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EAN : 9782221132067
168 pages
Robert Laffont (14/03/2013)
3.48/5   25 notes
Résumé :
La virtuosité de l'écrivain Saul Bellow, prix Nobel de littérature en 1976, éclate dans ce court roman que l'auteur a souhaité voir publié directement en édition de poche, sans doute parce qu'il tenait à lui donner la plus large audience possible.
On y retrouve une thématique récurrente dans son œuvre : quels rapport les juifs des États-Unis peuvent-ils (doivent-ils) entretenir avec la Shoah ?
Bellow aborde ce sujet délicat à travers l'odyssée d'Harry... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Ce court roman au style enlevé, presque léger, comme une conversation autour d'une anecdote concernant un vieux parent ou un voisin, nous dit beaucoup plus qu'il n'en a l'air.

Harry Fonstein est un survivant de l'holocauste qui doit la vie à un drôle de « juste » nommé Billy Rose, plus ou moins mafieux, fort en gueule et désagréable, organisateur de spectacles à Broadway, qui toute sa vie refuse de le revoir.

Le narrateur, parent d'Harry et de son épouse Sorella est intrigué par cette histoire qui questionne le rapport à la Mémoire et aux effets du temps . Ce faisant, constatant l'impermanence des choses, comme diraient les bouddhistes, il va plus loin que s'interroger sur l'identité des Juifs américains, et sur l'Holocauste, il questionne notre propre rapport au temps et à l'Histoire, dans des espaces traversés d'influences et traditions diverses qui modifient le regard sur le passé.

Quelle dose de passé voulez-vous dans votre présent ? Comment le manifestez-vous ? voilà un sujet qui concerne tout le monde, du plus nostalgique à celui qui tourne les pages résolument.

Un excellent petit roman qui fait réfléchir, avec une galerie de personnages originaux, une intelligence du récit, des dialogues vifs, de l’autodérision et une tonalité humoristique douce amère qui nous donne envie d'en lire plus de cet auteur.

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À côté des grands titres qui ont marqué la carrière de Saul Bellow Les aventures d'Augie March (1953), Herzog (1964), La planète de M Sammler (1970) ont obtenu le National Book Award —, ce titre paru en 1989 ne pouvait faire figure d'anecdote, car il fut publié uniquement en poche dans le but de toucher plus de monde. La faconde de ce vieil auteur d'origine juive y est intacte et par la suite, en 2000, viendra encore l'important Ravelstein, à 85 ans. Certains tentent un parallèle avec Philip Roth : bien qu'ils se soient rencontrés et appréciés, Bellow est de la génération précédente et on affirmera justement que Roth en est un héritier, lui qui a écrit: "L'entreprise quasi désespérée qui marque les romans de Bellow comme ceux de Mann ou de Musil (consiste à) immerger la littérature dans l'activité cérébrale et au-delà, placer la cérébralité au coeur même des questions du héros."

Roman cérébral ? Peut-être, mais je n'y vois pas un livre désespéré, et en sors revigoré par ce narrateur, vieil homme attachant, qui joint l'humour à une auto-critique sans ménagement, lui qui, doté d'un don de mémoire infus, a fondé un institut de la mémoire (qui est «l'essence même de la vie») représenté dans plusieurs pays. Il raconte l'histoire d'un cousin, Harry Fonstein, réfugié d'Europe centrale sauvé des nazis par Billy Rose, un juif américain du monde du spectacle, fantaisiste et puissant. Après avoir rencontré sa future femme, Harry fait fortune et cette dernière souhaite contraindre Billy à rencontrer son mari, en faisant pression avec des documents compromettants. Les motivations de Sorella, subtiles, s'appuient sur l'ambiguïté de l'identité juif américain : un parvenu du show-biz se distancie du rescapé de l'Europe des camps de concentration. Et au narrateur de se demander quel juif il est : "Je n'avais rien compris au dossier « Fonstein contre Rose »", lui jusque-là insouciant, que la réussite a conduit à l'opulence, bien seul dans son immense villa où Émily Dickinson aurait un jour pris le thé. Juif, je l'étais, mais d'une espèce tout à fait différente. Tandis que Fonstein était "Mitteleuropa".

