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Roger Caillois (Traducteur)Laure Bataillon (Traducteur)
EAN : 9782264001085
249 pages
10-18 (15/09/1994)
4.08/5   77 notes
Résumé :
" La forme moderne du fantastique, a-t-on écrit, c'est l'érudition." Ainsi, chez Borges, la fable irréalise-t-elle le véridique et, en retour, en reçoit-elle cette autorité propre aux mythes. La vérité, ici, c'est celle de l'esprit et de l'écriture où s'incarnent tant d'aventures savoureuses ; écriture incisive, elliptique, riche en filiations secrètes, en paradoxes nécessaires.
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Paru en 1935, « Histoire universelle de l'infamie » fut publié dans sa traduction française au sein du dyptique « Histoire de l'infamie - Histoire de l'éternité ». Ce choix éditorial de Roger Caillois de rassembler « Histoire de l'infamie » et « Histoire de l'éternité » (paru en 1936), reçut la bénédiction de Borges. Une bénédiction davantage liée à la délicatesse de l'auteur argentin, qu'à la pertinence intrinsèque d'un choix dicté par le mimétisme des titres de deux textes totalement distincts.

« Histoire de l'Éternité » est un exercice de style retraçant l'évolution du concept d'éternité en revisitant sa version platonicienne et sa version chrétienne, avant de nous proposer la conception originale de l'auteur.

« Histoire universelle de l'infamie » est une série de contes, qui annonce les nouvelles qui feront la renommée du génie des lettres argentines. Cette série de contes, que Borges lui-même qualifie de baroques, nous narre le destin de plusieurs personnages marqués du sceau de l'infamie. Une suite de variations inspirées de personnages réels ou fictifs, dont l'auteur s'amuse à déformer la trajectoire en y apposant sa touche personnelle.

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Parmi les personnages peu recommandables dont le funeste destin est revisité par l'auteur, certains, tel que Billy the Kid, sont bien réels. La plupart des protagonistes choisis par le malicieux argentin sont néanmoins inspirés de personnages fictifs ou littéraires, notamment issus de la lecture assidue de Stevenson ou de Chesterton évoquée par Borges en préface.

J'ai pris la liberté d'évoquer ici la destinée de l'un des personnages des contes borgésiens choisis pour composer une « Histoire universelle de l'infamie ». Il s'agit d'Hakim al Moqanna, le prophète masqué. Si l'auteur cite ses sources, gageons qu'il s'agit d'une facétie, dont le seul intérêt est d'introduire son propos.

« En l'an 120 de l'Hégire et 736 De La Croix, un certain Hakim que les hommes de ce temps et de ce lieu devaient par la suite, appeler le Voilé, naquit au Turkestan. »

« Du fond du désert vertigineux (dont le soleil donne la fièvre et la lune le délire), ils virent venir trois formes qui leur parurent immensément hautes : trois formes humaines et celle du milieu avait une tête de taureau. Quand elles furent plus près, ils virent que c'était un masque et que les deux autres hommes étaient aveugles.
Quelqu'un demanda la raison de cette merveille. « Ils sont aveugles » déclara l'homme au masque, « parce qu'ils ont vu mon visage ».

Le dénommé Hakim raconte que le seigneur lui a donné la mission de prophétiser, et lui révéla des paroles si anciennes qu'il se trouva auréolé d'un éclat glorieux que les yeux des mortels ne pouvaient supporter. Parmi son auditoire, peu convaincu par les dires du détenteur de la nouvelle foi, se trouve un homme accompagné d'un léopard. Il libère l'animal de ses entraves. Tous se sauvent, excepté Hakim et ses deux acolytes. Lorsque le calme revient et que les fuyards sont de retour, la bête est aveugle. « En voyant ses yeux lumineux et morts, les hommes adorèrent Hakim et reconnurent son pouvoir surnaturel ».

Son pouvoir établi, Hakim peut accomplir sa mission de prophète. Il abandonne son masque de taureau pour un « quadruple voile de soie blanche brodé de pierreries », accumule les victoires et semble ignorer le danger.

Ses partisans, ses victoires et la colère du Calife conduisent Hakim sur le chemin de l'hérésie. Une dissension qui l'oblige à définir les lignes d'une religion personnelle. Dans la cosmogonie d'Hakim, il y un Dieu qui se passe « majestueusement d'origine, de nom et de visage ». Un Dieu immuable dont l'image projette neuf ombres qui président un premier ciel. Cette première couronne démiurgique en engendre une autre et ainsi de suite jusqu'à 999.

