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3,53

sur 96 notes
Avant tout, un grand merci à Babelio et à son opération Masse critique qui m'ont permis de découvrir ce livre dès sa sortie!

Autant le dire tout de suite, j'ai passé un très agréable moment avec la lecture de ce Sagan 1954: à la fois autofiction avec un récit écrit à la première personne qui implique l'auteur dans son ouvrage, et épisode biographique racontant quelques mois très marquants et décisifs de la vie de Françoise Sagan, lorsqu'elle fait paraître son premier titre Bonjour tristesse, en 1954, cet ouvrage m'a plu autant par l'écriture de l'auteur que par le fond de son texte.

Il y a quelques années, j'ai lu ce Bonjour tristesse qui avait apparemment (je suis trop jeune pour l'avoir vécu) défrayé la chronique et j'avoue que cela ne m'avait ni éclairée, ni emballée: je n'avais pas compris comment cette petite histoire d'amour, qui ne m'a d'ailleurs laissé que de vagues souvenirs, avait pu être si scandaleuse à sa sortie.
Ici, et cela contribue beaucoup à l'intérêt que j'ai trouvé dans ce récit, l'auteur nous resitue l'"affaire" dans son contexte et m'a fait comprendre de l'intérieur le bouleversement qu'a représenté la sortie de ce titre, à l'époque où il est sorti... J'ai mieux compris cela, j'ai aussi un peu mieux approché le personnage qu'était Françoise Sagan, et ce que fut sa vie par la suite.

Le fait que l'auteur entremêle à son récit ses propres états d'âme et des épisodes de sa propre vie m'a aussi pas mal plu: cela donne, je trouve, une sorte de respiration qui aère un peu la biographie au sens strict, cela donne aussi du recul pour mieux comprendre le décalage entre les deux époques évoquées.

En bref, une lecture agréable et instructive pour moi!
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Il a déjà été beaucoup écrit sur Françoise Sagan : au cours des dix années qui sont passées depuis sa mort, de nombreuses biographies ont fleuri, retraçant la folle aventure de cette croqueuse de vie. Récemment j'ai par exemple lu la version de son fils, Denis Westhoff, qui a voulu rétablir quelques vérités sur sa mère. Car si beaucoup ont écrit, tous n'ont pas été neutres : et comment l'être face à cette écrivaine tellement hors norme, qui les a d'ailleurs toutes refusées toute sa vie ?

"A seize ans [...] Françoise trouvait déjà que la vie était lente."

C'est pour rééquilibrer encore la balance que Denis Westhoff a demandé à Anne Berest non pas une nouvelle biographie mais l'histoire de cette jeune fille de 18 ans qui, un jour de 1954, a déposé son manuscrit dans les grandes maisons d'édition de l'époque. Ce sera Julliard qui réagira le premier. Non pas la plus prestigieuse mais celle qui a flairé le plus vite ce que pouvait donner cette bombe lâchée auprès du public français.

"Bonjour tristesse.
Amour des corps aimables.
Puissance de l'amour
Dont l'amabilité surgit
Comme un monstre sans corps." Eluard

60 ans plus tard, en 2014, Sagan est passée au rang de classique. Si toutes ses oeuvres ne sont pas égales, Bonjour tristesse reste la plus étudiée, la plus célébrée, la plus reconnue de toutes. Et également la plus controversée. Car cette jeune fille qui avoue ses sentiments pour son père et se livre à tous les excès fait sensation dans la société des années 1950, mais ce sera aussi un raz-de-marée qui n'épargne aucune classe de la société. Tout le monde se bat pour avoir son exemplaire, tout le monde le lit, même si c'est pour ensuite l'interdire ou le retirer des ventes. Bref il fait scandale et on en parle.

Et au milieu de tout ça, une jeune fille tente de comprendre ce qu'il se passe. Elle voit d'un coup s'ouvrir une carrière possible d'écrivain, et sa vie change. Et cela commence par un mariage, celui de Françoise avec la littérature, qui voit naître ensuite non plus Françoise Quoirez, jeune fille bourgeoise de la bonne société, mais Françoise Sagan, écrivaine reconnue.

