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EAN : 9791034904358
384 pages
Liana Lévi (26/08/2021)
3.73/5   45 notes
Résumé :
En juin 1958, une équipe de tournage française débarque à Rio de Janeiro. Dans les quartiers pauvres se répand la nouvelle d’un drôle de casting: on recherche de jeunes comédiens amateurs noirs. À sa réécriture du mythe d’Orphée et Eurydice, Aurèle Marquant a l’intention de donner pour cadre une favela vibrante de tragédie et de joie. Le réalisateur a reconnu son Eurydice en Gipsy Dusk, danseuse américaine métisse rencontrée à Paris. Breno, footballeur brésili... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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A la suite de quelques agréables moments passés en compagnie de l'autrice la semaine dernière, j'ai vraiment eu envie de lire son second roman.
Il y a quatre ans déjà, nous avions apprécié "Là où les chiens aboient par la queue", une histoire familiale entre Guadeloupe et banlieue parisienne.
Cette fois, le roman se passe en 1958, au Brésil, où un français voudrait tourner un film en partant du mythe d'Orphée et Eurydice, ce sera" Orfeu Negro"qui obtiendra la Palme d'Or à Cannes en 1959
L'autrice a été marquée par ce film qu'elle a vu dans les années 2000, il n'y a pas d'archives, mais si elle imagine beaucoup elle se base quand même sur quelques certitudes au vu du contexte de ces deux années là. C'est ainsi que plongé dans la bossa-nova, le lecteur malgré les noms souvent changés retrouve les acteurs de ce film, tous des noirs et des amateurs.Une vague histoire de CIA aussi, Malraux, Cuba, le foot.. le Carnaval, Rio, Brasilia aussi. Bref, une Histoire reconstruite avec talent; les comédiens, le réalisateur Marcel Camus ont été des étoiles filantes , le film oublié. Mais pas par E-S Bulle qui est une merveilleuse conteuse avec déjà dans l'écriture plus de maturité. Un réel plaisir de lecture
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Fin des années 50, une équipe de tournage part à Rio de Janeiro avec le rêve fou d'adapter pour le grand écran, sa version du mythe d'Orphée et Eurydice.

Ce projet original et démésuré, Aurèle Marquant- le nom de fiction de Marcel Camus- s'accroche depuis plusieurs mois . Aurèle Marquant part à Rio avec son épouse et son actrice principale Gipsy et réalise sur place son casting car les acteurs de son Orfeu negro doivent être, pour coller vraiment à sa version, de vrais cariocas amateurs.

Cette effervescence artistique ne passe pas inaperçue puisque deux agents locaux de la CIA vont sentir le bon coup qu'ils peuvent jouer avec la bossa nova, tandis que le film aiguise de son coté les appétis du Brésil, mais aussi de la France de Malraux, soucieuse de se placer dans la compétition internationale que constitue le festival de Cannes.

Après le succès incontestable de son rpécédent roman, "Là ou les chiens aboient par la queue", Estelle Sarah Bulle revisite en mélangeant fiction et faits historiques le tournage du film Orfeu Negro à Rio en 1958,le film OVNI de Maurice Camus qui obtint la palme d'or à Cannes en 1959 et l'Oscar du meilleur film étranger en 1960.Elle trousse une fresque à la manière d'un conte littéraire sur la création artistique aussi sensuelle que tragique et éblouissant et musical, qui montre également avec finesse comment le cinéma peut aussi être un instrument de pouvoir politique ou diplomatique.

Estelle-Sarah Bulle nous entraîne sur un air de Bossa Nova idéal pour réchauffer cette fin d'année !
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Multiculturalisme à deux vitesses.

Adapter le mythe d'Orphée avec des acteurs noirs inconnus au Brésil? Tel est le projet fou d'Aurèle Marquant. Il sera aidé par sa femme Gipsy Dusk, future Eurydice. Toutefois le tournage ne sera pas de tout repos.

