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EAN : 9782330030605
293 pages
Actes Sud (05/03/2014)
3.85/5   232 notes
Résumé :
Le jeune Isookanga quitte sa forêt et son village pygmée pour faire du business à Kinshasa. Sur son chemin, de nombreux personnages, des plus pauvres aux plus puissants, des plus vils aux plus naïfs, composent un saisissant tableau du Congo contemporain aux prises avec la mondialisation. Après Mathématiques congolaises (prix Jean Muno, grand prix littéraire de l’Afrique noire, prix littéraire de la SCAM, In Koli Jean Bofane n’a rien perdu de son énergie, de son humo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (59) Voir plus Ajouter une critique
3,85

sur 232 notes
♫Au rez-d'-chaussée, [...]
Y'a une espèce de barbouze
Qui surveille les entrées
Qui tire sur tout c' qui bouge
[...]
Y s' recrée l'Indochine
Dans sa p'tite vie d' peigne cul
Sa femme sort pas d' la cuisine
Sinon y cogne dessus
Il est tellement givré
Que même dans la Légion
Z'ont fini par le j'ter
C'est vous dire s'il est con!♫
Dans mon H.L.M -Renaud-1980 -
---------------♫-♪-♪-♪-♪-♪-♫---------------
(voix off) psst psst... t'as pas l'impression de faire fausse route, hors sujet, ici on t'attend pour balancer, les Multinationales, les conseils d'administration pipo ou de Sécurité véreux, certains pasteurs et leurs bons Dieux , les minerais qui se font exploiter, y'a les Pygmées mais aussi les Tutsies qui s' font laminer, les enfants désoeuvrés, les femmes blessées, les 400 minorités qui font la majorité, les phacochères, les léopards, les salopards, les rebelles, les mercenaires, les seigneurs de guerre, l'Organisation des Nations Unies ,les casques bleus, hutu est concupiscence, bêtise, cynisme, violence...
♫Les mots secs, idées noires, mes pages blanches
La gorge nouée, la pensée en avalanche
Je sais même plus quoi en croire
J'ai même plus envie de voir
Mon coeur est délavé, et j'ai dévié de trajectoire♫
porte du soleil-Tim Dup - Gaël Faye - 2020
-------♪------♪------♪-----
Toi, tu me fous les glandes
casse-toi, tu pues
alors Marche à l'ombre
Rez de Chaussée
c'était pour pas dire RDC
République Démocratique
Me rappelle mon Platon prophétique
"En démocratie, la pagaille règne,
impossible d'éduquer
le gouvernement ne se préoccupe guère
de l'opinion la meilleure
mais de celle qui semble l'être pour le plus grand nombre...."
Imagine le bordel quand t'as 400 minorités !
Je ne supporte plus l'obscurité,
Tour de métal placée dans la forêt,
Congo Bololo et Polyandrie
bits comme niquer
petits arrangements entre amis
pire , entre ennemis
chacun tient chacun par les parties.
Falcon détruit dans le ciel de Kigali
lorsque le poisson pleure dans l'eau
cela se voit-il ?
Eglise de la Multiplication
Prébendes au boulot
reformer des gouttes de pluie pour créer des ruisseaux
Règle de la soustraction posément accélérée
double-lames, OMARI, si on t'avais appris
à un monde lacéré,un style acéré
Les évenements lui échappaient
Si le vent vient à passer
l'herbe s'inclinera
Afrique ADIEU
Où vont les eaux bleues
Du Tanganyika?
On pourrait croire un certain humour noir !?
tel un Bob Denard, innocenté par la France se la jouant peinard en peignoir…

Grand prix du Roman métis,
Prix des Cinq Continents de la Francophonie
mes 5* et tous ces Prix bien mérités....
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Chef d'oeuvre, chef d'oeuvre, j'avais envie ce matin de ne dire que ça, de le répéter 20 fois, pour vous insuffler l'envie de le lire, ce chef d'oeuvre, et ne rien ajouter.
Mais je me calme.
Comment les liaisons dangereuses (terme employé par l'auteur dans une interview) entre un tueur et son esclave sexuelle se terminent? Entre une petite prostituée et un membre de la MONUCC (ONU pour le Congo) ? Entre, surtout, la politique et l'économie, la mondialisation et la guerre ?
Comment Isookanga le pygmée finit-il par convaincre un ancien tueur devenu responsable du patrimoine de la nécessité d'exploiter les mines, et de couper les arbres ?
Comment parler sérieusement de conflits mondiaux en prenant de la hauteur et en faisant rire ?
Comment , comment ?
C'est que Congo Inc, ou le testament de Bismarck, est un livre fleuve, avec ses eaux abondantes et ses cascades ultra-dangereuses. Même si les citations ne paraissent pas drôles, le livre, lui, l'est, infiniment.
Un chef d'oeuvre.