C'est donc cette histoire que nous propose Anne Berest, à la manière d'un "journal de l'année qui raconterait la parution de Bonjour tristesse".
Mais si elle nous livre quelques éléments biographiques, ce texte est plus que cela :
"Il ne peut être ni une biographie, ni un journal, ni un roman. Disons que c'est une histoire. Ce serait l'histoire d'une très jeune fille qui écrirait son premier roman. J'y raconterai toutes les étapes de la vie d'un écrivain naissant : l'excitation, la peur, l'attente."

Ce qu'Anne Berest fait très bien, même si certains épisodes, en particulier ceux tirés de sa vie même – travers que ne nous épargnent jamais les écrivains contemporains – sont superflus : l'épisode de la voyante – où celle-ci voit que l'auteur écrit sur Sagan – m'a fait particulièrement rire …

Et même si elle réutilise toutes les biographies écrites auparavant, s'inscrivant dans une longue lignée de biographes historiens, elle le fait d'une manière intelligente, en rajoutant une touche romanesque.

Enfin j'ai particulièrement apprécié les quelques photographies en noir et blanc, qui rajoutent à la richesse du texte, d'autant qu'elles sont expliquées et mises en situation immédiatement après.

En bref un bon texte, qui permet de découvrir Françoise avant Sagan. Une jeune fille qui se rend compte alors, il y a 60 ans, de ce qu'elle veut faire toute sa vie : "Ne jamais cesser d'écrire, toute sa vie."
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A la fois journal intime, enquête et roman.


Avant d'ouvrir ce livre, je me suis demandé si je ne ferai pas mieux de relire Sagan dans le texte mais dès les premières pages je fus prise par un style, une écriture, le choix d'un point de vue et l'implication personnelle de l'auteure dans la quête et le récit.

Anne Berest vit une des périodes les plus douloureuses de son existence, elle est séparée du père de sa fille et bien décidée à renoncer à l'amour… C'est alors qu'elle rencontre Denis Westhoff, le fils de Françoise Sagan, qui lui propose de raconter l'histoire de la parution de « Bonjour tristesse » afin que dix ans après la mort de sa mère, on ait une vision plus juste de ce qu'elle a été avant la création du mythe.

L'auteure met alors ses pas dans ceux de Françoise Quoirez qui en cette année 1954 n'est pas encore Françoise Sagan ; où sa vie bascule dans le succès, où commence la légende et le malentendu. Elle retrace son enfance choyée dans un cadre bourgeois : le père est industriel et la mère femme au foyer, ils ont trois enfants ainsi que sa rencontre avec René Julliard et le monde de l'édition.

Lorsqu'Anne Berest dit à Florence Malraux : « - Bah... je n'ai pas envie d'écrire des choses qui soient fausses. » ; l'amie de toute une vie de Sagan lui répond : - Vous savez, Anne, ce qui compte, c'est que vous écriviez des choses qui soient justes. » Et là, on peut dire que le pari est réussi ; en tressant la réalité et les scènes revisitées ou inventées, elle peint de manière à la fois inventive et respectueuse le tableau d'une époque et l'itinéraire d'« un charmant petit monstre » comme l'a écrit Mauriac.