« La terre que nous habitons est une erreur, une parodie sans autorité. Les miroirs et la paternité sont chose abominable, car ils la confirment et la multiplient. La nausée est la principale vertu. Deux disciplines (dont le prophète laisse le choix) peuvent nous y conduire : l'abstinence ou l'excès, la luxure ou la chasteté. »

Cette gnose étrange prend fin en « l'an 5 de la Face Resplendissante et 163 de l'Hégire » lorsque l'armée du Calife assiège Hakim à Sanam. Alors que la défaite semble encore incertaine, une rumeur colportée par une femme adultère du harem se répand dans le palais. Il manquerait l'annulaire à la main droite du prophète et les autres doigts n'auraient pas d'ongles. Deux capitaines arrachent le Voile brodé de pierreries qui dissimule le visage du prophète.

« Il y eut d'abord un mouvement d'effroi : le visage promis de l'Apôtre, le visage qui était allé aux cieux, était blanc en effet, mais de la blancheur spécifique de la lèpre purulente. »

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Le sceau de l'infamie qui marque Hakim n'est point la lèpre, ni l'hérésie gnostique dont il fut l'auteur, mais le terrible mensonge qui lui permit de tromper pendant plusieurs années ses disciples égarés par un tour de magie trompeur.

Ne nous y trompons-pas. Borges écrit une « Histoire universelle de l'infamie » et son propos n'est ni d'évoquer un lépreux qui s'invente un improbable destin de prophète apocryphe, ni de désavouer une hérésie gnostique. le conte ne le dit jamais explicitement, mais ce sont le mensonge, la duperie, la tromperie qui sont condamnés par l'auteur. En nous contant l'infâme destinée d'Hakim, Borges nous rappelle que l'infamie des hommes ne tient ni aux époques, ni aux lieux, mais à l'universalité des péchés de ceux qui les commettent.

Le tour de magie du génie argentin consiste à ne jamais expliciter une quelconque condamnation morale du mensonge. En emportant son lecteur dans un conte évoquant les « Mille et Une Nuits », Borges plante le décor d'une incroyable tromperie, où un lépreux dissimule sa terrible condition et se crée un destin d'Apôtre hérésiarque. Les yeux rivés sur le drame oriental qui se joue au VIIIe siècle, le lecteur partage la stupéfaction horrifiée des disciples du faux prophète lorsque son visage dévoré par la lèpre est révélé au grand jour. C'est seulement après avoir fini ce conte qu'il réalise qu'il vient de lire une histoire universelle du mensonge.

