Quel bonheur de retrouver la plume de
Tonie Behar et de se retrouver au 19 Bis Boulevard Montmartre, lieu conducteur des romans de l'autrice ; j'ai tout à coup eu l'impression de rentrer d'un long voyage et de me retrouver à la maison, avec des personnages que l'on commence à bien connaître mais surtout des êtres attachants qui semblent faire partie de ma famille.
Bon d'accord, j'ai très envie de vous parler de Max, le chef de clan, le boss, « the Max » un sacré personnage qu'on pourrait détester mais dont on tombe instantanément sous le charme, -même s'il a de nombreux défauts- Tonie le décrit tellement bien que j'ai fini par croire qu'il existait réellement ! mais je m'égare, dans ce roman la vedette c'est Alice, sa fille, celle qu'il a eue avec Annick, un amour éphémère de jeunesse, Annick était très éprise et y croyait mais impossible de mettre l'impétueux Max en cage, -il est libre Max-, c'est Doria sa mère -et grand-mère d'Alice- qui s'est occupée de la petite les week-ends où il en avait la garde et une partie des vacances scolaires. Si Alice a très vite détesté son père qui brillait par son absence et son manque d'engagement, elle a adoré Doria, cette grand-mère solaire au verbe haut qui lui a appris à cuisiner le nuage au chocolat.
Alice a grandi tant bien que mal, à l'ombre d'un père qu'elle aurait aimé voir plus souvent, elle aurait voulu qu'il s'implique, qu'il soit plus attentionné, qu'il l'aime tout simplement et qu'il le lui dise, à la place elle a eu toute l'attention de sa maman, de Doria sa grand-mère et de ses grands-parents maternels Italiens. Quand Max lui a annoncé qu'elle avait une demi-soeur -dont le prénom était le même que celui de sa grand-mère- son monde s'est effondré un peu plus, elle a, d'emblée, détesté cette petite soeur qui semblait accaparer son père qu'elle voyait déjà trop peu. Mais l'heure n'est plus aux regrets ou aux ressentiments, Alice aura bientôt cinquante ans et elle est au bord du gouffre, son mariage vient de voler en éclats, elle n'a plus rien et va devoir se reconstruire et décider du sens qu'elle va donner à sa nouvelle vie.
C'est dans cette renaissance que
Tonie Behar nous embarque, jonglant habilement entre passé et présent et c'est un délice de découvrir l'héroïne du roman, son enfance, ses choix, son parcours, tout ce qu'elle a osé faire et tout ce qu'elle a laissé de coté. J'avoue qu'au début elle m'agace un peu, imaginez, elle ose critiquer Max qui est mon personnage favori de cette série des
grands boulevards ! mais bien vite je l'écoute, apprend à la connaître et la comprend. Alice a un parcours un peu atypique, borderline parfois, mais tel le chat, elle retombe sur ses pattes et finit par épouser un brillant chirurgien qui répond au doux prénom d'Eric et que je déteste tout de suite. Alice a du y croire aussi à cette belle histoire d'amour qui se profile, effectivement elle aura tout pour être heureuse, une belle maison, des voyages, du luxe, un fils qu'elle couve tendrement (il ne faudrait surtout pas reproduire les erreurs de Max) mais tout ça ce ne sont que des apparences, Alice est-elle vraiment épanouie, est-elle vraiment celle qu'elle voulait être ? Pour Eric elle a arrêté ses études d'avocat, elle était pourtant brillante, quel dommage !
Quelques valises et voilà qu'Alice se retrouve chez Max, il lui a gentiment prêté son appartement, il part à Malibu avec Sacha, ils ont décidé de vivre six mois là bas et six mois à Paris. Si Alice sombre dans la mélancolie, les regrets, la déprime, le 19 Bis Boulevard Montmartre se réveille et ses habitants ne comptent pas laisser tomber la future quinqua, au contraire, les femmes, avec, au premier rang sa petite soeur Doria, vont vite lui venir en aide et l'aider à se relever. La sororité est en route mais pas que, dans cet immeuble mythique des romans de Tonie, il y a un quinqua qui n'a jamais oublié Alice et qui pourrait bien rallumer une petite flamme en veilleuse depuis longtemps !
Quel bonheur mais quel bonheur, ce roman se savoure, c'est un pur délice et alors je ne vous parle pas du nuage au chocolat dont Tonie a pris soin de mettre la recette à la fin du livre, je ne l'ai pas encore testée mais ça ne saurait tarder.
Un nouveau coup de coeur en ce qui me concerne parce que tous les ingrédients sont là. Il y a cette sororité qui fait rêver, il y a cette peur d'un âge qui semble charnière pour la femme ; Tonie nous montre tout de suite à quel point ce n'est qu'une image et qu'à 50 ans la vie d'une femme n'est pas terminée, au contraire, pour certaines c'est une renaissance, une nouvelle vie qui commence et une autre forme de liberté. Il y a de belles leçons de vie, de l'amour, de l'amitié, et de l'espoir. C'est une ode à la vie, ça brille, ça pétille, rien n'est impossible si l'on suit son coeur et ses envies, je crois qu'Alice a finit par le comprendre, à l'aube de ses cinquante ans elle ne s'interdit rien et ça lui va si bien !
J'ai passé un merveilleux moment de lecture, -trop court à mon gout- parce que le livre se révèle bien vite addictif. Petit clin d'oeil à la couverture que je trouve trop jolie et qui reflète parfaitement cette liberté du roman. Un immense merci à l'auteure pour ce voyage grisant et plein d'émotions, je conseille ce roman aux femmes qui ont peur d'aborder ce demi siècle, j'ai envie de leur dire de foncer, que c'est une seconde partie de vie qui sera différente de la première, que rien se sera pareil, que c'est une continuité différente mais tellement riche parce qu'on a muri et qu'on ne voit plus les choses de la même façon. L'âge est un privilège que tout le monde n'a pas, alors croquons la vie tant que nous le pouvons !
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