Le Hun blond

J'ai bien aimé ce 1er volet du cycle en 6 tomes de Cavanna, et je pense que je poursuivrai.
La surprise a été totale pour moi car je n'avais pas fait le rapprochement avec le Cavanna de Charlie Hebdo et Hara-Kiri. du coup, le cadre historique prend un goût tout particulier, l'humour cru et cruel de Cavanna nous fait revivre des épisodes connus de l'Histoire mérovingienne dans un style moderne et déjanté... comme si un bon groupe de metal nous interprétait du Charpentier...
On ne s'ennuie pas, on s'attache aux héros et à leur pantalonnades (encore que le Hun blond n'en ait pas) . le monde mérovingien apparaît ainsi bien dévoyé et cruel, mais vivant.
Un autre façon de réveiller les mythes... Cavanna en digne successeur de Jules Michelet ?! Cette idée l'eût certainement fait bien rigoler...

Haha, j'en ris encore :-)

Génial, croustillant, truculent, paillard à souhait et pourtant, c'est de l'Histoire.

Childéric, fils de Mérovée, sera roi des francs saliens à la mort de son père et régnera sur la Belgique seconde jusqu'à sa propre mort. C'était un personnage, ce Childéric, bon vivant, vert galant, intelligent et fin stratège même si son amour des femmes, de toutes les femmes, lui a valu d'être écarté du pouvoir pendant huit ans. Qu'à cela ne tienne, il sera réclamé par les siens malgré ses travers et reviendra d'exil avec un femme bien enceinte de son premier fils non bâtard, à savoir Clovis.

Il fallait pour nous raconter cette belle histoire la gouaille d'un bon gaulois, ce qui ne manque clairement pas à Cavanna. Une plume riche et superbement documentée, un style bon enfant, parfois grossier, souvent plein de tendresse pour nos ancêtres si peu connus finalement. Un rythme qui ne flanche pas et qui fait de cette lecture un vrai moment de plaisir.

Pour tout vous dire, tout est vrai et ce qui ne l'est peut-être pas tout à fait est juste sans intérêt pour L Histoire tout en magnifiant cette superbe saga ;-)

Cerise sur la gâteau, j'ai aussi la suite en bibliothèque :-)

«Le Hun blond» est le premier épisode d'une série de six qui nous entraîne à l'époque mérovingienne, une période de grands bouleversements où les Romains, les Goths, les Francs, les Burgondes… se partageaient le territoire tandis que les terribles Huns déferlaient sur l'Europe.

C'est dans cette série que j'ai découvert avec amusement que l'auteur de «Lettre ouverte aux culs-bénits» possédait de solides connaissances en matière d'histoire des religions, ce qui, finalement, n'est guère surprenant de la part de ce touche-à-tout de génie. Si Cavanna y parle beaucoup de religion, et notamment de celle qui s'impose peu à peu, celle du «dieu cadavre», ainsi que la nomment les barbares, c'est qu'il est important de comprendre comment un roi franc, renonçant aux dieux du Walhalla, en viendra à choisir la voie catholique romaine, accomplissant ainsi un acte fondateur de notre Histoire. Pour l'heure, dans ce premier épisode, ce petit barbare astucieux n'est pas encore né et l'action se situe au temps de Mérovée, son grand-père et de Childéric, son père.
Mais pour autant, ne comptez pas sur l'auteur pour relayer les légendes et miracles qui traînent encore dans les livres d'Histoire : si Geneviève «inspirée par Dieu» prédit qu'Attila épargnerait Lutèce, c'est que son réseau d'informateurs fonctionnait parfaitement bien…
Et bien sûr, les personnages créés par l'auteur, Loup, le hun blond, enfant métis d'un guerrier hun et d'une Franque, et son compère Otto n'ont ni dieux ni maître… Sortes d'humanistes tolérants, pas sexistes, n'aimant pas trop se battre mais redoutables quand ils y sont contraints, ils sont un tantinet en avance sur leur temps.

Voilà une lecture ludique et instructive, le fond historique étant parfaitement documenté. La plume de Cavanna, puissante, colorée, sert admirablement le récit d'un pan de notre Histoire particulièrement violent. Les petites touches malicieuses, la présence de héros imaginaires interférant dans l'Histoire en rendent la lecture tout à fait plaisante.

LE HUN BLOND
Cavanna
Véritable fresque historique
En 451 après JC. Surgie des profondeurs de l'Asie, la horde d'Attila submerge l'Europe tandis qu'un infime peuple barbare, celui des Francs, commence à conquérir les restes de l'empire romain.
Dans ce climat tumultueux, temps de chaos, d'alliances éphémères, de pillages, de viols naît le petit Loup, le Hun blond, enfant de deux races ennemies
Il grandit dans l'entourage de Childeric, maintenant roi des Francs que ses pairs déposent et qui se réfugie en Thuringe
C'est à lui, le Hun blond, que sera confiée la mission de ramener d'exil le roi, le futur père de Clovis
Un roman tonitruant et chaleureux, une fresque paillarde, truculente et raffinée
Un véritable roman d'aventures dans lequel l'auteur restitue fidèlement l'histoire mérovingienne et la saga de nos ancêtres avec la tendresse et la gauloiserie qu'on lui connaît

Dans un contexte assez peu maîtrisé du public - les "invasions barbares et la France avant la France", ce roman historique d'aventure présente les grands personnages du temps, ceux qui ont survécu dans les tréfonds de nos mémoires - Attila, sainte Geneviève, Mérovée. On retrouve la dose attendue de batailles, de complots politiques, d'intrigues de palais, de descriptions des lieux...
Mais le principal atout du roman, son originalité, c'est son écriture, avec un ton paillard voire braillard. L'auteur s'amuse manifestement avec les noms d'origine franque, sur les traductions supposées du latin ou des langues tudesques, pour créer des anachronismes savoureux. Il y a du Rabelais dans les scènes de sexe ou dans l'anticléricalisme, qu'il faut prendre de façon amusée - ce n'est pas un livre à message.
Une lecture amusante donc, qui montre que les hommes, quelque soit leur temps ou leurs origines, ne pensent qu'aux femmes et au vin...