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EAN : 9782710390459
224 pages
La Table ronde (13/06/2019)
3.55/5   21 notes
Résumé :

Voilà c'est tout simple : les personnages ont entre dix-huit, dix-neuf et vingt-trois, vingt-quatre ans. Paysage: la France de la fin des années 70. Fille, campagne ombragée et bords de mer. Ils vont dîner, ils tombent amoureux, ils font de la métaphysique et sont abominablement normaux. A-bo-mi-na-ble-ment, scanda Charles levant un doigt. - Et alors ? - Et alors, tout le tralala. Bref, ils font connaissance avec cet asile de fous... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Beaucoup de verbiages et peu d'esprit. Quel ennui ! J'ai commis deux erreurs. La première est d'avoir fait confiance à la Fnac, la deuxième d'avoir cru à un roman beau comme La côte sauvage de Jean-René Huguenin… Imaginez du Frédéric Beigbeder ou du Nicolas Rey sans humour ni second degré. Ces deux écrivains sont insupportables mais leur style et leur personnalité parviennent quelquefois à les sauver. Qu'on m'explique ce que ce Berthet a de génial ! Peut-être qu'au bout de cinq verres de Vermouth, quand le taux d'alcoolémie a noyé toute étincelle de lucidité, on lui trouve un intérêt. C'est compliqué de résumer le vide de ces histoires. Des mondanités, des leçons de savoir-vivre dignes de la Baronne de Rothschild (ex : l'insupportable « traité d'illégitime défense »), des faux quiproquos, des aphorismes prétentieux, des dandys miteux qui vous expliquent en quoi Lanvin est vain (on s'en fout), des jeunes gens de la « bonne » société qui se courent après dans le but ultime - ô mais que c'est original - de forniquer dans la soie. Seule fantaisie, dans la première nouvelle, l'auteur nomme ses personnages par leur métonymie. Grosses-Joues et Cravate-Club sont des noms plus divertissants que Jean-Édouard et Louis-Marie. Si les protagonistes avaient parlé anglais, s'ils avaient évolué à Oxford ou à New York, la banalité de ces nouvelles aurait été emportée par le charme de la langue. Mais là, ça m'a fait le même effet qu'un tube anglo-saxon traduit en français. Une purge, l'impression d'un truc qui cloche, qui n'est pas à sa place. Sa place, ce sera rangé au fond de la bibliothèque, derrière une rangée de livres plus consistants.
Bilan : 🔪🔪
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Rarement illustration de couverture n'aura été aussi bien choisie. Si elle ne vous plait pas, ne vous inspire rien, passez votre chemin. Car tout est là. La grâce, la poésie, le décalage. le corps attiré par la lune plutôt que bêtement ancré au sol. La tête dans les étoiles pour éviter d'avoir à trop frayer avec les réalités terriennes. Ce recueil de nouvelles paru en 1986, premier des cinq livres publiés par l'auteur mort en 2003 est une bulle d'élégance teintée de mélancolie. Un vrai régal.

Il faut oublier notre époque, notre quotidien, la technologie, le prêt-à-penser, les injonctions de réussite, bref, tout ce qui empêche notre esprit de rêvasser, de buller. Tout ce qui nous leste, nous plombe, nous empêche de laisser nos idées vagabonder. Les personnages de Frédéric Berthet semblent si loin de nous. Des jeunes gens d'une vingtaine d'années, effrayés par le sérieux du chemin à emprunter, des décisions à prendre ; plutôt avides de légèreté, d'insouciance. Hésitant à s'arracher complètement au domaine de l'enfance et au merveilleux qui l'accompagne. Peu désireux de se lancer dans une activité - un travail - qui les coupera définitivement de tant d'autres sources d'émerveillement. Futiles ? Privilégiés ? Paresseux ? Peut-être... mais leurs questionnements sur la vie, eux, n'ont rien d'évaporé.

"Je ne sais pas quoi faire de ma vie, et la vie en profite pour continuer, pour prendre de l'avance. C'est comme si on naissait avant d'avoir eu le temps de prendre les mesures nécessaires - et voilà, on est jeté dans le monde sans ménagement, on est pris sur le tapis roulant. On commence tout juste à entrevoir la nature du mécanisme, et cinq ans, quinze ans, vingt ans se sont écoulés".

J'ai souvent eu le sourire aux lèvres pendant ma lecture, il y a des dialogues savoureux. Les Constance, Sybille, Ségolène ou Daphné ont un charme fou, à brûler les feux rouges sans sourciller ou se prendre pour des héroïnes de roman. Tout ceci semble léger comme une bulle de savon, dégage un charme désuet et pourtant, distille une forme de tristesse qui sait rester élégante en toute circonstance. Résultat : l'impression de passer un moment hors du temps, sorte de parenthèse enchantée dans une ambiance surannée où l'esprit aurait à coeur de sortir du cadre pour planer au-dessus des nuages. Délicieux.

Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Suite à un article, j'avais depuis longtemps le projet de lire cet auteur ("Daimler s'en va") et puis non, finalement je l'avais oublié. Mais une piqure de rappel me fut administrée cet été par un article dans SOD (Sud Ouest Dimanche). Cette fois, il était question d'un titre de saison "Simple journée d'été". Un livre de poche donc léger donc idéal pour le hamac ! Il s'agit de nouvelles. Certes, j'ai été inégalement réjouie mais quel talent ! Frédéric Berthet est un perdant magnifique, amoureux des mots, de la langue, du style. Sa lecture est exigeante (en tout cas pour moi, surtout durant la canicule) mais j'ai vraiment apprécié l'humour, la mélancolie, le désir de vivre, de se consumer au-dessus des contingences. Rester un éternel jeune homme. Pauvre petit garçon riche et brillant ! L'auteur est mort à 49 ans, le jour de Noël 2003, suite à un abus d'alcool.
Il nous reste ses textes inclassables, à lire, à découvrir. Quelle belle expérience littéraire !
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Ces nouvelles nous parlent d'un autre temps et d'un certain milieu. A l'époque de leur première publication ce « milieu bourgeois » avait déjà le poids des ans. Il y a un côté intemporel. Plusieurs histoires parlent de jeunes gens qui se rencontrent dans des rallyes et on des préoccupations très spécifique. Ces jeunes qui se rencontrent pour jouer au tennis, ski nautique, yachting, cocktails, parler de leurs études et futures carrières, famille… certains questionnements peuvent paraître futiles (comme les tenues etc) mais on se rend compte qu'ils sont importants pour eux.

Ma nouvelle préférée et celle intitulée « éducation française », avec un personnage un peu hors du temps. J'aurais aimé que ce soit un roman pour le voir évoluer, trouver sa voie… Cette nouvelle m'a fait penser à certains romans (par exemple à « sous le charme de Lilian Dawes » de Katherine Mosby).

Je ne vais pas parler de toutes les nouvelles, lues tout au long de ce mois de juillet, elles ont toute leur thématique propre. Je vous laisse les découvrir. Il y est question d'élégance. D'un monde qui se perd tout en essayant de continuer à exister. Je lis depuis quelques temps des romans qui se déroulent dans les années trente (côté aristocratie), j'ai donc l'esprit conditionné ou préparé pour cette idée fin d'époque mais pas vraiment.

Le recueil se termine avec « Regarde » une nouvelle courte où on a assez peu d'éléments sur les personnages, on sent surtout qu'ils ne sont plus très jeunes. On ressent très rapidement l'inquiétude chez le personnage masculin. La chute et un retournement de situation. L'interprétation des « signes » par le protagoniste nous met sur une voie erronée.