« Sagan 1954 » est illustrée de quelques photos, pleines à la fois de légèreté et de profondeur comme l'est l'ensemble du livre et comme le fut la vie de Françoise Sagan
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Depuis sa disparation voici bientôt 10 ans , Françoise Sagan n'a guère quitté les rayons des librairies. En plus de ses oeuvres que son fils réédite, bon nombre de biographies sont venues entretenir le mythe de celle qui a marqué son époque, plus peut être par sa vie romanesque que par ses écrits.
Anne Berest avec "Sagan 1954" apporte une nouvelle contribution au rayon déjà bien fourni des hagiographies. En choisissant un angle un peu différent, celui de la possession au delà du temps de la célèbre auteure sur une jeune femme d'aujourd'hui, le livre échappe aux catégories. Essai ? Autofiction ? Roman ? Biographie ? Un peu tout cela mais aussi une bien jolie évocation.
En replaçant la romancière dans son année 1954, année cruciale, où la jeune Françoise Quoirez va déposer son manuscrit chez trois éditeurs et dont, Julliard, le premier à réagir, va faire d'elle une star de la littérature, Anne Berest circonscrit l'intrigue dans cet entre-deux où se jouent tous les possibles. C'est tout d'abord le portrait d'une époque guindée, où les jeunes filles s'habillaient comme leurs mères mais où les premiers sex-symboles apparaissaient ( Bardot pointait son nez mutin, Marlon Brandon n'avait qu'un tee shirt blanc sous son blouson de cuir ), C'est surtout un vibrant hommage à celle qui, à travers le temps, continue à nourrir l'imaginaire d'une nouvelle génération d'écrivaine, cherchant à travers elle les clés, mais aussi la force, d'écrire pour vivre.
Aux éléments biographiques, Anne Berest s'amuse à inventer,avec beaucoup de respect, des dialogues où des situations que Sagan aurait pu vivre à l'époque mais glisse aussi dans le récit des éléments personnels de sa propre vie. Elle se sépare de son mari, éprouve quelques difficultés à écrire son roman, doute, cherche dans son quotidien des moteurs qui pourraient la faire avancer dans son écriture. Ce n'est peut être pas ce que je préfère dans le livre, car la figure emblématique de Sagan s'impose avec force face à la jeune femme actuelle. Elle a beau lui insuffler forces et signes de connivence, Sagan est tellement romanesque, même à ses débuts, qu'elle affadit tout ce qui l'approche et hélas un peu trop les petites histoires d'Anne Berest, rendant le livre un peu bancal.
Cependant, une belle écriture fluide, presque saganesque, offre une lecture agréable pour tous les amoureux du personnage Sagan et nous replonge avec nostalgie dans cette époque où les premiers bastions de la bien pensance furent allègrement mis à mal par quelques jeunes filles atypiques.

Merci à Babelio et aux éditions Stock de m'avoir permis de découvrir ce livre.
Lien : http://sansconnivence.blogsp..
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J'ai tout de suite accepté la lecture du dernier roman d'Anne Berest proposée par Masse Critique, « Sagan 1954 » aux éditions Stock, car je trouvais le sujet du livre particulièrement intéressant : raconter Sagan, auteure que j'apprécie, l'année 1954, l'année qui précède la légende. Et bien, je n'ai pas été déçue car c'est plus que ça. Ce n'est pas seulement bien ou agréable mais c'est exactement le genre de livre qui me fait aimer la lecture.

C'est le premier livre d'Anne Berest que je lis et la découverte de cette auteure m'enchante. Je ne sais pas si ça se fait mais j'ai envie de comparer ce roman à ceux de Colombe Schneck ou Anne Wiazemsky. Ce sont des jeunes femmes qui savent rendre hommage à des artistes contemporains (Jean-Luc Godard, Denise Glaser par exemple) tout en témoignant de l'époque actuelle car elles savent faire le parallèle avec leurs états d'âme sans confondre le passé et le présent. J'adore ce genre de roman qui alterne les personnages et les époques, l'autofiction et la biographie romancée. Et puis, Anne Berest a eu l'ingénieuse idée d'illustrer son livre avec cinq photos de Françoise enfant ou jeune fille.

Sagan 1954, c'est une histoire plus qu'un roman, comme l'écrit Anne Berest.

Mais c'est d'abord l'histoire d'un roman et de l'entrée d'une jeune fille en littérature.
Plutôt que d'écrire une biographie de Françoise Sagan, Anne Berest se concentre sur l'année 1954, elle choisit donc une tranche de vie, l'année de publication du premier roman de la jeune Françoise Quoirez, 18 ans, « Bonjour tristesse ». 1954, c'est le premier roman et c'est aussi le choix du nom de plume « Sagan » en référence à Proust et cela lui plait beaucoup à Françoise de prendre un pseudonyme parce que tous les écrivains qu'elle admire en ont notamment Paul Eluard à qui elle a emprunté le titre de son roman. Elle se marie donc avec la littérature et le moment est très émouvant même s'il est jubilatoire, comme toutes les histoires d'Amour. Et puis, c'est aussi la rencontre avec les grands, surtout Colette, qu'elle admire et Marguerite Duras qui l'invite à diner avec sa copine Florence Malraux.