Isookanga le pygmée se venge sur les méfaits de la colonisation en volant un ordinateur apporté par une africaniste dans sa grande forêt.
Vous allez vite être d'accord : un simple ordinateur contre les méfaits de tout un peuple, c'est peu.

Car, lui, il en a bien marre des arbres, des arbres et encore seulement des arbres. Il en convient, il appartient à un peuple qu'on dit premier, pourtant en voie d'extinction. Seulement, lui, il veut être premier en mondialisation, il joue à des jeux vidéo, où l'enjeu essentiel constitue l'exploitation des ressources minières.
Il se rend donc sur les longues barges le long du fleuve Congo, arrive à Kinshasa, est accueilli par les shégués, ces enfants abandonnés parce qu'ils ont le mauvais oeil. Ils vivent autour du Grand Marché de rapine, ils espionnent, l'une se prostitue, ils vendent des objets volés, ou de l'eau du fleuve dans des petits sacs en plastique.

D'emblée, le ton persifleur, pertinent, infiniment drôle, de la vraie drôlerie basée sur des faits politiques pas drôles du tout nous attend au tournant de chaque page: la présence ennemie du Rwanda proche, la terrible guerre du Congo, l'immense, miraculeuse richesse minière du sous sol de la grande forêt équatoriale, la corruption des policiers ( ce sont les grands prédateurs de la chaine alimentaire), du révérend de l'Eglise de la Multiplication vêtu d' Armani et de Hugo Boss, qui invente une loterie truquée, des casques bleus de l'ONU, qui échangent des armes contre de l'or, extraits par des criminels de guerre du Kivu, des anciens génocidaires promus ministres , chef d'état –major, vice-présidents, de policier chinois, promu parce que ses dossiers se terminaient toujours par un non-lieu, idéal pour ne plus compter les crimes.
Pourquoi un chinois ?
Bonne question, car, puisque Isookanga est mondialiste, il fait la connaissance d'un chinois abandonné, Zhang Xia,(dont la femme restée en Chine coud des cauris en plastique sur des pendentifs en cuir, destinés aux touristes du Sénégal) et lui propose de « s'associer » quant à la vente des sachets d'eau, en y ajoutant un peu de jus d'anguille électrique boucanée et de proclamer « eau Suisse ».
Et de gagner des parts de marché.
Chaque titre de chapitre est traduit en chinois, et lors de la révolte des shégués, c'est bien entendu Zhang Xia qui harangue les troupes en citant Mao, et In Koli Jean Bofane remercie le grand timonier pour ces idées brillantes.

Chef d'oeuvre, j'insiste, je cite la relation de l'africaniste avec le Pygmée : Soudain, elle « sentit sa culotte en danger » et se crut ensorcelée par un charme ancestral. Lui, de son côté, pendant qu'elle débite des stéréotypes sur l'Afrique millénaire, sent le python niché dans son slip Cavin Klein. Ils font tellement de bruit dans la chambre d'hôtel que les voisins interviennent, réveillés par le « tumulte provoqué par Isookanga, la colonisation et ses séquelles. »