Ce qui fait le charme de ces nouvelles c'est la langue, le vocabulaire qui nous situe dans un certain milieu social.[blog]
Lien : https://latelierderamettes.w..
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Parmi toutes les nouvelles , seules deux m'ont vraiment plu pour leur histoire : Aurelie et simple journée d'été, en revanche c'est très agréable à lire : plein de poésie, d'ironie, de fausse légèreté... une drôle de découverte.!
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
- J'ai des pressentiments. Ce que tu vois dans l'immeuble d'en face a toujours l'air enviable, mais quand tu t'y trouves, tu as envie de sauter par la fenêtre. Je connais un conseiller d'Etat qui a eu une crise mystique et a failli se faire écraser par un autobus. Puis il est resté conseiller d'Etat. Je connais des gens qui se sont délabrés à essayer de se ressembler, et d'autres qui doivent changer de voiture tous les deux ans pour savoir qu'ils existent. Tu te souviens de la fois où tu m'as demandé ce que faisaient les gens dans leurs appartements ? Je t'ai répondu : ils vont de pièce en pièce, et c'est la meilleure réponse qu'on puisse faire. Je vois des gens qui se plaignent de vieillir, de ne plus pouvoir monter les escaliers aussi bien qu'avant : mais les âmes s'usent encore plus vite que les corps.
Il lui prit la main.
- Tu ne trouves pas qu'on est bien ?
- On est parfaitement bien.
Ils soupirèrent d'aise. Le soleil mettait artistiquement la dernière touche à leur teint exotique.
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On dîna seul sous surveillance, aux terrasses fleuries, on voyagea accompagné dans les villes étrangères, et les rencontres se multiplièrent. On eut quelques amis, que l'on perdit, et qu'on revit : ils sont restés comme ils étaient. On apprit le mariage d'une adorable blonde partie vivre outre-mer. Les années passèrent, c'est-à-dire qu'il fallut diviser par quatre le nombre des saisons. De tout ce temps, aucune mort ne fut à déplorer, quoique régulièrement, à la fin d'une journée un peu plus silencieuse, on crut pouvoir penser qu'une période s'achevait, et elle s'achevait en effet : ainsi sommes-nous chassés lentement.
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Soyez supérieur aux études supérieures. Restez spécialiste en matins d'automne, en odeurs de feuilles brûlées. Sachez reconnaître les feuilles qu'on brûle. Soyez docteur ès crépuscules, master of équipées nocturnes, professionnel du point de vue des galops de printemps. N'oubliez jamais que les terres labourées sont les meilleures pour qu'un cheval ne s'emballe pas. Soyez incollable sur Faulkner et faites un pèlerinage aux jardins du Luxembourg. Ayez la grâce d'un courant d'air, la fluidité de l'éternel, tout à la fois la permanence et l'impermanence des êtres sérieusement atteints. Devenez une espèce à vous tout seul, évolutif et scissionnaire. Exposez posément la situation à votre compagnon intersidéral.
Si vous n'y arrivez pas exactement en ces termes, changez les termes, mais en gardant l'esprit.
Aucun changement d'esprit ne sera toléré. Courage.
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Les années passèrent, c’est-à-dire qu’il fallut diviser par quatre le nombre des saisons. De tout ce temps, aucun mort ne fut à déplorer, quoique régulièrement, à la fin d’une journée un peu plus silencieuse, on crut pouvoir penser qu’une période s’achevait, et elle s’achevait en effet : ainsi sommes-nous chassés lentement.
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Puis elle colla un timbre sur l'enveloppe, et descendit poster la lettre.
Dehors, elle marcha sans regarder personne, la mine concentrée. Le petit
bruit que fit la lettre lorsqu'elle tomba au fond de la boîte resta sans écho.
Après tout, songea-t-elle, ce n'est tout de même pas un puits.
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Video de Frédéric Berthet (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Frédéric Berthet
« Il va falloir s'y habituer, mais quand même ça fait bizarre. […] Dix ans déjà que Frédéric Berthet est mort. On l'avait retrouvé chez lui, entre Noël et le jour de l'an. […] Ce normalien n'avait pas le profil de la rue d'Ulm. Il aimait Salinger et le champagne, la pêche à la mouche, le tennis et Kafka. Il avait été conseiller culturel à New York, le seul travail qu'il ait jamais eu. Son métier était écrivain, mais comme écrivain n'est pas un métier, il ne pouvait pas s'en tirer. […] Il avait cru que l'alcool serait son compagnon de route. Il fut son ennemi. « Écrire : se sortir de l'eau soi-même en se tirant par les cheveux. » Il se noya dans le whisky et le vin blanc. Il était pourri de talent. Ses incertitudes l'asphyxiaient. […] Ses livres continuent à clignoter, comme ces étoiles dont la lumière nous parvient encore après qu'elles sont éteintes. […] […] Ceux qui restent ont toujours tort. « Yep ! », aurait fait Frédéric, avec ce petit rire qui n'était qu'à lui. » (Éric Neuhoff, Deux ou trois leçons de snobisme, Éditions Écriture, 2016)
« […] Comment il avait écrit son deuxième livre, il l'ignorait encore. Il avait eu le choix entre terminer le troisième et se tirer une balle dans la tête. Quant au quatrième, on avait commencé à considérer qu'il en écrirait même un cinquième : s'il était toujours là, c'est qu'il tenait le coup. […]  […] Il savait bien que tout ce que la littérature lui prenait, elle était forcée de le lui rendre de temps en temps. […] » (Un point de vue divin)
« […] Distraction ? Fatigue ? Devait-il tenter de se justifier ? Écrire un éloge de la distraction ? Une apologie de la fatigue ? Ha ha ! Il ne pouvait plus écrire, justement ! Depuis trois mois ! L'écrivain s'était taillé, l'avait abandonné ! Oh, je sais, ajoutait Trimbert sentencieux, ces périodes sont imprévisibles, comme des accès de malaria, et il le pensait avec conviction, c'était une loi de l'existence, encore que chaque accès le laissât pantelant. « Dans la maladie, la santé se repose » c'était le plus joli, le plus sympathique, le plus profond dicton qu'il eût à sa disposition. Peut-être fallait-il ficher la paix à l'écrivain, de temps en temps. Soit. Peut-être l'écrivain pouvait-il partir en permission. Se faire porter pâle. Demander un mot d'absence à ses parents. Oui, exactement : à ses parents. Pauvre type. […] » (Hors-piste)
de Frédéric Berthet (1954-2003), « cinq libres ont été publiés de son vivant, en l'espace de dix années. […] En 1993 paraissent simultanément Felicidad, second recueil de nouvelles (le bandeau de la collection L'Infini précise : « Nouvelles du front » […], qui suscite dans la presse une vague d'interrogations […].
0:04 - Felicidad
Pas là: 0:37 - 1er extrait 1:53 - 2e extrait
3:29 - Beaucoup d'autres endroits 4:30 - Générique
Référence bibliographique : Frédéric Berthet, Felicidad, Éditions Gallimard, 1993
Image d'illustration : https://www.telerama.fr/livre/l-ami-berthet-retrouve,65450.php
Bande sonore originale : Carlos Viola - Letter From A Friend
Site : https://thegamekitchen.bandcamp.com/track/letter-from-a-friend
#FrédéricBerthet #Felicidad #LittératureFrançaise
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