Dans la seconde moitié du XIXe siècle, la pensée dominante est celle du positivisme d'
Auguste Comte, selon lequel toute chose peut être expliquée par la science et qui énonce d'autre part que nous entrons dans une étape du progrès de l'esprit humain : l'étape scientifique, qui vient remplacer les étapes métaphysique et théologique. Cependant tout n'est pas aussi tranché, car même la science s'appuie sur des hypothèses, avec par conséquent un aspect provisoire et incertain.
Bergson (1859-1941) va tenter de combattre le positivisme qu'il juge réducteur. Il va s'appuyer pour cela sur l'analyse et sur l'intuition. Il manie la langue avec précision et s'efforce d'exprimer en langage clair les pensées les plus complexes et les plus subtiles.
Parmi ses thèmes de prédilection, on trouve les concepts de conscience, de durée, de liberté, de mémoire. Bergson examine les relations entre le corps et l'esprit, entre
le cerveau et la pensée. La question est de savoir si le corps et l'esprit sont inséparablement liés l'un à l'autre ou pas. Bergson admet qu'il ne peut trancher cette question, mais refuse que la philosophie n'ait rien à répondre sur cette question. le philosophe explore le domaine du rêve et s'intéresse à tous les phénomènes produit par l'esprit notamment celui du souvenir du présent par lequel nous avons parfois le sentiment de revivre un moment de notre vie à l'identique comme si le présent se confondait avec le passé dans le même interval de temps.
Toutes ses questions sont évoquées dans ce livre «
L'énergie spirituelle » qui rassemble sept conférences données par Bergson entre 1901 et 1913. L'auteur analyse la conscience, la vie psychique du rêve, la télépathie, la survie de l'âme après la mort, la sensation étrange d'avoir été dans un lieu alors que nous y venons pour la première fois, l'intelligence, les limitations de notre cerveau.
Bergson a influencé le développement de la science naissante qu'est alors la psychologie. Il rejoint le courant philosophique du vitalisme qui considère l'existence d'une force vitale, une sorte « d'intelligence biologique » que possède le corps et qui ne serait pas liée aux lois physico-chimiques.
Cet ouvrage, rédigé au tout début du XXe siècle est une tentative d'examiner le phénomène humain non pas essentiellement selon des critères scientifiques, mais en s'appuyant sur le raisonnement et l'intuition.
Le niveau d'abstraction est plus ou moins important selon les thèmes abordés et j'ai éprouvé quelques difficultés à tout comprendre, mais le style de Bergson est très agréable, c'est celui d'un grand écrivain qui s'exprime dans une langue très pure avec le souci constant d'être compris. Ce livre est une bonne introduction à la pensée du philosophe. Et ce n'est pas parce que l'on ne comprend pas tout que l'on ne doit pas essayer de comprendre un peu.
— «
L'énergie spirituelle », Henri Berson, Petite bibliothèque Payot (2020), 241 pages.