Le destin extraordinaire de Harry Fonstein est éclipsé par la personnalité du narrateur et surtout celle, éblouissante, de l'énorme et intelligente Sorella. Retraité et veuf, il tente de retrouver le couple qu'il a perdu de vue depuis des années, et surtout Sorella, de laquelle il écrivait : "Dans ce monde de menteurs et de couards, oui, il est encore des gens comme elle, des êtres dont contre toute logique on espère qu'ils existent." Que sont devenus les Fonstein, leur fils promis à un grand avenir américain ? Je vous laisse découvrir l'ultime coup de fil singulier, palpitant, grave, qui conduit au terme de cette savoureuse narration, toute en dialogues, qui aurait été inspirée à Bellow par une anecdote racontée dans un dîner.

J'emprunte les tout derniers mots du narrateur pour vous confirmer une "plume fleurie, mnémonique".


Lien : http://www.christianwery.be/..
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Harry Fonstein, rescapé des camps nazis grâce à une opération secrète dirigée par un producteur juif de Broadway, Billy Rose, arrive aux USA, et n'a qu'un désir : remercier Billy. Mais ce dernier refuse de le rencontrer..
C'est donc l'histoire de Harry Fostein et celle de Billy Rose que va nous conter Saul Bellow.
Le premier est un juif d'Europe de l'Est très imprégné par cette culture européen, il connait parfaitement l'antisémitisme qui conduit parfois au pogrom. Il a fuit la Pologne,où il est né du coté de Dantzig. avec sa mère. Il se retrouve à Zagreb avant de finir à Ravenne en Italie. C'est là que la mère d'Harry mourut. L'adolescent se retrouve seul à Milan où il apprend dare-dare l'italien. Il fait des tas de petits boulots et arrive enfin à Rome. Là il se fait arrêter par la police italienne, emprisonné il sait qu'il va être déporté. Pourtant il est sauvé par un nommé Bellarosa qui lui procure papier passeport et un billet de bateau pour Lisbonne. Et de là, il pourra gagner New York, porte ouverte sur les Etats Unis. Mais là encore, il va se retrouver dans un camp de réfugier puis envoyé à Cuba. A Cuba il épouse la nièce de son employeur, Sorella. Marié il revient au State où il monte sa boite et gagne confortablement sa vie. de son union avec Sorella naîtra un fils brillantissime, un génie des sciences mathématiques et physiques.
Mais  il ne pourra jamais oublier l'homme qui lui avait autrefois sauvé la vie. Et c'est justement Sorella qui essayera de l'aider à son insu en organisant un rendez-vous entre les deux hommes, à l'occasion d'un voyage en Israël. Au moyen d'un dossier complet de tous ses méfaits, obtenu de l'ancienne assistante de Billy Rose, elle tentera de le faire chanter pour qu'il rencontre son cher Harry...
Voilà donc qui est Harry Fostein. Et c'est à travers le regard de son cousin américain, le narrateur de cette histoire que nous allons suivre son histoire.
A travers ce regard croisé, l'auteur nous propose une réflexion sur la Shoa. Sur le rapport qu'entretiennent les juif d'Europe touchés au premier plan par l'horreur et le regard que porte les juifs américains sur ce génocide. Les premiers vivent dans le souvenirs de l'Holocoste, les autres ne voient que leur avenir et ce que peut représenter pour eux le rêve américain.
Mais sur ce sujet grave Bellow nous propose une partition à 3 et 4 voix, le récit prends souvent la forme de dialogue, ce qui le rend alerte. Et le ton de Below est souvent enjoué et l'humour est toujours présent.
L'auteur s'interroge sur la judéité, sur la création de l'état d'Israël, sur la politique des vainqueurs du conflit mondial. Il s'interroge sur l'âme humaine, sur la quête de vérité, la quête d'identité et sur le devoir de mémoire. Et tout cela avec une belle ironie mordante et un brin de mélancolie. Car Bellow fait preuve d'un humour caustique, incisif, qui met en relief les aspects absurdes de l'existence, jusque dans les moments les plus tragiques.
C'est noir, lucide et désenchanté mais jamais plombant.
Lien : https://collectifpolar.com/
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Le magazine Transfuge a placé ce livre dans son dossier consacré à l'humour - dont vous aurez compris qu'il était le dossier estival de la rédaction : dans la presse, on rigole surtout l'été apparemment.