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Une série d'exercices de prose narrative : c'est la définition que Borges donne à ce livre, qu'il reconnait inspiré par d'autres auteurs. Borges recrée les personnages et transforme leur histoire "en un jeu irresponsable d'un timide qui n'a pas eu le courage d'écrire des contes et qui s'est diverti à falsifier ou à altérer (parfois sans excuse esthétique) les histoires des autres."
Si le divertissement de l'auteur est évident, Borges parsème des illusions supplémentaires en insérant de pures inventions, très personnelles, jouant à des variations littéraires participant à l'esthétique baroque de son livre et lui conférant une complexité à mi-chemin entre l'essai et le conte. Au-delà du jeu de l'illusion et de la tromperie, l'auteur pose le problème des éléments représentatifs du Moi et de son idéal, fortement constitutifs du sujet poétique propre à Borges qu'il sublimera dans d'éternels jeux de miroir.
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La plupart des petites histoires qui composent cette Histoire Universelle de l'Infamie (un titre volontairement emphatique) sont des biographies imaginaires de personnages historiques comme Billy the kid, le chef de gang Monk Eastman ou le pseudo-prophète musulman Hakim al-Moqannâ.
Sous la grandiloquence apparente se cachent, en fait, d'humbles et plaisantes histoires. Elles sont presque toutes écrites dans le même style, abusant des longues énumérations et d'adjectifs pompeux et superfétatoires. Un style que Borges qualifie, dans le prologue, de baroque. Elles ont pour sujet des personnages sinon infâmes au moins peu fréquentables, violents, falsificateurs, voleurs, mais quelques-uns possèdent quand même de belles qualités, comme l'honneur ou le courage. La dernière histoire, L'Homme au coin du mur rose, est différente, puisqu'elle ne se réfère, apparemment, à aucun personnage historique précis et que le style est beaucoup plus argotique. Enfin, cette Histoire de l'infamie, qui nous a mené aux quatre coins du monde, se clôt par une dizaine de toute petites fictions (quelques lignes, quelques pages au plus), des réécritures d'histoires piochées ici et là par Borges, en particulier dans le Livre des Mille et Une Nuits.
Dans « Histoire de l'éternité » sont réunis un ensemble d'essais disparates qui ont peu de rapports entre eux et encore moins avec l'Histoire Universelle de l'infamie, même s'ils peuvent donner, au détour, quelques indications sur le style des fictions de la première partie. Sur les sept essais, trois sont consacrés au temps et à l'éternité. L'un retrace rapidement l'histoire de l'éternité linéaire, de l'idée platonicienne aux doctrines chrétiennes. Si Borges se montre méfiant vis-à-vis de ce concept, il n'en récuse pas l'intuition. Sa conclusion : « la vie est trop pauvre pour ne pas être, aussi, immortelle. Mais nous ne possédons même pas la certitude de cette pauvreté, car le temps, facilement réfutable dans le domaine de la sensation, ne l'est pas dans celui de l'intelligence, de l'essence de laquelle le concept de succession paraît inséparable. » Les deux autres essais sur le temps se réfèrent davantage à Nietzsche et à sa théorie de l'éternel retour et, plus largement, aux visions cycliques du temps.
Deux autres petits essais ont pour sujet la métaphore, dont un sur les Kenningar de la poésie scandinave et l'influence qu'ils ont pu avoir dans les mots composés des langues anglo-saxonnes. Un autre compare les différentes traductions des Mille et Une Nuits. Enfin deux notes terminent cet ouvrage éclectique, l'une est une sorte de critique d'un livre qui n'existe pas, l'autre une analyse de l'art du polémiste.
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Le titre annonce la couleur dans ce recueil un peu particulier : Histoire universelle de l'infamie est bien trop ronflant pour être réellement pris au sérieux. Ainsi derrière ces histoires d'hommes et de femmes "infâmes" (meurtriers, imposteurs etc.) l'ironie et le pastiche ne sont jamais très loin.

À travers ces histoires Borges nous fait voyager à travers des époques et des styles très différents (du Far West américain au Japon traditionnel en passant par le conte orientaliste) en usant et surtout abusant à dessein des effets de style et des clichés.

La dernière nouvelle est un peu différente des autres, l'homme au coin du mur rose est un hommage aux tripots mal famés de Buenos Aires. le style, familier et imagé, est très éloigné de celui qu'emploie généralement Jorge Luis Borges et l'ambiance qu'il construit immerge vite le lecteur. Une sorte de "Tontons flingueurs" à la sauce borgesienne.

En tous les cas, c'est une bonne lecture et de brillants pastiches à découvrir après les principaux recueils de l'auteur (Le livre de sable, l'Aleph, Fictions etc.).

NB : Pour les hispanophones, ouvrage disponible en bilingue chez Pocket avec de nombreuses notes de bas de pages en français.
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Histoire universelle de l'infamie se présente comme un recueil de contes, à caractère biographique, où la part d'invention personnelle de Borges est assez grande. Les personnages sont tirés de l'histoire mais le récit de leurs actions est en grande partie légendaire. La plupart d'entre eux sont des imposteurs, si bien que les thèmes de l'apparence et de la mystification sont très présents dans ces pages et sans doute faut-il y voir une intention parodique de la part de l'auteur. Il s'est amusé à pasticher certains récits à sensation, plus ou moins mélodramatiques. La nouvelle L'Homme au coin du mur rose est considérée comme un chef d'oeuvre de ce genre. Evocation du peuple des faubourgs argentins, elle révèle une maîtrise très grande du récit.

Les textes qui composent Et cætera ne sont pas des inventions de Borges. Il les a traduits ou adaptés. D'ailleurs, il cite sa source à la fin de chacun d'eux. Mais ils sont si bien choisis qu'on les croirait écrits de sa plume.