C'est une lecture inhabituelle pour moi. En effet, je lis relativement peu de fiction historique. Estelle-Sarah Bulle réécrit le tournage d' "Orfeu Negro" en modifiant les noms de certains protagonistes. Elle montre également l'hypocrisie brésilienne, le Brésil est un pays métissé mais uniquement quand cela peut servir ses intérêts. Ainsi c'est systématiquement les brésiliens d'origine européenne qui sont mis en valeur, alors que les noirs, les métisses et les indiens sont traités comme des citoyens de seconde zone.

En cela les personnages sont intéressants. Ainsi Gipsy, noire américaine, nous montre la ségrégation raciale aux États-Unis durant son enfance, puis sa relative émancipation en France. Car malgré ses ambitions d'actrice, elle reste cantonnée à des rôles stéréotypés et "exotiques". le film d'Aurèle constituant son unique chance d'avoir de meilleurs rôles. Norma est une jeune fille pauvre des favelas de Rio. le film est une occasion inespérée pour elle de se sortir de la misère, voire peut-être plus. A travers ses yeux nous voyons la société brésilienne dans toute son hypocrisie. Durant le roman, le chantier de la future capitale Brasilia est en filigrane. Cette capitale est supposée montrer la modernité et l'égalité entre tous les brésiliens. Toutefois Norma ne se fait aucune illusion et sait que cela ne changera rien à sa condition.

De plus le roman montre le snobisme d'un certain cinéma français qui se prétend à l'avant-garde, alors qu'il est tout autant puant que ce qu'il entend dénoncer. Ainsi Aurèle est marginalisé par le reste de la profession alors qu'il entend apporter un véritable souffle nouveau sur le cinéma.

Au final, j'ai plutôt apprécié le roman par ses diverses thématiques (discriminations raciales, snobisme du milieu du cinéma, pauvreté), même si je trouve qu'il aurait mérité une centaine de pages en moins. En effet, je trouve que certains arcs narratifs n'apportent rien à l'histoire (CIA) là où d'autres auraient mérité plus de développement (Breno). le milieu du roman comporte des longueurs, ainsi que la fin (Cannes). Toutefois, j'ai également découvert un film, "Orfeu Negro", que j'essayerais de voir si j'en ai l'occasion.
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Rio 1958. Augusto (19 ans) a été chargé d'aller récupérer deux français à l'aéroport et de les conduire à leur hôtel. Tout le monde ne parle que de la Coupe du Monde de Football que le Brésil veut – et doit – gagner ! Augusto ignore à ce moment-là qu'Aurèle Marquant est un réalisateur et que la femme qui l'accompagne – Gipsy Dusk – est une danseuse américaine (et actrice pour l'occasion) L'occasion, c'est le tournage d'un long métrage : « Orfeu Negro », qui sera présenté au festival de Cannes, l'année suivante (et deviendra le film « culte » que nous connaissons tous …)

Brenno Mello (footballeur et actuellement chômeur) qui vit dans une favela voit alors sa vie changer en obtenant le rôle masculin principal (Orfeu) – ce sera également le cas pour Norma la brésilienne et Eva venue de Martinique …