C'est aussi une histoire d'amitié.
Anne Berest donne de l'importance à ceux qui entourent Françoise où qui sont présents cette année 1954 et d'ailleurs, toutes les références (quelles soient littéraires, politiques, géographiques…) permettent au lecteur d'être connectée à son époque. Son amie Florence Malraux va l'accompagner dans sa jeunesse et ne jamais la quitter, même si elles sont très différentes elles s'entendent à merveille et cette complicité n'est pas pour rien dans le succès de Françoise, la désinvolte. Les jeunes filles de l'année 1954, Florence et Françoise, sont en train de grandir, elles font leur éducation sentimentale, et le lecteur s'attache à ces femmes naissantes.

C'est également une histoire de génération.
Présentée par Anne Berest, Françoise est aussi dans le miroir d'une autre génération : celle de ses parents bourgeois et originaux avec qui elle entretient des rapports peu classique qui est aussi celle de René Julliard, son éditeur, celui qui, grâce à ses collaborateurs, a cru en elle a la première lecture et qui la préparera à la sortie de « Bonjour tristesse » en librairie le 15 mars 1954, et celle de grands auteurs, plus âgés, comme ceux du jury du prix des critiques qui vont lui tenir la main pour l'encercler dans une ronde et la couronner « peut-être par défi ou provocation ».
Et puis le rapport à l'amour inter-génération se traduit aussi dans le rapport amoureux d'Anne Barest qui va rencontrer un homme plus jeune qu'elle et nous allons voir naitre une histoire d'amour en lien avec l'écriture du livre. Il y a donc un parallèle entre l'histoire de Françoise et celle d'Anne, mais l'auteure est à sa place, aujourd'hui en train d'écrire un livre, elle ne se prend pas pour Sagan, elle s'en imprègne et elle le fait avec modestie.

C'est enfin une histoire de lieux.
Anne Berest est comme possédée. Elle s'imprègne des lieux pour son travail tout en continuant à vivre son histoire personnelle. Elle se promène dans Paris et on la devine cheminant sur le pont des arts, guidée par une personne qu'elle admire. Les lieux incarnés représentent une sorte de connexion entre le passé et le présent.
Le regard affûté d'Anne Berest nous fait aussi aimer d'autres paysages admirés de Françoise, celui de Carjac, les Causses du Lot, domaine où elle est née mais aussi la côte d'azur où elle passe ses vacances et qui est le cadre de « Bonjour tristesse ».

Ce qui est bien avec ce livre, c'est qu'il se lit vite mais que le plaisir dure longtemps. La force de « Sagan 1954 » est que l'auteure parle peu du livre-sujet « Bonjour tristesse » ou de son écriture (juste quelques citations) mais qu'elle donne envie de le lire ou de le relire. On peut aussi jouer les prolongations avec tous les autres livres en référence et les auteures de l'époque. Une époque marquée par l'innovation littéraire (je pense en particulier au nouveau roman) où une jeune fille de la bourgeoisie a choisi sa vie et a pris un ton résolument moderne, sans tabou, traduisant sa liberté de penser qui sera parfois considéré comme scandaleuse. C'est, en quelque sorte, un livre sur l'émancipation d'une femme.

Alors, quand Anne Berest écrit que le livre refuse de se finir, simplement parce qu'elle n'en a pas envie, moi non plus je ne voulais pas me séparer de Françoise, ni de « Sagan 1954 » et j'ai fait durer mon plaisir de lecture au maximum en lisant lentement pour en apprécier toute la saveur.