Pour reprendre les mots de l'éditeur : Fonstein (cousin du narrateur) est sauvé des griffes nazies grâce à Billy Rose, un personnage haut en couleur, imprésario du Tout-Hollywood, qui a mis sur pied un réseau quelque peu abracadabrant. C'est la Bellarosa Connection. Mais le meilleur est à venir : le sauveteur n'entends pas être remercié et encore moins rencontré.

Ce souvenir et la frustration qui évidemment l'accompagne hante toute sa vie durant Fonstein. le thème central est bien sûr la mémoire et la judéité américaine. C'est souvent drôle, bien qu'on pourrait en trouver de plus hilarant à mon avis. C'est toujours intelligent.

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La bellarosa connection est un petit roman de Saul Bellow. Dans un récit dense et maîtrisé, il interroge la mémoire et la perte.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Faire le pitre avec [Harry Fonstein], personne n'en avait donc envie. Je le rangeai dans la catégorie Juif d'Europe centrale. Il vit sans doute en moi un Juif américain instable et immature, humainement ignorant et d'une gentillesse sans discernement : dans l'histoire de la civilisation, ce type d'homme était nouveau et peut-être pas aussi mauvais qu'il n'y paraissait au premier abord.
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- Comme je n'avais jamais mis les pieds à Manhattan, j'étais dans l'inconnu, reprit Harry. Il y avait bien les fantasmes, mais à quoi pouvaient-ils bien me servir? New York n'est jamais qu'un fantasme collectif à X millions de voix et qu'en faire lorsqu'on n'a qu'une tête?
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Non, Fonstein n’avait rien d’un pauvre schlepp2, qui réussit en affaires et se constitua un honnête magot. Rien à voir avec mes millions philadelphiens, mais pas mal pour un type qui, arrivé de Cuba après la guerre, ne commença à œuvrer dans le chauffage central que tard dans sa vie et qui, en plus, n’était qu’un boiteux de Galicien. Car il portait une chaussure orthopédique, et ne s’en tenait pas à cette seule bizarrerie : il avait le cheveu fin, mais sans faiblesse ; noire et vigoureuse, sa tignasse était certes clairsemée, mais frappait par la beauté de ses boucles. La tête, elle, aurait suff à déséquilibrer un homme moins décidé que lui tant elle pesait. Les iris étant sombres et le regard chaud, c’était peut-être la manière dont étaient placés ses yeux qui lui donnait un air astucieux. À moins que ce n’eût été l’expression de sa bouche ni dure ni sévère qui s’ajoutait à la profondeur de son regard… Le bel examen que cet immigrant vous faisait subir !
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Sur Fonstein, je puis donc vous en dire dix fois plus que vous n’en voudrez jamais savoir. En 1938, son père, qui était bijoutier, n’avait pas survécu à la confiscation par les Allemands des investissements, importants, qu’il avait faits à Vienne. Lorsque, la guerre ayant éclaté, les parachutistes nazis commencèrent à tomber du ciel déguisés en nonnes, la sœur de Fonstein et son mari se cachèrent à la campagne, où l’un et l’autre furent pris, et terminèrent dans les camps. Harry et sa mère s’enfuirent à Zagreb et réussirent à gagner Ravenne. Ce fut donc en Italie du Nord que mourut Mme Fonstein. On l’enterra dans un cimetière juif, sans doute celui de Venise. L’adolescence de Fonstein prit fin dans l’instant. Réfugié chaussé d’une bottine orthopédique, il lui fallait jouer serré. Comme le disait Sorella : « Pas question pour lui de sauter par-dessus les murs comme Douglas Fairbanks. »