Enfin, Histoire de l'éternité est une suite d'essais critiques, sur l'éternité, le temps ou les traducteurs des Mille et une nuits. L'érudition de l'auteur est comme d'habitude impressionnante.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Les deux qui rêvèrent

L'historien arabe El Ixaqui relate cet évènement : «Les hommes dignes de foi racontent (mais seul Allah est omniscient et puissant et miséricordieux et ne dort pas) que vécut au Caire un homme possesseur de grandes richesses, mais si magnanime et si généreux qu'il les perdit toutes à l'exception de la maison de son père, si bien qu'il dut travailler pour gagner sa vie. Il travailla à tel point qu'un beau jour le sommeil s'empara de lui sous un figuier de son jardin. Il vit en songe un homme tout mouillé qui sortit de sa bouche une pièce d'or et lui dit : «Ta fortune est en Perse à Ispahan. Va la chercher.» Au matin, il se réveilla, entreprit le long voyage, et affronta les périls des déserts, des navires, des pirates, des idolâtres, des fleuves, des bêtes féroces et des hommes. À la fin, il arriva à Ispahan.

La nuit le surprit dans l'enceinte de la ville et il s'étendit pour dormir dans la cour d'une mosquée. Contre la mosquée, il y avait une maison et, par déxcret du Dieu tout-puissant, une bande de voleurs traversa la mosquée et entra dans la maison. Les gens qui dormaient se réveillèrent à cause du vacarme que firent les voleurs, et appelèrent au secours. Les voisins crièrent aussi, l'officier du guet accourut avec ses hommes et les bandits s'enfuirent par la terrasse. L'officier fit fouiller la mosquée. On trouva l'homme du Caire que l'on rossa si fort à coups de bambou qu'il faillit en mourit. Deux jours après, il reprit connaissance en prison. L'officier le fit amener et lui dit :
«Qui es-tu ? et quelle est ta patrie ?». L'autre déclara: «Je suis de l'illustre cité du Caire et mon nom est Mohammed el Magrebi.».
L'officier lui demanda:
«Qu'est-ce qui t'a attiré en Perse ?».
L'autre choisit de dire la vérité :
«Un homme m'a ordonné en rêve de venir à Ispahan, parce que là était ma fortune. Me voici à Ispahan et la fortune qu'il m'a promise doit être ces coups de bâton que vous m'avez fait donner si généreusement».

En entendant ces mots, l'officier rit à se découvrir les dents de sagesse et finit par dire :
«Homme insensé et crédule, j'ai rêvé trois fois d'une maison au Caire, au fond de laquelle il y a un jardin, dans le jardin un cadran solaire, derrière le cadran solaire un figuier, après le figuier une source, et sous la source un trésor. Je n'ai pas accordé le moindre crédit à ce mensonge. Mais toi, né de l'accouplement d'une mule avec un démon, tu as erré de ville en ville sur la seule foi de ton rêve. Que je ne te revoie pas à Ispahan ! Prends ces monnaies et va-t'en !»

L'homme les prit et retourna dans sa patrie. Sous la source de son jardin (qui était celle du rêve de l'officier), il déterra le trésor. Ainsi, Dieu le bénit, le récompensa et l'exalta. Dieu est le Généreux, le Caché.