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La République démocratique du Congo est un pays immense, 7 fois plus vaste que la France. Son sous-sol regorge de minerais, très convoités. Les guerres s'y succèdent, endémiques. Et les enfants des rues pullulent à Kinshasa. Voilà pour un portrait dessiné à grands traits. Au-delà de son aspect d'extraordinaire roman picaresque, Congo Inc. de In Koli Jean Bofane est une leçon de géographie, d'histoire et d'économie qui ne laisse rien dans l'ombre. Et surtout pas les mille et une contradictions d'un pays qui se rêve à la pointe de la modernité en Afrique noire alors que l'écart entre riches et pauvres ne cesse de grandir et qu'une néo-colonisation, économique cette fois-ci, a déjà commencé. Bofane va encore plus loin que dans Mathématiques congolaises, qui avait déjà marqué. Plus d'humour et d'ironie mais plus de sauvagerie et de violence aussi, le romancier faisant preuve d'une lucidité effrayante. Dans Congo Inc., tout commence par un gros plan sur un jeune pygmée qui en a marre des traditions de son village et qui ne jure plus que par la mondialisation avec laquelle il compte bien faire son trou. Travelling avant sur la route vers Kinshasa. Là, Bofane va élargir le champ et évoquer tout un tas de personnages qui font le Congo d'aujourd'hui, s'autorisant même des "escapades" en Chine ou aux Etats-Unis qui n'ont rien du hors sujet. La tableau est accablant : exploitation par les grandes puissances, atrocités perpétrées à l'encontre des femmes et des minorités, rôle ambigu des ONG, déforestation, compromission des politiques, etc. L'arme de l'écrivain, c'est le rire (de peur d'en pleurer bien sûr) et il est le plus souvent jaune même si libérateur. La verve et le style virtuose d'In Koli Jean Bofane font passer bien des horreurs mais le constat est implacable et absolument pas édulcoré. Au coeur de la mondialisation et des jeux géopoliticiens, victime aussi de ses propres errements, le Congo file un très mauvais coton. A sa façon -érudite, burlesque, tragique-, Bofane replace ce pays finalement mal connu à sa place sur l'échiquier. Et en écrit avec un grand talent de conteur l'histoire en marche. On a rarement lu une fable aussi réaliste, mordante et cruelle. Dans un très grand livre, aussi plaisant qu'éprouvant.
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Quand Issokanga, un pygmée de la tribu Ekonda part de son village pour aller faire du business à Kinshasa, il se fait passer pour un neveu mais il est vite démasqué dans sa supercherie. Il va se retrouver avec des enfants de rue, à faire équipe commerciale avec un chinois pour la vente d'« eau pire Suisse » et l'affaire du siècle l'attend au tournant…
J'ai été bluffée par l'auteur lors de sa venue à Lyon (aux Assises Internationales du Roman en 2016) alors je me suis laissée tenter par Congo Inc. le début se met lentement en place mais j'ai découvert avec effarement cette description du Congo, comme un pays où la corruption, l'exploitation et la violence règnent… Entre Issokanga, petit jeune naïf mais motivé par la mondialisation, les jeunes enfants unis pour survivre dans les rues par divers moyens et les militaires perpétrant des massacres pour des raisons plus stupides les unes que les autres, In Koli Jean Bofane montre tous les travers d'une Afrique post-colonialisme d'une façon burlesque. Ça n'empêche pas le roman d'être noir, très noir, beaucoup d'atrocités sont détaillées, les plus horribles ne sont pas épargnées, il y a même quelques détours du côté de la Chine… On se désole de tant de profits au dépend de l'homme.
C'est un livre fort qui me marquera longtemps.
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Quoique ce livre ait été amplement plébiscité, bien plus que le premier roman du même auteur, j'ai, personnellement, préféré de loin 'Mathématiques congolaises', qui expliquait tout en subtilité, sans hypocrisie mais sans voyeurisme, les travers de la société congolaise.

Ici, c'est l'exploitation du Congo, y compris par les forces de l'ONU, qui est dénoncée ainsi que les exactions de différents individus, voire de tribus entières, pour gagner un bout de la mondialisation, rendant riches à l'excès certains, obligeant les autres à survivre aux pires conditions, surtout lorsqu'il s'agit d'enfants, et parfois sous d'horribles tortures.

Et c'est là mon large bémol : rien ne nous est épargné à nous lecteurs, rien n'est esquissé, et les exactions que l'on sait intolérables, sont véritablement illisibles, au sens premier du terme. C'est largement insoutenable.