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1954 : l'abbé Pierre lance son appel sur les ondes. L'hiver, exceptionnellement froid, a jeté dehors les sans-abris. On meurt sur les pavés. Une année où l'urgence sociale fut donc dramatique. La même année, Elvis Presley grave un premier disque, Simone de Beauvoir remporte le prix Goncourt pour Les Mandarins et une toute jeune fille sort un livre, Bonjour tristesse, qui va changer sa vie. C'est au début de cette même année 54 que l'éditeur René Julliard décide de publier le premier roman de Françoise Quoirez. Une légende va naître, légende dans laquelle on voit tournoyer un glaçon dans un verre de whisky, la roulette du casino, et une voiture qui prend un mauvais virage.
2014 : le Front national arrive en tête des élections européennes avec 25 % des voix. Ce parti arrive en tête devant l'UMP et le parti socialiste. La France est toujours glacée, mais pas pour les même raisons. Durant cette même année, Anne Berest, romancière, se plonge à corps perdu dans la vie de Françoise "pas encore Sagan". Elle vient de se séparer du père de son enfant et l'écriture lui permet de ne pas trop penser à une situation personnelle qu'elle vit très mal.
Très vite, les deux vies s'entrecroisent, s'entremêlent et se nourrissent l'une de l'autre. Deux moments de rupture entrent en résonance. le livre s'ouvre alors que le "charmant petit monstre" n'est pas encore né. Françoise ne sait pas encore combien son existence va être bouleversée par le succès foudroyant prêt à fondre sur ses dix-huit ans. Anne, elle, se tient sur le fil. La rupture a déjà été consommée, et écrire sur une jeune femme qui s'apprête à vivre un épisode saisissant s'avère un moyen de construire tout en contemplant les ruines de la défaite... ce qu'elle fait tout en douceur et en discrétion.
On sent une fréquentation assidue de l'oeuvre de la romancière, et une retenue face aux effets faciles. Au lieu de nous plonger dans les méandres des vapeurs alcoolisées associées à Sagan, elle nous invite à regarder au bord du vide, à contempler cet instant où tout peut basculer, où tout va sans doute basculer, mais sans que l'on sache de quel côté.
Ce livre n'est donc pas un roman, ni une biographie, et encore moins une autobiographie. Oeuvre multiforme, elle suit les méandres de l'écriture, explore les failles. Elle utilise deux fils de vie qui s'entrecroisent et tissent un texte composite. L'entrelacement des deux chemins de vie ne gêne absolument pas la lecture. Au contraire, l'ensemble est fluide et j'ai aimé naviguer dans ce paysage varié où je rencontrais des bribes de journal, puis quelques photographies, des instants de vie aussi... impression délicieuse d'ouvrir une malle aux souvenirs d'où s'échappent des photos oubliées, et que l'on a pas envie de refermer.

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Ce livre n'est pas une énième biographie sur Françoise Sagan en ce sens où il nous fait revivre quelques mois cruciaux de sa vie. Ceux d'avant la parution de Bonjour tristesse et ceux qui suivront immédiatement. Françoise Quoirez qui n'a pas encore dix-huit ans est une jeune fille d'une bonne famille laquelle cède facilement à ses demandes et caprices. Son amie amie Florence Malraux l'encourage à écrire et Françoise passe un été à Paris à coucher sur papier le livre qui changera son destin alors que sa famille profite des vacances. le roman sera déposé dans trois maisons d'édition et au bout d'une dizaine de jours, Julliard la contactera. le succès est immédiat et Françoise devient Françoise Sagan sans s'imaginer que ça y est, le public et le monde de l'édition se sont forgées une opinion à son sujet loin des codes de l'époque.

"Mon livre prend une forme bizarre, entre roman, biographie et autofiction" : Anne Berest qui se sépare du père de sa fille accepte la demande de Denis Westhoff (le fils de Françoise Sagan) d'écrire sur Françoise Sagan. Se basant sur des faits précis elle ajoute une part de fiction mais aussi ses propres questionnements personnels. Elle veut se rapprocher de Sagan pour la faire renaître à travers ce livre. Et elle y parvient en nous faisant découvrir l'admiration de l'auteure pour Colette ou en nous rappelant la condition féminine de cette période le tout à travers des anecdotes.
Et même si ses propres états d'âme ont gâché un peu mon plaisir, il ressort de ce livre une énergie contagieuse, une Françoise Sagan anti-conformiste, généreuse et voulant croquer la vie à pleines dents !
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tout d'abord je remercie vivement Masse critique et les éditions Stock qui m'ont permis de découvrir ce roman dont la critique m'a posé quelques problèmes.