La talentueuse écrivaine Estelle-Sarah BulleLà où les chiens aboient par la queue ») nous offre à nouveau une petite pépite littéraire, à mi-chemin entre réalité et fiction. Certains personnages existent (notamment l'acteur Brenno Mello) et d'autres sortent directement de son imagination (comme le réalisateur Aurèle Marquant …) Elle nous projette dans les coulisses du film, dans le quotidien de l'équipe brésilienne, dans les conséquences politico-sociales engendrées par une production où les protagonistes sont tous noirs … Pendant plus de quatre cents pages – et pour mon plus grand plaisir – je fus en immersion totale dans ce formidable roman. J'ai vraiment partagé leur aventure, leurs émotions. Bref, je me ne me suis pas ennuyée une seule minute ! Il n'y a pas à tergiverser : Estelle-Sarah Bulle est une immense et merveilleuse conteuse !
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Manhã de Carnaval….
Lorsque j'ai refermé ce livre, je me suis précipitée sur mon ordinateur pour louer et visionner le film « Orfeu Negro » (Palme d'Or à Cannes en 1959). C'est maintenant, imprégnée de la musique et des images, qui ont magnifiquement complété ma lecture que je viens parler de ce roman. Estelle-Sarah Bulle a une tendresse particulière pour « Orfeu Negro » et elle s'est librement inspirée de son histoire pour écrire son récit.
Nous sommes en 1958, au Brésil, une équipe française a décidé de mettre en images la pièce de théâtre de Vinícius de Moraes. Il revisitait le mythe grec d'Orphée et Eurydice dans une favela contemporaine de Rio de Janeiro pendant le carnaval brésilien, faisant ainsi intervenir les gens costumés, les chansons, la couleur, la fête. Aurèle Marquant, le réalisateur, a une actrice fétiche, Gipsy Dusk, qu'il a amenée avec lui. Pour les autres, ce seront des gens du coin, à peau noire, issus de milieux simples, voire défavorisés. Quand il les choisit, il faut que le courant passe, que ça fasse tilt.
C'est tout l'envers du décor que nous fait découvrir l'auteur. le travail de recherches pour élire les bons acteurs, les maquilleurs, ceux qui s'occupent du décor, des tenues et le nerf de la guerre : la recherche d'argent, de sponsors dirait-on maintenant. Mêlant habilement des personnages fictifs et réels, elle nous entraîne dans un tourbillon. le contraste est saisissant entre la pauvreté des favelas et les soirées festives en ville où vont les participants du film. Deux mondes, d'autant plus saisissants pour ceux qui ne vont les côtoyer qu'un temps, que ce soit dans un sens ou dans l'autre …. Parce que les acteurs venus de la population locale vont-ils rester des stars ou retourner dans l'ombre ?
Les protagonistes sont vraiment intéressants. Entre autres, Gipsy Dusk, une danseuse américaine métisse que le réalisateur a rencontré à Paris, elle sera Eurydice. Gipsy a fui l'Amérique.
« Un pays qu'elle-même avait fui, car, en y demeurant, elle serait devenue malade d'injustice. Elle se serait consumée dans la fournaise de la haine, aurait retourné contre elle-même la lame acérée du racisme triomphant et après quelques pas, se serait écroulée, écorchée vive. Son pays ne l'aimait pas mais elle en faisait indéniablement partie. »
Ce racisme omniprésent, même lorsque les journalistes mènent leur interview est révoltant mais Gipsy mesure la chance qu'elle a de tourner et peut-être de réussir à percer si le film a du succès…. Malgré tout, ce n'est pas simple pour elle de communiquer avec les autres actrices, leurs vies habituelles sont très différentes, elles ne viennent pas du même monde.
Une place importante est donnée à la musique, notamment à la création de nouveaux morceaux. Chaque fois qu'un titre est évoqué, je l'ai écouté pour encore mieux m'imprégner de l'atmosphère de ce recueil. On découvre comment les musiciens, les artistes communiquent, ce qui est important ou pas pour eux. L'univers du cinéma subit des influences, Estelle-Sarah Bulle nous le rappelle, il faut négocier et pas seulement pour avoir un budget. Il n'est pas aisé de faire accepter des artistes métis ou de couleur, ça dérange et que dire si la CIA ou les hommes politiques s'en mêlent, en sous-main, l'air de rien, en utilisant les sympathies des uns et des autres pour avoir des informations ?
J'ai trouvé qu'Estelle-Sarah Bulle savait trouver les mots justes pour évoquer toutes ces « différences », ces choses qui s'opposent et les émotions et réactions de chacun face aux faits. Les blasés du luxe, ceux qui sont émus de la moindre paillette, ceux qui ont peur, ceux qui souffrent…. Il y a également le contexte historique, un pays qui se cherche, une politique fragile, et la nécessité pour chacun de trouver sa juste place.
J'ai beaucoup apprécié cette histoire. J'ai eu le besoin de vérifier (notamment sur le jury de Cannes, sur les autres films) pour savoir la part qui était imagée. L'écriture de l'auteur est un régal. Elle a écrit un texte complet, riche (on sent qu'elle a dû faire beaucoup de recherches), qui, au-delà de l'histoire du film, offre un regard acéré sur les hommes et les femmes qui se côtoient dans cet opus.