Pas qu'en tant que gentil ou méchant 'petit blanc', j'ai envie de me voiler la face, mais j'ai trouvé le propos des Mathématiques congolaises tout aussi fort, voire davantage, alors que là les violences restaient suggérées mais non décrites dans le détail.
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critiques presse (1)
Lexpress
26 mai 2014
Dans Congo Inc, le testament de Bismarck, l'auteur congolais In Koli Jean Bofane raconte l'histoire d'Isookanga, un Pygmée qui découvre Internet et qui veut vivre dans la modernité. Un vrai roman de mondialisation.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (64) Voir plus Ajouter une citation
Le python le plus obtus de la création – celui qui n'a qu'un œil – ruminait depuis pas mal de temps son animosité face à la condescendance de l'africaniste. À ce dernier cri, une violente torsion se manifesta à l'intérieur du Calvin Klein. Ils tombèrent sur le lit. Isookanga perdit tout contrôle et son instinct de chasseur ekonda prit le dessus. Avec une rapidité extraordinaire, il déboutonna le Superdry et, d'une poigne ferme, saisit le boa juste sous la tête pour tenter de le maîtriser mais celui-ci vibrait telle une pagaie maniée à contre-courant. Isookanga connaissait le phénomène, il l'avait lu sur un blog sérieux traitant de santé. Il savait que la testostérone, sécrétée à haute dose à cause des paroles de cette insensée, agissait à présent en lui, provoquant des sentiments de colère, certes, mais, en même temps activant une érection irrépressible doublée d'un besoin de conquête tenace. Ce mélange détonant fut cause que, bien que le jeune homme ne veuille aucunement satisfaire aux appels de la jeune chercheuse ni déroger à sa répugnance d'exhiber son sexe honteux, son corps alla complètement à l'encontre de sa volonté propre. La tête du boa cherchait une victime et Isookanga se sentit happé, le corps projeté de tout son poids vers Aude Martin. Il agrippa vigoureusement les jambes de la jeune femme et les appuya sur ses épaules. Celle-ci avait déjà levé tous les obstacles en se débarrassant de son jean. Avant qu'Isookanga ait compris ce qu'il faisait, sans même avoir besoin de regarder, il avait écarté le bord de la culotte d'Aude Martin et senti son sexe plonger dans un buisson de poils humides puis, sans transition, dans un puits sans fond, délicieux à en mourir. Des amarres faillirent lâcher, n'eût été le cri rauque que la jeune femme exhala du fond de sa poitrine, ce qui écorcha davantage les nerfs d'Isookanga qui commença à la marteler du bassin en butant avec hargne contre le fond d'un puits qu'il croyait infini. Le Pygmée Ekonda n'avait pas conscience de la sensibilité extrême des muqueuses de la jeune femme. Arc-bouté sur ses cuisses, il ignorait que chaque coup de rein qu'il portait était – pour elle – comme le fouet que ses ancêtres avaient subi lors de l'esclavage ; que chaque assaut entre ses cuisses ouvertes était aussi impitoyable que la hache tranchant des mains, que la chicote infligée par Léopold II et ses descendants ; que chaque pénétration de son membre provoquait une turbulence digne d'une émeute pour l'indépendance ; que les "Han!" émis par sa bouche rappelaient ceux proférés par le Belge Gérard Soete pendant la découpe à la scie du corps de Patrice Lumumba ; que chaque secousse dans son ventre sensible résonnait comme les salves tirées par le néocolonialisme sauvage, comme les diktats du Fonds monétaire international, comme les résolutions de l'ONU, comme une réédition de Tintin au Congo, comme le discours à Dakar d'un président français mal informé, comme la propagation de propos racistes dans la twittosphère. Dans cette tourmente, Aude ne résistait plus. Écartelée, elle avait l'impression de recevoir des coups de poignard qui la déchirait de part en part et elle se sentait comme ces femmes violées du Kivu, abandonnées de tous, méprisées, torturées, mutilées, persécutées, mises au ban, prises en otage, réduites en esclavage, souillées, ressouillées, mais luttant toujours. Il y eut alors en elle une déflagration interminable qui aurait pu égaler le feu déployé lors des guerres de l'Indépendance, du Katanga, de la rébellion de 1964, de Shaba I, de Shaba II, de Libération, et de celle dite Injuste, qui se poursuivait encore, et encore, et encore, et encore. Son cri – qu'Isookanga n'entendait même plus d'ailleurs – se répercuta dans sa conscience la plus intime, explosant en une énorme gerbe de lumière blanche, d'une pureté indescriptible, qui se décomposa en étincelles innombrables, semblables à ce que pourrait être la rédemption lorsqu'elle est perçue en myriades de flocons en forme d'étoiles, scintillantes à mort.
[...]
L'émotion avait été terriblement violente, sa méthodologie en avait pris un coup mais avait-elle suffisamment payé de sa personne pour acquitter la dette que ses ancêtres avaient contractée envers ces peuplades depuis si longtemps ? se demandai-elle, avec un délicieux sentiment de culpabilité.
