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EAN : 9782245013113
Le Livre de Paris-Hachette (30/11/-1)
4.07/5   518 notes
Résumé :
Le petit Rital de la rue Sainte-Anne a grandi. Septembre 1939 : il vient d'avoir seize ans. Une année mémorable. Les six qui suivent sont pas mal non plus. Pour lui et pour beaucoup d'autres. Cette fois encore, c'est le jeune gars de ce temps-là qui parle, avec ses exacts sentiments de ce temps-là, ses exacts sentiments tels que sa mémoire les lui fait revivre. Il n'est pas forcément triste là où il devrait l'être, ni joyeux là où d'autres le seraient. La guerre, ça... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (28) Voir plus Ajouter une critique
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François Cavanna - Les Russkoffs - 1979 : L'époque des "ritals" est passée, François Cavanna a 17 ans et malgré ses excellents résultats scolaires il est entré comme simple agent à la poste. Il n'a d'autres ambitions qu'une petite vie tranquille dans le Nogent de son enfance au milieu de ses amis et de sa famille. Mais voilà la guerre souffle son vent destructeur jusque dans la capitale. En un mois les Allemands ont tout emporté, écrasant l'armée française sous les chenilles de leurs blindés. Les administrations parisiennes sous la pression décident de se replier sur Bordeaux, faute de moyens de locomotion officiels chaque agent devra rejoindre le sud-ouest par ses propres moyens. Commence alors pour notre héros un voyage à vélo en pleine exode et une description saisissante de cette période qui vit des millions de français jetés sur la route par l'avancée des troupes allemandes. Fidèle à lui-même Cavanna ne cache rien des comportements de cette humanité inquiète. du bienveillant au sordide les hommes se montrent sous leur véritable jour dans cette épreuve. Rarement on aura aussi bien raconté cette fuite éperdue vers le vide qui s'arrêtera brutalement avec la capitulation de l'armée française devant l'aigle teutonique. Sans emplois François Cavanna rentre à Paris mais la paix pour lui ne dure pas longtemps, pris dans une rafle il est envoyé en Allemagne pour servir le S.T.O. C'est là-bas en territoire ennemi qu'il va tomber éperdument amoureux de Maria un prisonnière russe et apprendre à apprécier les moeurs de cette peuplade bonne enfant embrigadée de force dans le destin de l'union soviétique. Mine de rien, dans son langage de titi de banlieue Cavanna raconte là une des plus belles histoires d'amour jamais écrite. Sincèrement a-t-on déjà aussi bien parlé d'une femme aimée que dans ce livre ? Soumis aux mauvais traitements des gardes chiourmes SS, existant de débrouillardise dans un pays dévasté par les bombardements, les deux jeunes gens vivent en enfer les plus belles années de leur vie. Pour François Maria est un prénom fait pour l'adoration. Hollywood l'a déjà distingué dans les traits de Nathalie Wood, Cavanna va le sanctifier en écrivant « Les Russkoffs ». Toujours côtes à côtes même quand les soldats allemands les poussent sur la route pour fuir l'avancée de l'armée rouge, les deux jeunes gens vont pourtant se perdre pour ne plus jamais se retrouver. Cavanna au désespoir parcourra l'Allemagne en long et en large à la recherche de traces de cet amour qui ne pouvait pas finir ainsi. Rentré en France toutes les démarches qu'il fera pour la faire venir se briseront sur le mur que les grandes puissances érigent alors pour se partager le monde. Ce livre qui décrit si simplement la guerre et les malheurs qu'elle engendre est une oeuvre importante, une des rares qui plonge le lecteur sans affectation dans le chaos d'un temps que personne ne voudra revivre... un torrent d'émotion
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Merveilleux François Cavanna, anarcho au coeur tendre, débordant d'amour et d'humour, en guerre éternelle avec les "cons" (Vaste programme aurait dit le Général). Prince de la dérision, qu'il exerce d'abord vis à vis de lui même, ce qui, par les temps qui courent est d'une rare élégance, il a, parfois - souvent - la formule vacharde mais toujours à l'endroit des puissants, ce qui, par ces temps qui rampent, est d'un rare courage. Rabelaisien en diable, le cul ne le rebute pas (oh non) et, s'il est vert, il n'est jamais vulgaire, maniant en outre avec une extrème habileté cette langue qu'il a tant aimée. Tu nous manques, François.
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Après les ritals, voici les russkoffs !
Finies les joies de l'enfance. Il faut passer aux choses sérieuses !
Et à 17 ans, voilà Cavanna plongé dans les tourments de l'histoire. Nous sommes en juin 40 et dans une pagaille indescriptible, les Français fuient l'ennemi qui fond sur Paris. Il y était Cavanna, et sur son vélo le voilà lancé sur les routes de France. Et, pour l'avoir vécu, comme il nous le raconte bien, cet exode lamentable ! des files et des files de malheureux épuisés, traînant puis abandonnant leurs biens le long des routes encombrées, et la troupe en déroute, fuyant les Chleuhs, fonçant à travers la cohue, et les avions italiens canardant la foule ! les maisons abandonnées, les animaux oubliés dans les champs, gueulant leur détresse, jusqu'au piteux retour sur des routes jonchées de détritus divers et de cadavres de bêtes empuantant l'atmosphère ....
tout un tableau de désolation que l'auteur nous fait vivre avec une faconde pleine de verve, d'humour, de tendresse et de rage.

