de François Bégaudeau.

De quoi ça parle ?

C'est l'histoire d'un narrateur qui raconte à Juliette les raisons qui expliquent le cadavre qui git dans son coffre. Cadavre symbolique, je ne suis pas sûre d'avoir compris, mais quoiqu'il en soit, on apprend qu'il était enseignant à la fac de M…, qu'il a décidé de se venger de Jacques Sintanges qui l'avait en quelque sorte rétrogradée, vengeance en le livrant à un forum anonyme car son comportement avec les femmes est problématique (en italique). Il sera question d'université, de cancel culture, de masculinité, de rire impromptu et de losange tatoué.

Il ne faut pas se fier au début. J'ai lu les premières pages, et j'étais pas motivée, je trouvais que c'était maximaliste, dans le sens à trop vouloir en mettre plein la vue, à remplir les phrases comme un tableau de la renaissance ou un vol au vent, bref, à étouffer un peu le lecteur.

(suspense et retournement de situation (assez rapide) en vidéo, lien : https://www.youtube.com/watch?v=hjxoyN9RMJI&t=309s



Lien : https://www.youtube.com/watc..
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
«  Chaque année de lycée m’éloignait de moi . Je ne me donnais plus beaucoup de nouvelles .
Seule la littérature m’en donnait , en me passant des textes sous le manteau . Une fois le soir tombé et mon père couché seul dans le lit conjugal et ronflant sa déprime de mari quitté , la littérature murmurait à mon oreille d’´élite des secrets honteux couverts le jour par les incantations républicaines »…..
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Il m’était enfin donné d’éprouver la sainteté à laquelle, moins pour m’élever à Dieu qu’à la hauteur où me plaçait mon orgueil, j’aspirais.
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Il déconseille la contre-attaque. La violence il ne faut pas y répondre mais l’absorber. Envoyer un message doux. C’est le principe du nudge. N’ordonne pas l’hygiène aux hommes qui urinent, dessine une mouche au fond de l’urinoir pour orienter leur jet. Puisque la rumeur est quelque part un jet d’urine, charge à nous de bien l’orienter.
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Son éloge est stratégique. Mieux que quiconque Jacques sait qu’un impétrant flatté devient un flatteur loyal.
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Le harceleur est aussi peu ignorant de ses fautes que convaincu qu’on les lui impute à tort.
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Videos de François Bégaudeau (89) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de François Bégaudeau
C'est par la poésie que Gaëlle Josse est entrée en littérature. Elle a publié plusieurs recueils, jusqu'à ce jour où elle découvre un tableau d'un peintre flamand qui la happe littéralement. Sur cette toile, une femme, de dos, dont il devient urgent pour Gaëlle Josse de raconter l'histoire. Son premier personnage est là et le roman naît. Les Heures silencieuses paraît en 2011. En treize ans, treize autres livres suivront : des romans, des essais, un recueil de microfictions. Tous nous embarquent dans des univers différents, font exister des personnages -réels ou fictionnels-, disent la force de l'art -pictural, photographique ou musical-, et mettent des mots sur nos émotions avec une grande justesse.
Au cours de ce deuxième épisode de notre podcast avec Gaëlle Josse, nous continuons d'explorer son atelier d'écrivain : ses obsessions, son processus d'écriture, la façon dont le désir d'écrire naît et grandit. un conversation émaillée de conseils de lecture et d'extraits.
Voici la liste des livres évoqués dans cet épisode :
- Et recoudre le soleil, de Gaëlle Josse (éd. Noir sur blanc) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/20108563-et-recoudre-le-soleil-gaelle-josse-les-editions-noir-sur-blanc ;
- À quoi songent-ils, ceux que le sommeil fuit ?, de Gaëlle Josse (éd. Noir sur blanc) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/23044434-a-quoi-songent-ils-ceux-que-le-sommeil-fuit--gaelle-josse-les-editions-noir-sur-blanc ;
- La Nuit des pères, de Gaëlle Josse (éd. Noir sur blanc/J'ai lu) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/22564206-la-nuit-des-peres-gaelle-josse-j-ai-lu ;
- Ce matin-là, de Gaëlle Josse (éd. Noir sur blanc/J'ai lu) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/20840891-ce-matin-la-gaelle-josse-j-ai-lu ;
- L'Amour, de François Bégaudeau (éd. Verticales) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/22446116-l-amour-francois-begaudeau-verticales ;
- La Sentence, de Louise Erdrich (éd. Albin Michel) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/22512129-la-sentence-louise-erdrich-albin-michel.
Invitée : Gaëlle Josse
Conseils de lectures de : Anthony Cerveaux, bibliothécaire à la médiathèque des Capucins, à Brest, et Rozenn le Tonquer, libraire à la librairie Dialogues, à Brest
Enregistrement, interview et montage : Laurence Bellon
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Les Éclaireurs de Dialogues, c'est le podcast de la librairie Dialogues, à Brest. Chaque mois, nous vous proposons deux nouveaux épisodes : une plongée dans le parcours d'un auteur ou d'une autrice au fil d'un entretien, de lectures et de plusieurs conseils de livres, et la présentation des derniers coups de coeur de nos libraires, dans tous les rayons : romans, polar, science-fiction, fantasy, BD, livres pour enfants et adolescents, essais de sciences humaines, récits de voyage…
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