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Dieu avec la conscience claire, je me force à ne pas oublier que je ne vis pas le jour dans une maison de Philadelphie avec plafonds à vingt pieds du sol, mais entamai mon existence en qualité de fils de Juifs russes installés dans le New Jersey. Un fichier de mémoire ambulant comme moi ne saurait poubelliser ses débuts ou déformer l’aurore de son histoire. Évidemment, le processus de réévaluation auquel universellement on se livre est tel que se laisser emporter loin des faits arrive à tout le monde. En Europe, par exemple, l’Américain européanisé use souvent d’une langue à la fausse correction britannique ou française et, fait troublant, se montre un rien affecté avec ses amis. Je l’ai remarqué et l’impression est désagréable. Voilà pourquoi, chaque fois qu’il me venait la tentation de céder à ce travers, je me disais : « Et comment ça va là-bas, dans le New Jersey ? »
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Videos de Saul Bellow (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Saul Bellow
Dans "Les Nétanyahou", l'écrivain américain Joshua Cohen revient sur un épisode anecdotique de l'enfance de "Bibi" Netanyahou : le recrutement du père dans une université américaine. Une anecdote métaphorique questionnant le sionisme et l'identité juive-américaine avec humour.
Dans ce nouvel ouvrage inspiré de faits réels, l'héritier de la tradition littéraire juive-américaine de Saul Bellow et Philip Roth recouvre la réalité d'un voile de fiction. le critique littéraire Harold Bloom — dont les souvenirs inspirent le roman — devient Ruben Blum, un historien américaniste spécialiste de la taxation. Avec son épouse Edith et leur fille Judith, les Blum forment une famille américaine moyenne d'origine juive mais ayant délaissé le traditionalisme religieux pour l'académisme et la modernité. Exit les fêtes religieuses passées au temple, place à la télévision en couleurs et au réfrigérateur. Une famille presque parfaitement assimilée.
Or le livre s'ouvre sur le rappel désagréable qu'ils ne le sont pas tout à fait. Ruben Blum devra accueillir un aspirant-professeur venu d'Israël, un certain Ben-Zion Netanyahou, au seul prétexte qu'il est le seul Juif de son université. le plongeon dans les recherches de Ben-Zion Netanyahou est un moyen pour Joshua Cohen d'évoquer l'histoire du sionisme et ses courants variés. Notamment le "sionisme révisionniste" de Ben-Zion qui, plus tard, inspira la politique d'un certain Benyamin Netanyahou, aux commandes d'Israël pendant douze ans.
Puis, dans la deuxième moitié du livre, la rencontre entre les Blum et les "Yahou" donne à voir un choc des cultures entre les Juifs d'Israël et les Juifs de la diaspora américaine — une occasion de plus pour sonder l'identité particulière des juifs-américains.
A mi-chemin entre le roman de campus et le roman historique, Joshua Cohen creuse sa page d'une encre humoristique corrosive et terriblement actuelle. Et ce alors que "Bibi" Netanyahou ne quittait le poste de premier ministre qu'en juin 2021, après un règne ayant porté le sionisme révisionniste à son apogée.
Olivia Gesbert invite à sa table l'auteur Joshua Cohen pour présenter son dernier livre.
#JoshuaCohen #Netanyahou #Littérature _____________
Prenez place à La Grande Table pour rencontrer d'autres personnalités qui font l'actualité de la culture, ici https://www.youtube.com/playlist?list=PLKpTasoeXDrpsBVAaqJ_sANguhpPukaiT ou sur le site https://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-1ere-partie
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