Je ne devrais peut-être pas le dire, encore moins l'écrire, mais voilà je vais le dire quand même, ce bouquin est l'indispensable témoignage d'un mec qui écrit tout, tout, brut de décoffrage, tout de cette abominable saloperie que fut la guerre, l'occupation, l'antisémitisme primaire de certains Français, les rafles exécutées par les flics de Pétain, les privations de toutes sortes, les ignominies pondues par les immondes feuilles de chou à la solde des nazis, cette fumisterie de STO, les bombardements, ceux des américains et ceux des anglais, les villes dévastées, les cadavres sous les décombres et ..... et l'amour, l'amour fou de François et de Maria, sa baba ukrainienne, Maria-soleil, qui va, pour toujours, illuminer le coeur de son "Brraçva", avec sa gaieté, son rire éclatant, sa spontanéité.

Ecrit comme s'il était en train de le vivre, François, oui, appelons-le comme ça, par son prénom, comme l'ami qui nous raconte tout ce vécu qui lui sort des tripes avec sa gouaille et sa sincérité.
"quand je vois ce qu'ils font, j'ai envie de tuer, les tuer tous, Anglais, Allemands, Français, Russes, Amerloques, tous ces sales cons, ces tristes pauvres sales cons qui n'ont rien su foutre qu'en arriver là. En arriver là où tu n'as plus à te poser de questions, où il faut tuer ou être tué" .
"La Kerre, gross malhèr" Ja !

Il y a parfois des facilités ? oui, et alors ! il est humain, François et ce n'est pas un intello qui analyse les horreurs avec de longs discours pontifiants.
Ah, François, merde, t'es plus là ! tu nous manques, sais-tu !!!
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Aujourd'hui, j'ai envie de vous parler des Russkoffs, chef-d'oeuvre de Cavanna.

Assurément, c'est un des meilleurs livres qu'il m'ait été donné de lire. Alors, bien sûr, au vu de cette note très élevée et de ma passion pour la pilosité surbuccale, vous vous doutez bien que cette critique ne sera pas très objective.

A moins... A moins que cet éloge ne soit légitime, parce que ce livre est tout bonnement magnifique ?

Pourtant, certains – trop... – ne l'ont pas lu. Pas lu parce qu'ils se sont arrêtés aux Ritals qui leur fit davantage l'effet d'un Marcel Pagnol sans l'accent chantant, et qu'ils se sont dit que si c'est pour bouffer du Pagnol façon URSS, c'est non merci. Ou bien pas lu parce qu'ils ont le souvenir d'un Cavanna gueulard, anarchiste, donc dans ses livres, ça doit être au moins pire.

Je pourrai, âme charitable mais parfois – souvent ! – perfide que je suis, vous laisser dans une ignorance crasse. Mais ça serait inhumain de ma part. Vous dites « Voir Naples et puis mourir » ? Eh bien moi, je rétorque : « Lire Les Russkoffs et puis mourir ». Oui, ça sonne moins bien. Tant pis. Je n'ai pas le talent littéraire, moi. Enfin, pas celui dudit moustachu dont je chante les louanges depuis vingt lignes (oui, vous pouvez compter).

Mais trêve de bavardages et revenons à nos moutons.