Nous sommes en 1954, à Paris. Au petit matin, Cocteau voit passer près de lui deux silhouettes qui ne le reconnaissent pas. Il trouve le garçon amusant avec sa coupe à la Jeanne d'arc « on dirait un page, tout droit sorti d'une enluminure ». Des éclats de rire éclatent et il comprend que le page est une fille. C'est Françoise qui tient par la main son amie Florence Malraux.
C'est par cette scène, sortie de l'imagination de l'auteur que commence le roman. On va découvrir ainsi toute l'histoire du premier roman de Françoise Sagan : « Bonjour tristesse ».
Françoise a dix-sept ans quand elle écrit ce premier roman, en six semaines, pour épater son père ingénieur qu'elle vénère alors que sa mère est plutôt en retrait.
On assiste à toutes ses démarches : le manuscrit qu'elle a tapé à la machine pour que ce soit plus propre, en notant ses coordonnées, sa date de naissance et son numéro de téléphone (peu de gens ont le téléphone à cette époque, elle pense que cela peut être un atout en sa faveur). Puis la présentation aux éditeurs : elle en a choisi trois et va remettre son manuscrit directement à la maison d'édition chaque fois et attend sagement les réponses.
Pour tromper l'ennui de l'attente, son amie Véronique l'emmène chez une voyante ce qui n'est pas anodin ; un an plus tôt Françoise en déjà consulté une qui lui a prédit qu'elle écrirait une grand livre qui traverserait l'Atlantique et c'est pour cela qu'elle a ressorti de ses tiroirs quelques pages qu'elle avait écrites car elle a toujours voulu écrire.
On va suivre Françoise dans ses rencontres avec l'éditeur, le contrat, l'argent qui lui sera versé en liquide, car étant mineure, elle n'a pas de carnet de chèque, le choix du pseudonyme, la parution, etc.etc que je vous laisse découvrir.

Ce que j'en pense :


Anne BEREST nous raconte toute histoire de la publication de « Bonjour tristesse » en 1954 et retrace la vie de Françoise durant cette année-là, en fonction d'une part des biographies et des articles qu'elle a lus et aussi par la rencontre de personnes qui ont compté dans sa vie. Elle nous cite beaucoup de choses qui n'ont pas forcément eu lieu en 1954, donc elle déborde des limites qu'elle s'était fixées mais c'est pour notre plus grand plaisir.


C'est à la demande du fils de Françoise, Denis Nesthoff, que l'auteur va écrire ce livre, car celui-ci voudrait qu'on parle d'elle car cela fera bientôt dix ans qu'elle est morte.
Anne Berest invente la fameuse scène où Françoise Sagan et Florence Malraux croisent le chemin de Cocteau, pour planter le décor. Elle se met dans les pas de Françoise, elle imagine comment est sa chambre à partir d'une photo que lui a donné Denis), les tableaux qui sont accrochés aux murs, les livres, les disques. Ensuite elle reconstitue à partir de toutes les biographies, articles de journaux ce qu'a pu être cette année 1954, jour après jour, semaine après semaine de la naissance du livre au prix littéraire et au succès international. Mais, ce ne sera pas une biographie de plus mais l'histoire d'un livre dont l'auteur fait elle-même partie.
A priori, l'idée est intéressante, mais l'auteure a tendance à en faire trop : elle va voir une voyante pour lui demander si son livre aura du succès, comme l'avait fait Françoise et bien sûr, cette voyante va être extraordinaire, découvrant que le livre traite de Françoise. C'est peut-être vrai mais cela suscite un malaise.
L'auteure tente également un parallèle avec Brigitte Bardot : elles ont été adulées puis détestées toutes les deux égocentriques, mais selon elle, on a pardonné à Brigitte car elle s'est occupée de la cause animale plus tard alors que Françoise ne s'est pas rachetée en somme.
De même, elle fait référence à Colette, à Marguerite Duras (qui a un comportement méprisant envers Françoise lors d'un dîner organisé chez elle). A travers ces femmes qui ont marqué la société, Anne Berest essaie-t-elle de se faire une petite place ?
Comme vous l'aurez compris j'ai aimé ce livre mais !!!!! il y a un mais.
Si son but était de nous faire relire « Bonjour tristesse », elle a réussi, mais je m'attendais à plus puisqu'on parle de roman. Tout ce qui concerne la vie de Françoise est très intéressant et la société de l'époque. 1954 est l'année de la sortie du premier livre d'une toute jeune femme puisqu'elle a à peine dix huit ans, livre qui aura un succès planétaire et sera récompensé par un prix.
Je pensais qu'elle exploiterait plus ce côté-là, car elle me parait bien pâlotte face à Françoise. Pense-t-elle qu'en se coulant ainsi dans le personnage de Sagan que sa vie triste (elle vient de subir une séparation et ne sait plus bien où elle en est) va changer par magie ?
Quoi qu'il en soit, elle m'a donné envie de relire« Bonjour tristesse » encore une fois et surtout lire d'autres biographies d'elle : celle de son fils, Denis Nesthoff, en particulier : « Sagan et fils » et relire aussi « Avec mon meilleur souvenir » et découvrir « Des bleus à l'âme ». Donc, je lui donne un note assez bonne, est-ce Anne qui a cette note ou l'ombre de Sagan ?