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L’algorithme Congo Inc. avait été imaginé au moment de dépecer l’Afrique, entre novembre 1884 et février 1885 à Berlin. Sous le métayage de Léopold II, on l’avait rapidement développé afin de fournir au monde entier le caoutchouc de l’Équateur, sans quoi l’ère industrielle n’aurait pas pris son essor comme il le fallait à ce moment-là. .…. L’engagement de Congo Inc. dans le second conflit mondial fut décisif. .…. le concept mit à la disposition des États-Unis d’Amérique l’uranium de Shinkolobwe qui vitrifia une fois pour toutes Hiroshima et Nagasaki .….. Il contribua généreusement à la dévastation du Vietnam en permettant aux hélicoptères Bell H1-Huey, les flancs béants, de cracher du haut des airs des millions de gerbes du cuivre de Likasi et Kolwezi à travers les villes et les campagnes ..…Congo Inc. fut plus récemment désigné comme le pourvoyeur attitré de la mondialisation, chargé de livrer les minerais stratégiques pour la conquête de l’espace, la fabrication d’armements sophistiqués, l’industrie pétrolière, la production de matériel de télécommunication high-tech
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L’Eglise de la Multiplication divine, légalement reconnue par ses propres statuts, ne désemplissait pas. De par son intitulé et dans un pays frappé de pénuries de toutes sortes, la multiplication de ce qu’on pouvait avoir – mille francs congolais, une femme, un moulin à manioc – représentait un enjeu des plus importants et le révérend Jonas Monkaya était le démiurge qui saurait attirer les bénédictions par des prêches et des invocations fracassantes. Le révérend Monkaya possédait un atout de taille : il avait jadis côtoyé le milieu du spectacle. Il avait été catcheur, sous le surnom du Monk, qu’il devait à un musicien américain nommé Thelonius Monk dont il était le portrait craché. On l’appelait aussi Révérend Monk parce que, à l’époque où il fréquentait les rings, affublé de la mitre et de la crosse cléricale, on l’avait vu bénir d’un signe de croix ses adversaires avant de les trucider. Un beau jour, le Monk s’était présenté dans une église connue et avait exhibé ses grigris et fétiches. Devant des fidèles médusés, il avait confessé publiquement qu’il laissait tomber le catch et la sorcellerie pour se consacrer à Dieu. Il avait aussitôt été incorporé au sein de l’église et bombardé diacre. Après une année passée à étudier le marché et les ficelles du métier, il s’était dit : « Si je parviens à persuader en un rien de temps des nanas comme celles que je me tape, je dois bien pouvoir vendre du paradis artificiel à des clients moins drillés que mes conquêtes ». Après des galas organisés en cachette dans le Katanga, en Zambie et au Zimbabwe, il avait touché une bourse importante. Jonas Monkaya avait alors acheté au fin fond de Ndjili une boîte de nuit désaffectée qu’il avait retapée et ouverte sous la dénomination : Eglise de la Multiplication divine. Mais si l’homme avait un sens certain du marketing, il avait surtout du bagout, il savait comment baratiner Dieu. Plus d’un parmi les fidèles avait profité de son intercession. (Page 144)
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La foule avait reçu l'ordre de faire silence, de bien regarder, et surtout que personne ne s'avise de pleurer. La séance qui s'annonçait prendrait un peu de temps mais pas beaucoup. Une règle avait été mise au point. Simple, mais délicate à appliquer, elle s'intitulait la "Règle de la soustraction posément accélérée" et consistait à débiter un homme en morceaux de façon à ce qu'avant qu'il ne se vide de son sang il puisse assister, conscient, au démembrement de son propre corps, son appareil génital dans la bouche.
p135
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Un grand homme politique n'a-t-il pas dit un jour : " Il faut taxer les pauvres, ils n'ont pas beaucoup d'argent mais ils sont nombreux" ?
Dorénavant, chacun inscrira son nom sur l'enveloppe servant aux offrandes. Dieu doit pouvoir reconnaître les siens.
p155
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Vidéo de In Koli Jean Bofane
Reconnaissable au premier coup d??il grâce à son immense baobab coloré, le salon africain vous fait découvrir la richesse de la littérature du continent noir en mêlant des auteurs encore méconnus à des écrivains réputés. Et c?est également au salon africain qu?a lieu chaque année la remise du prix Ahmadou Kourouma.
Autour du thème « Les chercheurs d?Afriques », les romanciers et essayistes invités reviennent sur les blessures du continent, mais aussi sur ses gloires, sa grandeur et ses aspirations.
Outre les hôtes vedettes de cette édition 2019, Maryse Condé, Prix Nobel « alternatif » 2018 et le rappeur Abd al Malik qui présente son livre/album le jeune Noir à l?épée (Présence africaine/Musée d?Orsay/Flammarion) inspiré de l?exposition du Musée d?Orsay « le modèle noir de Géricault à Matisse », sont annoncés Abubakar Adam Ibrahim, Eugène Ebodé, Mia Couto, Françoise Vergès, Adame Ba Konaré, Elizabeth Tchoungui, Boualem Sansal, Beyrouk, Clemente Bicocchi, Jean Bofane, Tania de Montaigne, Armand Gauz, Ndèye Fatou Kane, Henri Lopes ou Bessora.
Plus d'infos sur https://salondulivre.ch
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