L'histoire, c'est quoi ? L'histoire, c'est Cavanna qui fait son STO. Voilà, tout simplement. Ah, ça ne vous convainc pas. Bon. Si je rajoute qu'il y a des bombardements, de la guerre, des réflexions sur la vie, la mort, et surtout de l'amour – beaucoup d'amour ! – avec une très jolie Russe, cela vous ira-t-il ?

Je sens que j'ai réussi à capter votre attention.

Bon, bien sûr, je ne peux pas vous raconter l'histoire comme ça, de but en blanc. Il faut préserver l'effet de surprise. Même si, dès les premières lignes, l'effet de surprise – concernant Maria, la fille qu'il aime – est rompu. Enfin, disons qu'on se doute de l'issue, plutôt.

N'empêche que c'est un sacré bon livre, qui fait alterner le lecteur entre rire et larmes. Et, à en voir les notes élevées comme la mienne, vous constaterez que je hurle un peu avec les loups.

Tant pis, n'est pas anticonformiste qui veut.
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C'est toujours un plaisir de lire les chroniques publiées dans Babelio, et j'en remercie les lecteurs attentifs et fidèles qui ne manquent pas, le livre refermé, de mettre en partage leurs ressentis et leurs émotions. Ainsi ai-je retrouvé récemment le chemin d'un livre que j'ai laissé passer lors de sa parution, puis oublié totalement. le plaisir de sa lecture en a été décuplé, comme la redécouverte d'un trésor caché. Dans une langue plus vivante que la vie même, Cavanna avec Les Russkoffs, nous donne à découvrir un homme à hauteur d'homme, alors que tout autour de lui, les frontières de l'humanité s'effilochent jusqu'à n'être plus que lambeaux informes. La force du livre tient avant tout à l'extraordinaire vivacité du langage, Cavanna donne aux mots leur musique phonétique et l'allemand, le russe, écrits sans décodage, comme l'oreille les entend, prennent un relief extraordinaire, comme un espéranto improbable. Ce mode de transcription des 2 langues que Cavanna découvre en Allemagne contribue à donner à la narration toute sa vivacité, par ailleurs accentuée par le récit au présent, à la hauteur des 19 ans de Cavanna en 1943, lorsqu'il est raflé sur son lieu de travail, STO oblige. Lorsqu'il écrit son livre à 56 ans, Cavanna veut retrouver ce garçon-là, fils de rital, parigot de Nogent jusqu'à l'os, dans l'étonnement, l'émotion, la colère qui l'ont traversé, jusqu'à la presse du 46, quelque part à Berlin.
Cavanna ne nous propose pas une leçon d'histoire, en nous promenant des routes de l'exode à Berlin sous les bombes, pas plus qu'une réflexion politique sur la nature du régime hitlérien, son idéologie, son fonctionnement. Il propose simplement son regard décapant sur la connerie d'où qu'elle vienne et quelle en soit la forme, il en ressort un tableau au vitriol qui sait donner aux figures, aux personnages, la consistance de la vraie vie, aussi banale que sublime jusque dans sa bêtise, sa simplicité, sa beauté, son évidence. Car il peut y avoir de la beauté dans la guerre, et Cavanna sait la reconnaître, c'est celle qui vient des femmes russes parce qu'elles savent usurper la gaieté de leurs chants au cloaque, et c'est celle qui prend les traits de Maria l'Ukrainienne. L'enfer n'empêche pas de tomber amoureux, Cavanna n'est pas le seul dans ce cas, d'autres ont eu la chance de ramener leur amour en France ou de revenir le chercher, j'en sais quelque chose je suis née d'une histoire d'amour entre une Raïssa et un Marcel, Cavanna n'aura pas la chance d'une suite. Il reste néanmoins ces instants de joie malgré la terreur, la frayeur des bombardements, la folie meurtrière des hommes. Il ne s'agit pas seulement des moments passés avec Maria, mais aussi de ces moments étourdissants lorsque le chant des femmes russes emplit l'espace et sature l'émotion jusqu'aux larmes, des moments de rapine ou de chance qui font trouver par miracle quelque chose à manger lorsque manger est devenue une obsession terrible, et partager à deux ce vide-là peut donner à l'amour une force hors du commun. Cavanna n'est pas donneur de leçon, il s'intéresse aux hommes, aux femmes qui ont partagé son parcours, toute une humanité touchante de simplicité, le livre leur est dédié, tout comme il est dédié à Maria. Dans leurs traits et leurs souffrances, grâce aux mots de Cavanna, la réalité humaine réussit à transcender l'histoire
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