Note : 7/10
pour tout savoir: cf. mon blog

Lien : http://eveyeshe.canalblog.co..
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L'autofiction produit parfois des ouvrages que je juge excellents. Des livres qui bouleversent, qui amusent, qui font réfléchir tant sur la vie et son étrangeté que sur la forme et le travail de l'écrivain. Ce sont des livres que je prends « plaisir » à lire. Je mets « plaisir » entre guillemets car je songe notamment à Chloé Delaume et la lecture de ses livres est souvent si perturbante, voire dérangeante, que ce terme n'est pas forcément le plus approprié.
Mais dans le cas de Sagan 1954, j'appelle ça se regarder le nombril, tout simplement. Personnellement, je n'ai pas été intéressée par la vie d'Anne Beret : sa séparation par exemple ou ses interrogations sur son travail n'éveillent rien en moi. Il me rappelle le livre Au travail : les écrivains au quotidien de Géraldine Kosiak. Apparemment, écrire sur un autre auteur est un bon prétexte pour parler de soi.
Je ne veux pas sembler trop dure ; peut-être Anne Berest sent réellement un lien avec Sagan, d'où cette volonté d'écrire ce livre (même s'il lui a été suggéré par Denis Westhoff, le fils de Sagan tout de même…), mais je n'ai pas vraiment compris ce lien, ni été touchée par ce qu'elle raconte.

Quant à la vie de Françoise Sagan au cours de cette incroyable année 1954, la description en est plutôt sympathique bien qu'évidemment imaginée et fantasmée. Même si de véritables témoignages recueillis par des biographes de Sagan ou par l'auteure elle-même auprès de ses proches, ce que Sagan a réellement ressenti au moment de déposer ses manuscrits ou pensé en signant ses premiers autographes reste un mystère. Même si la plongée dans le Paris des années 1950 est plaisante et crédible, j'ai été dérangée par le sentiment qu'Anne Berest transposait ses propres émotions à Françoise Sagan. Est-ce un livre sur Sagan ou sur Berest ?

Je n'ai pas apprécié, je ne le conseillerai pas, mais Sagan 1954 m'aura au moins donné l'envie de relire Bonjour tristesse.
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Tout d'abord, je tiens à remercier les Editions Stock et Babelio de m'avoir permis de découvrir ce livre à sa sortie.
La lecture en fut très agréable. le texte est aéré mais j'ai regretté que les 185 pages ne soient pas découpées en chapitres.
Ce livre est l'histoire de la sortie d'un premier roman, mais pas n'importe lequel, celui de Françoise Sagan alias Quoirez : Bonjour Tristesse, en 1954. Anne Berest, l'auteure, elle, en est à son troisième livre. Ce livre est aussi l'histoire d'une rencontre virtuelle entre ces deux femmes. Une a 18 ans, elle est à l'aube de cet ouragan que va déclencher la sortie de son premier roman, l'autre en a 34 et se trouve en pleine crise sentimentale.
Anne Berest mêle dans son récit fiction et réalité issue de divers témoignages et lectures. C'est assez déroutant, je dirais même dérangeant.
J'ai eu du mal à croire en l'authenticité des anecdotes concernant ses rencontres avec Jean Echenoz, Pasolini et l'histoire de la voyante, mais bon, pourquoi pas ?
J'ai dévoré tout Sagan mais je n'appréciais pas le personnage dont je ne connaissais que ce que j'en voyais dans les media et personnellement je ne l'aurais jamais imaginée portant des vêtements aux plus démunis après l'appel de l'Abbé Pierre. Ce livre m'a donné envie d'en savoir plus sur elle.
Les différentes étapes de la sortie d'un livre sont également bien identifiées et on se surprend à attendre avec Françoise la réaction des lecteurs.

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