Lien : https://wcassiopee.blogspot...
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critiques presse (1)
LaCroix
10 janvier 2022
Estelle-Sarah Bulle fait revivre le tournage de la Palme d’or du Festival de Cannes 1959, dans un récit foisonnant plein d’amour pour le Brésil, son histoire et sa culture.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Sa terre était toujours une terre d'esclavage et de café. Un pays de grands propriétaires terriens qui ne juraient que par le cheval et le fouet. Une population qui avait été majoritairement noire jusqu'au siècle dernier, que l’État avait volontairement blanchie par sa politique d'immigration favorable aux Italiens, aux Polonais, aux Allemands...
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Un pays qu’elle-même avait fui, car, en y demeurant, elle serait devenue malade d’injustice. Elle se serait consumée dans la fournaise de la haine, aurait retourné contre elle-même la lame acérée du racisme triomphant et après quelques pas, se serait écroulée, écorchée vive. Son pays ne l’aimait pas mais elle en faisait indéniablement partie.
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Quelques semaines plus tôt, Aurèle aurait probablement saisi discrètement la main de Gipsy dans la voiture. Voilà ce que c'était, la mort de l'amour, pensa Gipsy : la fin d'une série de petits rituels qui permettent de faire face à la violence du monde. (p. 358)
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Videos de Estelle-Sarah Bulle (18) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Estelle-Sarah Bulle
Mais où sont passés les méchants dans la littérature jeunesse ? C'est la question que pose Charles Knappek, journaliste à Livres Hebdo, aux éditeurs spécialisés présents au Salon du Livre et de la Presse Jeunesse de Montreuil. Depuis quelque temps, les gros ogres du passé ne rugissent plus dans les albums jeunesse. Partageant ce constat, les éditeurs remarquent une double tendance : d'une part, les auteurs et autrices jeunesse proposent des manuscrits qui comportent des personnages plus doux et des histoires sans drame ; d'autre part, les contes traditionnels ne se vendent plus. Faut-il s'inquiéter de cette disparition ? A-t-elle un impact sur les enfants ? Et quid de l'arrivée, tonitruante, de Mortelle Adèle dans ce paysage presque trop silencieux ?Lauren Malka nous emmène ensuite à Toulon, pour découvrir une jeune centenaire qui ne fait pas son âge : la librairie Charlemagne.Enfin, l'équipe de critiques de Livres Hebdo se réunit pour vous présenter quatre grands coups de coeur, parmi les quatre cents quatre-vingt-deux ouvrages de la rentrée littéraire de janvier 2024. Au programme des réjouissances : Irène de Manuel Vilas (traduit de l'espagnol par Isabelle Gugnon) aux éditions du Sous-sol ; Basses Terres d'Estelle-Sarah Bulle chez Liana Levi ; La Louisiane de Julia Malye chez Stock et Fabriquer une femme de Marie Darrieussecq chez POL.Un podcast réalisé en partenariat avec les éditions DUNOD, l'éditeur de la transmission de tous les savoirs.Enregistrement : décembre 2023 Réalisation : Lauren Malka Musique originale : Ferdinand Bayard Voix des intertitres : Antoine KerninonProduction : Livres HebdoMerci à Léane Devis, des éditions du Ricochet et à Didier Teyras de la branche française de Mineditions pour leur participation, ainsi qu'à Laurence Thomas et Guillaume Leroux, responsables de la librairie Charlemagne et Vanessa Amiot, responsable de la communication.Crédits des archives :« La Belle et la Bête : l'attaque des loups » https://www.youtube.com/watch?v=s8EPzO626Fk
0:00 Où sont passés les méchants de la littérature jeunesse ? (https://app.ausha.co/app/show/137672/episodes/edit/3415184) 8:49 À la rencontre de la librairie Charlemagne qui fête ses 100 ans. (https://app.ausha.co/app/show/137672/episodes/edit/3415184) 17:05 Les avant-critiques de l'équipe de Livres Hebdo. (https://app.ausha.co/app/show/137672/episodes/edit/3415184)
+ Lire la suite
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