J'emmerde les héros, les martyrs, les causes sublimes, les dieux crucifiés et les soldats inconnus. Je suis rien qu'une bête, t'as raison, une pauvre bête traquée, j'ai l'intention d'essayer de survivre dans ce monde d ingues enragés qui passent leur vie à tout massacrer pour sauver la patrie, pour sauver la race, pour sauver le monde, pour assurer l'harmonie universelle. Ou pour gagner plus de fric que le voisin... Qu'ils crèvent dans leur pisse ! Ils auront pas ma peau. Ni celle de ceux que j'aime.
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Oui, bon, je vais pas jouer les philosophes à deux ronds. Je hais la mort. Je hais ceux qui la donnent. Je hais eux qui aiment la donner. Je hais ceux qui se font violence et se forcent à la donner au nom d'une cause sainte. Je hais la mort et je hais la souffrance, c'est pas original, j'y peux rien, et la mort des bêtes me fait plus mal encore que celle des mecs, c'est comme ça.
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Pendant que les pauvres cons du Volkssturm se faisaient hacher pour retarder les Russkoffs, pendant que nous autres racaille de merde on nous faisait creuser des trous devant les lignes et puis marcher « vers l’Ouest », revolver dans le cul, pendant ce temps-là les Seigneurs de la guerre, l’élite des élites, la fleur de la race, l’honneur de l’Allemagne, ils fonçaient de tous leurs moteurs vers l’indulgente Amérique, son chocolat au lait, ses cigarettes, son chewing-gum… Leur grand opéra de merde, leur Tétralogie exaltée, c’était du bidon. Crépuscule des Dieux mon cul. Rien dans la culotte. Ou plutôt, si : la diarrhée de la trouille verte. Surhommes dans la victoire, bouses dans le revers.
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J'aime le français, passionnément, c'est ma seule vraie langue, ma maternelle, elle m'est chaude et douce, depuis ma dixième année elle n'a plus de coins noirs pour moi, je m'en sers comme de mes propres mains, j'en fais ce que je veux. L'italien, que je comprends un peu, que j'apprendrai un jour, je ne le connais qu'à travers le "dialetto" de papa, je pressens un parler doux et sonore, à la grammaire jumelle de la nôtre, un jeu d'enfant pour un français. J'ai fait de l'anglais à l'école, j'étais même bon, maintenant je m'attaque à l'allemand, c'est une langue formidable, restée toute proche du parler des grands barbares roux casseurs de villes en marbre blanc, si je n'avais pas connu le russe au même moment j'en serais tombé amoureux, je le suis, d'ailleurs, mais la souveraine fascination du russe surpasse tout, balaie tout
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Je n’ai aucune mission sur terre, aucune raison d’y être, sinon vivre, et vivre le moins douloureusement possible. C’est ce que je fais. C’est d’ailleurs ce que font aussi ceux qui se persuadent d’être nés pour « quelque chose » qui transcende la peu excitante chimie organique, simplement leur aide-à-vivre c’est justement ça, ce cinéma sublime. Ne supportent pas le désespoir, donc s’inventent de faux espoirs.
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Videos de François Cavanna (28) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de François Cavanna
1/5 François Cavanna : À voix nue (1994 / France Culture). La semaine du 23 juin 2014, France Culture rediffusait une série de cinq entretiens enregistrés avec François Cavanna en 1994 pour l'émission “À voix nue”. Par Ludovic Sellier. Réalisation : Christine Robert. Rediffusion de l'émission du 17/01/1994. Avec la collaboration de Claire Poinsignon. 1) La mémoire de la ville : de la "folie patrimoniale" au "tout progrès"
François Cavanna est né en février 1923 (et décédé le 29 janvier 2014) d'un père italien et maçon et d'une mère morvandiode, et si l'usage de son prénom s'est un peu perdu, il a conservé son accent des faubourgs. Ecrivain, après avoir débuté dans la presse comme dessinateur, Cavanna est devenu rédacteur en chef de "Charlie Hebdo" et le fondateur de "Hara Kiri", il a conservé le goût de la formule et les saveurs d'une langue truffée d'onomatopées. Invité : François Cavanna
Thèmes : Littérature| Littérature Contemporaine| Mémoires| Presse Ecrite| François Cavanna| Charlie Hebdo
Source : France Culture
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