(Du livre des Mille et une Nuits, nuit 351)
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Une de ces ténèbres, parmi les plus belles sinon les plus obscures, est celle qui nous empêche de préciser la direction du temps. La croyance commune veut qu'il s'écoule du passé vers l'avenir, mais la croyance contraire n'est pas plus illogique, celle que Miguel de Unamuno définit ainsi dans ces vers :
"Nocturne, le fleuve des heures coule,
depuis sa source qui est le lendemain Éternel."
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On sait que l’identité personnelle réside dans la mémoire et que perdre cette faculté entraîne la stupeur. On peut penser la même chose de l’univers. Sans une éternité, sans un miroir sensible et secret gardant ce qui s’est passé dans les âmes, l’histoire universelle n’est que temps perdu – et avec elle notre histoire personnelle, ce qui nous réduit de façon désagréable à l’état de fantômes.
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Le temps est pour nous un problème inquiétant, exigeant, le plus vital peut-être de la métaphysique ; l'éternité, un jeu ou un espoir lassé.
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Au cours du languide printemps de 1702, l'illustre seigneur de la Tour de Ako eut à recevoir et à traiter avec magnificence un envoyé impérial. Vingt-trois mille ans de courtoisie ( dont certains mythologiques) avaient compliqué d'angoissante façon le cérémonial de bienvenue.
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Vidéo de Jorge Luis Borges
INTRODUCTION : « Le siècle qui commence trouve une Argentine confiante en l'avenir. le positivisme à la mode met une foi illimitée dans les avancées du progrès et de la science, et la croissance de la jeune république autorise une vision optimiste du destin national. La classe dirigeante a bâti son programme sur la base d'une instruction publique et gratuite pour tous, destinée à réaliser l'intégration culturelle de la deuxième génération d'une masse énorme et hétérogène d'immigrants à peine débarqués d'Europe. Cette Argentine, qui est à l'époque une toute jeune nation - sa guerre contre les Indiens n'est terminée que depuis vingt ans -, dépend économiquement de l'Angleterre, est fascinée par la culture française et admire autant l'opéra italien que la technologie allemande. Ce qui ne l'empêchera pas de tâtonner à la recherche de sa propre identité, à la faveur d'un sentiment nationaliste exacerbé dès 1910 […]. L'avant-garde poétique porte le sceau du modernisme, largement diffusé à Buenos Aires par Rubén Darío qui […] marquera d'une empreinte durable la vie culturelle du pays. […] La quête de la modernité inscrite dans le nouveau courant anime déjà ce pays avide de rallier un monde qui ne jure que par Le Louvre, la Sorbonne et Montparnasse. […].  […]  La seconde décennie du siècle […] marque un tournant décisif dans la réalité argentine. […] Hipólito Yrigoyen accède au pouvoir. Avec lui surgit une nouvelle classe sociale, issue de l'immigration et amenée, pour un temps, à prendre la place de la vieille oligarchie qui a dirigé le pays depuis les premiers jours de l'indépendance. […] Cette modernité, qui relie les poètes argentins à l'avant-garde européenne, se concrétise avec le retour au pays de Jorge Luis Borges, en 1921. […] Dans un article polémique paru dans la revue Nosotros (XII, 1921), Borges explique : « Schématiquement, l'ultraïsme aujourd'hui se résume aux principes suivants : 1°) Réduction de la lyrique à son élément fondamental : la métaphore. 2°) Suppression des transitions, des liaisons et des adjectifs inutiles. 3°) Abolition des motifs ornementaux, du confessionnalisme, de la circonstanciation, de l'endoctrinement et d'une recherche d'obscurité. 4°) Synthèse de deux ou plusieurs images en une seule, de façon à en élargir le pouvoir de suggestion. » […] […] les jeunes poètes des années 20 se reconnaissent au besoin qu'ils éprouvent de revendiquer une appartenance et de se trouver des racines. […] Il faut attendre une dizaine d'années encore pour que, dans le calme de l'époque, de jeunes créateurs, avec l'enthousiasme de leurs vingt ans, apportent un élan nouveau et de nouvelles valeurs poétiques. Prenant leurs distances par rapport à l'actualité, ils remettent à l'honneur le paysage et l'abstraction, ainsi qu'un ton empreint de nostalgie et de mélancolie. […] Les années 60 correspondent en Argentine à une période d'apogée culturel. le secteur du livre est en plein essor ; de nouvelles maisons d'édition voient le jour et, conséquence du boom de la littérature sud-américaine, la demande d'auteurs autochtones augmente, ce qui facilite l'émergence de noms nouveaux. […] La génération des années 70, à l'inverse, est marquée au coin de la violence. Plus se multiplient les groupes de combat qui luttent pour l'instauration d'un régime de gauche, plus la riposte des dictatures militaires successives donne lieu à une répression sanglante et sans discrimination qui impose au pays un régime de terreur, torture à l'appui, avec pour résultat quelque trente mille disparus. […] » (Horacio Salas.)
CHAPITRES : 0:00 - Titre
0:06 - Alejandra Pizarnik 2:30 - Santiago Kovadloff 3:26 - Daniel Freidemberg 4:52 - Jorge Boccanera
5:51 - Générique
RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE : Horacio Salas, Poésie argentine du XXe siècle, traduction de Nicole Priollaud, Genève, Patiño, 1996.
IMAGES D'ILLUSTRATION : Alejandra Pizarnik : https://universoabierto.org/2021/09/27/alejandra-pizarnik/ Santiago Kovadloff : https://www.lagaceta.com.ar/nota/936394/actualidad/santiago-kovadloff-argentina-pais-donde-fragmentacion-ha-perdurado-desde-siempre.html Daniel Freidemberg : https://sites.google.com/site/10preguntaspara1poeta
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