Argent, corruption et tromperies à la louche, fidélité en amitié, honnêteté incorporées sans relâche, le tout saupoudré d'humour et d'ironie (mais moins que dans
Tours et détours de la vilaine fille), d'érotisme (beaucoup moins que dans L'
éloge de la marâtre) et bien sûr d'affabulations : tels sont les ingrédients principaux du nouveau roman de
Mario Vargas Llosa, prix Nobel de littérature en 2010, qui se déroule à nouveau au Pérou, entre Piura et Lima.
Un petit air de déjà-vu peut-être ? Mais cette fois-ci, le roman s'articule autour de trois personnages de pères et analyse, à travers leurs trois histoires enchevêtrées, leurs démêlés rocambolesques avec leurs fils respectifs, tout en brossant un tableau critique de la société actuelle du Pérou, confrontée à des mutations majeures sur fond de corruption et de croissance économique que les héros de ce roman symbolisent sans l'ombre d'un doute.
Felicito Yanaque, quinqua self-made man, patron d'une entreprise de transports, menacé de chantage par la mafia locale, va révéler sa fibre héroïque et, bravant incendie, intimidations et coup-bas, devenir un héros national, rien que cela.
Don Rigoberto, l'esthète cultivé, amateur d'érotisme de précédents romans de
Vargas Llosa, aspire ici à une retraite orientée vers les arts, les voyages et sa chère épouse Lucrecia, après une carrière de juriste au sein de la compagnie d'assurance de son ami Ismael Carrera. Ami fidèle, mari attentionné, père à l'écoute, l'auteur lui donne indéniablement le beau rôle ; j'ai d'ailleurs toujours pensé que Don Rigoberto était une sorte d'avatar idéal de l'auteur lui-même.
Puis le fameux Ismael, patron octogénaire à la colossale fortune convoitée par ses cupides fils, décide d'épouser sa gouvernante de trente-huit ans sa cadette et de profiter enfin de la vie en disparaissant quelques temps.
Voilà pour le canevas de l'histoire.
J'ajouterais juste que c'est tour à tour violent, tendre, énigmatique, imprévisible et fort bien écrit, traduit aussi sans doute. Peut-être suis-je un peu trop fan de l'auteur, je l'admets, j'apprécie tout simplement son ton, son style et sa façon d'embarquer son lecteur dans une histoire riche en rebondissements, tout en étant un témoin de son temps, un peu à la façon d'un Gary, autre conteur hors pair à l'imaginaire débridé.